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Gaston Kelman s'attaque sans concession à la condition des noirs dans une France multiculturelle mais aussi malgré tout, prête à faire ressurgir un racisme primaire à tout moment (l'affaire Taubira venant rappeler que la route est encore longue et la bêtise universelle). S'appuyant sur les idées reçues, Kelman les démonte une à une, non être né noir n‘est pas une punition et encore moins un handicap. Encore faut ‘il s'en convaincre. Son récit n'est pas un livre anti blanc bien au contraire, il n'hésite pas à renvoyer blancs et noirs dos à dos. Avec beaucoup d'humour mais aussi avec clairvoyance, il met à mal, la difficulté d'intégration. Un témoignage plein d'esprit, d'intelligence mais aussi sans indulgence devant des à priori qu'on aimeraient à jamais disparus.
Je suis blanc n'aime pas le manioc mais j'ai beaucoup aimé le livre de Kelman.
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Il est toujours plus intéressant de connaître le point de vue de personnes qui "savent" de quoi elles parlent. Et, c'est le cas dans ce pamphlet contre le racisme ordinaire et les véritables raisons des difficultés liées à l'intégration.

D'aucuns considéreront Gaston Kelman dérangeant voire provocateur mais nul ne pourra nier son implication sincère, sa profonde volonté de motiver le peuple Noir à redresser la tête et à s'estimer lui-même pour être, enfin, estimable par d'autres.

"Entre les jérémiades sur les crimes et les injustices dont il a été victime - esclavage et colonisation -, et les rodomontades sur la fierté et la beauté noires, il y a un espace que le Noir doit investir pour être juste un homme pareil aux autres.
Il ne sert à rien de clamer sa fierté "d'exister", de vouloir prouver son humanité à ceux qui en douteraient, à ceux qui la remettrait en cause.
Il faudra bien qu'un jour on se contente d'être noir et que l'on réserve notre fierté à nos réalisations."

L'analyse de Gaston Kelman est sans concession ni pour les Blancs ni pour les Noirs. Il renvoie tout le monde à sa copie et nous parle d'Humanité.
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Voici un livre salutaire, qui a le mérite ne ne pas s'engluer dans une hypocrisie ou une autre.
Gaston Kelman a bossé dans la banlieue sensible et peuplée d' immigrés des pays d'Afrique.
Il fait de l'intégration son cheval de bataille, son espoir, son cri du coeur, sa raison d'être un français comme les autres, voire plus impliqué que certains autres.
Parfois, les exemples cités par l' auteur peuvent sembler outrés.... Ils ne le sont pas tant que cela. La mixité sociale est chose extrêmement délicate, à fortiori avec les population immigrées.
Gaston Kelman, se revendiquant bourguignon, plaide pour un intégration de bon sens dans une relation donnant-donnant et gagnant-gagnant. cela signifie des efforts à faire dans les deux sens, de la part de l'immigré "visible" parce que noir et de la part du blanc souvent captifs de préjugés ou/et de bonne volonté maladroite.
Je suis noir et je n'aime pas le manioc date de 2004, mais son actualité est toujours brûlante. Certains politiques, au lieu de jeter de l'huile sur le feu, feraient bien de tourner les pages de ce livre qui se lit aisément.
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Ce livre a le mérite de défendre l'idée que l'identité, la culture d'une personne ne peuvent se déterminer par les seules naissance et couleur de peau. Et surtout de fustiger la tendance somme toute assez universelle à catégoriser ou caractériser une population donnée selon des à-priori ridicules tels "tu es noir donc tu en as une grosse". Listes d'exemples que l'on pourrait multiplier à l'envi en prenant pour cible les vieux, les jeunes, les homosexuels, les handicapés, les blondes, les pauvres, les riches, les amateurs de jeux vidéos, les femmes au foyer, les gauchers, les Américains, les Japonais, les Black, Blancs, Beurs etc etc. En cela, oui, je suis d'accord avec l'auteur, on ne peut que bondir lorsqu'on entend de tels raccourcis.

Alors certes, de nombreux volets de l'histoire ne sont pas reluisants et montrent des épisodes où des populations sont méprisées parce qu'elles ont le malheur d'être nées comme elles sont nées, où le simple respect auquel chacun a droit a été zappé. Il est bon de ne pas l'oublier. Cela fait partie de l'Histoire et de la mémoire collectives.

