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4,38

sur 1710 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Himmler, que d'atroces crampes abdominales tordent de douleur, se trouve uniquement apaisé par les mains expertes du Docteur Kersten, spécialisé dans le massage médical.
Loin de partager les convictions de son illustre patient, celui-ci profite du pouvoir qu'exerce ce soulagement qu'il est seul apte à lui prodiguer pour soutirer au Reichsführer-SS toutes sortes d'avantages non seulement personnels, mais aussi vis-à-vis des persécutés et des déportés en camp de concentration de tous pays.
Sur ce point, il faut relever l'intérêt de ce livre qui met un éclairage sur ce sauveur méconnu de l'Histoire et c'était bien là d'ailleurs tout mon attrait pour cette lecture.

Malheureusement, j'ai été très déçue par celle-ci malgré toutes les critiques fort élogieuses qui ont été faites à son égard (ou ma déception vient peut être que j'en attendais trop).

La façon dont l'auteur nous conte cette histoire se révèle, comme l'indique la quatrième de couverture, incroyable mais dans le sens premier du terme. Je ne remets certes pas en cause la véracité de celle-ci, mais bien la manière dont elle est tournée.
Ainsi Himmler apparait aussi vaniteux qu'un corbeau sur un arbre perché, malléable comme de la pâte à modeler, et d'une naïveté confinant à la crétinerie.... Les manipulations du Dr Kersten paraissent tellement évidentes qu'on peine à croire qu'il s'y soit laissé prendre avec une telle facilité. Cela m'a donné à penser que Kersten (Kessel s'est notamment appuyé sur des journaux tenus par celui-ci) s'est fait mousser dans son rôle ou à tout le moins qu'il faut garder en tête qu'il s'agit d'une biographie romancée et que tout n'est pas à prendre au pied de la lettre.

En outre, je n'ai pas retrouvé la jolie plume de Kessel qui m'avait tant charmée dans le lion. Dans cet exercice plus historique, l'auteur n'a pas su, à mon humble avis, délier avec fluidité les apartés factuels des parties romancées. Non plus qu'il n'a su nous présenter Himmler autrement que sous un angle caricatural. Et pour finir, les redondances dans les descriptions et dans l'histoire elle-même fort tirée en longueur m'ont passablement ennuyée.

Un livre qui vaut donc pour la connaissance d'un pan méconnu de l'Histoire de la seconde guerre mondiale, mais qui personnellement ne m'a pas emballée dans sa narration.
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Je suis bien embarrassée.
J'ai beaucoup aimé la lecture de ce roman (récit ?...).
J'ai mis la note de 4 ce qui me paraît logique.
Mais il persiste un certain malaise de cette lecture, une fois achevée.
Je ne doute à aucun moment de la véracité de ces relations entre Himmler et son médecin, mais je ressens, en ayant terminé la lecture, en l'englobant dans un tout, comme un esprit de caricature, presque de traits forcés.
J'ai peine à croire à ce petit bonhomme d'Himmler (second après Hitler tout de même...), suffocant, malade et souffrant le martyr, limite débilitant, avec les mêmes idées fixes, la même haine des Juifs, le même plaisir de tuer et d'exterminer.
Certes, le bonhomme devait être comme ça, mais ce portrait que nous offre Kessel ne correspond que très peu à l'homme fanatique et terrifiant qu'il fut très certainement.
Car rien de bien terrifiant, comme je l'ai écrit, car on dirait un pantin, une marionnette qui ne revit que lorsque son médecin est présent pour le masser et le soulager de ses maux d'estomac terribles. Il est depeint presque comme un enfant.
Deuxième point qui me trouble c'est également le portrait du bon Docteur, gras et gros, amateur de bonne chère, et qui demande à Himmler de libérer tel nombre de prisonniers, tel nombre de déportés dans les camps de concentration, tels noms amis du Docteur. J'ai peine à imaginer d'abord la demande, qui enfle tout au long du roman, jusqu'à des demandes quasi-insensés, proposés par le médecin à la fin.
Là aussi, pour moi, le personnage du bon samaritain est trop caricaturale.
Et l'acceptation par Himmler de presque toutes les demandes de son médecin me paraît bien exagérée...
Attention, je ne livre ici que mon ressenti personnel, et je me trompe peut-être, et j'insiste sur le fait que c'est un excellent livre, passionnant, lu en deux jours.
Non c'est juste une impression générale.
Si certains lecteurs ont eu le même ressenti, merci de m'en faire part, que je ne me sente pas trop seule....
Écriture sublime, livre passionnant malgré tout.
Et je rejoins berni : ce docteur aurait dû faire partir de cercle si fermé mais si humain des Justes.....
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Entre les mains, Kessel a eu à exploiter un sujet en or, Kersten à soigner le diable en personne, et moi, à lire un roman étonnant, voire sidérant.

