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sur 632 notes
Yasmina Khadra a une plume délectable, il me le prouve à nouveau dans son titre "Les anges meurent de nos blessures", et dont on ne comprend le sens qu'à la toute fin (ou presque). Il est de ces auteurs vers qui je reviens régulièrement, parce que son style me charme à chaque fois.

Yasmina Khadra aime à nous parler de son pays natal, à des époques différentes. Cette fois-ci, c'est dans l'Algérie française des années 1920 et 1930 qu'il a campé son personnage. Turambo qu'il s'appelle, et au moment où débute le livre, il a 27 ans, est en prison et attend qu'on vienne le chercher... Il a rendez-vous, pour un ultime combat, avec Dame Guillotine...

Dans le couloir de la mort, l'attente est longue et Turambo peine à faire remonter les souvenirs. Mais alors qu'on le pousse vers son dernier adversaire et qu'il lui fait désormais face, qu'il réalise qu'il vit ses derniers instants tellement le combat sera inégal, « les flashes fulminent dans [sa] tête »... Son village natal qui disparaît dans un éboulement de terrain, avec son père... La vie miséreuse à Graba... Son rêve qui s'écroule à Sidi Bel Abbes... Son arrivée à Oran... Son direct du gauche qui le fait sortir de la précarité... le ring, les victoires, les trophées... Les femmes aussi : Nora, Louise, Aïda, Irène... Et puis le drame, la chute...

Turambo n'a que 11 ans quand débute son histoire, que l'on va suivre sur une quinzaine d'années. L'auteur nous laisse donc le temps de bien le connaître, ce "bougnoule" du ghetto, qui décoche son gauche plus vite que son ombre mais avec la tête plein de rêves et le coeur tendre. Est-ce que je m'y suis attachée à ce jeune homme qui prend et donne les coups pour manger et non par passion ? Est-ce que je m'y suis attachée à ce jeune homme qui tombe amoureux sur un simple regard ? Est-ce que je m'y suis attachée à ce jeune homme qui fonctionne à l'affectif dans un monde de requins – et dont on comprend, grâce au prologue, que ça ne lui portera pas chance... ? À votre avis ?

Encore une fois, je ressors charmée et chamboulée grâce à Yasmina Khadra, qui écrit merveilleusement bien, qui sait trouver les mots justes pour nous percuter et nous faire frémir. Tout est si bien dépeint : la psychologie de son personnage principal, ses ressentis et ses réactions, le contexte historique, les croyances, traditions, mentalités et préjugés de l'époque, tout ce qui a trait au monde de la boxe également (les matches, les entraînements, les enjeux, les séquelles, etc).

J'y étais, dans cette Algérie de l'entre-deux-guerres. J'étais là, avec Turambo, tout au long des événements qui ont scellé son destin. Impuissante que j'étais, je n'ai pu que le comprendre, compatir et ressentir ses propres émotions. L'auteur a su me faire partager les espoirs et les rêves de Turambo, son amertume et ses désillusions, ses sentiments amoureux et ses déceptions, son euphorie face à la victoire. J'ai vécu avec lui la misère, la faim et le racisme, j'ai traîné avec lui dans les rues d'Oran, je me suis pris de sacrés coups sur le ring et ai eu la satisfaction de pouvoir les rendre, j'ai eu le coeur brisé à plusieurs reprises, j'ai goûté à la gloire. Et j'ai vu le danger se profiler bien avant lui...

