No Logo de
Naomi Klein a été publié pour la première fois en l'an 2000. C'est le premier livre de cette journaliste canadienne spécialisée dans le suivi des mouvements altermondialistes.
Pour les plus jeunes, à l'instar de
Greta Thunberg, qui se demandent ce que faisaient la génération précédente pour la planète, il serait bon de lire ce livre, qui nous parle de la décennie 90, celle qui a suivi la chute du Mur de Berlin (1989) et l'effondrement de l'URSS (1990).
Depuis les années 80, le néo-libéralisme prôné par l'équipe de
Ronald Reagan avait amené le démantèlement de l'industrie aux Etats-Unis : les usines et les emplois partaient vers les pays à bas salaires au Mexique ou en Asie du Sud-Est, alors que les bénéfices des entreprises se multipliaient à coup de publicité ou de sponsoring pour valoriser une marque plutôt qu'un produit.
Zéro espace, la première partie de
No Logo montre comment la marque s'est répandue en colonisant de plus en plus l'espace public : des panneaux publicitaires géants le long des rues et sur le toit plat des immeubles aux terrains de baskets communautaires où même dans les écoles. L'exemple le plus drôle est la mise en place de publicités sur la porte des toilettes dans les écoles et les universités.
Zéro choix se focalise sur la disparition des petits commerces indépendants au profit de franchises de chaînes, allant parfois même à se concurrencer l'une l'autre dans une même ville.
Zéro boulot explique comment la fabrication a été délocalisée vers les pays du
Tiers-Monde où les coûts de la main-d'oeuvre sont faibles et les règlementations en matière de pollution et de respect des lois du travail sont inexistants ou non appliqués. Dans les pays développés, les emplois sont souvent à temps partiel, des stages ou des jobs étudiants, mais rarement adaptés à des parents. Les revendications sur les salaires ou les conditions de travail, ainsi que tentatives de syndicalisation se soldent souvent par des mises à pied ou à la délocalisation du magasin.
Zéro logo, la quatrième partie, explique le mouvement de résistance qui s'est organisé, en utilisant la notoriété des marques contre elles et en sensibilisant l'opinion publique.
La conclusion de l'édition de 2002 parle du 11 septembre 2011 et le fait que la guerre à l'Islam ait détourné la presse des sujets relatifs au consumérisme et aux droits de l'homme dans les pays d'Asie du Sud-Est pour se focaliser sur le Moyen-Orient.
En fait, ce qu'il a manqué au mouvement antimondialiste, c'est une figure populaire telle
Greta Thunberg pour mobiliser et donner un visage humain à ce qui a souvent été considéré comme les mouvements de quelques anarchistes violents.
Challenge Pavés 2022 - item 39 - essai ou non fiction