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sur 4609 notes
Lire « Réparer les vivants », c'est se confronter à la problématique du don d'organes.
Sur un laps de temps très limité, de 5h50 à 5h49 le lendemain matin, on va assister au passage de la vie à la mort de Simon, un jeune homme de 19 ans, en suivant ses proches, le personnel hospitalier et une personne en attente de greffe.
Maylis de Kerangal a une écriture singulière, avec des phrases souvent d'une demi-page, des juxtapositions, des enchaînements d'images, sans coupure, ce qui donne un rythme rare, entre accélérations et pauses choisies. C'est tellement particulier qu'on ne peut qu'adorer ou détester : pour ma part, j'ai été happée et ce roman m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres de l'auteur.
Chaque chapitre suit un protagoniste avec un changement permanent de points de vue. C'est l'immersion dans la douleur des proches et dans les questionnements techniques et existentiels des professionnels, lesquels sont cependant entrecoupés de leurs tranches de vie personnelle. Et ce sont ces passages (notamment sur la passion du chant pour l'infirmier coordonnateur de l'agence de la biomédecine, sur les histoires de coeur de l'infirmière de réanimation, sur l'attente des résultats du match de football pour le chirurgien cardiaque) qui mettent en avant l'humanité du personnel soignant mais aussi leur nécessité à se protéger psychologiquement de la dureté de leur métier.
La transplantation cardiaque a été possible à partir du moment où le signe de la mort n'a plus été l'arrêt du coeur mais l'abolition des fonctions cérébrales. « En d'autres termes : si je ne pense plus alors je ne suis plus ».
Tout l'intérêt de « Réparer les vivants » est de présenter un récit et des questionnements sur le don d'organes mais sans prendre de position tranchée. Je n'avais pas conscience avant cette lecture qu'un tiers des personnes refuse le don d'organes notamment en raison de l'atteinte à l'intégrité des défunts. Les questions de bioéthique sont complexes. Maylis de Kerangal a su livrer une histoire extrêmement émouvante, qui fait réfléchir sur ce sujet, et ce, sans porter de jugement.
« Réparer les vivants », que je viens de lire dans le cadre d'une lecture commune du challenge multi-défis 2021, sera sans doute un de mes plus gros coups de coeur de cette année !
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ça faisait très longtemps que ce roman attendait dans ma Pile à Lire.
Un texte extrêmement fort à l'écriture précise qui sait rendre compte des sentiments et émotions des divers protagonistes, soignants ou proches, autour de cette histoire de don d'organes.
Un récit qui, par les réflexions menées par ces différents personnages, tant du point de vue médical que familial, pose des questions essentielles sur notre rapport dans la société au corps, à la mort, au deuil et à la médecine.
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CE LIVRE EST DEROUTANT : les critiques dans la presse ne tarissent pas d'éloges… « Épopée littéraire, pour BiblioObs, regard panoramique pour Libération, écriture concentrique pour LaPresse….. ». J'avoue que je suis totalement hermétique à son style. Des phrases qui couvrent en général 15 lignes (parfois une page entière !) et qui n'ont aucune portée poétique… du langage usuel, une logorrhée couchée sur papier qui m'a ennuyée… Je ne vois là aucune prouesse littéraire, sinon peut être de l'originalité dans la manière de présenter les protagonistes ; nous nous faisons caméra qui dévisage, qui analyse. de l'émotion, toujours de l'émotion, mais pas d'analyse des sentiments, qui sont esquissés et qui nous laissent sur notre faim.
1/5 (pas zéro car on comprend mieux ce que signifie une transplantation cardiaque)
N'est pas Proust qui veut….
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La mort pour la vie, la vie pour la mort. Les deux sont tellement liés. D'un côté une équipe médicale qui se prépare au cas où, de l'autre un mort et une survivante. Mais reprenons dans l'ordre : un jeune homme va mourir dans un accident de la route. Nous le suivons les dernières heures de sa vie avec ses amis, puis l'hôpital, puis plus rien. Nous allons ensuite mesurer toute la souffrance et le chagrin de ses parents, leur état de sidération. Proche d'eux l'équipe médicale, qui d'une part va les accompagner dans ce processus mais les préparer aussi à une demande de greffe d'organes pour que d'autres puissent vivre. Chaque personnage entrant dans cette histoire médicale va nous apparaître déjà en tant qu'individu extérieur à l'hôpital. Personnalité, caractère tout est important. La personne malade attendant une greffe de coeur nous sera présenté en dernier. Comment vivre avec le coeur d'un autre ? Une histoire passionnante bourrée de questionnements éthiques et existentiels avec les failles et émotions de tous les protagonistes. A lire. Et si vous preniez vos dispositions avant ?