J'ai adoré ce roman où tout y est approfondi, où l'on ne fait plus qu'un avec le personnage, où l'on voit tout comme si on y était. Un roman qui raconte le destin tragique d'un homme intègre et perméable, que l'on prend en affection dès le début, alors même que l'on ne connaît encore rien de lui (si ce n'est qu'il est condamné à mort...) et que l'on peine à quitter à la toute dernière page... Un roman poignant et réaliste, tristement beau, intense, d'un auteur à la plume envoûtante, poétique, sensible et profondément humaine.
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Il se faisait appeler Turombo, du nom de village misérable où il était né, dans l'Algérie des années 1920. Il avait pour lui sa candeur désarmante et un direct du gauche foudroyant. Il fréquenta le monde des Occidentaux, connut le gloire, l'argent et la fièvre des rings, pourtant aucun trophée en faisait frémir son âme mieux que le regard d'une femme. de Nora à Louise, d'Aïda à Irène, il cherchait un sens à sa vie. Mais dans un monde où la cupidité et le prestige régnant en maîtres absolus , l'amour se met parfois en grand danger.
''Un roman à la fois incisif et débordante de tendresse''
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Les anges meurent de nos blessures/Yasmina Khadra
On l'appelle Turambo : c'est en fait le nom phonétiquement déformé d'un douar misérable sis dans le bled de la région oranaise : Arthur Rimbaud. C'est lui-même qui va nous conter son histoire, sa vie.
L'entame de ce roman nous plonge immédiatement dans son contexte dramatique, mais on ne sait pas pourquoi. C'est tout l'art de Y. Khadra de nous conter une histoire extraordinaire en commençant par la fin ou presque, pour nous tenir en haleine en contant cette vie d'un être candide et naïf, aux prises avec un monde dur, celui de la colonisation, impitoyable pour lui l'Arabe pauvre qui peu à peu découvre le monde de la ville.
Nous sommes dans les années 20, puis 30 et Turambo qui ne sait ni lire ni écrire va tout tenter pour s'en sortir, lui le garçon au grand coeur : relire le passage où il revoit à Oran Pedro le Gitan, un moment de grande émotion.
Son gauche foudroyant va conduire Turambo à la boxe avec son cortège de sacrifices, de gloire, d'argent et de femmes. Il va devoir faire face à des ogres avides, cupides qui le traitent comme un esclave et au racisme omniprésent.
Tout au long de ces pages on va assister à la quête d'un sens à sa vie que mène ce jeune homme qui tente de rester fidèle à la tradition de ses ancêtres, avec cette peur au ventre inhérente à la condition d'indigène forgée dans l'épreuve de force et la culpabilité chimérique.
L'intensité dramatique du récit va crescendo jusqu'au dénouement haletant.
Ce roman dépeint avec un grand talent la société algérienne, maghrébine et européenne de cette époque entre deux guerres : les Araberbères (néologisme de l'auteur) côtoient les Juifs, les Gitans, les Espagnols, les Français (Roumis) avec des hauts et des bas, mais le plus souvent sont traités comme des sous-hommes.
Des hommes, mais aussi des fragrances, des bruits, des cris et des chants : une fresque magnifique évoquant les bazars et les souks. Et l'amour en plus.
Un très beau livre écrit avec finesse dans un style parfait et d'une grande sensibilité.
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Une évocation intéressante de cette période coloniale mais je suis restée très gênée du début à la fin par l'écriture recherchée voir sophistiquée de l'auteur et les mots choisis qu'il met dans la bouche de son héros.
À aucun moment on ne peut imaginer ce jeune garçon inculte parler ainsi.
Ce manque de réalisme rend la lecture peu crédible.
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On ne présente plus l'algérien Yasmina Khadra, le pseudo "féminin" que l'auteur Mohammed Moulessehoul avait endossé sous la censure militaire.
Avec "Les anges meurent de nos blessures", il nous livre une très belle histoire racontée d'une très belle plume.
Une histoire qui nous plonge dans l'Algérie encore coloniale des années 30 pour y suivre le parcours de Turambo, un pauvre gosse des quartiers pauvres qui deviendra un champion de boxe au foudroyant direct du gauche, un champion adulé de tous (et toutes). Mais chacun sait (sauf Turambo) que la gloire est éphémère et que l'on se brûle vite les ailes à s'approcher trop près des feux de la rampe, fussent-ils ceux du ring.
Le bouquin ne laisse d'ailleurs aucun doute qui s'ouvre sur l'échafaud auquel va être mené Turambo : la fin est annoncée, le lecteur est prévenu.
❤ le parcours de Turambo, la misère, l'ascension, la chute, composent une belle histoire (mais inscrite dans L Histoirealgérienne, on est quand même chez Khadra !) avec quelques belles pages sur la boxe (mais qui ne dérangeront pas les allergiques) et de belles romances amoureuses (mais qui finissent mal en général, ça aussi chacun sait).
La plume de Khadra est fluide, élégante et agréable. le bouquin reste un peu long (l'histoire aurait gagné à être plus ramassée même si on comprend l'enthousiasme de l'auteur à nous faire partager son pays) et quelques effets de style un peu ronflants auraient pu être évités, mais ce ne sont là que défauts mineurs .
Pour celles et ceux qui aiment les boxeurs.
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[COUP DE COeUR]

