J'ai lu de nombreux livres, témoignages sur la Shoah, la déportation et l'extermination des juifs, mais celui-ci est différent. Irme
Kertész écrit sur l'année qu'il a passée à Auswitch, Buchenwald puis son retour à Budapest alors qu'il n'avait pas encore quinze ans....... Ce n'est pas un témoignage au sens strict, ni un roman, c'est un récit autobiographique. Pour prendre de la distance avec cette époque et ce qu'il a vécu il a choisi de le raconter en mettant en scène un autre lui même, Gyurka, dans ce livre bouleversant et terrifiant.
Le lecteur est dans le camp, pour être plus précis le lecteur est dans la tête du jeune qui se retrouve dans une situation absurde et incompréhensible.
En 1945 alors qu'il est dans un bus pour se rendre à son travail,Gyurka et les autres voyageurs sont arrêtés par un gendarme et c'est là que tout commence. Il pense qu'il est arrêté par erreur (comme beaucoup d'autres d'ailleurs; et que ce contretemps sera de courte durée. Il n'imagine pas que le train à bestiaux où il est enfermé avec tous les autres et où ils meurent de soif, les conduit vers la mort. Il admire les soldats allemands qu'il trouve organisés et pimpants. Arrivé au camp, il est toujours dans l'étonnement, il refuse même le premier repas qu'il trouve infâme et il pense que le prochain sera meilleur.
Ce qu'il raconte est exceptionnel car il explique la surprise, l'incompréhension. du début jusqu'à la fin il est en état de sidération. Il raconte avec une grande froideur l'année qu'il a passée. Il aligne les faits les uns après les autres, sans jugement, sans sentiment, sans indignation, ni colère. Il dit. c'est tout
C'est difficile de parler de ce livre, car la seule chose que l'on peut dire c'est pourquoi? Comment, de quelle façon tout cela a-t-il pu se produire?
C'est si effroyable que comme ce jeune garçon on ne peut pas croire que cela soit possible. Sa façon de l'écrire, de le dire est exceptionnelle et glaçante. Ici le destin ou le hasard occupe une place importante. L'avenir tient à peu de choses; file de droite,tu vis; file de gauche, tu meurs. Et il n'y a aucune explication.
Il y a ces pages incroyables où il parle du temps qui passe, ou plus exactement du temps qui s'éternise.
Puis pour survivre à cette horreur, pour oublier la souffrance et la peur il a cherché des moments de bonheur.