C'est par hasard que je suis tombée sur cet ouvrage de
Jean-Paul Kauffmann, que je ne connaissais pas du tout. Cet ancien journaliste fut emprisonné durant plusieurs années au Liban avec
Michel Seurat.
J'ai débuté la lecture de
Venise à double tour avant d'aller visiter la cité de Doges, et j'ai très rapidement décroché : le style pompeux, le caractère autobiographique voire "auto" psychanalytique tendant souvent vers l'obsessionnel des premiers chapitres a achevé de me faire abandonné ce bouquin, que j'ai repris après avoir visité cette ville qui attise tant
l'imaginaire.
J'étais alors en terrain un peu moins inconnu, et je suis entrée peu à peu dans la quête de
Jean-Paul Kauffmann. L'intérêt de cet ouvrage - à mon sens - réside dans le paradoxe qui sous-tend Venise : ville touristique par excellence, elle ne pourrait survivre sans ce flot continu de visiteurs qu'elle accueille, et qui fait fuir de la même façon les Vénitiens. Les rencontres que fait l'auteur sont également édifiante pour mieux comprendre la "curie vénitienne" et la place encore prépondérante de l'Eglise dans la gestion du patrimoine.
Si l'on prend plaisir aux déambulations dans les ruelles de Venise, on s'éloigne souvent de la Venise vivante pour parcourir celle rêvée d'une nuée d'auteurs :
Sartre,
Morand, Marco Polo, Pratt (l'illumination de l'auteur lors de sa vision de Sant'Anna ressemble d'ailleurs à celle de Corto face au Grand Or)...tous présentés par un narrateur décidément omniprésent, étouffant par rapport à son sujet principal. C'est là le grand défaut de ce livre, dont une partie non négligeable semble servir d'auto-confession des doutes et de l'obsession de
Jean-Paul Kauffmann, qui finit par lasser. Certaines répétitions agacent également (on a bien compris qu'à chaque visite d'un village il s'empressait de se réfugier dans l'église, que tout gardien fait tinter ses clefs, ou encore que telle église fut transformée en mosquée pour une Biennale).
Et la manie de l'auteur d'être déçu à chaque ouverture trop facile ou trop hasardeuse d'une des églises qu'il chérissait tant fermée achève de le rendre antipathique aux yeux du lecteur. J'ai du me forcer pour finir cette lecture, qui aura tout de même servi à ajouter à ma pile à lire quelques ouvrages sur Venise.