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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans l'excellent Jazz à l'âme de William Melvin Kelley, c'est une triple peine pour notre héros.

Ludlow Washington est né aveugle, pauvre et noir dans le sud des États-Unis. Pour lui offrir une chance de survivre et d'avoir un métier son père va l'abandonner dans une institution. Il deviendra un pianiste talentueux. A seize ans, il est embauché dans un orchestre.

William Melvin Kelley met toute son empathie à nous faire découvrir le monde à travers les sensations et les questionnements de Ludlow. D'un seul coup, après dix ans à l'écart de la société sans autre amie que sa musique. Il découvre les femmes, se demande ce qu'est un noir et porte en lui une peur du rejet et une colère latente qui finira par s'exprimer.

Incapable de donner ce qu'il n'a pas reçu, il quittera sa première femme et sa petite fille pour jouer dans un orchestre à Harlem . Il deviendra célèbre, tombera amoureux d'une jeune femme blanche, qui n'assumera pas et le quittera. Complètement détruit, il finira par trouver sa voie.

Ce roman offre un très beau portrait psychologique, une belle restitution d'Harlem, de ses orchestres de jazz et de cet amour de la musique que tous partageaient.

Je tiens à remercier les éditions 10/18 pour ce roman qui me tentait tant.

#Jazz à l'âme#NetGalleyFrance
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Ludlow Washington est un musicien de Jazz talentueux parce qu'il n'avait d'autre choix. C'était son ticket pour la survie. Né aveugle, c'est à cinq ans que son père le confie à une sinistre institution où il endurera brimades et mauvais traitements, afin qu'il apprenne la musique et ne devienne jamais mendiant. C'est dans cette solitude infinie que l'on devine que le jeune Ludlow se construit autour de la musique. A seize ans, il est "racheté" par un chef d'orchestre avec l'obligation de lui appartenir pour les deux années qui suivent sous peine de retourner dans l'enfer de l'institution...
Ludlow ne s'est donc jamais appartenu, et a dû avancer malgré tout en marche vers son destin.

Ludlow, jeune Noir au Sud des États-Unis dans les années ségrégationnistes, aveugle et complètement cabossé par la vie, l'auteur aurait pu facilement tomber dans le pathos et nous le faire prendre en pitié. Mais Ludlow peut être plutôt mordant, froid, calculateur, lâche. C'est un personnage rugueux qui peut aussi être aimant et vulnérable, touchant dans sa recherche perpétuelle de trouver sa place quelque-part en ce monde qui a semblé ne pas vouloir de lui.

William Melvin Kelley est un écrivain comparé à James Baldwin (sacré compliment !) et je rejoins cet avis pour son habilité à décliner l'humanité de ses personnages dans toute la palette de leur complexité. Il ne tombe pas dans la facilité de vouloir nous les faire aimer. Il nous les montre avec leurs failles, leurs paradoxes, leur noirceur, autant que dans leur lumière et leur beauté, ce qui les anime, leur donne vie. A traits fins, il dessine les sentiments entre homme et femme, entre Noirs et Blancs, et la société qui décide trop souvent comment penser ou agir.

Si "Un autre tambour" m'avait particulièrement enchantée et que "Jazz à l'âme" n'atteint pas pour moi les mêmes sommets, il reste que je suis totalement charmée par cet écrivain de talent. Talent malheureusement peu reconnu de son vivant; une injustice qui tend à se réparer un peu avec la réédition de ses romans que bien sûr je ne manquerai pas de lire.
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"Arrête ton char mon pote. On me la fait pas, à moi. Ça s'entendait dans ton jeu. le dernier morceau, tu l'as pas joué, t'as sauté dedans à pieds joints et tu l'as piétiné à mort. "

Parce que, dans l'institut pour aveugles où son père l'a abandonné à 5 ans on apprend aux enfants à jouer d'un instrument de musique, d'abord le piano pour tous puis le saxo pour l'un, le trombone pour l'autre, etc, Ludlow Washington a pu développer son fabuleux talent en la matière.

Suffisamment pour que Bud Rodney, chef d'orchestre noir, vienne ni plus ni moins l'acheter au directeur de l'institut et l'embarque à 16 ans pour New Marsails où le gamin va jouer, soir après soir, au Café Boone.
Il appartiendra à Bud Rodney jusqu'à ses 18 ans, n'en déplaise à ceux qui voudraient lui proposer de venir jouer dans leur formation, comme la star Inez Cunningham.

