C'est le
printemps à Linköping, mais les premiers beaux jours sont entachés par un terrible évènement : une bombe a explosé en plein centre ville, tuant deux fillettes âgées de six ans et laissant leur mère entre la vie et la mort. La police ne sait pas quelle piste suivre : attentat terroriste ? Attaque d'une banque qui a mal tourné ? Ou bien était-ce la famille des petites jumelles qui était visée ?
Nous retrouvons l'inspectrice Malin Fors, héroïne récurrente des romans de
Mons Kallentoft qui a bien évolué depuis
Hiver. Elle s'est sortie de son alcoolisme et lutte pour ne pas y sombrer de nouveau, surtout depuis la mort de sa mère et la révélation de secrets de famille profondément enfouis. C'est un personnage que j'aime beaucoup et que je trouve très touchante parce qu'elle représente un mélange de forces et de faiblesses qui en font un personnage très humain. Je trouve toutefois ses réactions un peu démesurées, surtout dans sa vie privée, c'est la seule chose qui m'agace un peu à propos de ce personnage.
Au niveau de l'enquête, c'est un peu lent à démarrer puisque la police manque d'éléments pour faire avancer l'enquête et cherche un peu au hasard, mais une fois les premières pistes amorcées ça devient très intéressant. Il n'y a pas énormément d'actions, ce n'est pas un thriller, mais on a une intrigue très bien ficelée qui nous tient jusqu'à la fin du roman.
Kallentoft aborde des thèmes difficiles et y réussit parfaitement. Dans
Printemps, le thème principal est le pouvoir de l'argent : jusqu'où peut-on aller pour gagner, ou pour ne pas perdre une somme importante ? L'auteur profite également de ce récit pour égratigner violemment la sphère financière, au moment où la Suède venait d'être touchée de plein fouet par la crise économique.
On retrouve également ici un thème cher à l'auteur : l'enfance maltraitée. Thème que je ne développerai pas dans cette chronique pour éviter les spoilers, mais il est très présent
et est une des clés du dénouement final.
Le style de
Kallentoft est assez particulier. Il s'exprime par phrases très courtes, parfois simplement des groupes nominaux, et il accorde une très grande importance aux pensées et aux ressentis des personnages, pas seulement des principaux mais également des personnages secondaires. C'est un peu déroutant au début, mais au bout de quatre romans de l'auteur je me suis habituée et je peux même dire que j'aime ce style.
Une autre particularité de cet auteur c'est qu'il fait parler les morts. Tout au long du roman les petites jumelles décédées dans l'explosion s'adressent à Malin. L'inspectrice est connue pour son sixième sens et ses intuitions qui lui viennent des voix qu'elle entend. On retrouve c
et élément dans tous les romans de
Kallentoft toutefois ils ne versent pas dans l'ésotérique non plus. Ces voix ne sont pas l'élément principal du roman mais elles apportent un réel plus
et elles manqueraient vraiment si elles n'y étaient pas.
Dernier point, la fin. Je ne sais pas trop quoi en penser, disons qu'elle m'a surprise. On a une « happy end » un peu à l'américaine du style « ils se marièrent
et eurent beaucoup d'enfants » et je trouve que ça ne colle pas du tout avec la noirceur du roman et plus généralement avec la « tradition scandinave » qui veut que les séries consacrées à un personnage ne s
e terminent jamais en happy end. (Il y a un cinquième tome à la saga Malin Fors mais il n'était pas prévu, à l'origine c'était bien
Printemps qui devait la terminer.) Je ne peux pas dire que je suis déçue de cette fin, car Malin mérite tout à fait ce qui lui arrive, mais je ne m'attendais pas du tout à ça…
En conclusion,
Printemps représente pour moi le meilleur roman de la saga consacrée à Malin Fors. J'attends maintenant d'avoir l'occasion de lire La cinquième saison en espérant qu'il apportera une belle conclusion à cette série que je recommanderai à tous les amateurs de polar scandinave.
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