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3,43

sur 819 notes
La langue de Maëlys de Kerangal est généreuse, survoltée, inventive. C'est un de ces rares auteurs qui prend des risques, qui possède un style inimitable et dont la prose vous remue au plus profond du coeur et de l'âme.
Je sors de son dernier ouvrage « Un monde à portée de mains » avec un sentiment mitigé, avec un léger poids sur l'estomac. L'écriture de Kerangal est riche et puissante. Elle donne souvent des pages extraordinaires (page 53, page 136). Tout le passage sur la découverte de Lascaux est un pur bonheur. Un passage trop rare. Une écriture riche et puissante, disais-je ? Cette fois cette langue la dessert, son écriture devient indigeste (page 83 par exemple). Sa virtuosité frise avec le superflu, tout en devient étouffant. Pire, le milieu dans lequel évoluent ses personnages semble avoir été choisi pour justifier ces litanies de noms savants, ses ribambelles de mots nouveaux, ses interminables phrases. Paula, son personnage principal, perd son humanité au milieu de ces catalogues. On ne comprend pas très bien où elle veut en venir et la scène d'amour, en fin d'histoire, à bout de souffle, a perdu toute crédibilité, tout charme.
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Maylis de Kérangal relate le parcours initiatique de Paula, peintre de décor. La jeune fille suit une formation à l'âge de vingt ans dans un institut de peinture de Bruxelles spécialisé dans la peinture des bois et des marbres où, durant six mois, elle apprend les techniques du Trompe l'oeil, l'art de l'illusion. Elle y rencontre Jonas, son colocataire et Kate. Ce sont des mois d'une vie d'ascète en vase clos, coupés du reste du monde, durant lesquels la peinture envahit tout, l'espace et les esprits, des mois de doutes où ils apprennent à copier, imiter et reproduire jusqu'à épuisement toutes les nuances du marbre, toutes les essences de bois, des mois de souffrance dans leur corps tellement le travail est physique.

Nous suivons ensuite Paula de ses premiers chantiers modestes en Italie aux décors de cinéma des ateliers de Cinecitta à Rome jusqu'au chantier de Lascaux IV où elle va devoir se mettre à la place des peintres de la préhistoire et travailler dans les mêmes conditions qu'eux. Elle va avoir les origines du monde à portée de main...

Mais est-on un vrai artiste, un vrai peintre quand on accomplit ce qui peut s'apparenter à un travail de faussaire? Est-on dans la création quand on reproduit?

Je craignais d'aborder ce nouveau roman de Maylis de Kérangal par crainte d'être déçue par rapport à son fabuleux Réparer les vivants et finalement j'en suis ressortie éblouie.
J'ai adoré retrouver son écriture puissante que je trouve carrément hypnotique. le vocabulaire est très riche, les phrases font parfois une page entière ce qui ne m'a pas du tout gênée bien au contraire, moi qui en général n'aime pas les phrases qui n'en finissent pas. Elle a réussi à me captiver avec un sujet qui à priori ne m'attirait pas spécialement. Il se dégage de ce roman une immense impression de pureté, j'ai aimé l'atmosphère d'effervescence des mois de formation, j'ai aimé la période où Paula est à Cinecitta et surtout celle où elle travaille sur la grotte factice de Lascaux qui doit restituer à l'identique la caverne originale, grotte où on a situé la naissance de l'art, j'ai aimé relire l'histoire de la grotte de Lascaux, sa découverte et sa fermeture.
C'est l'histoire de vies marquées par la passion de l'art mais c'est aussi une belle histoire d'amitié et d'amour. Très bel hommage à l'art, au travail de l'artisan... de la grande littérature.
Nul doute que ce roman apparaitra dans plusieurs sélections de prix littéraires à la rentrée.

Ce roman est sélectionné pour le Prix littéraire du Monde.

Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Je n'ai pas encore lu Réparer les vivants (même si ça ne devrait plus tarder) et je découvre l'écriture de Maylis de Kerangal. Elle m'avait déjà accrochée avec Un chemin de tables, qui était un court roman sur le monde de la restauration. Celui ci confirme encore le plaisir que j'ai à la lire. Elle a le génie de nous transporter DANS son récit, avec ses descriptions vivantes et ses phrases qui n'en finissent plus. On y est, on le vit . Je vois qu'elle a déjà écrit 28 livres, j'ai hâte de piocher les prochains dans son oeuvre.
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Ce roman confirme que Maylis de Kerangal est un très grand écrivain.
Chaque phrase est ouvragée avec soin et l'on se surprend à relire plusieurs fois ces petits bijoux. J'ai aimé suivre cette séduisante Paula qui pourrait être ma fille, ou celle de Maylis, laquelle sait si bien parler des jeunes. On se souvient de « Corniche Kennedy » dans lequel elle se penchait avec bienveillance sur des jeunes gens qui explorent les chemins et les risques de la vie.
Illuminé par les couleurs de la peinture des trois amis : Paula, Jonas et Kate, ce récit nous fait partager leur vie d'étudiants dans l'école d'art, puis leurs difficiles débuts dans la vie professionnelle.
Le ton est parfaitement juste, ce roman s'avère passionnant grâce à l'écriture somptueuse de la romancière qui a réussi un chef d'oeuvre de plus dans sa bibliographie.
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Il n'y a plus de doute, l'écriture de Maylis de Kerangal me transporte, ses longues phrases s'enroulent autour de moi, m'enveloppent et m'aspirent vers la profondeur des éléments. Je suis extrêmement sensible à ses mots, à ses images, et le plaisir que ses textes me procurent est immense.