Nombreux sont ceux qui répètent à Ludlow qu'il est doué, très doué.

Rodney, Inez Cunningham, son ami Otis Hardie, le tromboniste de l'orchestre, le lui ont dit, mais il n'en croit rien.

Le son qu'il recherche, qu'il travaille, qui lui échappe souvent, n'est que la réplique sur son instrument de ce qu'il a entendu par d'autres au piano, au saxo, au trombone, affirme-t-il.

Ludlow n'a pas appris grand-chose d'autre à l'institut. Les relations sociales, les relations entre hommes et femmes, les relations entre Noirs et Blancs n'ont pas fait partie de son éducation, qui s'est limitée aux maltraitances, à l'obéissance à un autre enfant affirmant qu'il était son maître, et à la musique.

Le monde n'est pas plus tendre pour Ludlow, musicien aveugle et noir, que pour son pote Hardie, musicien noir et voyant. Mais Ludlow a moins de souplesse ; Hardie a appris, lui, à faire avec ce qui l'entoure, et à ne pas se frapper pour un oui ou pour un non.

Et puis Ludlow ne comprend pas vraiment la singularité de son talent, qui le rend si particulier et doit être préservé.

Ludlow va souffrir.
Ludlow va avoir le coeur brisé.
Ludlow va tomber.
Ludlow va devoir apprendre à se relever.

C'est la lente, longue et douloureuse route vers la connaissance de soi, du monde dans lequel il vit et de la place qu'il doit y prendre, que William Melvin Kelley expose dans ces pages.
Et ça fait mal.

Les mots râpent et écorchent au passage.

William Melvin Kelley joue clair sa partition, de la sourdine au fortissimo, de la petite musique d'un bonheur fragile aux fausses notes tonitruantes des incompréhensions avec les femmes, de la ségrégation et de l'exploitation de son talent par d'autres auxquelles Ludlow doit faire face.

William Melvin Kelley n'est pas complaisant, il montre son personnage tel qu'il est, avec ses travers, des motivations qui ne sont pas brillantes, des décisions prises en dépit du bon sens.
Ça frappe vite et dur, comment Ludlow peut-il s'en sortir ?
Ludlow va-t-il s'en sortir ?


La puissance de l'écriture et la grande sincérité de l'auteur incitent à le souhaiter pour son personnage, jusqu'à la dernière ligne, jusqu'au dernier mot, sur tous les chemins parcourus.

Et sans savoir, jamais, de quel instrument au juste joue Ludlow…
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Redécouverte au programme avec Babelio (thank you Babelio), ou découverte sur un tempo jazz, d'un roman sorti en 1965, d'un auteur noir américain inconnu en France. Je n'avais jamais entendu ce nom, William Melvin Kelley. La quatrième de couv, dont on ne se méfie jamais assez, évoque James Baldwin et William Faulkner. Ludlow Washington, cinq ans, aveugle, est confié ou plutôt abandonné à une institution. Surdoué il devient un musicien reconnu, passera d'un bouge du Sud profond aux néons de New York. Mais en ces années cinquante le monde du jazz est bien loin d'être un jardin de roses. le monde tout court.

le livre a un coeur qui bat comme une pulsation. Il est percutant comme un solo de trompette, âpre et amer. Jazz à l'âme est un bon titre français mais A drop of patience, titre original, rend mieux compte de l'urgence de ce livre. Tout ira relativement vite à partir de l'âge de seize ans pour Ludlow, après les longues années d'institution (rude, l'institution). Vieille antienne, notamment dans la musique, la Roche Tarpéienne est près du Capitole et s'il devient une sorte d'icône de l'avant-garde (et là les jazzeux y mettront leur sihouette favorite, Bird, Miles, etc.) il ne va pas tarder à perdre ses rares repères et même Harlem, en quelque sorte, l'expulsera.