Cependant, entre un Himmler souffrant, dépendant, s'épanchant, fléchissant, et un Dr Kersten manipulant corps et esprit réunis, jusqu'à réussir à faire capoter un projet dément ( déportation en Pologne de tous les hollandais - aucune trace retrouvée !), je me suis sentie mal à l'aise. Malaise de ne pouvoir déterminer précisément la part de réel dans cette mise en scène et surtout dans un tel contexte.

Cependant, j'ai quand même pu apprécier ce climat de danger permanent, ce jeu subtil et périlleux auquel doit se livrer ce médecin, le pouvoir "miraculeux" qu'il détient, l'ascendant qu'il obtient, sur un individu des plus intransigeants et des plus odieux qui soient .
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Bookstagram a cette capacité à faire resurgir des profondeurs des bibliothèques des classiques délaissés. Sans cette communauté hétéroclite, ce roman de Kessel aurait-il connu ce retour de hype ? Je ne pense pas. En tout cas, il est fort peu probable que je ne m'y sois jamais intéressée.
Pourtant, quand il est question de fascisme et encore plus de nazisme, mon radar littéraire bruisse un peu plus fort. Je pars du principe que ça m'intéresse (mon psy pourrait y déceler une envie primaire de dominer le monde, je ne l'exclue pas.) et que je vais trouver de quoi satisfaire la lectrice que je suis. A fortiori quand il s'agit d'un auteur qui a lui-même vécu les événements de près. C'est donc plutôt confiante que je me suis mise dans les pas de Kessel pour découvrir Himmler et sa relation au docteur Kersten, d'autant que que je n'en connaissais rien.

Kersten, thérapeute finlandais, fait des miracles de ses mains. Il a le don, par ses massages, de soigner douleurs et anxiété. Il va être appelé aux côtés d'un des plus grands dignitaires nazis, Himmler himself. Et c'est là que va commencer la manipulation. du corps et de l'esprit. Son acte de résistance va passer par le pouvoir de ses mains. Son intimité avec Himmler lui permet de sauver des amis, des résistants, des anonymes. Il lui suffit de toucher juste ou de ne plus toucher du tout.

Je ressors de cette lecture un peu partagée (vous allez voir, c'est mon mood du moment, toutes mes lectures sont tièdes). Et ne venez pas dire que c'est parce que j'ai mis un an à le lire ! Je l'ai repris depuis le début il y a quelques semaines pour lui laisser toutes ses chances. Mais je suis restée marquée par la grande naïveté du texte. Kessel a les yeux de Chimène pour Kersten. C'est à la fois touchant et légèrement gênant. Mes comparses de lecture commune (@eva_tuvastabimerlesyeux @manonlit_et_vadrouilleaussi @point.a.laligne) parlaient d'hagiographie. Il y a de ça. Et Himmler semble lui aussi bien naïf, acceptant dans un demi-sourire de contentement de sauver juifs et otages. Alors je ne peux pas nier que j'ai découvert tout un pan de l'histoire dont je ne me doutais pas.

