AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,74

sur 4020 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La pression mise sur cette lecture aurait pu me décevoir : on attend toujours plus d'un livre qui est encensé par les lecteurs et la critique. Sur celui-ci plane en plus une sorte d'aura particulière, un symbole de la beat génération.
Pour couronner le tout, je me lance dans la version rouleau intégral et pas évident aux premiers abords.
Et pourtant, le charme opère, me voilà embarquée sur les routes de l'Amérique avec Sal, Dean, et tous les autres. On part avec cette soif d'aventures comme eux et puis, tout au long de cette lecture on se demande ce qu'ils espèrent trouver. Fuir trouver l'eldorado, l'herbe est-elle plus verte ailleurs ?
Mais l'important est le chemin et pas la destination … à méditer !
On oscille entre quête de l'impossible bonheur, et profiter de ses petits bonheurs que nous offre la vie, le voyage, les rencontres, les évènements qu'ils soient sur le moment bénéfiques ou néfastes.
La base de ce roman est toujours d'actualité, voire accentué par le mercantilisme, la surconsommation, le profit. On y trouve toujours ce qui anime les plus talentueux écrivains, une quête, une description de ce que l'on admire et que l'on exècre.
Le rouleau défile tout comme les kilomètres, on fait des pauses pour s'imprégner de qu'il vient de se passer et on reprend la route.
Quel voyage en Amérique guidé par des Américains authentiques !
Commenter  J’apprécie          130
Sur la route, est le "livre clé de la beatgeneration" (mot inventé par Kerouac), celle de ces jeunes rebelles américains, "mauvais garçons au coeur pur" qui se veulent au dessus des lois, des valeurs traditionnelles de la société et partent leur barda sur l'épaule....Sur la route. Sur la route de Jack Kerouac( écrivain né dans le Massachusets dont le succès a tardé à démarrer puis a été fulgurant après l'édition et adaptation en film) est un récit (de 1947) conté par Sal Paradise jeune écrivain à la traine fraichement divorcé, tenaillé par "la fièvre de l'âme" pour contrer "l'absurdité de sa vie". C'est sa rencontre avec Dean Moriarty "un gars de l'Ouest de la race solaire", Dean "fils d'ivrogne", Dean qui a fait de "la maison de correction", Dean qui fait l'amour à deux filles à la fois: Marylou et Camille, si ce n'est trois, Dean qui "a fauché une auto", qui le lance sans le sou (une gentille tante est là au cas où), sur fond d'expériences limites, de défonce à la Benzédrine, de béatitude à la marijuana, de be-bop, de concerts, de hot-dogs,d'alcool, dans une sorte de communauté errante marginale, baba-cool, pré-hyppie de Denver à Chicago, San Francisco puis la frontière du Mexique. Auto-stop, bus, bagnoles de location, la route s'avale et nourrit la vacuité de l'existence!
"Haut les mains!" tancent les flics, qui accordent parfois une deuxième chance, mais lorsque, comme Rémi, à la question de Sal: "pourquoi tu fauches?" on répond: "le monde a quelques dettes envers moi" comment se tirer d'une pente dangereuse?
Jack Kerouac (comparé à Dostoïevski pour sa prose) a pioché (nostalgique) dans sa propre expérience de la route pour décrire cette génération des années 50 représentative des jeunes Américains anti-américains!
On pense à L'attrape coeur de Salinger et à Génération X de Douglas Couplan (née entre 1960 et 70) anti tout eux aussi mais coooollll!!!!
L'amitié sur la route sera-t-elle au rendez-vous ou reste-t-on à jamais seul dans sa solitude?
Voilà l' interrogation qui ressort en fin de route!

Commenter  J’apprécie          130
Un livre mythique, un peu long mais intéressant et qui a marqué une époque. le besoin de liberté, de s'évadé de partir sur les routes, de partir avec la drogue, tous les moyens sont bons pour se soustraire à la vie bien rangée qui peut rimer pour certains avec ennui mortel.