Causes multiples à cette rupture, à ce riff cassant, à ce pétage de plomb. La cécité de Luddy n'est pas la plus grave de ses inadaptations. Les rapports avec les blancs, les femmes notamment, même si le racisme n'est pas lourdement asséné dans ce récit. Querelles musicales aussi, intemporelles, version jazz des anciens et des modernes. Et que dire de l'ambiguité des spectateurs, sincères quelquefois, "branchés" souvent, en un snobisme universel assez souvent. Fils largué à cinq ans, Luddy sera père à dix-huit, père "largueur' incapable d'assumer. Médicaments, substances, cures....Air connu. L'amitié même est aléatoire chez le virtuose. Ou comment se construire, démoli en la plus tendre enfance.

William Melvin Kelley ne nous entraîne pas dans une réelle empathie avec son personnage (proche de lui-même qui quitta l'Amérique en 1965 pour Paris puis la Jamaïque pendant une dizaine d'années). Enfant du Bronx (1937-2017) WMK avait écrit un premier roman publié en 1961, Un autre tambour. Je lis que le livre avait fait un triomphe critique. Je n'en avais jamais entendu parler.

D'autres lieux plus accueillants l'attendaient. Peut-être trouverait-il la petite église de quartier à laquelle il aspirait, ou bien une chapelle dressée au bord d'un chemin de terre dans le Sud, à peine plus grande qu'une cabane, fréquentée par une douzaine de fidèles, privée d'un orgue pour encourager leurs voix tremblantes et haut perchées à porter les mélodies de leurs cantiques. Un endroit comme celui-là aurait besoin d'un bon musicien.

Aiki, femme de l'auteur signe une jolie postface dans laquelle elle cite quelques musiciens références et sources pour son mari. Par exemple le trompettiste Clifford Brown, mort à sur la route à 25 ans.
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Non voyant de naissance, Ludlow Washington est confié dès son plus jeune âge à un foyer spécialisé dans lequel, entre brimades et humiliations, de ses camarades comme des adultes, il apprend à jouer, avec virtuosité, de la musique. Dès ses 16 ans, il est engagé pour ses talents par Bud Rodney, enfin « engagé » est un grand mot : le chef d'orchestre l'achète au foyer, et le jeune homme sera sa propriété jusqu'à ses 18 ans. Ludlow découvre ainsi le monde dans le Sud ségrégationniste des Etats-Unis, le jazz et l'amour devenant les deux moteurs de son existence. Jusqu'à sa liberté accordée à l'âge dévolu, grâce à laquelle son univers, fait de voyages et de rencontres déterminantes, va encore s'étoffer, humainement comme musicalement, pour le meilleur comme pour le pire.

Alors qu'il raconte l'histoire d'un homme qui connaît une double exclusion, empreinte, forcément de pathos – au sens originel -, William Melvin Kelley fait le choix, bienvenu, de la sincérité, plus que de l'empathie, pour son personnage. Ainsi, Ludlow nous est décrit dans toute son humanité, avec ses nombreux défauts, comme ses nombreuses qualités, au-delà de sa condition première. Il est un personnage riche, dont l'on suit l'existence avec beaucoup d'intérêt, de ses débuts tonitruants dans le Sud, jusqu'au dénouement, inattendu, de sa carrière, en passant par l'acmé new-yorkais, chaque étape de cette existence donnant lieu à une rencontre amoureuse décisive, qui aura, à chaque fois, une influence, bénéfique ou néfaste, sur notre personnage. Et l'on suit, dans le sillage de Ludlow, avec tout autant d'intérêt, l'évolution du jazz dans les années 30-40, à travers une galerie de personnages, parfois tout aussi décisifs pour lui.

Je remercie les éditions 10/18 et NetGalley de m'avoir permis de découvrir la version poche de ce roman.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Je tiens tout d'abord à remercier le Picabo River book club et les éditions Delcourt de m'avoir permis de découvrir ce roman.

J'ai beaucoup entendu parler de William Melvin Kelley et j'étais donc assez curieux de découvrir ce "Jazz à l'âme" n'ayant pas encore eu l'occasion de lire son premier roman ("Un autre tambour").

J'ai ainsi apprécié l'écriture, alerte, poétique, presque charnelle, qui sert un texte dénonçant avec vigueur la ségrégation raciale aux Etats-Unis. En revanche, l'histoire m'a plus laissé sur ma faim. Certes, le parcours de Ludlow Washington, aveugle, jeune et brillant musicien de jazz, est prenante et, par certains côtés, poignante. Je m'attendais toutefois à un récit dans lequel la musique serait plus présente. Or, ce sont les relations de Ludlow avec les femmes qui représentent l'essentiel du roman, des relations compliquées, mêlant passion et ruptures, dont Ludlow ne ressort pas toujours indemne. le personnage de Ludlow lui-même est également un brin ambivalent, parfois égoïste, manipulateur, et je n'ai pas forcément éprouvé beaucoup de sympathie pour ce dernier. Enfin, dans le déroulé du récit, j'ai été un peu surpris que les jeunes années de Ludlow à l'internat, certainement très délicates, n'aient pas été plus développées.

