AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 448 notes
5
18 avis
4
27 avis
3
4 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne suis pas un familier de Philip Kerr. Imaginez qu'avant de lire Prague Fatale j'étais persuadé qu'il était de nationalité allemande... C'est en lisant une critique d'un de ses bouquins par Big Mamy de Babelio (qui tient cet auteur en haute estime), que j'ai sauté le pas.
Donc Philip Kerr est bien anglais et cela se voit immédiatement dans le ton de l'écrit. Sarcastique et teinté d'humour noir. Si tant est que l'on puisse faire de l'humour avec le nazisme et ses oeuvres...C'est d'ailleurs la principale critique que je ferai à ce livre. Il met le lecteur mal à l'aise, en porte-à-faux. Bernie Gunther le flic cabossé de la Kripo qui mène les enquêtes de Prague Fatale n'est certes pas un perdreau de l'année mais il m'a semblé difficile de m'identifier à lui alors qu'il représente, quand même, le camp du Bien.
Son parcours ne plaide pas pour lui, nous qui savons maintenant les atrocités commises à l'est lors de la progression de la Wermacht. Dans le récit il revient justement de "là-bas" , il ne nous explique pas ce qu'il a du y faire mais ses nuits sont hantées par l'idée du suicide ; on s'imagine....
Certes l'on comprend immédiatement que Bernie n'est pas Nazi pour un sous. Il n'a pas pris sa carte au Parti. Il fulmine contre les décisions de ses supérieurs, il méprise les apparatchiks , les "faisans dorés" qui se pavanent dans le luxe et le stupre. Il n'empêche , il oeuvre toujours dans la Kripo. Accessoirement , et cela n'est pas le dessein du livre, sa position interpelle. Qu'aurions nous fait à sa place, à l'époque, dans une même position ? c'est très facile de transposer à la France : Vichy, la guerre d'Algérie...Moi qui compte dans ma famille quelques traineurs de sabres, je pourrai vous faire en quelques lignes un topo dont je sais par coeur les éléments pour les avoir trop entendus dans les dîners de famille . Eléments qui se résument souvent (trop ?) à cette phrase : " il fallait bien vivre".
Pour revenir au corps du livre , Bernie Gunther de retour de missions à l'est, donc, est confronté à deux meurtres commis à Berlin. Alors qu'il tente de les élucider il est convoqué à Prague par Reinhard Heydrich le nouveau "protecteur" de la Bohême-Moravie totalement inféodée à Berlin. Heydrich veut avoir près de lui un policier efficace ( c'est la réputation de Bernie Gunther) et totalement dévoué. Là aussi un trouble m'a saisi. Philip Kerr fait dialoguer Gunther et Heydrich et j'ai trouvé la situation pour le moins étrange. En 1943 , le second de Himmler (c'est ce qu'était Heydrich) aurait-il pu faire confiance à un policier aussi mal noté, aussi nostalgique du régime de Weimar, disons tout le net, à un démocrate ? Mais bon, admettons.... (moi j'aurais plutôt pensé a l'envoi immédiat à Dachau au sortir de l'entretien...).
Introduit dans le sein des seins du quartier général de Heydrich près de Prague,Bernie Gunther est donc chargé d'élucider le meurtre d'un capitaine SS. C'est "Dix petits nègres" chez les nazis ou " le mystère de la chambre jaune " chez les fachos ; le meurtre ayant été commis dans une chambre fermée à clef ! L'occasion pour l'excellent Philip Kerr de nous montrer une superbe galerie de monstres en cohabitation forcée, puisque notre Bernie Gunther a haute main sur l'enquête et la totale confiance du Chef ! (là encore qu'un simple commissaire de la Kripo puisse avoir autorité sur des sommités nazies de la SS me paraît....curieux. ). Mais ne boudons pas notre plaisir en ergotant sur la vraisemblance de l'intrigue. Kerr fait montre dans ces chapitres d'une belle connaissance de l'époque et du milieu. En effet , même si Bernie Gunther est une "création" de Kerr, tous les autres personnages du roman sont des personnages "ayant réellement existé". C'est à une petite étude sociologique du petit milieu des "happy few" nazis que se livre l'auteur. Il nous fait son Pinson-Charlot quoi....
D'où les descriptions croquignolesques des rivalités d'amour propre de ces messieurs, les jalousies recuites, les haines, les amours "défendues" aussi par la "morale" SS et pourtant bien présentes dans ce milieu de beaux mâles ! Ah on en apprend de belles ! Pourrai-je un jour pardonner à Kerr d'avoir contribuer à déboulonner l'idole de mes vingt ans ? Elisabeth Schwarkopf. Mais oui Elisabeth Schwarkopf , la grande diva allemande, la reine du festival d'Aix en Provence, la "Maréchale" du Chevalier à la Rose de Richard Strauss....la blonde allemande d'après-guerre épouse de Walter Legge le grand producteur anglais de chez EMI....
Hé bien Philip Kerr nous le dit tout net : elle a couché pour réussir ! Si. Et pas avec n'importe qui , avec le "boucher" de la Pologne" : Hans Franck. Celui qui devait prendre la succession de von Neurath à Prague mais qui a été évincé par Heydrich (d'où HAINE ! ). Bien sûr je savais que ,comme nombre d'artistes allemands, Elisabeth Schwarkopf n'était pas blanc-blanc ; elle a pris d'office sa carte au parti nazi même si d'autres se sont plus impliqué dans l'idéologie (n'est-ce-pas Mr Karajan...) . Mais coucher avec Hans Franck ! et peut-être même d'après Kerr, avec Goebbels himself ! j'ai bien envie de réduire en miettes tous mes vieux vinyles....
Mais ne nous égarons pas. Revenons à nos nazis.
Je ne développerai pas plus avant l'intrigue du roman, et ceci pour deux raisons. D'abord parce que j'ai trop tendance à sortir des rails de la narration pure, et secundo parce que celle ci (l'intrigue) sans être compliquée fait intervenir moult rebondissements , et cela ne se fait pas de vendre la mèche d'un roman policier.
Sachez simplement, et ceci est de notoriété publique, que Heydrich décédera des suites d'un attentat commis par la résistance tchèque et que Bernie Gunther , une fois le fameux crime élucidé ( que de coups de théatre ! ), sera rappelé à Prague pour enquêter sur les circonstances réelles de la mort de Heydrich ! car ses proches soupçonnent quelques envieux dignitaires nazis d'avoir "hâté" le trépas du Reichprotector en l'empoisonnant. C'est une thèse que défendent d'ailleurs certains historiens. Bernie a tôt fait de botter en touche en reprenant le premier train pour Berlin. A trop s'approcher du panier de crabes on risque la morsure des pinces....

