Herbillon, un jeune observateur est affecté dans une escadrille proche de Jonchery (dans la Marne). Après avoir fait ses adieux à ses parents, puis à sa maîtresse, une femme mariée qui préfère garder l'anonymat et lui dit s'appeler Denise, le jeune homme de 20 ans prend le train qui le rapproche du front. Il intègre alors l'escadrille commandée par le capitaine Gabriel Thélis, puis est appairé avec un nouveau pilote qui arrive à l'escadrille : le lieutenant Maury dont il devient progressivement l'ami. Au départ, le jeune aviateur est très fier de son travail loin des tranchées et prend à coeur sa mission d'observation, puis il se sent peu à peu honteux d'avoir éprouvé ces sentiments lorsque les premiers camarades meurent et prend conscience de la fragilité de leur vaisseau aérien comme de celle de leur corps. Lors d'une permission il découvre que sa maîtresse n'est autre que l'épouse de son ami dont il est l'équipier.
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En cette période où l'on commémore les as de la
première guerre mondiale j'ai eu envie de lire ce roman qui m'a été recommandé ; il n'est plus en vente en librairie mais je l'ai trouvé grâce à internet et j'ai reçu un exemplaire certes vieilli mais datant de 1924 !
On suit avec bienveillance cette jeune recrue qui rejoint l'escadrille où il deviendra le coéquipier du mari de sa maîtresse sans le savoir. On découvre la vie des aviateurs militaires de la première heure, confiant aveuglément leur vie à une machine de fer et de papier tandis que le commandement et les précurseurs de l'aéronautique continuaient à inventer l'avion parfait et avaient une idée en tête : prouver le rôle primordial que pouvaient jouer les aéroplanes dans la conduite des avancées terrestres au cours de la bataille de la Marne.
A l'escadrille se succèdent les journées d'attente durant le mauvais temps, les journées de combat au dessus de la Marne, les défaites, les blessures, les disparitions, les victoires.
Egalement les jeux d'argent pour passer le temps en dépensant sa fortune.
Très belle histoire d'engagement d'hommes "têtes brûlées" sur fond d'une histoire d'adultère que je n'ai pas trouvé convaincante car des choses inexpliquées m'interpellent : comment faisaient les deux amants pour se retrouver si lui ne connaissait pas le vrai prénom, nom et adresse de son amante ? Lui écrivait-il poste restante ? L'histoire ne le dit pas. Si le portrait des deux protagonistes est intéressant , ainsi que le rapport qu'ils entretiennent dans le non dit, celui de l'épouse est pour le moins gâché : on ne peut lui trouver aucune excuse.
La vie à l'escadron me semble assez bien véridique et c'est tout un autre monde que celui décrit dans les tranchées que l'on découvre par exemple dans les carnets de guerre de
Louis Pergaud ou encore dans le formidable voyage au bout de la nuit de Céline.
J'ai trouvé décevant que le roman manque de précisions sur le type d'avions qui équipaient l'escadrille et qui étaient des Sopwith 1A2 et des Letord à cette époque du roman bien qu'elle ne soit pas spécifiée comme si l'auteur avait sciemment laissé flou le repère temporel, ou même qu'on ne sache pas exactement le nom de leur escadrille, bien que des indices soient suggérés. L'escadrille était la C 9 et deviendra la SOP39 ("SOP" en référence aux avions Sopwith) puis la SAL39 (avec les avions Salmson 2A2).
Un roman à redécouvrir sur l'aventure de ces pionniers des airs et chevaliers du ciel !