Je n'ai donc pas vécu cette "expérience forte, poignante et emouvante" selon les mots du New York Times mis en exergue sur la couverture (superbe, au passage). Mais je reste malgré tout désireux de lire prochainement "Un autre tambour"...
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[ Roman paru en 1965 et édité pour cette rentrée par Delcourt ]

À l'âge de cinq ans, un garçon afro-américain aveugle est abandonné par son père dans une institution pour non-voyants. Ludlow Washington y souffrira pendant onze ans, jusqu'à ce que ses dons musicaux lui offrent un billet de retour dans le monde. Il débute dans un orchestre d'une ville du Sud. Il découvre la vie, il découvre les femmes, il découvre que blancs et noirs ne sont pas égaux. Son avant-gardisme musical le mène à New York jusqu'au sommet de la scène jazz - où ses démons personnels menacent de le ramener vers le bas.

Ludlow Washington est un homme doué mais endommagé, un homme totalement mis à part de la société - par la cécité, par sa couleur de peau, par le talent - qui doit lutter contre l'adversité et l'ambition pour parvenir à l'acceptation et l'estime de soi qui lui ont toujours échappé. L'auteur explore le racisme et les turpitudes des hommes à travers les yeux d'un aveugle et c'est une idée totalement géniale. Il nous montre l'Amérique ségrégationniste non pas à travers les yeux de la société blanche ou de la société noire mais comme la perçoit celui qui ne voit pas de différence.
Dans le contexte de la scène jazz américaine, la syncope et l'improvisation de la musique servent de métaphore à la vie de ce musicien.

J'ai vraiment apprécié ce roman que je qualifierai de brut.
L'histoire est structurellement simple, racontée chronologiquement, sans fioritures, sans effet de manches, presque dans une économie de moyen et pourtant avec beaucoup de classe. William Melvin Kelley pose le bon mot ou bon moment. Aucun pathos non plus, pas d'émotion à outrance. On ne s'attache pas particulièrement au personnage (manipulateur, égoïste ) et pourtant c'est une histoire très humaine qui résonne à de nombreux niveaux. Trompeusement facile à lire.

Une lecture que je dois au Picabo River book club. Merci à Léa et aux éditions Delcourt.

Traduit par Éric Moreau
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Je sors carrément de ma zone de confort avec ce nouveau roman et je remercie les éditions Delcourt et le Picabo River Book Club de m'avoir permis de le découvrir avant sa date de sortie.
Notre personnage principal s'appelle Ludlow Washington et le roman met en scène la vie de ce musicien noir originaire d'une ville imaginaire du sud des Etats-Unis (New Marsails).
À l'âge de cinq ans Ludlow est abandonné par sa famille dans un institut pour aveugles de couleur chargé de les éduquer et de leur apprendre un métier. Dans cet institut, il apprendra à jouer de la musique d'abord du piano ensuite de trombone mais il y subira aussi diverses maltraitances aussi bien des adultes que des autres enfants.
A l'âge de 16 ans, Rodney vient le libérer en le rachetant littéralement à l'institut mais en échange Loudlaw lui dois deux ans de fidélité. Cette fidélité se traduit par la pratique du trombone dans orchestre qui se produit dans des clubs fréquentés par des amateurs de Jazz et des prostituées. Là, Ludlaw pourra exprimer son art et sera reconnu à sa juste valeur de musicien exceptionnel qui quittera finalement le sud pour New-York et ensuite Chicago.
Parallèlement, il découvrira la vie hors de l'institut et notamment les relations avec les femmes. Celles-ci sont présentes et jouent des rôles importants dans sa construction et dans l'évolution de sa vie.
Sur fond de ségrégation raciale aux États-Unis l'auteur nous fait vivre une réelle expérience sensorielle. Ludlow découvre le monde non pas avec ses yeux car il est aveugle mais grâce au toucher grâce à l'ouïe. Et c'est alors une nouvelle dimension qui s'offre au lecteur. Les descriptions ne sont pas visuelles mais sollicitent tous nos sens et cet effet rend le récit poétique.
Écriture juste fluide et sincère, l'auteur ne laisse aucune longueur s'insinuer dans le roman ce qui permet un confort de lecture optimal.
Une excellent moment de lecture que je vous recommande vivement !

