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sur 4610 notes
Réparer les Vivants" de Maylis de Kerangal dont "la naissance d'un pont" m'avait à vrai dire, après tout le bien dont j'avais entendu parler, quand même un peu déçu.
"Réparer les vivants" est incontestablement de ces experiences de lecture, pas bien loin du miracle ou du divin tant cheque ligne semble être une évidence et constituer une sorte d'opéra littéraire, pas loin du spirituel.... chronique en entier sur le blog..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Voilà bien longtemps que ce titre me trottait dans la tête ... sans trop savoir pourquoi, d'ailleurs, peut-être une évocation dans la presse, une connaissance en ayant fait part sur les réseaux sociaux, ... Et je tombe sur le livre par hasard, entre Le Havre et Fécamp, lors de vacances normandes ...
Une claque ... c'est ce que j'ai ressenti à la lecture. Une lecture avalée en une ou deux journées je crois, et une lecture qui reste. Pas tous les détails bien sûr ... hormis les lieux qui ne me sont pas inconnus, les noms sont déjà sortis de mon esprit. Mais impossible d'oublier l'histoire en elle-même. Aucun risque de spoiler ici. Une famille, un enfant qui meurt d'un banal accident de la route, que faire de ses organes ? Ils serviront à sauver des vies.
Ce n'est pas tant l'histoire et les péripéties qui sont intéressantes, car de péripéties, il n'y a point. le texte de Maylis de Kerangal est celui d'un cheminement, lent, évidemment douloureux. Lorsque les parents de Simon doivent se résoudre à accepter l'inacceptable, la mort de leur enfant. Au milieu d'une vie qui continue malgré tout ... pour les parents, l'entourage, les soignants ... et puis le chemin que Simon continue de parcourir lorsque ces organes vont sauver des vies. Terrible paradoxe que cette mort injuste qui donne la vie. Débute alors une course contre la montre, prélever les organes sur le donneur, trouver des receveurs compatibles, organiser les transports, les opérations aux quatre coins du pays ... Et dans cette urgence, cet univers très codifié, Maylis de Kerangal fait là encore transpirer la vie, la laisse transparaître, aux travers de digressions sur la vie de Thomas, l'infirmier chargé du don d'organes dans l'hôpital du Havre où se trouve le corps de SImon. On est d'abord surpris de ces apartés, comme on peut l'être, en début de lecture, par ces phrases et ces pensées qui s'étirent, dans le cerveau brumeux de Marianne, la mère de Simon. Et puis finalement, on comprend - ou plus exactement c'est le sens que je leur donne - que ces éléments du texte sont là comme pour à la fois étirer le temps et l'abolir ... l'étirer pour maintenir encore un peu de cette vie qui peu à peu quitte le corps de Simon, l'abolir parce qu'une fois la décision prise, il faut agir vite, de manière clinique.
Je crois pouvoir dire que ce texte est bouleversant, en tout cas, il m'a bouleversé. Et à la fin de cette lecture, lorsque les organes de Simon redonnent vie à d'autres patients, les dernières images de "Jésus de Montréal", film québécois de Denys Arcand sorti en 1989, sont remontées à la surface, lorsque les organes de Daniel, "héros" du film, permettent de sauver des vies.
Et les mots de Maylis de Kerangal sont d'autant plus bouleversants qu'à aucun moment, elle ne porte de jugement. Ni sur les doutes des parents, ni sur les entretiens des personnels médicaux et soignants, qui connaissent la loi, mais sont aussi attentifs à l'humain. Bien au contraire, les personnages sont tous plein d'humanité et finissent par nous donner envie de croire en un monde meilleur.
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24 heures chrono
Avec sensibilité et méticulosité, l'auteure pose la question existentielle et essentielle du don d'organe.
Une plongée singulière au coeur des services de transplantation.
Entre tragédie et épopée, on appréhende le chaos de l'annonce de la mort cérébrale.
Un livre qui pose pleins de questions .