Cela dit, si je partage la colère de l'auteur par rapport aux idées préconçues, je suis davantage partagée sur le concept d'intégration qu'il défend ardemment. J'ai peut-être mal lu cette partie du livre (et je la relirai à l'occasion mais pas tout de suite) mais j'ai eu l'impression qu'il soutient le principe et la nécessité d'assimilation parfaite de la culture française dès lors qu'on vit en France. On est tout "blanc" ou tout "noir", culturellement parlant s'entend, il ne semble pas y avoir de milieu. Pour moi, on passe là d'un extrême à l'autre. Je force le trait exagérément pour illustrer le propos, mais l'italien installé en France doit-il éviter de boire du Chianti et lui préférer un Bordeaux pour prouver sa bonne intégration ? Je penche plus pour une culture entre-deux (ou trois ou quatre ou dix, vu l'ouverture des frontières), où chacun pioche librement dans sa culture d'origine et sa culture d'accueil ce qui lui correspond. C'est là qu'est à mon sens l'identité de chacun.

Je passe sous silence certaines blagues de mauvais goût sur les noirs censées illustrer le propos mais je n'en vois pas bien l'utilité, à part peut-être faire hurler tout un chacun et faciliter la prise de conscience de l'anormalité des choses par moments dans la société. Mais globalement c'est un livre intéressant donc, bien qu'il faille selon moi nuancer l'avis de l'auteur pour éviter justement de stigmatiser à l'inverse.
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Immigration et intégration sont des sujets délicats. Que l'on soit un habitant d'une petite ville de Lorraine ou un habitant d'Évry, on n'abordera pas ces sujets de la même façon. Comment concilier ces deux communes ? Comment nouer un dialogue entre ces deux France ? Entre Diebling, petite ville du fin fond de la Lorraine (ou j'ai vécu quelques années), blanche, catho, bien ancré à droite, où on y parle encore couramment un dialecte germanique (francique mosellan), et Évry, ville melting pot, de gauche, où j'ai également vécu quelques années. Évry ! Laboratoire du futur, tour de Babel, je trouvais ça formidable ! L'avenir . . . Loin de tous les préjugés qu'on pouvait entendre dès qu'on sortait d'IDF, c'était un lieu où tous nous pouvions vivre ensemble, quelque que soit nos origines, nos confessions, sans que cela pose de problèmes à qui que ce soit, bleu, blanc, rouge, noir, jaune, juif, musulman (voilée ou non), athée, chrétien, bouddhiste ou chamaniste, peu importe. Comme la Jérusalem du début XX ème.
Étant métis, c'est-à-dire ; ayant le cul entre deux chaises, je mesure le chemin qu'il reste encore à parcourir pour que nous puissions tous vivre ensemble, sereinement, et Gaston Kelman oeuvre dans ce sens, en partageant sa propre expérience et en donnant des pistes pour faciliter l'intégration de nos jeunes issus de l'immigration. Des jeunes qui peinent à trouver une place en tant que français dans notre société. Car tant que les français noir de peau seront systématiquement renvoyés à leur négritude, stigmatisés à cause de leur couleur, avec tous les stéréotypes que ça véhiculent, ces jeunes ne pourront pas se sentir français parmi les français, ils ne pourront pas s'intégrer.
L'histoire est un rouleau compresseur qui ne fait aucune distinction, il avance et broie tout sur son passage, que ce soit les mosellans rongés par la peur de perdre leurs repères, ou les Evryens originaires des anciennes colonies qui eux les ont déjà perdus.
Les uns, anxieux, sont entièrement tendus vers cet à venir ; et les autres, endeuillés, entièrement tendus vers ce passé qui chaque jour s'estompe un peu plus.

Le monde actuel est une chrysalide, il est en pleine métamorphose.
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Il y a vraiment des réflexions, des constatations, des idées… très intéressantes dans ce livre.
Cependant plusieurs choses m'ont gênée dans ma lecture : je n'ai pas aimé le style d'écriture (souvent parlé et changeant), le manque de structure, les passages du coq-à-l'âne, les coquilles et fautes d'orthographe, la présentation que l'auteur fait de lui-même (assez orgueilleux), et des autres, surtout des femmes (a-t-on besoin de savoir que l'ambassadrice était plantureuse ?, « hommasse » pour parler d'une joueuse de tennis pro), il est parfois inutilement méchant (Concernant une dame à l'accueil « à voir sa petite tête, on comprenait que les Blancs n'auraient pas découvert le cerveau grâce à elle »), et a fait référence à des choses fausses (sociologie) ou controversées (Cheik Anta Diop).