Une lecture intéressante à replacer dans le contexte de l'époque qui est devenue avec le temps un classique.
Commenter  J’apprécie          120
Ayant lu - et adoré - ce livre adolescente, j'ai pris le risque de le relire, comme ça, pour voir.
Eh bien la magie a refonctionné, si ce n'est que les personnages qui me fascinaient ado, là je les ai abordés avec beaucoup plus de distance, forcément, on change en prenant de l'âge. Mais tout le reste, la route, la musique, le refus de la monotonie et du train-train, m'ont de nouveau embarquée dans ce livre.
Même si cette fois, j'ai plus noté les conséquences moins drôles: la pauvreté, l'alcoolisme, la défonce, les enfants semés en cours de route et les filles larguées. Et une étrange ressemblance avec notre monde actuel.
Dans l'ensemble, une relecture salutaire.
Commenter  J’apprécie          111
Qu'il est difficile d'écrire une critique sur ce livre....

Si l'on s'en tient à l'histoire et à l'écriture c'est très moyen. Il faut être amateur de littérature américaine (ce que je ne suis pas ) et bien s'accrocher pour suivre les aventures d'Est en Ouest et d'Ouest en Est de Kerouac et de sa bande.

Si en revanche on note ce que le livre représente, tant dans sa forme physique (le fameux rouleau de 36 mètres) que dans son héritage, alors ce monument mérite 5 étoiles.

J'ai personnellement été dérouté par l'écriture et perdu dans l'histoire, et n'ai donc pas vraiment réussi à lâcher prise et à me laisser porter par le "beat". Beaucoup de critiques sur Babelio pointent le fait que c'est un livre qui mérite du repos, de la digestion et que l'on ne prend conscience de sa force que des années plus tard, cela fait seulement quelques mois que j'ai fini ma lecture mais je sens déjà que mon avis sur ce livre change et se bonifie, alors j'attends.

Une dernière note multiculturelle, je trouve que l'excellent film Easy Rider (Dennis Hopper, 1969) reprend ces mêmes codes et procure ce même sentiment de liberté et de lâcher prise.
Commenter  J’apprécie          100
Lu dans sa version la plus originale c'est-à-dire la retranscription fidèle du rouleau de 36 mètres écrit en 3 semaines selon la légende du 2 au 22 avril 1951 et sans aucun retour à la ligne. le récit autobiographique des voyages de Kerouac où il ne se cache pas derrière le pseudo de Sal Paradise. le résumé tient en quelques lignes là où le roman s'étend sur plus de 450 pages : Jack Kerouac rencontre Neal Cassady. Une amitié fraternelle et un goût immodéré de l'aventure doublé d'une soif de liberté vont les jeter sur la route afin de traverser dans un sens puis dans l'autre près des 4500 kilomètres du territoire américain. Leurs pérégrinations se ponctuent d'orgies d'alcool, de drogues et de filles, de grandes envolées philosophiques sur la condition humaine et de galères liées essentiellement à l'argent qui s'envole à peine encaissé.
Mais ce roman désormais un grand classique ne peut se résumer à cela. Voilà, de mon humble avis, quelques-unes des facettes brillantes et magiques de ce roman
Roman témoin de son temps, de l'état des mentalités de la société américaine d'alors. Certaines phrases sorties de leur contexte font grincer des dents lorsque Neal parle des afro-américains ou lorsque Kerouac peint leur ultime virée au fin fond du Mexique. Pas mieux pour l'image de la femme dans le roman, toujours oscillant entre la sainte figure et la prostituée des rues. Une manière de mieux comprendre peut-être l'origine des problèmes sociaux des Etats Unis aujourd'hui. Roman contestataire sur ce mode de vie sédentaire du petit bourgeois capitaliste d'une Amérique bien-pensante qui rejette toutes formes de différences et oublie d'où elle vient.
Roman d'une quête spirituelle : un Dieu attendrait Jack et Neal au bout de la route quelque part dans ses étendues sauvages de l'Amérique profonde. Il est omniprésent dans le texte et les deux hommes y font sans cesse allusion à tour de rôle.
Hymne profond à la vie et à la jeunesse qui pousse à vivre intensément chaque nouvelle rencontre, qui pousse à l'aventure sans peur en assumant les galères, les accidents de parcours, les bielles qui coulent et la voiture au rebus...
C'est la quête identitaire d'un jeune homme partagé entre sa soif des vastes plaines américaines - grande aventure sauvage pied au plancher avec sa tribu d'amis - et son attachement aux valeurs familiales qui imposent sobriété et sédentarité. L'amitié de Jack Kerouac et de Neal Cassady (ou de Sal Paradise et de Dean Moriarty, selon la version que vous lisez) est faite de fraternité, d'admiration profonde jusqu'à pousser Jack à tout sacrifier pour son ami. L'influence est telle que la personnalité de Jack s'écrase pour laisser au « grand Neal » toute la place et ce dernier – légèrement mégalomane - la prend sans douter de son bon droit. On dit souvent qu'il faut lire Kerouac avant quinze ans parce qu'après c'est trop tard... Alors pour ma part c'est déjà bien trop tard mais j'y ai pour le coup retrouvé un peu de mes quinze ans et cette impulsion vitale sacrée qui irradiait chaque instant. Celle qui jette en avant sans se soucier des conséquences, juste pour la beauté du geste, pour ne pas regretter, pour juste être là, ici et maintenant.
Roman générationnel qui se revendique de la Beat génération où la quête mystique passe par l'abandon de tout confort matériel pour se laisser mener sur les autoroutes de la vie à la rencontre de l'Autre pour trouver au bout du chemin un peu de Soi.
Enfin roman fleuve d'un poète moderne, écrit au kilomètre, réécrit encore et encore. Cette prose narrative spontanée à nulle autre pareille qui nous emporte d'un souffle ou nous laisse au bord du chemin est incomparable. Elle se teinte des émotions de Jack, des couleurs du paysage, de l'odeur du kérosène et des tacos mexicaines, elle est or, elle est poussière. Elle est un vaste diorama qui met en scène en son coeur palpitant, un auteur mythique dans des paysages sauvages à couper le souffle sur un air de be bop qui rend fou.
Commenter  J’apprécie          104
« Sur la route, c'est le roman d'un type qui n'est jamais devenu footballeur ». Voilà, sans doute, la meilleure définition de ce roman, servie par Kerouac en personne.

