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3,84

sur 161 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les mots de Claire Keegan nous transportent principalement en terre irlandaise. Ses récits mettent en scène des personnages solitaires,aux prises avec leur condition, ce qui les contraints à accepter des compromis douloureux.Chaque nouvelle porte ainsi des non- dits,des secrets,qui empoisonnent leur existence. Leur destinée les rattrape inexorablement...

Les rêves sont souvent prémonitoires, les superstitions et les préjugés tenaces.Des tranches de vie âpres où les femme n'ont pas le beau rôle mais s'en tirent mieux que les hommes,empêtrés dans leurs contradictions, incapables de choisir,enchaînés à leurs terres,se raccrochant à leurs pauvres pensées pour continuer leur chemin austère et sans amour.

Rudes comme le vent,les tourbières frissonnantes,tourmentés comme les nuages annonciateurs de tempête, comme les longues soirées d'hiver qui font resurgir le passé que l'on croyait oublié. Ensorcelant.
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A travers les champs bleus, je me promène ainsi sous le regard bienveillant de la lune. Platitude de la terre, mais pas des sentiments, je ne vois dans mon panorama que tourbières et pubs, la beauté de l'Irlande. Une odeur saline pénètre mon âme fouettée ainsi par le vent et la pluie oblique. Il faut un feu de cheminée pour supporter l'humidité – l'intimité - de cette chaumière, un feu de tourbes, une odeur de chèvre. La campagne irlandaise, quoi ! Une terre brûlée au vent des landes de pierres, un whiskey tourbé.

Au pub, on me sert une bière brune, presque noire. Avec une mousse qui tient ainsi au sommet du verre, un long col blanc, comme une collerette de curé au sommet de sa robe noire. Car même dans un pub, même devant une pinte, la religion ne s'absente pas. Elle est toujours présente dans l'esprit des hommes, et des femmes. Surtout. Et des femmes, j'en découvre d'un autre monde. Fortes, solitaires, rejetées, elles sont présentes tout au long de cette aventure froide et humide, verte et saline, les femmes d'Erin.

Des femmes dans la tourmente, des femmes dans la tempête, des femmes tristes, c'est beau la littérature irlandaise, ce qui me vaut d'écouter un disque de van Morrison, douceur, tout en me servant un verre de Connemara, douceur, l'eau pure des lacs, de la pluie et la tourbe, donnant ainsi un léger goût de fumé à mon verre, même si là-bas, le whiskey se prend chaud…
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Je ne vais beaucoup développer cet article, car j'ai parlé de Claire Keegan, de son style et de ses oeuvres lors de son interview il y a quelque temps.

Moi qui ne suis pas très habituée à lire des nouvelles – trop courtes, chute mal contrôlée, histoire amputée ? – je reste pourtant admirative face à la maîtrise de Claire Keegan au fil de ses textes. Les 8 récits qui composent ce recueil sont magnifiques, et nous emmènent temporairement suivre la vie de quelques personnages.

Un des thèmes communs me semble être pourtant le lien familial – filial, marital ou autre – très présent et souvent problématique (Claire Keegan m'avait répondu sur ce point en me disant que c'est ainsi qu'elle se représente la famille) : » .. mais il est très rare que deux personnes veuillent la même chose à un moment précis de l'existence. Quelquefois c'est l'aspect de plus dur de la condition humaine.«

Mais globalement, elles sont très différentes. Seules les dates d'écriture ont déterminé leur place dans ce recueil, je ne vais donc pas insister sur leurs liens mutuels.

De même, elles se passent – sauf une – en Irlande, pays qui reste sans arrêt présent, par petites touches : quelques mots de gaélique, un paysage, des traditions. En effet, la nature est présente, mais rarement d'une manière bucolique : il faut la dompter, la travailler. La précarité, la fragilité face aux contingences naturelles sont très fortes.

Comme toujours, il est difficile de déterminer leur époque, mais à cette question, l'auteur m'avait répondu que ça n'avait pas d'importance, seule l'histoire, la gestuelle des personnages, comptent. Cependant, ce sont des sociétés très traditionnelles, en particulier pour la place des femmes; et très paysannes. Dans les femmes, seule La Fille du Forestier sort de ce schéma traditionnel, et c'est ma nouvelle préférée. Les traditions, l'esprit de village, les superstitions sont encore très fortes, et sont souvent décisives pour les histoires individuelles.

Au-delà de ces histoires, j'ai retrouvé le style net, presque elliptique de Claire Keegan. Elle ne nous donne jamais les clés de ses oeuvres. Ses nouvelles sont extrêmement travaillées, mais le lecteur ne doit pas être passif non plus : c'est lui qui va compléter l'oeuvre, et décider de ce qu'il veut en faire. On peut trouver cela frustrant, mais à la limite je préfère ça que certains auteurs qui nous servent une philosophie toute faite, convenue, qui ne nous demande aucun effort de décryptage.

