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Seegan Mabesoone (Traducteur)
EAN : 9782376790105
128 pages
Pippa (01/04/2018)
4.83/5   3 notes
Résumé :
Le plus grand maître contemporain de haïku du Japon, disparu le 20 février 2018 au seuil de ses cent ans, se souvient de la guerre et plaide pour la paix.
Cet été-là, j’étais soldat... est la traduction partielle de l’autobiographie de Tota KANEKO parue au Japon en 2016. À l’occasion de sa sortie en France, cet ouvrage a été enrichi d’une sélection de quarante haïkus récents, afin que le lecteur francophone puisse faire le lien entre l’engagement pacifiste d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce petit ouvrage autobiographique formidable relate l'expérience d'un soldat-poète japonais de la seconde guerre mondiale. Il est suivi d'un recueil de quarante haïkus récents (2010-2015) assortis de commentaires très éclairants du traducteur Seegan Mabesoome . Les haïkus sont présentés verticalement en japonais, en transcription alphabétique et sont suivis de leur traduction en tercets.
J'avais été saisie par plusieurs haïkus de Tôta kaneko (1919-2018) glanés de-ci de- là dans différentes anthologies. En quelques syllabes, il pointe la banalité tragique de l'existence et celle de la guerre. Pas de lyrisme superflu mais une humanité crue. J'ai voulu en savoir plus sur cet illustre inconnu. Tôta est considéré dans son pays comme l'un de leurs plus grands poètes contemporains, sinon le plus grand et fut jusqu'à la fin de sa vie marquée par la guerre, un homme très engagé : syndicaliste durant sa vie professionnelle, militant antinationaliste et pacifiste acharné. A la suite de la catastrophe de Fukushima (2011) il publie une quarantaine de poèmes qui sont reproduits dans cet ouvrage. Puis lors de l'adoption des lois sur la sécurité nationale (2015) il calligraphie au pinceau une formule reprise dans les manifestations ( voir photo auteur) : "nous ne tolérons pas la politique de Shinzo Abe". Et en 2016, à 96 ans, il publie cette autobiographie.
Seegan Maheesone le traducteur qui fut aussi son élève a choisi de n'en traduire que "la partie la plus fondatrice et la plus émouvante aussi : de la naissance de l'auteur à la capitulation du Japon en 1945". C'est bien dommage, j'aurai voulu découvrir la suite, son après-guerre en particulier est sans doute très intéressant. Tôta mêle à son récit agrémenté de photos des réflexions personnelles. Il essaye d'expliquer son comportement, celui de ses camarades. Avant-guerre, Tôta se présente comme un "dégonflé", un jeune instruit qui sait que le Japon est condamné à perdre face aux Américains et aux Anglais mais qui pense avec tous les autres qu'une bonne guerre sortira de la misère les gens de sa région. Bref il suit le mouvement patriotique. En 43 fraîchement diplômé d'une prestigieuse université en économie, il se porte volontaire pour intégrer l'Ecole navale de comptabilité et être affecté au bout d'un an comme lieutenant d'intendance aux îles Truk. Il indique que c'est par calcul : il aurait été mobilisé de toutes façons, autant ne pas se retrouver sur le front comme soldat de seconde classe. Et à l'Ecole navale, il déclare sans réfléchir vouloir rejoindre les premières lignes sur le front du Pacifique. Ses professeurs "crypto-marxistes" sont consternés. Nous aussi. A vingt-cinq ans il se retrouve donc en première ligne. il ne se doute pas alors de ce que représente "le visage de la mort".
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Un court texte augmenté de quelques Haïkus d'un des maîtres de cette forme de poésie. Je ne savais pas que le haïku était une forme de contestation fortement réprimée a l'époque des guerres sino-japonaises, pour leur critique de la guerre et du pouvoir autoritaire.
L'auteur, officier dans des îles stratégiques coupées du monde, relate comment des milliers d'hommes ont été abandonnés à la faim et aux bombardements américains. Il pointe, avec un humour très noir et dans un langage cru, l'incompétence, l'incurie du pouvoir finissant, isolé dans sa vision de la grandeur japonaise perdue, sachant que la guerre ne pouvait qu'être meurtrière et n'était pas gagnable, au mépris des populations.
Par contre, je n'ai pas les codes pour apprécier les haïkus, dans une traduction qui forcément en modifie aussi bien la forme que le sens, aussi bonne soit-elle.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
De fait de l'aggravation de la situation militaire, plus aucune livraison d'armes ou de munitions ne parvenait jusqu'aux îles Truk. Pour pallier cette pénurie, il fut décidé que la section d’ingénierie serait chargée de fabriquer des grenades à main et de les expérimenter. Le principe était de récupérer des corps de grenade vides, de les remplir de poudre et de vérifier, dans un premier temps, si elles explosaient correctement. Les expériences qui eurent lieu à cette occasion ont totalement changé ma vision de la guerre (...)
Résultat : je reçus l'ordre de "trouver un ouvrier" parmi ma compagnie. d'abord je demandai s'il y avait un volontaire.
Et là, c'est bien le côté étrange des Japonais, on trouve toujours un gars qui lève la main en disant. "Moi !" Sans doute dans l'espoir d'être considéré par ses camarades comme un héros, je ne sais pas...
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雪積めど放射能あり流離かな

Yuki tsumedo
Hōshanō ari
Ryūri kana

Sous la neige,
Toujours la radioactivité.
Exode.
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津波のあとに老女生きてあり死なぬ

Tsunami no ato ni
Rōjo ikite ari
Shinanu

Après le tsunami
Toujours en vie, une vieille femme,
Immortelle.
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Un bombardement !
Et mon crayon à papier
Bien aiguisé.
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La veritable intelligence consiste à ne jamais dénigrer autrui.
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