Thomas croise le regard de Petra : "
cet instant-là" va changer leur vie.
Je n'ai certes pas lu tout
Douglas Kennedy, mais je me suis régalée avec celui-ci. C'est une histoire d'amour magnifique, sans pathos inutile, écrit d'une très belle plume et malgré les quelque 700 pages on ne s'ennuie jamais. Les deux personnages principaux (déjà nommés) sont attendrissants dans leur malheur ou déception de jeunesse et leur découverte d'eux-mêmes.
Le tout est mené dans le Berlin des années 1980, donc à l'époque du Mur, ce qui donne du piquant à l'intrigue, car intrigue il y a aussi. Ce Berlin-là est parfaitement décrit pour ce que j'en connais et c'est tout à l'honneur de Kennedy d'avoir relevé ce défi.
Maintenant, si je n'ai pas mis 5 étoiles à ce livre, c'est pour les quelques (petits) défauts que je lui ai trouvé.
D'abord des clichés. Thomas est un écrivain qui écrit la nuit en buvant du whisky : déjà vu cent fois. Plus gênant, ceux inutilement anti-RDA. Ce régime était suffisamment détestable pour ne pas en rajouter. Exemples : Petra parle de l'appartement de son ex-mari, à l'époque un privilégié du régime, et dit qu'il vivait "dans 60m2, ce qui est immense pour les critères est-allemands". Vivre seul dans 60 m2 dans les beaux quartiers d'une capitale c'est aussi immense et un privilège à Paris ou Berlin-Ouest, a fortiori à New York (d'où vient Thomas). La sélection ici ne se fait pas sur des critères politiques (bien vu ou pas) mais sur l'argent ; ensuite, le personnage de Haechen, petit chef de la Stasi est forcément hideux, bedonnant et sale. Pourquoi ?
Derniers petits problèmes, les erreurs de traduction. Page 78, on passe du vouvoiement au tutoiement et p. 635, on passe du féminin au masculin, ce qui nous fait perdre le fil un instant.
Mais dans l'ensemble, cela reste un magnifique livre, à lire.