Je vous invite donc à découvrir cet auteur, et en particulier Les Trois Lumières (si vous êtes rébarbatifs aux nouvelles). C'est un court roman, dans la droite ligne des autres, mais d'une puissance et d'une richesse énormes.
Lien : https://missbouquinaix.wordp..
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J'avais adoré lire "Les trois lumières" de Claire Keegan, et j'avais donc hâte de retrouver cette auteure.

Ici, il s'agit d'un recueil de nouvelles dont les histoires sont ancrés sur les terres irlandaises. A la lecture de ce livre, j'ai eu l'agréable sensation de me retrouver un soir de veillée, assise près d'une cheminée pour écouter une conteuse.

Les relations familiales, amoureuses y sont abordés avec parfois soit une ambiance pesante ou soit un peu surréaliste où le monde des légendes n'est jamais bien loin.
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Difficile de résister au charme de Claire Keegan. Son roman Les trois lumières m'avait ébloui l'an passé. C'est donc avec une certaine impatience que j'attendais de la retrouver à l'occasion de cette rentrée littéraire avec un recueil de nouvelles intitulé A travers les champs bleus. Ses thèmes de prédilections sont toujours aussi présents. Il est donc question d'Irlande (sauf dans un texte se déroulant au Texas), de désir, de solitude, de monde rural et d'océan. Il y est aussi beaucoup question de renoncement, comme dans la nouvelle donnant son titre au recueil où un prêtre célébrant un mariage renonce à avouer son amour à la mariée. Renoncement encore dans La nuit des sorbiers, où un homme fruste voit partir femme et enfant sans chercher à les suivre. Renoncement également pour cette mère de famille mal mariée qui ne pourra se résoudre à quitter le foyer. Renoncement, une fois de plus, pour le frère d'une étudiante s'apprêtant à partir pour les Etats-Unis. Il dit lui aussi vouloir tourner le dos à la ferme et vivre autre chose mais au fond de lui, il sait qu'il n'en fera rien.

Dans ces nouvelles, les hommes sont des lâches, des salauds mal-dégrossis qui préfèreront toujours leurs terres à leur famille. Certains s'abîment dans le travail, d'autres s'abrutissent d'alcool. Beaucoup se perdent dans le désir de femmes qu'ils ne méritent pas. Ces dernières s'en tirent mieux. Elles ont du cran, sont déterminées et gardent un coté indomptable. Elles continuent de croire que tout reste possible malgré les écueils qui se dressent devant elles.

Je suis toujours aussi émerveillé par la prose de Claire Keegan. Elle sait retranscrire à merveille la pluie, le vent et les tourbières, la violence des liens archaïques qui unissent les êtres. Sa prose est simple, limpide, précise. Pas un poil de gras, pas un mot de trop.

Je sais bien que la nouvelle n'est pas un genre très prisé par chez nous. Mais si vous n'aviez qu'un seul recueil à lire cette année, je vous conseille de vous laisser tenter par cette étourdissante balade à travers les champs bleus.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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J'ai bien aimé ce livre de nouvelles d'une autrice que je ne connaissais pas du tout. Ces nouvelles sont de tailles différentes mais témoignent toutes du talent de cette actrice pour créer en très peu de pages tout un univers et évoquer parfois une vie complète en quelques traits. Je ne les ai pas toutes adorées mais certaines sont très fortes, telles celle qui met en scène un prêtre et son ancienne amoureuse, ou cette autre qui évoque une écrivain en résidence dans la maison d'un grand écrivain allemand, ou enfin celle, étonnante et forte, qui a pour principal protagoniste un jeune étudiant à Harvard confronté à son véritable abruti de beau-père (guère d'autre mot pour l'évoquer).
Si l'autrice est irlandaise, ces nouvelles offrent toutefois une certaine diversité d'ambiances.
le style de Claire Keegan est sobre et puissant. Peu d'humour ici. On pencherait plutôt du côté de la joie de vivre de Tchekhov ou de Raymond Carver !
Je lirai volontiers d'autres livres de cette écrivaine, alors si vous avez des coups de coeur, je suis preneur !
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Le titre le laissait présager mais ce livre va bien conduire le lecteur à traverser un champ et frôler les épis de blé ou de maïs.
Il va caresser les histoires, n'en avoir que ce l'auteur a bien voulu esquisser avec sa plume, pour le reste, il va devoir laisser courir son imagination.
C'est sans doute la plus grande force de ce livre et ce qui en fait sa beauté.
J'ai été portée par cette lecture, surprise et intriguée par le style de l'auteur qui arrive à exprimer des choses dures de façon très pudique et juste esquissée comme il le faut, notamment quand elle aborde l'inceste d'un père sur sa fille.
Les huit nouvelles qui composent "A travers les champs bleus" n'offrent pas vraiment une vision optimiste et belle du monde, mais elles traitent de sujets variés comme les relations familiales, les amours impossibles, la force des préjugés.
Les personnages principaux sont quasi exclusivement féminins et malgré les épreuves de la vie qu'ils ont subies ils font preuve d'une force de caractère impressionnante : "Quelqu'un te demande si ça va - question tellement idiote -, mais tu ne pleures pas avant d'avoir ouvert et refermé une autre porte, avant de t'être bien verrouillée à l'intérieur de la cabine.".
Les hommes n'ont pas le beau rôle et sont plutôt décrits sous un jour sombre et s'attirent peu la compassion du lecteur de par leurs actes et leurs paroles.
L'auteur analyse également de façon très fine les choses de la vie de tous les jours, comme le mariage : "Un homme perd sa fille au profit d'un homme plus jeune. Une femme voit son précieux fils s'unir à une femme qui ne le vaut pas. C'est quelque chose qu'ils croient en partie. Il y a les frais, la sentimentalité, le point de non-retour. Chaque fois que des promesses sont faites en public, les gens pleurent.", et sans jamais chercher à s'imposer elle finit par rallier à sa perception des choses le lecteur.
J'ai également apprécié l'ancrage de ces nouvelles en Irlande et dans le folklore irlandais, cela résonne comme un écho au titre avec son côté surnaturel.
Les nouvelles s'enchaînent sans lien avec la précédente, elles sont de taille différente, certaines étant longues d'autres très courtes, elles sont intemporelles si bien que certaines peuvent se situer à notre époque comme d'autres il y a cinquante ans, mais étrangement cette absence de repère spatio-temporel ne m'a pas gênée dans ma lecture, tout comme ce non équilibre de taille entre les histoires.
Et s'il y a un point commun à toutes ces nouvelles, c'est la couleur bleu, présente dans chacune des nouvelles à un moment donné.

