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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelle force a ce roman tenu de bout en bout par une écriture intense ! Pour avoir aimé un soldat allemand, la jeune Maria Salaün est tondue devant la foule par son ami d'enfance.
Vêtue de la robe immaculée des fiançailles de sa mère comme d'une armure étincelante, elle refuse de subir. Elle affronte les regards, les insultes en repoussant la honte hors de son être. Et c'est elle qui, tête nue, protégée par la chaise sur laquelle elle a été exposée, exige de ses juges qu'ils lui rendent des comptes.
Dans cette robe qui la chape de marbre comme pour mieux protéger le bouillonnement intérieur des émotions, Maria, au nom de toutes les femmes, affirme le prix de la vie et la valeur de l'humain. Dans les creux et le coeur de son histoire, viennent se réfracter, comme dans un prisme, la figure et l'oeuvre de Louis Guilloux.
L'écriture de Fabienne Juhel accompagne et enrobe les riches nuances de l'intrigue. Mouvante, elle joue une symphonie toute en subtiles variations. Sèche aux phrases coupantes comme des ciseaux sacrifiant une chevelure, elle devient d'une luminosité intense lors de pauses plus intimistes. La robe, la chaise, la chevelure rousse prennent une dimension symbolique qui place le roman à la frange du merveilleux.
C'est un roman inoubliable qui garde une part de mystère et des richesses à découvrir à chaque relecture.
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Voici l'histoire du chagrin, du grand chagrin, pas celui que l'on peut ressentir au moment d'une déception fugace, mais celui du corps que l'on martyrise, que l'on va chercher du sous-terre et qui laisse trace.
L'héroïne ressemble à toutes les femmes amoureuses puis tondues à la libération, celles qui ont été au corps à corps avec des soldats de l'armée d'occupation allemande, non pas pour s'entretuer, mais pour l'amour, pour ressentir quelque chose de vivant dans la mort qu'est une guerre.
La chaise à son importance parce qu'elle a traversé les frontières en temps de paix, elle est du bois d'une forêt ennemie, fabriquée par des mains ennemies et c'est là qu'elle sera assise pendant sa tonte.
Devant elle des spectateurs hilares ou simplement curieux de voir combien une femme sans cheveux perd quelque chose, non pas de sa beauté mais d'elle-même.
Le livre nous amène par chapitres vers les cheveux au sol, ils tournoient, on ne sait pas bien pourquoi on ressent un malaise, il en manque en fait, certains se sont échappés de la chevelure morte et veulent rejoindre les autres. Nous les prenons au fur et à mesure en pleine face, ils nous cinglent sans bruit comme les branches dans un buisson interdit vers lequel nous avançons malgré le danger.
Le chagrin, la chaise, la jeune femme et l'amour voici les personnages principaux de ce livre, les cheveux comme des feuilles malmenées par les vents tourbillonnent, sidérées par l'ouragan et se cognent contre des troncs, jusqu'à s'abriter contre le plus fragile, le plus frêle celui que l'on pourrait ici nommer la dignité.
Lien : http://www400.jimdo.com/app/..
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C'est à travers "La femme murée", je vous l'ai déjà dit, que j'ai rencontré Fabienne Juhel. Son écriture, véritable bijou taille diamant m'avait emportée. Je viens de refermer "La chaise numéro 14" et même si, cette fois, ce ne fut pas un coup de foudre, le charme a de nouveau opéré.

Ne comptez pas sur moi pour établir quelconques comparaisons. Je considère chaque auteur – et a fortiori chaque ouvrage – comme unique. Au mieux accepterais-je de leur reconnaître un point commun : le personnage principal : une femme, encore que… "La chaise numéro 14", vous apprendrez pourquoi ce titre en lisant le roman, raconte l'histoire de Maria, fille unique de Victor Salaün, aubergiste à Saint-Brieuc dans les Côtes d'Armor. A la fin de la seconde guerre mondiale, elle est tondue pour avoir aimé un soldat allemand. Ce jour-là, en place publique et sous les huées, un coiffeur commis d'office par Antoine l'ami et amoureux éconduit de la jeune fille, transforme sa somptueuse chevelure couleur de feu en un tas de flammes folles.

