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sur 291 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mohammed Moulessehoul, qui adoptera par le suite Yasmina Khardra en tant que nom de plume, nous narre ici son enfance. C'est un bien grand mot car l'enfance est censé être une période d'insouciance et rempli de rêves. Or, l'enfance de Mohammed a été décidée et programmée pour lui par son père. Enrôlé en tant que cadet dans une école militaire, il n'a eu qu'à se plier aux exigences paternelles. Lui qui était rempli d'espoirs, celui de devenir écrivain s'est vu décrié par ce père le comprenait pas et par ses professeurs qui l'accusaient de vouloir se sortir du moule dans lequel on l'avait obligé à se fondre. Heureusement, pour lui, les autres cadets sont devenus pour lui comme une seconde famille, celle que l'on se choisit, qui est toujours soudée et solidaire.

Un roman avec des passages assez éprouvants car remplis d'injustice, dans un pays où on n'a pas toujours le choix et pour sauver l'honneur de sa famille, il faut savoir faire d'énormes concessions, parfois pour son plus grand malheur mais très enrichissant. Une écriture fluide et limpide que j'ai néanmoins trouvé un peu trop lourde dans les dernières pages. C'est dommage. A découvrir !
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Une vie coupée, et les ciseaux comme béquilles
OU
Les canaris ne chantent qu'en cage .

Ceci est une autobiographie très partielle : nous suivons l'auteur de l'âge de neuf à dix-huit ans. Yasmina raconte comment, pendant cette période, il est devenu écrivain: comment écrire a été son salut.

Le père de Khadra était orphelin de mère et membre d'une fratrie aussi nombreuse que pauvre. A douze ans, il travaillait à la mine, pour récolter quelques sous et ainsi acheter un peu de reconnaissance... Rien à faire, les temps sont trop durs, les coeurs aussi : " si la cupidité durcit le coeur, la famine le fossilise". La guerre d'indépendance en fait un combattant, doué, puisqu'il devient officier, sans autre formation que le combat lui-même. Après-guerre, cet homme cherchera auprès des femmes la mère qu'il n'a jamais eu. Et bien que l'Islam lui en autorise jusqu'à quatre simultanément, et qu'il ne se prive pas de répudier celles qui le décoivent, jamais il ne trouvera celle qui sache résoudre ce puzzle infernal : un homme adulte, un officier aguérri, mais aussi un enfant orphelin : comment l'aimer ?

Est c'est ainsi que la mère de Yasmina - la première femme de son père - est repudiée, et se retrouve dans un taudis avec ses trois enfants. Sans formation et sans profession, dépendante d'une maigre pension alimentaire payée irrégulièrement par l'ex. L'année d'avant, Yasmina avait déjà été éjecté vers une école militaire, où les gosses sont transformés en automates à coup de gourdin et d'humiliations. Très vite ses deux frères, encore plus jeunes que lui, le rejoindront. Au moins auront ils le toit et trois repas par jour. Une école où, par ailleurs, personne ne les visite, le dimanche, au parloir. Quand, après plusieurs mois, le père passe par là, c'est pour constater qu'il "est en de bonnes mains",puis, aller boire le thé avec un collègue officier, avant de poursuivre son chemin. Là, Yasmine s'est senti perdu : pas de père, plus de père, plus personne sur qui compter, plus de repères. Et c'est là qu'il a commencé à lire, et à noircir des cahiers. Pour ne pas couler à pic.

Bien que ce lycée militaire soit une école-prison, le niveau est bon, excellent même. le taux de réussite au Bac y est le plus élevé de toute l'Algérie. L'étude et le sport sont les deux seules activités possibles, et ceci explique cela. Yasmina est bon élève ( sauf en sciences) et devient un virtuose du verbe. Au point que sa prof. de français ne veut plus lire ses dissertations, illisibles sans allers-retours incessants entre copie et dictionnaire. Désormais elle ne le lira plus, et lui collera d'office un treize sur vingt, alors qu'il est habitué à bien plus. Un écrivain doit savoir rester lisible, la complexité seule n'est pas évidence de talent... Heureusement des amis l'aideront à se ratrapper. C'est qu'il voulait éblouir, triompher, transcender.

Bon an mal an - en fait ils sont tous mauvais - le temps passe quand même, et Yasmina, quant à lui, passe son Bac. Vient alors le moment des grandes décisions. le fil de sa vie a été tranché à l'age de neuf ans,quand il est passé en une journée de l'innocence enfantine à la prison pour orphelins militaires . Ce qui lui a permis de rester debout, ce sont la colère, la rage d'avoir été ainsi abandonné, et l'ivresse des lettres. Les deux béquilles gràce auxquelles il marche, s'appuyant d'abord sur l'une, puis sur l'autre. Doit-il faire candidature à l'académie militaire et rejoindre cette armée qui l' a tant fait souffrir, mais qui a quand même été sa bouée de sauvetage? Doit-il devenir écrivain ( oui !) mais comment être écrivain dans une institution totalitaire comme l'est l'armée ? Comment, enfin, pourrait-il devenir écrivain sans s'appuyer sur cette même institution qui lui assure le gîte et le couvert ? L'armée et l'écriture, une autre paire de béquilles, ou la même, et à nouveau la menace de séparation, d'exclusion ...La vie de Yasmina est tissée de ces tensions, de ces contradictions qui se subliment.