Un polar très original donc, dont l'époque et le milieu sont les principaux atouts. Je lirai certainement d'autres Philip Kerr. Comme je l'écrivais au début de cette page j'ai ressenti durant presque toute la lecture un malaise diffus (rassurez vous je n'ai pas consulté...) en ce sens que Kerr nous montre les dignitaires SS comme des hommes "normaux" . Reste à définir ce qu'est la "normalité". Je ne dirai pas que j'étais à deux doigts d'empathie avec certains des copains d'Heydrich, mais....Kerr dessine quelques portraits nuancés d'officiers nazis dont, hélas, pourraient se saisir quelques satanés révisionnistes. ( vous voyez bien qu'ILS n'étaient pas tous comme ça...). Mais ceci est une autre histoire et nous emporterait trop loin. Contentons nous de recommander cet excellent polar crépusculaire.
Commenter  J’apprécie          30
Toujours intéressant de se replonger dans les heures sombres de la 2ème guerre mondiale, cette fois Kerr nous ammène en Tchécoslavaquie quand Heydrich est nommé Gouverneur de cette province, Gunther doit enquêter sur le meurtre d'un des assistants d'Heydrich mais cette anquête va l'emmené sur un terrain encore plus périlleux que d'habitude le meurtrier n'est pas celui que l'on croit et la mort d'Heydrich n'est apparemment pas due à la tentative d'attentat des résistants tchéques de l'UVOD. Très agréalable à lire même si le nombre d'intervenants rend la lecture un peu hardue
Commenter  J’apprécie          30
Après avoir apprécié la Trilogie berlinoise, je remonte dans le temps (1941/1942) avec le " Kommissar Bernie Gunther " qui a le malheur d'être professionnellement apprécié par le "très paternaliste " Heydrich, le mal personnifié, et doit éclaircir un meurtre dans l'état-major du bon général. On retrouve l'humour désabusé de Gunther, son arrangement douloureux avec la barbarie ambiante et son insolence très imaginaire avec les dignitaires nazis – la racine digne m'a toujours fait sourire… jaune et surtout indigné.
Ce roman garde l'attrait du style de Philip Kerr : fiction intelligente et bien structurée au sein de l'histoire du IIIe Reich, très documentée et réaliste hélas ; un style alerte et exclusivement dédié aux rapports humains (peu de descriptions) ; un rythme haletant et des dialogues savoureux de subtilité.
Mais la recette est trop respectée et j'attendrai désormais un certain temps avant d'en découvrir un autre. La lassitude pourrait me gagner.
Commenter  J’apprécie          10
C'est le 5e livre de Philip Kerr que je lis et c'est celui que j'ai préféré . Bonne histoire , pas trop alambiquée . On lit les 560 pages rapidement car on a envie de connaître l'assassin de Küttner , exactement comme dans un livre d'Agatha Christie ( la comparaison n'est pas fortuite ...) ,sauf qu'ici , tous les protagonistes ont réellement existé dans les circonstances décrites : Prague sous occupation nazie en 1941-1942 .Une page d'histoire et une intrigue très intéressantes (avec un brin d'humour distillé par le commissaire Gunther ). Un bon moment de lecture !
Commenter  J’apprécie          10
Agatha Christie revisitée : scène de crime identique, société anglaise remplacée par société nazie, huis clos. Mais ici on peut trouver le coupable car l'auteur sème de gros cailloux blancs.
Mais que ce livre est agréable à lire du fait des faits historiques réels décrits, de l'ironie et de l'humour partout présents.
Commenter  J’apprécie          50
Bernie Gunther à Prague pour une mission de garde du corps avec Heydrich qui se transforme en enquête policière quand le 4eme assistant du protecteur de la Hongrie.
L'un des meilleurs opus qui présente la particularité d'être linéaire sans deux chronologies en parallèle comme sur les précédents tomes. Particulièrement passionnant historiquement, il reprend les faits et gestes d'Heydrich dans ces quelques mois qui précédent l'attentat ou il perdra la vie suite à une arrogance rare. Cela nous explique - un peu - comment Bernie bénéficie d'une espèce de protection qui présentera ses limites quand en fin de tome il denouera les différents fils de l'intrigue. Passionnant.
Commenter  J’apprécie          50
Bon policier qui se déroule durant le protectorat nazi de la Tchéquie dirigé par le bourreau de Prague, Heydrich.