Sur la route commence par un teasing comme on dit en français désormais. le narrateur ne nous présente pas Dean Moriarty si ce n'est comme un être « parfait » qu'il s'apprête à suivre car il s'ennuie à traîner sur le campus : « j'allais entendre l'appel d'une vie neuve, d'un horizon neuf ». Et de nous promettre que « les choses qui allaient se passer sont trop étonnantes pour qu'on les taise ».
D'entrée de jeu, on comprend que l'attirance pour la route du narrateur est avant tout une attirance pour Dean, cet être de « la race solaire » ; attirance qui est à la fois charnel - le narrateur décrit « son visage douloureux et anguleux aux longues rouflaquettes » et « son cour musclé suant sous l'effort », et sentimental car Dean agit comme une réminiscence de son adolescence.
Ca commence mal ! Cet homme n'est pas fait pour la route. L'épisode est connu mais le récit débute par un erreur de chemin : encouragé par sa tante – le gentil jeune homme que voilà – le narrateur passe le premier jour se passe à errer du nord au sud au lieu de prendre la tangente vers l'ouest.
« Chi », Des Moines, Denver ; la route vers l'ouest déroule avec frénésie l'étendue de son bitume. Des champs de blé et les Rocheuses à l'horizon, des copains de fortunes ou d'infortunes, des filles ; des bagnoles, des voies ferrées. Une route de cuites et de rencontres. On peut cependant regretter l'aspect très (trop?) narratif ; quand kerouac écrit : « Le type et moi, nous eûmes une longue et chaleureuse conversation sur nos conceptions de respectives », ce que j'aimerais connaître c'est justement la teneur de cette conversation.
C'est le roman triste de la débâcle générale de la génération perdue. Cette génération qui erre sans but, qui n'a plus la foi en rien. Il y a ainsi une infinie tristesse dans des lignes comme celles-ci : « Voici que j'étais au bout de l'Amérique, au bout de la terre, et maintenant il n'y avait nulle part où aller, sinon revenir ».
Kerouac est un auteur incontournable qui au passage n'oublie de poser quelques questions essentielles comme celle-ci : « N'est-il pas vrai qu'au départ de la vie on est un petit enfant sage qui croit à tout ce qui se présente sous le toit paternel ? »
Sur la route, c'est tout tout à la fois. de l'humeur. de la cruauté. Un regard sans complaisance sur la société humaine. Et surtout la pulsation, ainsi dans cet extrait qui finit en feu d'artifice : « Tout à coup je me trouvai à Times Square. j'avais parcouru huit mille milles à travers le continent américain et j'étais de retour à Times Square ; et même en plein dans une heure de pointe, contemplant avec mes yeux naïfs de routier la démence absolue et la fantastique fanfaronnade de New-York avec ses millions et ses millions de types se chamaillant pour un dollar, le cauchemar démentiel : empoigner, prendre, céder, soupirer, mourir, tout cela pour finir dans les ignobles cités funéraires qui se trouvent derrière Long Island City. »