Et à ce titre je suis contente d'avoir lu cette biographie romancée. Mais ce n'est sûrement pas la meilleure manière d'entrer dans l'oeuvre de Kessel. Sans regret mais sans passion, j'en attendais plus de ce roman. J'en attendais trop peut-être. Bookstagram a cette capacité à l'émerveillement constant.
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Joseph Kessel est un fabuleux écrivain et un merveilleux conteur. C'est aussi un homme d'une humanité profonde dont la propre vie est un roman. C'est enfin un journaliste qui a parcouru le monde, côtoyé des situations dangereuses et des personnalités hors du commun.
Aussi, découvrir l'existence du masseur Kersten en 2020, grâce au livre de Kessel paru en 1960 et réédité en 2013, m'a d'abord enthousiasmée - une pépite que j'ignorais - avant de me désorienter. Dans la biographie de Kersten par Kessel il est certes fait mention des copies des lettres et autres documents dont l'écrivain-journaliste a pu prendre connaissance, certes un historien a préfacé les mémoires de l'ex-masseur d'Himmler, mais il ne figure, dans Les mains du miracle, aucune photo de documents, aucune archive documentée. Seules, les notes prises par Kessel lors de ses entrevues avec Kersten et une chronologie historique sommaire. Cela peut se comprendre, en 1960. Kessel lui-même doute, et il avertit son lecteur dans le prologue : « Si l'on compte seulement les années, cette époque est encore très proche de nous. Mais tant d'évènements, depuis, se sont accumulés, et si graves, qu'elle semble déjà très lointaine. Déjà, toute une génération est là, pour qui les temps maudits ne sont que souvenirs vagues et brouillés ». Aujourd'hui malheureusement, au temps de la transparence, le lecteur ne va pas beaucoup plus loin s'il veut en savoir plus sur l'histoire de Kersten. Il se retrouve vite à tourner en boucle sur divers sites qui racontent la même histoire, issue des mêmes sources et toujours basées sur le même mode assertif.
Dans cette biographie, l'écriture de Kessel est plus sobre, plus retenue que dans ses autres oeuvres. Avant tout, l'écrivain fait revivre une époque d'une folie absolue, où tout perd sens. Où un médecin formé aux techniques orientales de massage doit se rendre psychologiquement proche du criminel Himmler, l'un des fous du roi, s'il veut sauver sa peau et peut-être, celle d'innocents. Et Kessel l'écrit très bien cette histoire, avec son grand talent. le lecteur est captivé, mais il garde, grâce à la neutralité du ton, la possibilité de s'interroger.
Refermé, le livre garde le mystère Kersten entier. Il existe certainement beaucoup d'autres mystères, au sein des archives. Mystères enkystés sur l'histoire de ce XXe siècle qui engendra l'avènement des dictateurs, édicta les lois les plus iniques, généra le conflit universel le plus dévastateur et en récolta le fruit vénéneux, l'effondrement d'un monde.
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Dans les mains du miracle, Joseph Kessel nous raconte de manière romancée comment Felix Kersten a sauvé des milliers de personnes en étant le masseur officiel du chef des SS, Heinrich Himmler.
Je devais avoir des attentes trop grandes car j'ai été déçue de ma lecture.
Si l'écriture est assez fluide et efficace pour m'avoir donné envie de connaître la suite, je n'ai pas trouvé qu'elle avait un charme particulier. J'ai eu la sensation que Joseph Kessel a dressé le portrait d'un Heinrich Himmler puéril et naïf. C'est assez éloigné de l'image que je me fais de lui. Felix Kersten m'a également paru bien naïf. J'ai eu le sentiment que ça manquait de "crédibilité".
Je serai curieuse de lire un autre livre sur Felix Kersten.
Je vais toutefois persévérer avec Joseph Kessel, son livre "sur la piste fauve" est dans ma PAL.
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Ça y est, je l'ai fini !!! J'avoue que je n'arrive pas à comprendre comment il a pu me prendre autant de temps ... Ce livre est pourtant passionnant. Il est chargé d'évènements historiques, on a l'impression d'être dans le bureau d'Himmler avec son docteur. On ressent toute la tension de Kersten, celle de risquer chaque jour davantage sa vie.

Le pouvoir de Kersten est fascinant ! J'aurais tant aimé assister à ses séances, apprendre cette science, ... Ça m'a beaucoup plu de le suivre.

Après, j'avais sans doute beaucoup d'attente pour cette lecture. Je reproche une certaine lenteur au livre ce qui m'a fait arrêter pendant plusieurs jours puis, reprendre puis, arrêter ...