Après avoir lu Les Hirondelles de Kabul, je me suis demandé comment un ancien officier du Renseignement Militaire avait pu écrire cela. Voici donc la réponse...Voici aussi un exemple des tensions qui habitent une vie, et qui peuvent d'ailleurs dépasser le cadre d'une seule génération. J'en reviens à la question que je m'étais posée en écrivant mon profil : "qu'est-ce que l'homme?". Et bien, pour commencer, chacun de nous est au moins autant le produit de ceux qui l'ont précédé, et de ceux qui l'environnent, que de sa propre volonté... C'est déjà un début de réponse.

Un bon livre, écrit par un homme qui mérite sympathie, respect et bien des lecteurs. Mais ce n'est ni Balzac ni Zweig. Il y a encore trop de spécificité pour réellement atteindre à l'universel, et La Pléiade.









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Une enfance algérienne.
Avant de lire Yasmina Khadra, lisez cet ouvrage... pour mieux comprendre sa «infatuation», son tempérament difficile (il assume)mais aussi son humanité et son humanisme et... ses «déchirements» internes, tous expliqués.
Adoré de son père (un officier de l'armé nationale populaire algérienne ) et l'adorant, ayant une enfance presque heureuse à Oran, au sein d'une famille heureuse bien que pas très unie (le père est un coureur de jupons), il est «jeté» dans une des premières écoles des cadets de la Révolution, celle de Tlemcen (avec pour commandant de l'école le capitaine Abbas Ghezaiel). Une école où les gamins (, fils de militaires ou de très proches de militaires) sont, au nom de la Révolution, élevés «à la dure» au rythme d'une véritable caserne, au départ avec des moyens comptés («Une vie insipide, plus proche de l'élevage que de l'éducation; l'apprentissage par excellence du renoncement» ). Les rapports avec le père se distendent, d'autant qu'il ne cache plus ses (re) mariages.

Après Tlemcen, et après la réussite à l'examen de sixième, c'est le départ pour l'école de Koléa («Matricule 129»)... qui prépare au bac et à la carrière d'officier. Ce qui restait de bons rapports avec le père s'envole (tout en préservant le minimum de respect dû au géniteur...et à la hiérarchie... Heureusement, il y a les copains des écoles (il y a, d'ailleurs, aujourd'hui encore chez les anciens, un véritable esprit «cadets de la Révolution», à l'image des énarques à un autre niveau). Heureusement, il y des enseignants (Algériens et/ou étrangers) compréhensifs et formateurs, sachant découvrir les intelligences et éveiller les esprits... à autre chose que la discipline militaire. Grâce à eux (amis, comme Ghalmi, et enseignants comme Mme Jarosz) et à la lecture des classiques de la littérature universelle et nationale (ce qui était disponible !) le sens littéraire du jeune Mohammed, «l'émotif, l'écorché vif, immédiatement interpellé par les sujets tristes») va exploser («premier texte en prose récompensé en 1966»)... ce qui ne plaît pas tant à certains «supérieurs» trouvant toujours «anguille sous roche» chez celui qui pense, allant parfois jusqu'à réprimer sévèrement et injustement.