Je crois qu'elle pourrait parler de n'importe quel thème, elle le fait avec une telle grâce que j'y adhérerais immédiatement.

Dans Un monde à portée de main, l'auteure nous emmène dans le monde du factice, de l'artifice, dans la technique du trompe-l'oeil, et elle tisse autour de ses personnages un univers exceptionnel. Et d'ailleurs, cette technique c'est aussi celle de l'appropriation du « copiste » de la substance même qu'il peint, de son histoire, de l'histoire de son extraction (le marbre) ou de sa vie intérieure (le bois), on ne copie pas, on s'imprègne de l'élément, on devient l'élément.

J'avais beaucoup aimé Réparer les vivants et Corniche Kennedy (je me suis bien gardée d'aller en voir les adaptations au cinéma, l'écriture de l'auteure étant pour moi la qualité première de ses romans, et comment la traduire à l'écran ?). Je n'osais pas lire Naissance d'un pont, effrayée par le thème, aujourd'hui, je suis prête, je sens que je pourrais dépasser ce sujet peu engageant, ou plutôt, je sais que Maylis de Kerangal saura m'initier à cet univers inconnu.

Cette auteure a l'art de mettre en mouvement, lorsqu'elle raconte, ses mots deviennent des images mouvantes, combien de fois ai-je acquiescé devant la justesse d'une vision.

Et puis cette fin en apothéose pour moi, puisque Paula travaille au fac-similé de Lascaux IV, l'ultime, la copie parfaite, une incursion dans une forêt que je connais, dans laquelle je suis allée il y a quelques mois, pour la énième fois, et cette grille derrière laquelle je me suis trouvée avec la même envie de voir l'entrée de la vraie grotte. Cette grille qui barrait le mystère. le protégeait.

Et cette histoire connue et archi-connue de la découverte de la grotte qui prend une allure nouvelle sous les mots de Maylis de Kerangal, qui m'a apporté d'autres informations, que j'ai aimé relire à travers ses phrases.

Une belle réflexion sur le côté factice de l'art, ceux qui ne sont pas des peintres mais des copistes. Et en même temps, quel talent pour peindre le marbre, le bois, qui trompent l'oeil de celui qui les regarde.

Un très beau roman, d'une très grande qualité littéraire.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Paru chez Verticales, « Un monde à portée de main » est le dernier roman de Maylis de Kerangal, qui nous fait partager le destin de Paula Karst, une jeune femme devenue ‘peintre en décor'. Après l'exploration de l'univers hospitalier et du corps humain dans ‘Réparer les vivants', la romancière s'empare de la nature avec son incroyable diversité minérale, végétale, et animale, et confie à Paula la tâche harassante de nous la rendre, avec ses pinceaux, en trompe-l'oeil, dans toute sa splendeur originelle.
Paula Karst, une fille ‘moyenne, protégée, routinière, et pour tout dire assez glandeuse', décide de devenir peintre en décor. Dans une école spécialisée à Bruxelles, elle s'initie à l'art de reproduire les marbres, les bois, les matières, et lie connaissance avec Kate, une écossaise, et Jonas, qui partage son minuscule appartement bientôt transformé en atelier. L'apprentissage est rude, intense, mais une fois diplômée, très vite, la jeune femme est contactée pour un premier chantier.
Si l'on peut regretter que le scénario ne recèle pas véritablement de surprise, c'est évidemment le style précis, exigent, singulier de Maylis de Kerangal qui constitue la matière brute de ce roman. Certains ne l'apprécieront pas, peut-être à cause des phrases jugées trop longues, ou du vocabulaire trop recherché, mais pour ma part j'en sors comme toujours éblouie. La romancière aime les mots avec passion, elle nous emporte dans un tourbillon de noms évocateurs de couleurs, de roches, de bois ; elle s'attarde volontiers sur un instant qu'elle décompose avec minutie, ou un lieu, dont elle prend soin de retracer l'histoire. Elle nous entraîne ainsi des studios de Cincecittà (symboles par excellence de l'illusion cinématographique), à la grotte de Lascaux (aux sources de l'art occidental). Elle rend palpitante cette aventure de reconstruction du réel, qui est le travail de Paula, et qui, bien sûr, est aussi la mission de l'écrivain. On voit alors s'amorcer une réflexion plus globale sur le vrai et le faux, l'authentique et la copie, la réalité et la fiction, la création et la re-création. Et on peut même y décrypter un questionnement bien actuel : à l'instar de la grotte de Lascaux, créée, et recréée à plusieurs reprises, faudra-t-il un jour se résoudre à n'entrevoir que des fac-similé d'une nature qui peu à peu se dérobe à nos yeux ? Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : https://bit.ly/2PAbvNE
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C'est avec un immense plaisir que je retrouve la plume de l'auteur de Réparer les vivants : une écriture fleuve, un amour du détail et de la précision chirurgicale. La recherche du bon mot, du bon adjectif pour aller au coeur des choses, décrire le plus précisément possible pour rendre compte des sentiments dans toutes leurs complexité.