Il y avait longtemps que je n'avais pas ressenti une telle émotion pour un livre. Depuis, il me semble, « Mort sur le Nil » d'Agatha Christie. Ce qui remonte déjà à la fin juin, soit 4 mois auparavant. Si j'avais su six mois plus tôt que j'allais dévorer « Les anges meurent de nos blessures », je n'y aurais pas cru. A vrai dire, je pensais sincèrement m'ennuyer dès les premières pages. Ce qui ne fut absolument pas le cas.

Les anges meurent de nos blessures” a laissé une trace indélébile dans mon esprit. Rares sont les livres, pourtant, qui restent longtemps dans mes pensées et qui font revenir des épisodes marquant dans ma mémoire. Lorsque je pense à cette histoire tout m'apparaît distinctement comme si j'avais tourné les dernières pages du bouquin il y a à peine quelques heures.

Ce roman -j'en parle pourtant avec du recul puisque je l'ai terminé il y a de cela cinq mois maintenant- m'a véritablement blessé au coeur. Toutes ces descriptions n'étaient aucunement des fioritures dans le récit, elles avaient le goût du vrai. le goût acide d'un monde véritable, un monde dans lequel nous vivons. Ce livre nous dépeint une réalité sans filtre et dénuée de tout euphémisme. Elle est représentée de façon pure et dure.

J'en ai encore des frissons rien que d'y penser. Ma gorge se noue, mon ventre se serre et mes pensées ressassent sans arrêt la vie de Turambo. Mais surtout, et je ne veux pas me l'avouer, je ne peux m'enlever de la tête le destin tragique d'Irène, dont je tairais les raisons pour ceux qui n'auraient pas lu le livre. J'aimais ce personnage, sincèrement. Son intrépidité, sa répartie, son courage, sa spontanéité et son côté sauvage, sont tant de qualités que j'envie. de plus, elle était des trois amies -si l'on compte Louise, quatre- de Turambo, celle qui l'aimait réellement. Leur amour était beau et vivifiant.

Le personnage de Turambo, quant-à lui, m'apparaissait moins sincère. Il cherchait désespérément à être aimé et cela m'agaçait. de plus, il manquait de maturité et son côté impulsif me déplaisait très souvent. Je trouvais même ses colères idiotes et dénuées de sens. Autrement, le personnage et surtout son histoire, étaient touchants. Néanmoins, Irène est la protagoniste qui a réellement conquis mon coeur. Elle me fait, par ailleurs, beaucoup penser à Kate dans « La Chronique des Bridgerton », qu'en pensez-vous ?
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Yasmina Khadra a une écriture très ciselée et riche de détails !
Ses histoires sont profondément humaines et on devrait les faire lire dans les écoles. Je regrette que celle-ci se situe encore en Algérie, après " Ce que le jour doit à la nuit ". Néanmoins, cela ne m'a pas empêchée de lire cette très longue histoire avec beaucoup d'intérêt.
Au fond, sans y avoir jamais mis les pieds, j'ai l'impression de connaitre l'Algérie, côté pile comme côté face.
Entre richesses et pauvreté..... Ce n'est pas et de loin le meilleur Khadra

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Chaque rentrée littéraire est une sorte de foire au livre géante : les éditeurs sont sur les dents, les auteurs enchaînent les promos qui les épuisent autant qu'ils le font vendre, les libraires composent leurs tables et cherchent à mettre en avant leur perle rare, les lecteurs sont noyés sous une avalanche de critiques, d'interviews et de conseils. Dans ce bazar immense, cette agitation livresque, il faut se laisser guider par un esprit d'aventure et d'audace pour quelques romans seulement, et miser sur ses auteurs fétiches pour s'en sortir. Les bons romans émergeront naturellement dans quelques mois, rien ne presse. En quelques mots, voilà pourquoi Les anges meurent de nos blessures figurait dans ma sélection réduite des romans de la rentrée littéraire.

