Je me sens patraque, halluciné, dévitalisé.
Ne suis qu’un énorme chagrin recroquevillé sous une chape de plomb, incapable de dire si j’ai conscience du malheur qui me frappe ou bien s’il m’a déjà anéanti.
Je veux comprendre comment la femme de ma vie m'a exclu de la sienne, comment celle que j'aimais comme un fou a été plus sensible au prêche des autres plutôt qu'à mes poèmes. [...]
Le matin, à l'heure où la nuit retrousse ses ourlets sur les premiers attouchements du jour, je suis debout.
Trop de coïncidences nuisent au hasard.
"Pourquoi es-tu triste, mon amour? " lui avais -je demandé. "Je n'aime pas te laisser seul, mon chéri", m'avait-elle répondu. " Trois jours, ce n'est pas bien long", lui avais-je dit. " Pour moi, c'est une éternité", m'avait-elle avoué. C'était ça, son message; le signe que je n'ai su saisir. Mais comment soupçonner l'abîme derrière l'éclat de ses yeux, comment deviner l'adieu derrière tant de générosité puisque cette nuit là elle s'était donnée à moi comme jamais auparavant?
On peut tout te prendre; tes biens, tes plus belles années, l'ensemble de tes joies, et l'ensemble de tes mérites, jusqu'à ta dernière chemise, il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué.
On ne peut pas arroser d'une main la fleur qu'on cueille de l'autre; on ne rend pas sa grâce à la rose que l'on met dans un bocal, on la dénature; on croit en embellir son salon, en réalité, on ne fait que défigurer son jardin ...
Entre tendre l'autre joue et rendre les coups, j'ai choisi de soulager les patients (p. 175).
... Et rappelle-toi ceci: il n'y a rien, absolument rien au-dessus de ta vie...Et ta vie n'est pas au-dessus de celle des autres".
Le bonheur n'est pas la récompense de la vertu. C'est la vertu elle-même.
Mets-toi à ma place, Kim. Il n'y a pas que le geste de Sihem. Il y a moi aussi. Si ma femme s'est donné la mort, c'est la preuve que je n'ai pas su lui faire préférer la viee. Je dois certainement avoir une part de responsabilité.