Un monde à portée de main, c'est tout cela et plus encore. Paula, elle aussi, recherche le bon pigment, la bonne palette de couleur. Artiste trompe l'oeil, c'est son histoire que Maylis de Kerangal nous raconte. Un parcours semé d'embûches, fait de travail acharné qui la mènera de l'école jusqu'aux grottes de Lascaux.

Et c'est une véritable fresque qui se déploie sous nos yeux de lecteurs ébahis, au rythme d'une écriture qui nous pénètre jusqu'au corps. Car oui, l'auteur arrive à créer une oeuvre physique, qui prend tout son sens lorsqu'on pénètre dans la grotte avec l'héroïne : un monde fait de matières, tout en reliefs et en richesse. L'écriture se fait réellement la messagère de la beauté du monde, tentant d'aller jusqu'à son essence même.

Un superbe roman encore, le talent de Maylis de Kerangal ne se dément pas !


Lien : https://troisouquatrelivres...
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Paula Karst est le personnage principal de ce roman, suivie de Jonas puis de Kate, qui ont fait leurs études avec elle. Au début du roman (située chronologiquement vers le milieu de l'histoire), ils se retrouvent pour la première fois pour évoquer leurs parcours respectifs.
Dans la première partie, on suit leur rencontre dans une école de peinture de Bruxelles (j'ai vérifié, elle existe), où ils apprennent à dessiner et peindre des imitations de bois, de marbre, de panneaux décoratifs, de trompe l'oeil et de décors de théâtre. La deuxième partie est consacrée aux premières années de travail de Paula, et la dernière à un chantier très particulier et très exigeant qui va en quelque sorte la révéler à elle-même, tout en la reliant à la longue chaîne des peintres décorateurs.
Il s'agit donc d'un roman d'apprentissage au sens premier, tout à fait actuel quand il décrit la manière dont les jeunes d'aujourd'hui abordent leurs études, leurs premiers pas dans la vie active, leurs relations interpersonnelles. C'est un milieu très particulier, cosmopolite et nomade, dont je ne soupçonnais pas vraiment l'existence. Les personnages et les situations semblent vrais, et Maylis de Kerangal, avec son sens de l'observation très fin, fait mouche lorsqu'elle décrit les sentiments, les sensations, les relations, notamment celles de Paula avec ses parents (que j'ai particulièrement appréciées).
La langue de Maylis de Kerangal est ample mais toujours précise, avec parfois de longues énumérations de bois, de marbres, de teintes, des phrases souvent longues mais parfaitement maîtrisées. Et quand l'accumulation de détails devient soûlante, elle passe à des phrases plus courtes, dans un équilibre parfait. Seul problème pour moi, mais il est de taille, je n'ai pas ressenti d'émotions à la lecture de ce roman. Alors que Réparer les vivants était une question de vie ou de mort, il n'y a ici aucune urgence, aucun enjeu qui pourrait nous impliquer.
En bref, un très beau livre, mais sans affect, comme le serait un trompe l'oeil particulièrement réussi.
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Il m'a fallu un peu d'effort pour entrer dans ce livre.
Le charme, à ma grande surprise, n'a pas tout de suite opéré..

Ici donc il s'agit du trompe l'oeil. Et Maylis de Kerangal s'en donne à coeur joie avec le vocabulaire de cet art des faux-semblants.

Paula, Jonas et Kate se rencontrent à l'Institut de peinture de la rue du Métal à Bruxelles. Cette amitié et la découverte commune de ce qui constituera leur vie et leur passion, puis les années qui suivent nous est raconté à travers Paula.

Découvrir ce métier avec la précision et l'investissement dont est capable cette auteure m'a plu. Mais j'ai parfois souffert des listes d'outils et d'ustensiles divers et variées que requiert l'usage de cet art. Cela ne m'a pas paru indispensable à la compréhension de ce qui se jouait mais par contre a alourdi la lecture .
Mais ce que j'aime chez cette auteure c'est sa capacité à faire vivre ses personnages, à leur donner chair avec une grande précision et une sensibilité impressionnante.
J'étais donc aux côtes de Paula quand une phrase m'a catapultée: une sorte de métaphore de main comme un pinceau quand cette dernière se fait caresser ou caresse ( je ne sais plus) son amant.
Là une sonnette d'alarme s'est déclenchée et je n'ai pu revenir dans le texte qu'avec une certaine distance. Comment une pareille banalité a t'elle pu arriver là.. Mystère... Mais cela m'a ramenée à mes premières réticences.
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comme Archie je n'ai pu entrer dans l'histoire.
le style ne me convient pas du tout non plus
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