Fabienne Juhel nous dresse ici le portrait d'une femme hors du commun. Victime de la bêtise des hommes, elle va s'employer à obtenir leur pardon. Evanescente dans la robe blanche de fiançailles de sa maman qui accroche si bien la lumière du soleil, accompagnée de sa chaise numéro 14, elle parcourt la campagne à la recherche de six témoins de l'ignominie. La langue de l'auteur se fait changeante au cours de la quête. Tantôt sèche et coupante comme les lames des ciseaux, elle dépeint l'horreur, l'injustice, l'opprobre : "La foule toujours plus nombreuse, donnait des signes d'impatience. le silence qu'elle s'était imposé amplifiait le moindre bruit, bruits imperceptibles dans le fracas de la vie ordinaire, tels le frottement des étoffes, les articulations qui craquaient comme des brisures de gâteaux secs…". Tantôt câline, tendre et douce elle révèle l'héroïne privée de mère : "Papa Victor avait toujours été là pour sa fille. Il était comme une divinité des temps anciens, mâle et femelle à la fois, père et mère pareillement. Père protecteur, nourricier et aimant. Pour fortifier l'enfant… il la nourrissait… Il soignait ses petits bobos…"

Dire que j'ai beaucoup aimé ce roman est un euphémisme. Comme je l'ai souligné précédemment, j'ai aimé l'écriture travaillée, choisie à la virgule près, j'ai aimé la manière dont la romancière traite chacun de ses personnages, mais aussi la réflexion profonde qu'elle mène quant aux horreurs de cette guerre. Elle interroge les raisons que peut avoir un homme pour juger l'amour d'une femme. Elle se demande – nous demande – en quoi il est répréhensible d'aimer un homme, un ennemi juste pour être né de l'autre côté d'une frontière.

Une jeune femme, une chaise, celle de la honte, du déshonneur, beaucoup de chagrin, beaucoup d'amour, une chevelure partie en lambeaux et une grande dignité. Tels sont au final les personnages principaux de ce récit plein de grâce et de tolérance.

Un roman lumineux pour une tranche sordide de notre histoire ou la guerre vu à travers le prisme de l'amour d'une femme.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Guerre, vengeance, humiliation sont des mots masculins.
Courage, discernement, amour sont des mots féminins.
Les trois premiers prennent corps dans le personnage d'Antoine, maquisard adepte de la justice expéditive, lancé dans le "nettoyage" de la ville de St-Brieuc dans les semaines qui ont suivi le débarquement allié en 1944.
Les trois mots suivants prennent vie dans la figure de Maria. Maria qui aima Frantz. Maria qu'Antoine vient tondre en punition de cette passion.
Fabienne Juhel nous offre cet homme et cette femme en exemple de ce que toute guerre révèle : cruauté et abjection ; ou bien aplomb et héroïsme.
Fabienne Juhel nous offre une réflexion sur les positions tenues (attribuées, prises, choisies, imposées) par les hommes et les femmes dans ces conflits qui semblent désespérément indissociables de l'espèce humaine.
Fabienne Juhel nous offre une construction rigoureuse, des personnages nets, des scènes vives, prenantes, certaines étonnamment légères (peut-être des lumières pour mieux souligner l'ombre?).
Fabienne Juhel nous offre des moments puissants, dans les confrontations où elle place ses personnages et notamment celle qui ferme son roman : une conclusion admirable d'intelligence ; cette intelligence qu'elle offre à son héroïne... et qui ouvrirait de grands espoirs si elle se retrouvait en chaque homme et chaque femme de notre époque
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Ce livre évoque d'une histoire d'amour entre deux êtres qui n'auraient pas dû donner libre cours à leur passion pour cause de guerre.
Maria va aimer un capitaine allemand et va être punie pour cela : 4 maquisards vont venir la chercher, l'exhiber aux yeux de tous et tondre sa merveilleuse chevelure rousse.
Mais pour Maria, c'est un acte injuste. En effet, il ne s'agissait pas de collaboration horizontale avec l'ennemi mais bel et bien d'une histoire d'amour avec un grand A. Alors, Maria va garder la tête haute et agir de façon à ce que la honte -que les maquisards voulaient qu'elle ressente devant tous les témoins- change de camp. Elle, n'a pas à se sentir honteuse de quoi que ce soit, eux, oui, car ils agissent (ou non) pour de mauvaise raisons.

Fabienne Juhel peint ici une femme forte, courageuse et déterminée dans une période bien sombre de notre histoire, celle de l'épuration, au cours de laquelle tous les prétextes étaient bons pour régler ses comptes!
Un très beau récit à découvrir.
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Maria, la fille de l'aubergiste, a "collaboré à l'horizontal" comme elle dit... En d'autres mots, elle est tombée sous le charme de Fritz, un militaire allemand.
Et en représailles, une fois les américains ayant délivré la petite ville bretonne, les maquisards l'ont tondue, sur le trottoir, devant l'auberge... Assise sur une chaise numéro 14, parée de la robe de fiançailles de cette mère qu'elle n'a jamais connue, elle n'a rien dit, n'a pas pleuré.
Ce sont eux qui devraient avoir honte, elle va retrouver son honneur !