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"Réparer les vivants" a beaucoup fait parler, troublant ceux qui se plongeaient dans sa lecture et a même été adapté au cinéma. Écrire sur les transplantations n'est pas facile mais Maylis de Kerangal a su le faire en partant d'un cas concret, nous plongeant d'emblée dans la vague de ces jeunes surfeurs, amateurs de sensations fortes.
L'écriture est déferlante avec de très longues phrases semblables à ces vagues s'étalant sans cesse sur le rivage mais cela change et s'accélère jusqu'à l'accident, au retour. Dans le van, Simon est le seul à ne pas avoir de ceinture de sécurité. Lorsque le Samu l'amène aux urgences, le constat est sans appel : « le cerveau de Simon Limbres est en voie de destruction, il se noie dans son sang. »
Toujours très technique comme pour chaque sujet qu'elle aborde, l'auteure présente tous les protagonistes dont Pierre Révol, chirurgien de garde en réanimation, à l'hôpital du Havre. Il est né en 1959, année où on a redéfini la mort : « L'arrêt du coeur n'est plus le signe de la mort, c'est désormais l'abolition des fonctions cérébrales qui l'atteste… cela autorise et permet les prélèvements d'organes et les greffes. »
La famille de Simon est avertie et la coordination des prélèvements d'organes et de tissus entre en action avec Thomas Rémige qui joue un rôle fondamental. Là aussi, l'auteure réalise une description soignée de tout ce qu'on peut entendre dès qu'il s'agit de l'hôpital. Maîtrisant son sujet à fond, Maylis de Kerangal présente l'Agence de la biomédecine, à Saint-Denis pendant que Marianne et Sean, les parents de Simon sont assommés par la demande de don d'organes : « le corps de Simon n'est pas un stock d'organes… »
« Enterrer les morts et réparer les vivants », tout est détaillé jusqu'au Pôle national de répartition des greffes qui recense les receveurs compatibles. La course contre la montre est palpitante jusqu'au moment où « … un bocal spécial qui recèle le coeur de Simon Limbres, qui recèle rien moins que la vie, une potentialité de vie…» arrive à Paris.
Au fil des pages, l'extrême difficulté de telles avancées médicales est évidente mais l'auteure ne néglige aucun des obstacles moraux et psychologiques que doivent surmonter les proches, sans oublier la reconstruction indispensable du corps du donneur pendant que son coeur, ses reins, ses poumons et son foie permettent à d'autres de vivre.
En écrivant "Réparer les vivants", sans négliger ceux qui meurent, Maylis de Kerangal a réussi un formidable récit captivant de bout en bout tout en ménageant quelques pauses pour atténuer une tension extrême.


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Maylis, pardonnez-moi, mais c'est une déclaration que j'ai à vous faire…
Vous m'avez offert une lecture à coeur ouvert.
Pourtant, rien ne prédestinait votre roman à s'effeuiller entre mes doigts. Je me glisse difficilement dans les écrits des auteurs contemporains surtout s'ils sont de ma génération, ou a fortiori plus jeunes – un côté vieux con asocial, que voulez-vous… -, d'autant plus de mal s'ils sont trop photogéniques – vous l'êtes sacrément. Bref, il réunissait trop de critères propres à me déplaire : l'unanimisme médiatique reflété dans ces prix littéraires s'étalant sur plusieurs lignes, un titre digne d'un traité de médecine, un sujet qui sent le désinfectant, et puis toute la symbolique facile qu'on peut imaginer autour de ce machin qui palpite à gauche… Mauvais esprit, va.
Non, vraiment j'avais tort. Vous usez d'une belle plume pour un sujet lourd.
La langue est belle, le phrasé limpide, on se laisse emporter par ce flot de phrases longues, subtiles, musicales, mais la lecture reste à fleur de peau, la tension est palpable, le rythme s'accélère parfois - car il ne faut pas perdre de temps, les minutes sont comptées ! -, s'adoucit aussi de souvenirs et de nostalgie, s'entrecoupe à nouveau de ces pulsations désordonnées provoquées par la fatigue, la colère, l'angoisse soudaine… tant il est vrai que les personnages sont arrachés à la banalité de leur quotidien et rattachés à une situation qui n'est pas anodine. Les vingt-quatre heures d'une transplantation cardiaque.