L'auteur mélange donc une période et le personnage de Heydrich, tout deux historiques, avec une enquête policière fictionnelle inspirée par les romans à suspens d'Agatha Christie...
Commenter  J’apprécie          00
8eme tome des aventures de Bernie Gunther, et on ne se lasse pas grâce à un Philip Kerr toujours aussi bien documenté, sur cette fois un Berlin des années 42 qui fait froid dans le dos, et un retour avec Heydrich à Prague pour une enquête façon Agatha Christie !

Toujours aussi bon !
Commenter  J’apprécie          20
livre juste fini et ma premiere lecture de Philip Kerr et pour sûr , j'y reviendrai!
récit poignant , bien construit et credible sur cette période noire!
seul bémol pour moi ( j'ai failli mettre 3 étoiles) : l'humour tres british du personnage principal qu'on imagine mal ( mais je peux me tromper!) dans la bouche d'un allemand de l'époque....cela donne un décalage parfois troublant....
Commenter  J’apprécie          30
Ainsi, Heydrich, Général SS et Reichsprotektor de Bohême-Moravie, véritable incarnation du Mal, serait un lecteur d'Agatha Christie. Heydrich va en effet charger Bernie Gunther d'élucider le meurtre d'un de ses assistants dans sa résidence de Jungfern-Breschan, près de Prague, faute de pouvoir offrir le poste à …Hercule Poirot. Et Bernie Gunther va devoir faire preuve de la plus grande prudence dans la conduite de cette enquête, en dépit de la grande liberté que lui laisse Heydrich pour interroger les hauts gradés nazis présents dans le château au moment du meurtre, et donc suspects.
J'ai retrouvé avec plaisir Bernie Gunther dans le huitième volet de ses enquêtes, après avoir été un peu déçu par le précédent roman, vert-de-gris. Dans cette histoire se situant quelques mois à peine avant l'assassinat d'Heydrich, on retrouve un personnage abimé par les horreurs vécues (et perpétrées) sur le front russe, un homme avec ses qualités d'enquêteur, son style si particulier (plutôt brut de décoffrage), son caractère indépendant, son goût pour les femmes… et sa haine des nazis, pour lesquels il travaille cependant. Un être tout en ambiguïté donc…seul moyen probablement de sauver sa peau dans cette terrible période.
Commenter  J’apprécie          160




Lecteurs (966) Voir plus



Quiz Voir plus

Bernie Gunther, un privé chez les nazis...

"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

Hôtel Savoy
Hôtel Berlin
Hôtel Regent
Hôtel Adlon
Hôtel Otto

10 questions
126 lecteurs ont répondu
Thème : Philip KerrCréer un quiz sur ce livre

{* *}