Heureusement, il a rencontré (quel hasard ?)... à la caserne, Slimane Benaïssa qui montrait une pièce avec et pour les militaires... et, devinez, le défunt Houari Boumediene président de la république algérienne 1965-1978 (quel hasard ?), en visite anonyme à Koléa. Il l'avait encouragé à continuer à écrire («Un poète parmi nous, n'Est-ce pas merveilleux ?»)... . Après la réussite au bac... Après... une toute autre histoire.
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Yasmina Khadra ( Mohammed Moulessehoul de son vrai nom) raconte son enfance de ses 9 ans à ses 17 ans. Tout de suite, on est dans le vif du sujet : le petit garçon est emmené avec son cousin dans une école militaire. L'action se passe en 1964, l'Algérie est indépendante depuis seulement deux ans. Dans cette École, nombreux sont les enfants qui ont perdu leur parents pendant la guerre. Mohamed, lui, n'est pas orphelin : il a un père (militaire) , une mère et de nombreux frères et soeurs. C'est une famille relativement aisée.
Alors pourquoi le père l'emmène t il dans ce pensionnat ? Les enfants y sont élevés à la dure, les moniteurs n'ont aucune empathie : c'est une ronde infernale entre dortoir, réfectoire, punitions, exercices, discipline...
Mohammed ne comprend pas (personne ne lui a expliqué) .
Après deux ans (et de très brefs retours chez lui) il change d'école et part dans un collège (toujours militaire) à Blida à plusieurs heures de train de la maison de ses parents. L'enseignement y est à priori de qualité mais pourquoi éloigner ainsi leur fils ?
Pas de communication entre le père et le fils ; pas beaucoup plus entre la mère et le fils non plus... autres générations...
J'ai aimé ce regard d'enfant qui ne juge pas les adultes (il s'occupe juste de survivre et de s'adapter) et la séparation de ses parents (l'abandon de son père pour être plus exacte). Adolescent il tente de commencer une carrière d'écrivain (d'où le titre du livre) en rédigeant nouvelles et pièces de théâtre.
Dans la dictature de Boumédiène, pas facile d'être un cadet dans une école militaire et écrire ... les poètes font d'excellents boucs émissaires en cas de mutinerie...
En conclusion : Un récit autobiographique dans lequel je me suis immergée (sans tout comprendre cependant par manque de références sur l'histoire algérienne)
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Je ne suis vraiment pas amatrice de biographies, et encore moins d'autobiographies. Et cependant, j'ai lu rapidement et avec plaisir l'histoire de l'enfance de Yasmina Khadra.
Le style peut paraître emphatique, l'auteur parfois enjoliveur. Mais j'aime la poésie qui s'en dégage, les réflexions qui sont mêlées au récit et à la fin, toujours, le pardon.
Je continue d'apprécier la plume, au vocabulaire choisi, de cet auteur.
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Yasmina Khadra, en réalité Mohammed Moulessehoul, nous raconte son enfance en Algérie.
Un père aimant mais dur, qui envoie son fils se faire élever par des militaires comme un orphelin. La dureté d'un apprentissage sans amour, d'un père qui prend ses distances, pensant développer l'homme que devient son fils.
Une mère faible et dépendante et enfin la révolte, le refus de rentrer dans les rangs, la déception et surtout la passion. La passion de l'écriture, qu'il poursuivra malgré de nombreux obstacles.
C'est beau et cela permet de mieux comprendre la sensibilité et la force de cet écrivain malmené qui a su "devenir grand".
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Mohammed, un jeune garçon algérien, se voit obligé d'intégrer une école militaire, sous ordre de son père, un officier qui lui prévoit la même carrière professionnelle. Cloisonné dans un lieu qui ne lui correspond en rien, Mohammed va se réfugier dans les livres et s'y découvrir une passion pour la littérature. Dès lors, il passera son temps à composer des vers, pièces de théâtre, nouvelles… S'il trouvera le soutien de quelques-uns de ses camarades, le contenu de ses textes, en revanche, ne plaira pas au milieu militaire. Comment allier ces deux univers si différents ? Est-ce seulement possible ?

C'est avec une plume riche et délicate que Yasmina Khadra nous conte sa propre jeunesse, ainsi que les débuts de sa passion qui deviendra, trente ans plus tard, sa profession. Criant de vérité, ce roman témoigne de la violence à laquelle l'écrivain a dû faire face alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Yasmina Khadra nous apparaît ici comme une personne courageuse qui n'a jamais perdu de vue le rêve qui l'animait, qui a résisté aux obstacles qui lui barraient la route, et n'a pas reculé devant les critiques qu'autrui prononçait de ses écrits.

Ne jamais abandonner. Suivre sa voie. Tout travail finit un jour payer, le succès de l'écrivain en est aujourd'hui la preuve.
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un roman magnifique dans lequel l'auteur revient sur son enfance confisquée et sa jeunesse compromise!!
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Mohamed est un enfant normal, insouciant, adulant son père ... jusqu'au jour où ce dernier le fait engager à l'école militaire des cadets, sans préavis.
Pour se débarrasser de lui, de sa femme, de ses frères et soeurs? Pourquoi? Pour une autre femme?
Certes, il va pouvoir bénéficier d'une excellente éducation, mais son monde s'écroule ... Veut-il devenir officier? Non, sa vocation, se sont les lettres, les mots, l'écriture ... pas la discipline, les ordres et la guerre.
Ce roman nous plonge dans la jeunesse et génèse de l'Ecrivain qu'il est devenu ... une belle autobiographie.

Comme toujours avec Yasmina Khadra (pseudo emprunté à sa femme), c'est bien écrit, poétique, riche en vocabulaire !
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L'auteur nous raconte son enfance en Algérie, ou comment un enfant doit se plier aux exigences du père (qui a choisi l'armée pour son fils) alors qu'il est amoureux des mots et de l'écriture.
Un excellent livre que je recommande.
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