La pulsation c'est la vie qui s'écoule dans les veines de l'Amérique. A pied, en bagnole ou en bus, les multiples va-et-vient font progresser la trame narrative du roman. Mais qu'est-ce qui pousse donc Sal Paradise à tant d'agitations ? Est-ce seulement dû à l'aimantation de Dean Moriarty ? La chose paraît probable à mes yeux quoique surprenante tellement ce type apparaît au fil des pages comme un sale type ; ce qui est plus surprenant c'est que le narrateur s'en rend lui-même compte une fois arrivé à San Francisco : « Dean vous laisse crever de froid dans la rue à la première occasion, si c'est son intérêt ».

C'est un sur l'amitié entre les hommes, sur cette amitié qui perdure par-delà les silences, les séparations et les ruptures. Cette amitié profonde qui pousse le narrateur a toujours pardonné à Dean – qui est capable de sortir des atrocités sexistes comme celle-ci : « Tu vois, mon pote, voilà la vraie femme pour toi. Pas un mot dur, pas de plainte, pas d'allusion ; son brave mec rentre à n'importe quelle heure de la nuit avec n'importe qui et discute dans la cuisine et boit la bière et se taille n'importe quand. Voilà un homme et voilà son château. » - comme cette fois à Denver où, acculé sous les accusations des femmes de ses amis mariés, Dean apparaît comme un adolescent attardé et fragile qui ne trouve d'avocat qu'en Sal qui exprime à ce moment-là toute son admiration mais aussi la difficulté du passage à l'âge adulte.
C'est aussi une histoire d'amour masculine et platonique. A la fin des fins, Sal Paradisa brûle sa vie dans le sillon du frénétique papillon qu'est Dean Moriarty, volant deçà delà au gré de ses envies.
Commenter  J’apprécie          80
Ce n'est pas un livre mais un état d'esprit, un rêve à poursuivre, une philosophie de vie, le goût du risque aussi !

Une lecture âpre mais d'une absolue beauté

Il ne faut pas s'y tromper, la lecture de ce roman est requiert temps et courage. le lecteur est déstabilisé par les tournures de phrases biscornues et les envolées de plusieurs dizaines de lignes sur d'infimes détails. de même, la répétition des départs, des trajets et des décisions douteuses des personnages peuvent facilement venir à bout de la patience du lecteur.

La liberté comme boussole

Entre mysticisme et quête de sens, Sal Paradise et ses amis entreprennent de traverser les Etats-Unis sans moyens et sans but. Optimisme forcené chevillé au corps, ils partent et repartent en quête d'abolu. Absolue liberté, comme rempart à la monotonie et au désenchantement de la vie.

Les errances de Sal Paradise et de Dean Moriarty sont donc des odes à toutes les formes de Liberté. Liberté de pensée, liberté sexuelle, évasion par les narcotiques aussi, et par l'affranchissement des conventions sociales.

A la fin du livre, on a traversé la vie comme on traverse les Etats-Unis sans le sou. En long, en large et en travers, sans s'en rendre compte, sans rien en attendre mais toujours avec espoir…

La quête de sens, désespérément

Sal Paradise et ses acolytes se lancent dans de longs voyages trans-continentaux, tant par fuite du déterminisme qu'en quête de sens. Perpétuellement sur le départ, ils ne restent plus de quelques jours dans une ville que par dépit, puis le démon de la route les reprend. Entre errances, spleen, défonce et orgies, Sal et Dean cherchent les réponses à LA seule question qui tienne :

« La seule chose après laquelle nous languissons durant notre existence, qui nous fait soupirer et gémir et souffrir toutes sortes de doucereuses nausées, c'est le souvenir de quelque félicité perdue que l'on a sans doute éprouvée dans le sein maternel et qui ne saurait se reproduire ( mais nous nous refusons à l'admettre ) que dans la mort. Mais qui souhaite mourir ?”