Éprouvant ou émouvant, le récit confine le lecteur dans les obsessions et les pensées des protagonistes et respecte - presque – la règle des trois unités : celle du temps, de l'aurore d'un dimanche tragique jusqu'au petit matin du lundi ; celle de l'action autour du corps du jeune Simon Limbres dont le coeur traverse tout le récit, et autour duquel gravitent, s'agitent, doutent, espèrent tous les personnages, parents, patients, médecins… ; celle du lieu, moins évidente certes, car le début du roman, sur la côte normande, laisse deviner la mer, « tension ondulatoire […] soulevée comme un drap lancé sur un sommier ».... et puis la mère et le père, détruits, laminés, finissent bien par quitter ce satané foutu hôpital de malheur... et le coeur de Simon aussi, pour rejoindre un autre corps, dans un autre hôpital, d'une autre ville.
Et cependant tout se tient, tous ces espaces n'en font qu'un, ne sont que les organes constitutifs et complémentaires du corps du récit. de l'infirmière qui enchaîne sa quarantième heure sans sommeil dans l'attente du message d'un amant d'un soir, à Sean et Marianne qui doivent prendre la décision la plus torturante qu'on puisse imaginer, tous les destins se rejoignent, se percutent, pour faire perdurer la vie, coûte que coûte.
Dernière ligne, il est 5 heures 49. Une journée commence, Simon n'est plus. Simon est dorénavant un peu partout.
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L'écriture à fioritures bâillonne l'émotion. Toute une page pour décrire un geste ou un état d'âme : l'intrigue et les personnages se noient dans le verbiage. Kerangal a sans doute pesé chaque mot pour un résultat qui me semble fabriqué. « La perfection consiste à créer beaucoup en peu de coups de pinceau afin que le style paraisse hasard et non affectation » ( dixit Uztarroz, un poète espagnol.)

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Il me sera sûrement impossible d'oublier Sean et Marianne, les parents de Simon Limbres, et leur chagrin incommensurable suite au décès prématuré de leur fils. Rares, je pense sont les auteurs, qui peuvent générer une telle empathie pour leurs personnages grâce à leur style. Maylis de Kerangal, dont je n'avais jamais lu d'ouvrages, développe un style d'une précision, d'une richesse telle qu'au fil des mots, des périphrases et métaphores elle nous transporte au coeur même (c'est le cas de la dire) des émotions et de la douleur des parents ou dans l'urgence du corps médical.
Les critiques de Réparer les vivants sont tellement nombreuses que je ne vais pas à nouveau évoquer l'histoire. L'auteur choisit un sujet délicat, le don d'organes, le choix pour l'autre qui n'est plus, mais ce qui m'a le plus touchée : la perte d'un enfant. Ce moment où la vie bascule, où plus jamais le soleil ne brillera de la même façon, c'est un peu l'angoisse souvent irrépressible de chaque parent, une réalité dont on espère toujours, très fort, être épargnée. de fait, difficile de retenir ses larmes face à la souffrance de Marianne et Sean, c'est le néant qui les engloutit, les submerge à l'annonce du décès de Simon. Ils vont devoir rapidement se prononcer sur le don de ses organes, faire ainsi le deuil d'un réveil impossible.
Après une première partie très dense, intense qui suit le cheminement des parents, nos pas s'attachent davantage à ceux de l'équipe médicale - avec aussi des personnages hauts en couleur qui ramènent quelques sourires tendres, je pense notamment à Rose l'apprentie comédienne ou à Thomas Revol l'infirmier-chanteur si respectueux de la peine des parents et de l'intégrité du corps de l'adolescent, dont les gestes sont empreints d'une compassion qu'on n'imagine pas toujours dans le corps médical. Ici, il est question intimement de vie et de mort, de perte mais aussi de renaissance pour Claire qui attend un coeur...
J'ai adoré ce roman, j'en garderai longtemps un souvenir précis - tant du style que des personnages. C'est pour moi une vraie réussite littéraire et un coup de coeur.
