AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,36

sur 7310 notes
Des fleurs pour Algernon est un roman montagneux. Il est construit sur ce relief et traduit également le rythme du marcheur : une lente montée, puis le sommet, et enfin la redescente, toujours plus rapide. Et cette construction est faite en symétrie, puisque le test effectué sur Algernon précède l'expérience vécue par Charlie. Comme en miroir, on sait donc à quoi s'attendre dans le roman. Ce qui fait craindre à chaque instant l'arrivée sur le sommet. Difficile, d'ailleurs, de se réjouir durant la montée des progrès effectués par Charlie, car l'on sait ce qui se produira ensuite.
C'est un trajet que nous, lecteurices, expérimentons pleinement, aux côtés de Charlie. Tout d'abord parce que le roman est raconté par sa voix, alternant récit, comptes-rendus officiels et journal daté. On sait donc tout ce qui lui passe par la tête : ses questionnements, ses doutes, son changement de perception, etc. D'autre part parce que l'écriture accompagne également la courbe du roman. Tout au début de celui-ci, l'écriture est volontairement épouvantable, difficile à lire; c'est du français phonétique. Peu à peu, les fautes disparaissent puis la structure des phrases se complexifie davantage. On retrouvera en miroir, en fin de texte, ce français approximatif.
Enfin, il y a tout un parcours personnel effectué par Charlie dans le temps, en parallèle. Plus il devient savant et intelligent, plus il se souvient de son passé, qu'il reconstruit peu à peu avec un nouveau regard. Il va alors vouloir faire la paix avec lui, pour mieux préparer l'avenir, et ce qui l'attend. Charlie est dans un entre-deux perpétuel : il veut aller de l'avant, vite, mais ne cesse de regarder derrière. Cela rajoute du dynamisme au roman, et cela traduit les hésitations, peurs, craintes inconscientes du personnage. Concrètement, cela amène une sorte de dédoublement du personnage, avec un Charlie du passé qui dialogue avec le Charlie du présent. Assez complexe mais cohérent avec l'exploration de la psyché du personnage.

Certaines personnes pourraient le trouver trop mélodramatique, d'autres vraiment difficile… D'ailleurs, on m'avait recommandé le paquet de mouchoirs au cas où. Personnellement, je n'en ai pas eu besoin, parce que j'ai su prendre énormément de distance avec le personnage et son sort.
D'abord, parce que la première partie est assez mélodramatique, c'est vrai. Il y a un côté très tragique, surtout à la fin, je ne vais pas dire le contraire (mais du coup, assez théâtral et artificiel, aussi). Mais le plus dur se situe surtout au début, quand Charlie se souvient de son enfance. On se demande ce qui n'est pas arrivé au pauvre Charlie dans sa jeunesse. J'imagine néanmoins sans peine que ce calvaire n'est que le reflet de ce qu'ont pu vivre des personnes dans une même situation de handicap. C'est déjà difficile aujourd'hui, alors il y a 50 ans… Malgré tout, le pauvre Charlie, le pauvre pauvre Charlie… tous ses malheurs m'ont un peu lassée.
Ensuite, quand il devient savant et cultivé, Charlie devient carrément arrogant, pénible et détestable.
Enfin, les rajouts du roman par rapport à la nouvelle autour de la vie sentimentale de Charlie m'ont gonflée. Ce n'est pas totalement inintéressant, parce que la maturité émotionnelle et sexuelle et Charlie suit un cours plus lent que son développement intellectuel. Mais ses tergiversations amoureuses pendant des plombes m'ont un peu lassée. La romance selon moi prend trop de place. Bref, c'est long, c'est larmoyant, et j'ai trouvé ça très… "feux de l'amouresque".
Il y a donc dans ce roman un fort pouvoir émotionnel, mais peut-être justement un peu trop. Ce qui m'a permis, de mon côté, de réfléchir aux véritables enjeux du roman.