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Ce n'est pas un roman des plus réjouissants … mais tellement intéressant, instructif et altruiste ! C'est le récit de la mort violente dans un accident de voiture d'un jeune d'à peine 20 ans. Une mort vue sous l'angle de ses proches où douleurs, colères, souvenirs se côtoient mais présentée aussi du point de vue du milieu médical pour lequel cette affreuse situation pourrait devenir une occasion inespérée pour sauver des vies, à la condition que la famille accepte le don d'organes. « Réparer les vivants » en empruntant le coeur, les poumons, les reins... d'un corps qui n'est plus. Maylis de Kerangal m'a fait découvrir l'urgence, les hommes et leurs métiers, les techniques, les protocoles, au service des transplantations. le texte ne tombe jamais dans le pathos, il est campé dans la réalité, articulant les ressentis de la perte d'un enfant et l'urgence de sauver des vies. le corps médical mis en scène est très accompagnant, bienveillant, à l'écoute de la famille mais aussi très professionnel. C'est un fil d'espoir qui se met en marche. A l'autre bout de cette chaîne d'explications, d'analyses, d'actions techniques, d'échanges téléphoniques, de transports, c'est une nouvelle vie qui peut commencer pour l'élu(e)s compatible pour la transplantation. Ce roman a été primé dix fois … Je me demande toujours pourquoi je ne l'ai pas découvert lors de sa sortie.
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Le titre fait mouche. On en parle depuis pas mal de temps, un peu partout. Un spectacle adapté du texte tourne dans toutes les scènes nationales en région. le livre est disponible à la médiathèque, je profite de l'ouverture pour me plonger dans ce récit singulier, rythmé et prenant comme un polar et pourtant... On ne cherche pas de cadavre, il meurt très vite, on sait ce qui en est la cause, on sauve son coeur (entre autre) pour sauver une femme qu'il n'a jamais vu. Ce jeune surfeur breton sauve quelqu'un sans le savoir. le sablier du temps, de la décomposition des chairs, de la tenue en "vie", de la mort cérébrale, des machines respiratoires, des anesthésies, est en route. On croise en chemin des humains qui oeuvrent, tous ensemble, pour réparer les vivants. Ces personnages sont touchants, profonds, avec leurs spécificités, leurs travers, leurs joies, mais on ne s'étend jamais. L'auteure mène sa narration avec une langue très travaillée, sorte de longues phrases de parfois une page qui se lit tellement naturellement que je comprends tout à fait qu'on souhaite le dire à voix haute. Ce récit "hors du commun" est très profond, très sensible, très maîtrisé, comme l'opération. Il ne vous reste plus qu'à passer sur le billard de la lecture.
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Ce livre est magique, non plutôt envoûtant voilà j'ai été envoûté par cette histoire, par ce coeur, par ces gens, par ce courage des uns et des autres mais surtout, surtout par l'écriture.
Ce livre m'a envoûté, dans une sorte de nuage, c'est une poésie géante, cette lenteur, non, cette langueur, car les mots et les détails glissent lentement mais de façon si fluide, si suave que l'on se surprend à tout trouver beau dans ce texte, même la mort y est belle, ceux qui restent aussi y sont beaux.
J'ai adoré et je pense que je m'en souviendrais longtemps et même qu'il deviendra un de mes livres de chevets.
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Alors que percent les premières lueurs de l'aube, trois jeunes gens roulent à bord d'un van, éreintés, vidés. La route s'étend devant eux, longue langue sombre. le paysage défile de part et d'autre, à toute allure. Assis entre ses deux amis, Simon fixe droit devant. Dans sa tête résonne encore le bruit des vagues qui déferlent – béatitude – , cette eau froide et noire comme de l'encre glisse encore sur sa peau – frissons – il se revoit sur sa planche, en équilibre instable, filant dans la nuit, - sensations -.
Tangage de l'esprit, engourdissement du corps, palpitations du coeur...
Soudain, tout son être se soulève et vient heurter violemment le pare-brise – impact – . Rien ne le retenait. Pas de ceinture – silence – . Coma profond. Urgences. Déploiements de gens ; médecins, chirurgiens, infirmières, parents. Mort cérébrale. Il n'avait pas vingt ans.
Mais dans ce corps figé à jamais, coeur, poumons, foie, reins, organes vitaux précieux peuvent poursuivre leur travail dans d'autres corps – réparation – . Faire comprendre cela à la famille sans brusquer, trouver les mots justes, accompagner leur réflexion. Acceptation de la mort. Confiance envers le corps médical – acte de générosité – .
Puis, c'est l'accélération. Heures et minutes s'égrènent. Grande agitation. Course contre la montre. Il faut faire vite – coordination –. Une sonnerie de téléphone retentit à des centaines de kilomètres chez une femme dont le coeur s'épuise un peu plus chaque jour – angoisse –. Continuer à vivre avec le coeur d'un autre. Offrande d'un être que l'on ne connaît pas – don –.
Tension palpable mais maîtrisée. Des hommes et des femmes fatigués mais toujours debouts. Mécanique bien huilé, rouage connu. Relais parfaitement coordonnés.
Alors qu'il fait désormais nuit noire, un coeur en remplace un autre – transplantation –. Chacun s'affaire au-dessus de ce corps qui ne demande qu'à vivre. Les gestes sont sûrs. Mais on retient son souffle, pas de risque zéro. On attend... et voilà le premier battement de coeur, puis le second... la vie déferle à nouveau dans ce corps, en rythme, en cadence, comme les vagues qui ce matin même roulaient autour de Simon.
Bien au-delà d'un roman sur une transplantation cardiaque, Maylis de kerangal déroule un langage et une poésie, un réalisme parfois cru et une sensibilité à fleur de peau, et pénètre dans l'intimité de chaque personnage. On sent les vibrations de ces gens, leurs tumultes intérieurs. Elle nous laisse voir et sentir la vie, sa transpiration, sa respiration à travers un coeur qui bat, organe essentiel et emblème des sentiments les plus profonds.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Ce roman a pour sujet principal le don d'organes. Dès les premières pages, nous assistons à l'accident de voiture de trois amis surfeurs. L'un d'eux, Simon, a eu moins de chance que les deux autres.