Ce livre se lit très facilement tant le style de l'auteure est alerte, composé de phrases courtes et percutantes.

La chaise numéro 14, c'est le récit d'une jeune femme qui va entreprendre un "chemin de croix à l'envers" pour se libérer de la honte qu'elle a subie. Fabienne Juhel rend un bel hommage à toutes ces femmes qui ont été tondues par leurs pairs, au sortir de la guerre, pour avoir parfois juste "aimé" et pris du plaisir.
A travers la quête de Maria, Fabienne Juhel pose les questions qui dérangent: quelle loi transgresse-t-on quand on se contente d'aimer? Pourquoi est-ce que le personnel des mairies, parfois accommodant avec l'occupant, n'a-t-il pas été tondu? Pourquoi est-ce que l'armée américaine laisse faire ces séances d'humiliation publique?

Tout en délicatesse, tout en humilité, la chaise numéro 14 ne vous laissera pas indifférent.
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Une histoire de femme tondue, au moment où la Libération libéra aussi les instincts les plus revanchards, les règlements de compte entre particuliers, sous couvert d'épuration. Maria Salaün, la fille du patron de l'auberge "La petite bedaine", a été tondue pour avoir aimé passionnément un officier allemand. Une liaison que son ami d'enfance, parti rejoindre les rangs de la Résistance, ne lui a pas pardonnée. Une histoire comme tant d'autres sur le même thème, mais écrite avec des mots si simples, évoquant si justement toute la palette des sentiments humains, qu'on pardonne volontiers à l'auteure d'avoir enfourché à son tour sa "bicyclette bleue". le pardon, que Maria va rechercher, et trouver, au terme d'un véritable chemin de croix, est au centre du récit. Un récit profondément humaniste, jamais racoleur ni misérabiliste, un message toujours actuel, en ces temps où remâcher ses frustrations débouche souvent sur la violence ou, au pire, sur la folie meurtrière…
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Antoine, un maquisard, fait une arrivée remarquée en Jeep avec trois amis, devant une auberge de village près de Saint Brieuc.
Là, il attend Maria, son amie d'enfance afin de la tondre en public pour avoir aimé un allemand. C'est pourtant fièrement, qu'elle va se prêter à ce cérémonial, assise sur une chaise de l'auberge, à la vue de tous y compris son père. Cette humiliation, elle la vivra sans réaction, pas un mot, pas même une larme, mais pour toute réponse, c'est pieds-nus et dans une robe de mousseline blanche sur laquelle repose sa longue chevelure rousse qu'elle affrontera son supplice.
Néanmoins, Maria prépare déjà sa vengeance en obligeant les six personnes responsables à les pousser dans leurs derniers retranchements et à lui demander pardon. Elle va renverser la situation et va les humilier chacun leur tour, de la même façon que ce qu'ils lui ont fait subir.
Une très belle lecture, très touchante, malgré un personnage qui peut paraitre assez froid.
Un coup de coeur pour moi sur un impact de guerre dont on parle peu.
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Quel beau roman que celui écrit sur une des nombreuses victimes - innocentes ou pas - de l'épuration.
Ici c'est d'une innocente dont il s'agit, victime de son amour pour un officier allemand, elle est soumise à la vindicte populaire et tondue car il faut qu'après la guerre, la population puisse se venger et quoi de plus jouissif qu'une jeune fille devant ses tortionnaires.
Elle va exiger leur pardon d'une façon inattendue.
La beauté de la langue alliée à celle de la nature bretonne donne à ce roman beaucoup de résonnance encore aujourd'hui.
A notre époque, nous aurions besoin de plus de Louis et de Charles.
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Un coup de coeur pour moi !
Maria a aimé un officier allemand pendant la guerre.
Antoine, un résistant, amoureux éconduit de cette amie d'enfance, va la faire tondre devant l'auberge de son père.
C'est sur une chaise n°14, devant tout le village, que Maria va se laisser faire sans un mot, sans un pleur, fière dans sa robe blanche héritée de sa mère. Elle a fait de sa magnifique chevelure rousse un dernier chignon raffiné, ce qui accentue l'abjection de la tonte.

Puis elle prépare son plan. Elle va obliger ses tortionnaires à lui demander pardon, une humiliation pour eux en réponse à celle qu'elle a subie. Elle va aller à leur rencontre, déterminée, armée seulement du bouclier que lui offre sa chaise. Peu à peu, ses cheveux vont repousser, lui faisant un casque doré émouvant.

J'ai adoré Maria, froide, libre, digne et remplie de la conscience de l'injustice qu'elle a subie. L'écriture est translucide, magnifique. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, le thème principal de ce livre, c'est bien le pardon.
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