Alors, que retiendrai-je de ce roman, en dehors de sa structure remarquable ?
D'abord, la démonstration parfaite de l'expression « rat de laboratoire ». Evidemment, parce qu'Algernon est une souris. Mais aussi et surtout parce que Charlie est un cobaye. Humain certes, mais cobaye. D'ailleurs, humain… C'est l'un des premiers enjeux du texte : la reconnaissance de l'humanité de Charlie. Considéré comme trop bête pour être totalement un humain pour autrui, puis trop intelligent pour en être encore un. Il est une « créature », le monstre de Frankenstein/Nemur. Plusieurs fois il est d'ailleurs fait référence à ce roman. D'ailleurs, le personnage le reconnait plusieurs fois et s'en plaint : il n'est jamais vu comme un humain à part entière, jamais.
D'autre part, j'ai aimé la réflexion autour de l'intelligence. Qu'est-ce qui fait l'intelligence ? le QI ? le roman établit le postulat que non. Charlie acquiert une culture, une facilité de compréhension, d'apprentissage, une rapidité de réflexion. Mais il perd énormément en empathie, en sagesse. Comme si, plus on évoluait intellectuellement, plus on régressait sur le plan social et effectif. A ce titre, le retard de son évolution émotionnelle et sexuelle est très intéressant (même si traité de manière trop romanesque).
Par ailleurs, le roman aborde, plus que la nouvelle d'ailleurs, les expériences génétiques effectuées sur Charlie. C'est intéressant de comprendre, même si ce n'est pas non plus l'enjeu principal du texte. L'auteur ayant fait des études de psycho et de psychanalyse, l'exploration de la psyché de Charlie est vraiment au coeur du roman. Et c'est à la fois passionnant et très bien construit, avec un gros souci de réalisme, notamment dans les échanges avec son psy.
On a un bonhomme qui devient artificiellement intelligent et qui régresse. Comment le vit-il ? Comment perçoit-il les choses ? Les réapprend-il ? Comment renoue-t-il avec son passé ? L'impact physique de ces bouleversements est également remarquablement traité. On sent ici que l'auteur sait de quoi il parle et que toutes ces questions le passionnent. Son essai autobiographique revient d'ailleurs sur cette idée de l'amélioration artificielle de l'intelligence qui l'a passionné toute sa vie.
Enfin, évidemment, le roman est très critique sur le regard porté par la société sur le handicap. Tant par autrui que par les institutions en place. Glaçant de constater que Charlie intelligent rit de son lui passé, et de situations similaires vécues par d'autres personnages… avant de se rendre compte de quoi et de qui il se moque.
L'intelligence corrompt-elle l'âme, définitivement… ?
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/d..
Commenter  J’apprécie          220
Voilà un livre dont j'entends parler depuis 20 ans et systématiquement de manière positive. Je dois dire que si j'étais passé devant dans un rayon je ne l'aurais probablement pas acheté, le titre ne me disant rien ( j'aurais eu tort ).
Je précise que j'ai acheté l'édition augmentée ce qui fait que j'ai eu deux livres à lire et que les 2 étaient excellents.

Des fleurs pour Algernon présente un arriéré mental qui devient un génie puis retombe dans l'autre sens ( c'est ce qui est plus ou moins dis en 4ème de couverture de mon édition donc ça spoile ). le pitch de base est intéressant et c'est ce qui place le livre en SF mais honnêtement ce n'est pas vraiment le propos. L'aspect SF n'est pas vraiment abordé. Il s'agit avant tout d'un livre sur l'humain. Les relations entre les personnages et la façon de narrer les changements de Charly sont parfait. J'ai vraiment été surpris par la justesse du propos. Il n'est pas facile de se glisser dans la peau de quelqu'un déficient mentalement mais encore moins d'expliquer son rapport au reste du monde mais l'auteur y arrive.
Le livre en lui même n'est pas joyeux. Tout le long de l'histoire Charly est seul mais son changement va lui montrer à quel point il est seul et c'est terrible. le final n'est pas plus joyeux mais montrer un aspect de l'humanité surprenant. Alors que Charly plonge dans l'abetissement son entourage redevient bon avec lui.
Il y a plusieurs morales à tirer de cette histoire même si je ne suis pas sur que l'auteur ait cherché à les mettre en avant. Toujours est il que c'est un récit parfaitement mené avec des personnages qui agissent de manière réaliste, je n'ai vraiment rien à redire là dessus.

La deuxième histoire est surprenante également puisqu'il s'agit d'une autobiographie de l'auteur. Celui ci raconte la genèse du roman en s'appuyant sur sa vie. C'est la première fois que je vois un auteur disséquer honnêtement une histoire qu'il a écrit. Stephen King a expliqué dans ses mémoires comment lui étaient venu certaines idées mais ici tout est expliqué jusqu'à l'épisode de la vie de l'auteur qui a mené à une idée.
De manière surprenante l'auteur ne cherche pas à masquer ses erreurs ni à justifier tout ses choix. Il raconte juste comment s'est construit ce roman. le moins que l'on puisse dire est qu'il aura mené une vie à rebondissement. de ses petits boulots étant enfant à son embauche dans la marine puis son retour aux tentatives d'écritures, l'auteur n'aura cesser de cherche sa voie.