J'ai été sensible par le sujet principal du récit. Il est difficile de ne pas y être en voyant cette famille confrontée à la perte d'un enfant et au choix de donner ses organes.

Mais malheureusement les chapitres se succèdent sans que l'on ait le temps de s'accrocher au récit.

Cela aurait pu être un coup de coeur, mais le style d'écriture m'a fait m'écarter du récit à plusieurs reprises, pour revenir à nouveau et mettre un petit temps pour m'y replonger pour ensuite me sentir de nouveau un peu à côté.

Il y a pas mal de digressions, ce qui fait qu'on s'écarte souvent du sujet principal. Les phrases sont souvent trop longues et certains dialogues fondus dans les paragraphes sans distinction particulière. Mais on fini par s'y habituer tout de même.

Bien que le sujet du don d'organes soit délicat, c'est le côté clinique qui prend le dessus et qui n'est pas nécessairement le plus important selon moi. C'était froid...
Le reste, l'essentiel, les émotions des personnages sont laissés à l'imagination du lecteur. C'est visiblement voulu, mais ça n'a pas fonctionné pour moi.

Le bon côté est que j'ai appris beaucoup de choses à travers ce roman que je ne savais pas du tout.
Par exemple, saviez-vous qu'un coeur se conserve 4 heures maximum entre l'arrêt chez le donneur et le moment où il redémarre chez le receveur ?

L'auteure a clairement du talent. La preuve est que ce roman est très bien noté. Mais malheureusement, je suis passée à côté.
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"Le livre aux 10 prix littéraires". Est-ce mérité ? Oui, cent fois oui. Réparer les vivants est un livre comme je n'en ai jamais lu auparavant. Une lecture éprouvante et émouvante qui nous fait ressentir toute la richesse de la vie.

Simon Limbres aurait pu mourir de sa passion dangereuse, le surf. Mais le destin en a décidé autrement. En revenant d'une séance nocturne de surf, Simon et ses deux amis ont un grave accident de voiture. A partir de ce moment-là, la mécanique s'enclenche, le temps est compté. Arrivée des pompiers, constatation des dégâts, diagnostics. le coeur et les organes de Simon fonctionnent encore. Mais il est plongé dans ce que l'on appelle un "coma profond", qui efface toute chance à Simon de se réveiller.

Suite à ce décès, nous allons suivre les médecins et spécialistes qui vont s'activer autour de Simon pour sauver ce qu'ils peuvent encore sauver. Pour pouvoir prélever les organes de Simon, les médecins vont devoir s'entretenir rapidement avec ses parents. Mais la réponse n'est pas aisée à donner. A leur place, qu'aurait décidé Simon ? Nous allons suivre les médecins, qui s'occupent du transfert des organes de Simon. On suit également les parents de Simon, depuis l'annonce de sa mort, jusqu'au "oui" tant attendu, qui va enclencher la chaîne du don. On suit aussi Claire, celle qui attend la mort, ou la vie. Celle qui espère, toujours plus fort, jour après jour. Celle qui a peur et qui pleure, en comprenant qu'elle doit sa vie à un drame survenu.

Ce roman est tellement fort qu'il permet de nous questionner nous-mêmes. Si la mort venait à nous faucher soudainement, accepterions-nous de donner nos organes à d'autres personnes ? Cela signifie continuer à vivre à travers un autre, redonner le sourire et la vie à une personne dans le besoin. Mais c'est également perdre une partie de soi...

Même en ayant le coeur bien accroché, vous ne pourrez pas empêcher vos yeux de verser quelques larmes. La plume de Maylis de Kerangal est constituée de mots et métaphores si délicates et subtiles qu'elle émeut incontestablement le lecteur. Cette écriture si poétique nous fait ressentir toute une panoplie d'émotions, qui s'étend de la tristesse de la perte d'un être cher, jusqu'au bonheur de savoir qu'une autre personne va pouvoir survivre à la maladie.

Je tiens à féliciter l'auteure qui a réussie à retranscrire le plus humainement possible, ce genre de péripéties. de nombreuses recherches ont dues être nécessaires, notamment pour se renseigner sur les termes et protocoles médicaux. Je tiens également à donner tout mon respect aux professionnels de la santé, qui s'escriment à la tâche pour sauver des vies humaines.

Une écriture poétique et délicate qui permet d'entrecroiser la vie et la mort. Un roman/documentaire coup de poing sur le don d'organes, qui m'a totalement subjuguée. Un livre qui donne à réfléchir...
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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