C'est en trois semaines seulement que le jeune
Joseph Kessel, d'à peine vingt-cinq ans, rédigea
l'Equipage, transposition à peine déguisée de son engagement dans l'armée de l'air en 1918.
Il conte avec l'exaltation et la sincérité de celui qui l'a vécu les mois d'existence partagés au combat avec
l'équipage du capitaine Thélis Vachon, personnage pour lequel
Joseph Kessel éprouvait une déférente admiration et dont il trace sous le nom de Gabriel Thélis un portrait chaleureux, plein d'une empathie qu'il fait partager au lecteur.
Son récit enfiévré conte la camaraderie, l'ivresse des vols, l'excitation face au danger des combats, l'angoisse lors de l'attente fébrile du retour des équipages, tant était dangereux, à cette époque des débuts de l'aviation, le vol dans un engin de mort "machine inerte, assemblage de fer, de toile et de bois", ce qu'étaient les appareils de 1918 !
Il met en évidence la conscience de jouer sa vie au quotidien, ce qui exacerbe les appétits, et déclenche légèreté factice, fausse gaieté, franches beuveries, paris insensés, le tout sans doute destiné à exorciser la peur.
Il exalte la chaude complicité entre le pilote et son observateur forgeant une amitié à la vie à la mort entre deux êtres destinés à partager le même sort.
Il parle d'amour aussi, bien sûr, parce que malgré la guerre, mais plutôt grâce à la guerre, l'amour n'en a que plus d'importance.
Mais ce que
Kessel évoque surtout avec force, grâce à la simplicité et la puissance de son propos, c'est la perte des amis et l'inéluctabilité de la mort au combat.
Un premier roman qui lui apporta une gloire qui ne se démentit jamais.