Au final, deux histoires excellentes pour le prix d'une. La nouvelle qui vient en fin de roman montre l'histoire avant son développement ( et elle a été étoffée d'une bonne manière ) mais a moins d'intérêt à mon sens.
Un livre à recommander les yeux fermés !
Commenter  J’apprécie          222
Ce livre, me laisse une impression étrange.

Au début, je le voyais comme un livre qui me ferait me rendre compte de réalités sociales, sur la perception de l'intelligence, quel que soit son degré. de ce qu'était l'intelligence, et ce qu'elle changeait en l'Humain.

J'ai oublié, en l'entamant, qu'elle parlait avant tout d'un humain. Charlie Gordon. le même, qui m'a tant attendri dans ses débuts, puis qui m'a impressionné, autant que questionné, alors que je lui trouvais quelque chose d'indescriptible, de magnifique, et qu'il ne cessait de s'élever, si rapidement, si maladroitement...jusqu'à l'apothéose, pour le dire en peu de mots.

Un parcours qui nous a révélé à lui et moi, des failles immortelles chez l'humain, qui ne cessent de se dévoiler, peu importe comment était la personne en face d'eux, et non qui. Si notre comportement change, notre âme est immuable.

Plusieurs fois, mon coeur a souffert à sa lecture que ce soit à cause de qu'il a subi, de ce qu'il subi, ou même sa famille...il m'a laissé morose, rembruni. Car constater qui est l'Humain, n'est pas aussi beau que de se contenter de son illusion.

Honnêtement, je redoutais la chute. le moment où Charlie commencerait a décliner...cela a été si vif, si bref je l'ai vu dans ses mots, ses réflexions, ses oublis, ses manières...toute la souffrance de redevenir celui qu'il a été. de ne plus être un être dissocié, déchiré entre ce qu'il est devenu et ce qu'il est fondamentalement.

J'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux, et mon coeur est en berne, au moins, pour un petit moment.

Merci pour ces leçons, merci de m'avoir appris ce que les gens normaux ont oublié. L'humanité.
Commenter  J’apprécie          252
Après en avoir entendu à multiples reprises par le chéri, j'ai testé « son coup de coeur monumental »...
Charlie est attardé mentalement. Il est adulte mais a les capacités mentales d'un enfant. Sa vie va changer, (tout comme celle d'une souris) lorsqu'il va subir, (ainsi qu'une souris), une opération qui va multiplier leurs Q.I...
Les premières pages sont un peu difficiles à lire puisque c'est le narrateur Charlie qui écrit. Donc il me fallait lire lentement. Puis on s'habitue vite et surtout Charlie voit ses capacités évoluer rapidement. Ce roman me faisait peur car la SF n'est pas forcément mon genre de prédilection. Mais en fait, le qualifier de roman SF est un peu réducteur. C'est bien plus que ça...
Vous imaginez bien, j'ai aimé. Très touchée par Charlie, ses sentiments et pensées m'ont bouleversée !!!!
Je ne peux que le conseiller à mon tour 😉
Commenter  J’apprécie          40
La narration sous forme de journal est perturbante au départ, surtout à cause de l'orthographe très approximative du héros, Charlie, qui a un déficit mental. Finalement, cela permet de voir l'évolution de ses pensées, de son caractère et de sa personnalité tout au long du récit...Quant au roman, il s'agit d'un classique que je conseille vivement et malgré son âge, le récit fait réfléchir sur beaucoup de sujets : tels que la place des personnes handicapés mentaux dans la société, de la recherche scientifique, mais aussi surtout de la lucidité que la personne peut avoir de la déchéance de son esprit (chose que l'on peut rapprocher à des maladies sur la sénilité et la démence comme Alzheimer).
Lien : https://www.babelio.com/ajou..
Commenter  J’apprécie          00
Tout d'abord, je tiens à remercier domm33 (une nouvelle fois un grand MERCI Dominique😊) pour avoir nommée "des fleurs pour Algernon" dans sa critique de la ligne verte de Stephen King. Cela a attisé ma curiosité et c'est une belle découverte.

J'ai lu l'édition augmentée comportant le roman, l'autobiographie de l'auteur et la nouvelle originale.

Concernant le roman, j'ai adoré. le principe qu'il soit raconté comme un journal par le personnage principal Charlie est une idée brillante. Cette histoire ne laisse pas indifférent. Je suis passé par toutes sortes d'émotions dont principalement de l'empathie.

L'autobiographie de Daniel Keyes, au début, nous raconte son enfance avec son profond désir de devenir écrivain. La seconde partie concerne les difficultés qu'il à rencontré pour réussir son oeuvre majeur. C'est captivant à lire et je ne peux dire que bravo pour sa persévérance.