Je crois tout de même que c'est un livre à lire pour entretenir la mémoire des êtres humains. C'est aussi important d'obtenir des versions différentes de cette époque pour imaginer ce que cela a dû être de vivre en ce temps là.
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Un peu gênée pour rédiger cette critique...
D'un côté, il y a les faits historiques, qui paraissent tellement incroyables - le médecin de Himmler a obtenu de lui des actes de clémence, et donc a permis d'épargner la vie de milliers de personnes, faisant sortir des juifs des camps ou empêchant le bombardement de plusieurs - que j'ai dû vérifier plusieurs fois pendant ma lecture leur véracité, alors même que Kessel s'appuie sur des témoignages directs, des sources, que la préface est rédigée par un historien...
De l'autre, il y a la personnalité de Kersten. Clairement, il a accompli des actes remarquables, mériterait d'être considéré comme un Juste. de l'autre, malgré le portrait mélioratif, certains de ses défauts transparaissent : il trompe régulièrement sa femme et exploite sa "vieille amie", il dispense de façon ostentatoire ses gains en tableaux de maîtres, il est attaché à son confort matériel personnel à tel point qu'il garde "ses porcs gras" et ses pâtisseries en pleine guerre... Et ses comportements peuvent apparaître comme ceux d'un gourou de secte - ce qui m'a dérangée : après tout, il influence et manipule l'esprit de ses patients en profitant de leur vulnérabilité.
Et surtout, il y a la façon dont les dignitaires nazis, en premier lieu Himmler, sont décrits. Himmler peut apparaître dans le texte comme un petit homme souffrant pour lequel on pourrait presque compatir tant il souffre. Et puis, ce n'est qu'un "demi-fou au royaume des fous". Ses crimes semblent presque excusables car commis seulement par obéissance ou fidélité envers son chef, Hitler, anticipant finalement les arguments théorisés par Hannah Arendt.
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le médecin a le devoir de soulager son patient, qu'il soit saint ou fou.

Des faits avérés traités par un journaliste-romancier hors pair nous offrent un récit surprenant où cohabitent et collaborent Félix Kersten (1898-1960), médecin rondouillard venu de Livonie, et le maigre Reichführer-SS Heinrich Himmler (1900-1945), surpuissant maître de toutes les polices d'Hitler.

Joseph Kessel s'appuie sur des données historiques et a lui-même rencontré après guerre le Dr Kersten. Bien entendu, il ne peut qu'imaginer les dialogues qu'il rapporte dans cet ouvrage, mais grosso modo, sans trop l'enjoliver, il reste fidèle à la trame principale de cette histoire véridique : un médecin d'origine estonienne devient l'intime d'Himmler en réussissant à le soulager de maux sur lesquels la médecine classique n'avait pas de prise. Himmler ne pouvait plus, après y avoir goûté, se passer des merveilleux massages du bon docteur Kersten. Des études récentes corroborent pour l'essentiel le "rapport" de Kessel.

Transposé dans un autre contexte, ce récit aurait très bien pu être habillé en tragédie grecque : un tyran exterminateur s'attache les services d'un ennemi. Ce dernier utilise la seule arme dont il dispose (ses dons de guérisseur) pour obtenir de l'intraitable organisateur de massacres et déportations en tout genre la libération de milliers de prisonniers. La situation dans laquelle se trouve de Dr Kersten est extrêmement périlleuse. Sa vie est perpétuellement menacée ; dans un premier temps parce que la Gestapo le soupçonne de manipuler son supérieur et, ensuite, quand les forces alliées se jettent en fin de guerre sur le Reich en plein chaos apocalyptique créant un climat d'effondrement propice aux attentats vengeurs.

Tout comme Primo Levi qui, à la pire extrémité de l'inhumanité d'un camp de concentration découvre le geste d'un homme partageant son pain (ce qu'une bête n'aurait jamais fait), Kessel place la bonne volonté d'un médecin au coeur même de la machine infernale responsable de millions de morts.

Il ne faut jamais désespérer de l'être humain.
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Un roman incroyable qui marque par le caractère pourtant réel, tant des atrocités de cette guerre si proche, que par l'influence d'un homme dans les décisions d'un des plus grands meurtriers de l'histoire du monde. Cette immersion dans les jeux de pouvoir d'un état major en état de règne puis de décrépitude constitue un parfait rappel de la centralité des rapports humains comme déterminant de toute chose et de toute situation.
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