Les archétypes sont donc doués d’une initiative propre et d’une énergie spécifique. […] A cet égard, ils fonctionnent comme des complexes. Ils vont et viennent à leur guise, et souvent, ils s’opposent à nos intentions conscientes ou les modifient de la façon la plus embarrassante. On peut percevoir l’énergie spécifique des archétypes lorsque l’on a l’occasion d’apprécier la fascination qu’ils exercent. Ils semblent jeter un sort.
Cette faculté que nous avons d’isoler une partie de notre esprit est, en fait, une caractéristique d’une grande valeur. Elle nous permet de concentrer notre attention sur une chose à la fois, à l’exclure de ce qui la sollicite par ailleurs. Mais il y a une différence radicale entre la décision que nous pouvons prendre de mettre à part et de supprimer momentanément une partie de notre psyché, et un état dans lequel ce phénomène se produit spontanément, à l’insu et sans le consentement du sujet, et même contre sa volonté. Le premier processus est une conquête de l’être civilisé, le second correspond à ce que les primitifs appellent la perte d’une âme, et plus près de nous, il peut être la cause pathologique d’une névrose.
Ces investigations […] permirent à Jung de découvrir dans l’inconscient collectif des diverses traditions des symboles universels qu’il désigna du nom d’archétypes et dont la fonction peut être dite transcendante dans la mesure où on la trouve sans cesse à l’origine des grandes transformations religieuses et culturelles. Une des voies de recherche les plus fécondes à ce propos est la correspondance entre les archétypes et les intuitions fondamentales de la science, dans les domaines physique et mathématique.
Tout psychologue qui a écouté les gens lui décrire leurs rêves sait que les symboles qui y apparaissent sont beaucoup plus variés que les symptômes physiques de la névrose. Ils se présentent souvent sous forme de fantasmes complexes et pittoresques. Mais si l'analyste, confronté avec cet univers onirique, utilise la technique de la «libre association» créée par Freud, il s'aperçoit que les rêves peuvent, à la fin, être réduits à certains schèmes fondamentaux. Cette technique a joué un rôle important dans le développement de la psychanalyse, car elle a mis Freud en mesure de prendre les rêves comme point de départ, pour l'investigation du problème inconscient dont souffraient ses malades.