Dans l'Algérie colonisée des années 20, nous suivons le destin de Turambo, jeune miséreux promis à un destin ordinaire, dans un pays conquis pas ces français qui rappelent non sans plaisir aux jeunes "bougnoules" la place qu'ils entendent leur faire occuper dans la société. Pourtant, dans sa soif d'ascension, rien n'arrêtera Turambo : ni sa peur bleue de la police, ni les coups durs de la vie, ni son oncle Mekki qui le vilipende sur ses choix de vie.

Quand s'offre à lui la possibilité d'une carrière dans la boxe, il saisira l'opportunité de devenir quelqu'un. La tête gonflée d'espoir, il ne se méfiera guère des intentions peu philanthropes de ceux qui cherchent à le porter au sommet. Turambo apprendra à ses dépends que, contrairement à ses combats sur le ring, on sort rarement vainqueur d'un engagement aux côtés des blancs dans l'Algérie d'entre deux guerres.

Yasmina Khadra signe avec ce dernier roman le récit d'une vie et d'une époque ; jamais ennuyeux, historiquement intéressant, sociologiquement passionnant, il raconte l'histoire des enfants de son pays, l'histoire de ces jeunes arabes qui voulaient avoir la même vie que les colons qui profitaient de leurs richesses, quitte à y laisser des plumes. Sans jamais s'adonner à la facilité du misérabilisme, ni chercher à faire larmoyer le lecteur, il nous offre une très belle lecture à tous égards.
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J'ai aimé ce livre car il montre que même les histoires de héros déchus peuvent être contées, ce n'est pas toujours celles qui finissent bien: vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants! Non ici, j'ai presque envie de dire, qu'il s'agit de la vraie vie qui pourtant ne l'est pas, c'est brut, triste, révoltant, rêveur, quelques bribes d'espoir, beaucoup d'amour, des choix difficiles, des erreurs... sa force réside dans cette manière de décrire la vie d'un humain sans artifices, sans jugements. En tant que lectrice, j'ai eu beaucoup d'espoir dans le personnage dont l'enfance a été dure mais je fus déçue par l'adulte qu'il est devenu....
J'ai trouvé le récit long par moment et ne sied pas tout à fait au personnage qui n'a eu aucune instruction bien que l'école de la vie lui ait appris plus d'un trour.
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Il est des livres que, même si l'histoire ne vous passionne pas, vous ne pouvez lâcher jusqu'au dénouement. "Les anges meurent de nos blessures" est de ceux-là !

Cette ascension et cette décadence d'un petit algérien, égaré dans l'impitoyable milieu de la boxe, sont relatées sans rancoeur aucune, ni règlement de comptes à l'encontre du colonialisme, ou presque, et c'est si rare !
Malheureusement, le roman présente, si ce n'est des défauts, tout au moins de nombreuses maladresses.

L'histoire semble être la biographie d'un personnage ayant existé, avec moult détails, qui n'auraient de crédibilité que s'ils avaient réellement existé. Or, ce n'est pas une biographie, et les moults détails deviennent de ce fait inutiles.

Cette sensation est accentuée par l'écriture à la première personne. Et, si le style châtié de Yasmina Khadra est remarquable, ce qui compense largement la pauvreté et l'incrédibilité du scénario, il est totalement inadapté au personnage, illettré, sensé l'utiliser. Pourquoi ne pas avoir écrit l'histoire à la troisième personne, en adaptant les dialogues au niveau intellectuel de chacun des intervenants ?

Le moment du basculement de l'ascension vers la décadence redonne, un trop court instant, de l'intérêt à l'histoire. le dénouement, bâclé et interminable, laisse un goût amer de profonde tristesse, mais aussi d'incrédulité à bien des égards.

Et pourtant, je n'ai jamais eu envie d'abandonner ma lecture ! Allez comprendre...
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