Lien : https://littlecoffeebook.wor..
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Ludlow Washington est abandonné à 5 ans par ses parents dans une institution pour aveugle. Il y apprend la musique et se révèle extrêmement doué pour cela. Cela lui permet de quitter plus tôt les brimades et le huis-clos du lieu pour intégrer un orchestre. Une nouvelle vie commence pour lui, une vie à laquelle il n'est pas préparé. L'amitié de Hardie, un autre membre, lui est d'une aide précieuse. Progressivement, il devient autonome et prend son envol sur les scènes de Jazz New-yorkaise. Il fait parti de l'avant-garde de Harlem. Malheureusement il est hanté par son enfance volée et ses déboires amoureux.

Ludlow découvre la sexualité et les femmes. Il connait les humiliations et les doutes et cela fait ressortir chez lui une certaine forme de colère. Il a passé son enfance et son adolescence entouré de garçon et n'a autour de lui aucun modèle de couple. Son rapport aux femmes est donc très compliqué et biaisé. Seul son ami Hardie lui fourni des conseils mais ce dernier est un garçon volage qui ne l'aide pas forcement dans ses questionnements. Les relations amoureuses sont un des sujets principaux du roman. L'échec de ses amours a une grande influence sur sa carrière. La question de l'amour entre noir et blanc et de l'acceptation de la passion de l'autre se pose également. Ludlow, tout comme Hardie, à un rythme de vie très particulier à cause de ses concerts. La femme qui partage sa vie doit composer avec ses nombreuses absences. le caractère torturé de Ludlow et sa difficulté à communiquer mène bien souvent dans une impasse. Cette impuissance et cette incompréhension de l'amour le pousse parfois à la violence ou la colère. Cela en fait un personnage plutôt contrasté.

La musique est bien sûr au coeur du roman également. Ludlow a la conviction que sans son talent il ferait la manche sur le trottoir. Qu'adviendra t-il d'un noir aveugle et sans argent ? Sa trompette, c'est ce qui le caractérise, ce qui attire les femmes et les louanges à lui. C'est grâce à sa musique qu'il existe. de bars miteux en scènes avant-gardistes, il navigue dans le jazz et fait entendre sa singularité. Sans la musique, il redevient un anonyme, un handicapé ou un noir uniquement.

C'est un texte moins militants que son précédant et plus intimiste. On plonge dans l'âme meurtrie d'un homme et dans ses errements. La question raciale est plus sous-jacente mais néanmoins permanente. Ludlow, en plus d'être noir est aveugle. Il subit une double discrimination et une double marginalisation. Son rapport au monde en est profondément imprégné. C'est un personnage qui m'a touché par ses failles et ses nuances.

Le roman s'achève par un postface rédigée par l'épouse de l'auteur et qui nous parle du contexte dans lequel le roman a été écrit. C'est un texte très intéressant qui montre comment l'écriture et la jazz prenait de la place dans la vie du couple.
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William Melvin Kelley est un écrivain redécouvert et remis en lumière aux États-Unis et en France. Publié en 1965 aux États-Unis, traduit en 2020 en France, Jazz à l'âme paraît tellement contemporain ! Cette façon d'aborder la question raciale m'a paru aussi cruelle que franche et réelle. L'auteur nous parle ainsi des représentations que les Blancs ont des Noirs dans le contexte des années 1930 à 1950, et finalement le comportement que ceux-ci doivent adopter comme quelque chose qui va de soi. Tout est en subtilité : les inégalités raciales, le handicap, les relations familiales et amoureuses à une époque où la ségrégation et la pauvreté des minorités (noires) sont ancrées aux États-Unis, l'acceptation de soi, la tolérance, pour finalement essayer de trouver sa place. Tout ça sur fond de musique jazz.
Ce texte est écrit avec une justesse qui m'a bluffée. Aucune fioriture. C'est un auteur à découvrir lire absolument !
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