"A travers les champs bleus" est un recueil de nouvelles lapidaires et sombres éclairées par la beauté et la force du style narratif de Claire Keegan.
Sans chercher à s'imposer ni à imposer son point de vue, Claire Keegan a une plume de toute beauté qui fait d'elle une écrivaine de talent qui continuera à coup sûr de faire parler d'elle dans les années à venir.
Et pour preuve que la blogosphère a du bon, j'ai découvert ce roman et cette auteur sur un blog littéraire et je ne regrette absolument pas ma lecture, je vais même tâcher de lire les autres oeuvres de cette auteur très prometteuse.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Un recueil de nouvelles enracinées en terre d'Irlande, où l'on "aime l'enfant qui organise des enterrements pour les papillons morts, mangent les roses, ramasse les têtards et les libère dans l'étang pour qu'ils se transforment en grenouilles, qui renonce ensuite à attendre que la grenouille devienne un jour prince charmant."... qui nous plonge dans un monde que l'on n'a plus envie de quitter, un monde au coeur des hommes...
On y rencontre une écrivaine en manque d'inspiration et le pouvoir dévastateur des mots... une fille abusée et en partance vers le Nouveau Monde... un prêtre qui interroge Dieu sur l'amour impossible... une enfant illégitime et son chien à l'intelligence et l'amour infini... un fils refusant le poids de l'héritage familial... une femme jetant l'eau d'un bain de pieds par une nuit de sorbiers...
Tous ces personnages sont au bord de la falaise et Claire Keegan décrit avec justesse et pudeur leurs douleurs, leurs doutes, leurs ressentis, leur solitude, leur bizarrerie, leur rencontre dans un paysage irlandais que l'on imagine superbe mais froid et austère, avec en filigrane ses légendes et ses traditions.
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Huit nouvelles sensibles et délicates, tout en suggestions, en effleurements, en petites touches. Les émotions surgissent au détour d'une phrase, d'un mot, d'un silence. Claire Keegan puise dans sa terre natale d'Irlande les ingrédients de ces huit histoires, plus fortes les unes que les autres, où il est question d'hommes, de femmes et de tous les sentiments qui les unissent ou les séparent. J'avais déjà beaucoup apprécié son premier recueil de nouvelles ("L'Antarctique" - Editions 10/18) ainsi que "Les trois lumières", court roman ou longue nouvelle à l'écriture fine et subtile. Ce recueil est encore plus abouti notamment par l'égale qualité des huit textes. Même si j'ai particulièrement aimé "Le cadeau d'adieu" et "La fille du forestier", implacables évocations des relations pères - filles rongées par le doute.
Lien : http://www.motspourmots.fr/a..
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Claire Keegan est assurément une bonne "nouvelliste", car c'est tout un art de condenser l'essentiel dans un texte court où le mélange savant d'idées exprimées et de non- dits permet au lecteur d'avoir envie d'aller vite à la chute. J'ai toujours pensé que la teneur de cette "chute" donnait toute sa saveur à la nouvelle et permettait de mesurer le talent de l'auteur(e). Dans ces huit nouvelles, qu'on pourrait qualifier de champêtres, si on se fie au titre et à la situation géographique- la campagne irlandaise- , en quelques lignes au milieu de l'action, à l'aide de mots savamment choisis, le trouble est là, le lecteur se sent questionné, dubitatif quant à la possible situation glauque... Et c'est bien là que réside le talent de Claire Keegan.
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