Une écriture singulière

Le succès de ce livre ne tient pas seulement à l'écho qu'il a eu dans les milieux libertaires américains mais aussi à l'écriture unique de Kerouac. Certaines phrases sont construites telles de la dentelle, frappées du sceau de l'éclair de génie. Kerouac joue et distord les mots et la grammaire, au service du sens. Son écriture est directe, très rythmée, souvent vulgaire. Elle sert le besoin d'aller droit au but mais toujours de façon poétique.

Le roman comporte également de sensibles descriptions de paysages ou de l'espace-temps qui s'étire le long de la route.

"A travers les champs se trouvaient des tentes, et au-delà les champs de coton bruns sereins qui s'étendaient à perte de vue jusqu'aux pieds des collines brun arroyo et ensuite les Sierras encapuchonnées de neige dans l'air bleu du matin."


Lien : https://alombredufrangipanie..
Commenter  J’apprécie          80
Chère lectrice, Cher lecteur,

J'ai décidé de lire Sur la route de Jack Kerouac car j'avais envie de plonger dans un récit empreint d'amitié, de vie, de liberté. Je ressentais également l'envie de larguer les amarres l'espace d'un récit avec des personnages étonnants et d'arpenter les routes de l'Amérique en leur compagnie. Pour ce faire, je trouvais que le bouquin de Kerouac cadrait bien avec mon désir d'évasion.

Sur la route de Jack Kerouac

Dean Moriarty est un ange déchu, un fils d'alcoolique, un ange de la route. En 1947, Sal Paradise le rencontre alors qu'il vit paisiblement chez sa tante à New York et entre les deux hommes, une relation d'amitié s'établit. Cette dernière se déroule tout particulièrement dans une voiture, qu'elle soit volée ou pas pour arpenter les villes américaines. Par exemple, les acolytes vont de New York à San Francisco ou encore, ils se rendent à Mexico. Parfois Sal est seul et il fait du pouce et à d'autres moments, il est en compagnie de Dean qui exerce une fascination sur lui. Ils ont une rage de vivre, de découvrir les autres, d'apprendre à se connaître. Ils appartiennent à une génération perdue et pour se retrouver, ils arpentent les routes. Ils souhaitent plonger dans les méandres de l'Amérique pour ne pas mourir dans une existence trop étriquée, ils veulent exister. Car pour eux, le mouvement, c'est ce qui s'avère essentiel. Ils sont à l'image du rêve américain car ils s'aliment à la source de la vie, des gens, de la nature. Au cours de leurs périples sur la route, ils font la rencontre de femmes, d'hommes, de bandits, d'amis. Ils consomment de la drogue et de l'alcool car il faut exister grâce au it. Ils sont pauvres, ils n'ont qu'un seul désir, aller plus loin, toujours plus loin pour poursuivre leur étoile. Et Dean, le prophète de la bande d'amis, dès qu'il plonge dans sa folie, devient celui qu'on suit, peu importe le prix, peu importe la destinée.

Mon opinion

Je dois avouer d'emblée que j'ai adoré cette histoire. Pourquoi? Parce que le narrateur rompt avec le modèle établi de la vie américaine (métro-boulot-dodo, banlieues marquées par l'incommunicabilité et forêts d'antennes) et ce, dès l'incipit.