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23heures59 et pas une minute de plus, qui changeront à jamais la trajectoire des principaux acteurs de cette histoire. 23heures59 hors du temps et du monde dans lesquelles le lecteur entre par une phrase choc d'une page et demie, véritable mélopée sans aucune possibilité de respirer.
Bien que le sujet central repose sur une transplantation cardiaque façon 24heures chrono avec toute la dramaturgie que cela suppose, Réparer les vivants est aussi et surtout un livre exceptionnel par son écriture. Pour dire l'angoisse de la famille de Simon, le jeune surfeur tué accidentellement, l'attente d'un nouveau coeur pour Claire, décrire et faire comprendre le protocole chirurgical, la maîtrise et l'implication de tous les soignants, Maylis de Kerangal invente une langue bien à elle. Elle choisit son vocabulaire avec soin, précis comme un scalpel, joue avec le rythme de ses phrases. Tantôt saccadées en une succession de verbes, tantôt amples, sensuelles multipliant les qualificatifs. L'auteur joue sur cette alternance pour mieux nous faire éprouver les tensions sur les corps et la psyché tout en écartant tout risque de pathos facile.
Au-delà du style ébourrifant et de la question de la sacralité d'un corps, cet ouvrage dresse également une très belle galerie de portraits de personnalités aussi diverses qu'humaines.
Ce roman virtuose marque le coeur et l'esprit sur un chemin qui nous mène de la mort vers la vie.
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Que dire de plus après plus de 400 critiques sur Babelio, un livre percutant, puissant, parfois difficile pour âme sensible comme la mienne.
L'écriture est sublime parfois épuisante même car intense, le rythme est vif, et je dois dire que j'ai dû faire des pauses par moments pour reprendre mon souffle.
Le sujet est sensible, du côté de la famille de Simon, perdre un enfant c'est la chose la plus terrible qui puisse arriver dans une vie de parents, soeurs, frères. Devoir faire des choix tels que ceux du don d'organes, dans ces moments si terribles, on n'ose imaginer l'état de conscience dans lequel se retrouve les parents.
L'auteur a parfaitement bien rendu cette atmosphère tendue, douloureuse, c'est assez difficile émotionnellement. L'environnement hospitalier est également traité avec justesse et précision, de même pour le sujet de la transplantation. C'est intéressant pour les connaissances qui nous sont offertes, mais pas toujours facile à les lire.
Elle n'oublie pas non plus les transplantés, les chanceux (si j'ose dire) qui ont le privilège d'être compatible et dans une périphérie donnée pour recevoir le greffon.
Rien n'est épargné, un sujet maîtrisé dans sa globalité, de l'accident du jeune Simon jusqu'à l'opération finale de transplantation.
Je n'ai pas ressenti le coup de coeur, sans doute de part ma sensibilité, mais je suis réconciliée avec l'auteur. En effet son premier roman : naissance d'un pont, ne m'avait guère intéressée ni subjuguée. Réparer les vivants, et très riche pour un sujet qui touche tout le monde, et j'ai aimé l'écriture malgré ce rythme un peu trop soutenu à mon goût. Mais de la beauté dans l'ensemble du texte, de l'émotion, et une maîtrise du sujet parfaite. Qualité, ce livre mérite bien les prix reçus.
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Un banal accident de voiture. 3 jeunes garçons en pleine force de l'âge, 19-20 ans. L'un d'entre eux ne pourra être sauvé.

Un banal accident de voiture ? Pas pour les parents de ce jeune homme, qui en pleine douleur, en plein choc, doivent prendre une décision grave : accepter ou non de donner les organes de leur fils.

Un banal accident de voiture ? Pas pour toutes ces personnes, jeunes et moins jeunes en attente d'un organe salvateur, quand les leur les lâchent en cours de route.

Un roman qui ne vaut pas par son intrigue mais par les sentiments et les émotions qu'il met en scène. L'urgence de prendre une décision difficile alors que l'on en se rend pas encore réellement compte qu'un être est mort. L'urgence médicale, qui semble déshumanisée, alors même qu'elle est au service de l'humain et qu'elle cherche à le ménager tout en le sauvant. Une plongée dans les vagues et les ressacs de l'esprit et du coeur.
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