Il y a certainement mieux dans ces thématiques, notamment dans des livres plus récents et en sociologie (celui-ci date de 2003 et on le sent daté), mais on peut toujours le lire et faire le tri. Il a l'intérêt de permettre de questionner et de réfléchir. Personnellement j'ai lu (plutôt sur des blogs et articles en ligne pour le moment) des auteurs et autrices que j'ai trouvé plus intéressant·es et ayant une réflexion qui a pu être poussée plus loin, plus en avant, parce que du temps s'est écoulé depuis que les premiers ont ouvert les voies de pensées.
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L'auteur, français d'origine africaine, ayant mené une carrière de cadre dans les collectivités territoriales (il est ancien directeur de l'Observatoire Urbain d'Evry), a choisi de dénoncer les difficultés d'intégration des Noirs en France, dues selon lui aux préjugés racistes (ou bien pensants – ce qui est parfois pire – d'une gauche pleine de bonnes intentions) présents dans la société française, mais aussi aux attitudes complexées et inadaptées des « Noirs », comme il souhaite les appeler, sans vouloir utiliser une périphrase « politiquement correcte », dont il dénonce l'hypocrisie.. Il revendique son égalité de citoyen français, libre d'aimer la viande rouge et de se dire bourguignon, s'il le souhaite, à l'opposé de tous les préjugés et idées reçues…
Un pamphlet plein de verve et de justesse, écrit avec beaucoup d'esprit et de pertinence, un témoignage de première main sur les rouages grippés de l'intégration, qui renvoie dos à dos Français et Africains, dans leurs préjugés et leurs complexes. A lire pour entrevoir peut-être quelques solutions au problème de l'intégration et surtout pour goûter cette analyse décomplexée et réjouissante de la société française face au problème de l'immigration.
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Gaston Kelman aborde ici la question du racisme sous un angle inhabituel.
"Le sport, la musique, le rythme sont des acquis socioculturels et non des éléments innés et naturels " (p.124).Pourtant, il n'existe pas de culture africaine .
En exposant quelques fondements d'un racisme ordinaire, en osant la caricature et l'humour, l'auteur provoque, déconcerte, exigeant de chacun une réflexion qui évite les apitoiements de surface.

J'ai lu ce livre, en même temps que "ville noire,ville blanche", quelques similitudes dans les deux livres.
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L'auteur, Gaston Kelman, est français d'origine africaine. Il a travaillé comme cadre dans des banlieues sensibles, et est donc bien placé pour tenter de créer, par cet essai, un débat qui était tabou en 2004 (qu'en dire en 2024 !)

Se revendiquant citoyen français, bourguignon à la peau noire, il parle d'intégration, d'assimilation et de statut professionnel. Il oppose l'origine (dans le passé, avec les générations précédentes) et la culture (dans le présent, avec les acquis dans un lieu donné).
Sans céder aux visions manichéennes du communautarisme, de la culture black ou de la victimisation, il dénonce les préjugés envers les Noirs en n'épargnant personne, les racistes, les bien-pensants, et les Noirs eux-mêmes.

C'est un essai salutaire, bienveillant, pragmatique, accessible et drôle, son contenu est bien différent des discours convenus et calibrés. Il ouvre l'esprit, nous permet de reconnaître nos propres préjugés et nous donne l'occasion d'imaginer des solutions.

A lire absolument en cette période de haine exacerbée par les réseaux sociaux.
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Vraiment très intéressant ! L'auteur use de l'autodérision pour faire passer le message de l'antiracisme ordinaire, parfois subtile, de quoi remettre en question certaines habitude. Toutes les anecdotes sont du vécu et il y en a tellement que Gaston Kelman en a fait un livre !

« Ce sont les acquis culturels récoltés dans les différents espaces de vie qui ont fait de moi l'homme que je suis. »

C'est assez drôle quand on prend une par une les mésaventures de l'auteur, le caractère corrosif saute aux yeux et à la fin du bouquin, on comprend que ça irrite, même une petite remarque sous couvert de l'humour peu mal passer après une vie de ce genre de réflexions.
Il souligne aussi les évolutions des mentalités, positivement, comme pour le couscous pour lequel il cite une pub Garbit très « arabesque » et qui devient une pub Tipiak avec des mamies bretonnes. Il le dit mieux que moi :

« La mondialisation ne fait rien d'autre que faciliter la migration des cultures d'un pays à l'autre. le café, le thé, le McDonald's, le nem, le tiebdien, le couscous, tous ces éléments exotiques participent à l'enrichissement multiculturel de la France et un jour, de multiculturels, deviennent tout simplement culturels. »

Essai complexe mais accessible, sérieux et drôle, qui découd les préjugés par la réflexion. Essentiellement valable pour les noirs, un peu les arabes du fait du passé colonialiste de la France, moins pour les asiatiques même si certaines paroles sont générales.
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