«J'ai connu Dean peu de temps après qu'on ait rompu ma femme et moi. J'étais à peine remis d'une grave maladie dont je n'ai rien à dire sinon qu'elle n'a pas été étrangère à cette lamentable et déprimante rupture, à mon impression que tout était foutu. Avec l'arrivée de Dean Moriarty commença le chapitre de ma vie qu'on pourrait baptiser «ma vie sur la route». (p. 15)

Je rêve de partir à l'aventure tout comme Sal et Dean. D'ailleurs, il y a deux ans, mon conjoint et moi avons acheté un VR pour découvrir à notre rythme le territoire canadien et américain. Je me suis retrouvée énormément dans cette urgence de vivre parce qu'il importe de partir pour partir parce que la vérité se trouve souvent ailleurs. Comme le mentionne Sal, le narrateur, :

«On était tous aux anges, on savait tous qu'on laissait derrière nous le désordre et l'absurdité et qu'on remplissait notre noble et unique fonction dans l'espace et dans le temps, j'entends le mouvement. » (p. 189)

Pour ces êtres de l'extrême, la vie se résume à rouler, à suivre le mouvement. Ainsi, le lecteur se rend compte que dans ce livre, c'est une manière de vivre qui est proposée. Une vie sur la route, une vie marquée par l'alcool, l'amour, l'amitié, les paysages, le hasard, le jazz. À cet égard, le lecteur peut noter également qu'il retrouve la quête de l'Amérique dans ce récit initiatique. Comme le relève Sal à propos du Mexique :

«Derrière nous, s'étalait toute l'Amérique et tout ce dont Dean et moi avions auparavant appris de la vie, et de la vie sur la route. Nous avions enfin trouvé la terre magique au bout de la route et jamais nous n'avions imaginé le pouvoir de cette magie. » (p. 390)

À travers cette quête, la terre est extrêmement importante car elle semble sous-tendre le mouvement. Par exemple, elle permet aux personnages de Dean et de Sal de se sentir puissants sur la route. Ils existent en fusion avec cette terre qui apparaît parfois rouge, marquée par le sang des autochtones. Puissance, mouvement, énergie, la rêverie de la terre ouvre le champ des possibles.

Mais encore, si vous avez envie d'écouter Jack Kerouac se raconter en français, cliquez sur :

–Entretien de l'animateur Fernand Seguin avec l'écrivain Jack Kerouac.

Dans cet entretien, Kerouac soulève :

«L'histoire de On the road ce n'est pas l'histoire de deux beatniks. C'est l'histoire d'un ex-joueur de football, moi, et le gars qui conduisait la machine, c'était un cowboy; un vrai cowboy. Puis on allait tout partout en Amérique pour trouver des filles, des jobs, des amis. »

— Une citation de Jack Kerouac

En tous les cas, je vous recommande sans hésitation ce classique et de suivre l'espace d'une histoire des personnages qui décident qu'ils vont tout simplement vivre à leur manière.

Avez-vous lu Sur la route de Jack Kerouac? Avez-vous aimé cette histoire?

Bien à vous,

Madame lit
https://madamelit.ca/2022/10/07/madame-lit-sur-la-route-de-jack-kerouac/
Lien : https://madamelit.ca/2022/10..
Commenter  J’apprécie          80
THE classique de la littérature américaine parait-il !
L'histoire de Sal Paradise qui fait plusieurs voyages à travers les États-Unis, fasciné un moment par Dean Moriarty, un vagabond comme lui, jonglant entre de nombreuses conquêtes. Évidemment, il rencontre d'autres personnalités pendant ce road-trip, toutes aussi fantasques les unes que les autres.
C'est un livre envers lequel j'avais beaucoup d'attentes. J'espérais y trouver un personnage qui fait des rencontres autour du pays, ce qui fut le cas. Bien que ces rencontres ne soient pas très poussées..
J'espérais y trouver de l'aventure, il y en a très peu. Les déambulations de ces héros d'une génération qu'on imagine perdue constituent plus des fuites que de l'action...
Ce livre décrit avec brio la génération qui précède les hippies et leur idéalisme, une génération perdue, en recherche de celle que pourrait devenir après tant de souffrance due aux guerres, aux crises économique et sociale.
Commenter  J’apprécie          81




Lecteurs (13152) Voir plus



Quiz Voir plus

Jack Kerouac et ses avatars

Sous quel nom Jack Kerouac apparaît-il dans "Big Sur" ?

Jack Duluoz
Jack Sandoz
Jack Dulac
Japhy Rider

10 questions
128 lecteurs ont répondu
Thème : Jack KerouacCréer un quiz sur ce livre

{* *}