Enfin, la nouvelle est tout aussi agréable à lire. Cela permet de réaliser le travail accompli par l'auteur afin l'augmenter la complexité de l'intrigue du roman.

Je tiens à faire une petite parenthèse pour toutes et tous vous remercier les Babeliophiles. Grâce à vous et aux échanges dans les critiques, j'ai découvert de belles lectures. 1000 MERCI ❤️❤️❤️
Commenter  J’apprécie          387
Livre qui m'a bouleversé, m'a fait réfléchir sur le regard que nous portons sur les autres, les jugements parfois hatifs, sans aller au fond des choses.
Ce petit Charlie Gordon, soit disant simple d'esprit mais avec tellement d'amour, de compréhension des autres, de jovialité, nous prends au coeur.
Ne pas oublier sa charmante "copine" la souris qu'il nomme Alcernon, mais impossible d'aller au-delà sans divulguer l'histoire dans laquelle il me fut difficile d'entrer et qu'ensuite je n'ai pu quitter.
Pour moi un petit chef d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          142
une oeuvre majeure que ce roman. Charlie Gordon, jeune homme mentalement attardé, est choisi par des scientifiques pour une expérience destinée à augmenter son intelligence. L'expérience est une parfaite réussite et Charlie devient un génie. Un seul problème: plus clairvoyant, Charlie devient peu à peu cynique et désabusé, d'autant plus qu'il mène ses propres recherches sur l'expérience qu'il a subie et finit par s'apercevoir que son intelligence est vouée à disparaitre.
Le roman pose une multitude de questions à propos des liens entre science et éthique. Il interroge également la relation entre intelligence et bonté.
Commenter  J’apprécie          170
Au delà d'Algernon (la souris devenue super-souris), le problème du regard de la société sur ses voisins.
Est-on capable de garder le même regard quand un "simple d'esprit" devient unn génie.
Charlie devenant brillant, perd ses amis (ou décris comme tel), pour se voir reconnaître son génie.
Quand Algernon commence à perdre ce qu'elle avait acquis, ce n'est plus qu'une question de temps.
Pour Charlie commence une descente aux enfers, la perte progressive, consciente, de cette déchéance.
Immensément humain - dans sa fiction - une réflexion sur ce qui fait l'homme (ou le détruit), une interrogation sur le bonheur de ne pas être trop intelligent… au risque de ne pouvoir être aimé.
Lien : https://www.babelio.com/ajou..
Commenter  J’apprécie          10
Une récente lecture de « Sidérations » de Richard Powers m'a remis en mémoire un livre ancien qui avait abordé le sujet de transformation de l'intelligence du héros et de l'exploration de l'identité.
Ce livre c'est "Fleurs pour Algernon", écrit il y a près de soixante ans par Daniel Keyes. Une oeuvre que je trouve émotionnellement puissante et profonde et qui m'avait marqué avec sans doute les images du film de 2013. Je l'ai relu.

En quelques mots, Charlie Gordon, un homme atteint de retard mental qui travaille dans une boulangerie, est sélectionné pour une expérience scientifique innovante, visant à augmenter son intelligence. Algernon, une souris de laboratoire, a déjà subi avec succès la même procédure expérimentale.
Au fur et à mesure que son intelligence progresse, Charlie enregistre ses pensées et ses expériences dans des journaux intimes.
Ce sont ces journaux que les lecteurs découvrent pas à pas, en suivant l'évolution du héros et son cheminement dans ses questions existentielles, ses luttes.
Cette intimité avec le personnage fait que l'on finit par s'attacher à lui.

Sa transformation est alors spectaculaire : d'humble individu marginalisé, il accède à un statut de génie. Mais l'intelligence ne va pas lui garantir le bonheur. Et de son côté, Algernon, la souris, montre des signes de régression….
On ne peut pas rester insensible à ce roman, à cette découverte de soi qui incite à réfléchir aux questions éthiques liées à l'amélioration cognitive. Notre époque avec les déclarations intempestives sur l'augmentation de fonctions sur les virus sagement stockés et multipliés en laboratoire en prend-elle la mesure ?
C'est un sujet brûlant d'actualité avec le transhumanisme en vogue dans la vallée siliconée !
Commenter  J’apprécie          223




Lecteurs (18443) Voir plus



Quiz Voir plus

Des fleurs pour Algernon de Léa

Qui est le personnage principal

Algernon
Dr strauss
Charlie Gordon

20 questions
2332 lecteurs ont répondu
Thème : Des fleurs pour Algernon de Daniel KeyesCréer un quiz sur ce livre

{* *}