Troisième et dernier volume d'une trilogie chrétienne,
Antitype peut toutefois se lire indépendamment, fût-ce au détriment d'une chronologie chrétienne d'abord marquée par l'histoire d'Adam et Eve, du Déluge puis du personnage de Saul de Tarse –que l'on connaît mieux sous le nom
De Saint-Paul.
Avec son humour caractéristique,
Ralf König continue à se moquer de tout et à ne rien respecter. Cette dérision n'est pas forcément un signe d'irrévérence. Elle fait soupçonner une volonté de mettre fin à tous les particularismes religieux en les réduisant à un processus que
Schopenhauer n'aurait pas renié : celui de la Volonté. Saul de Tarse devenu Saint-Paul se lance à la conquête du monde polythéiste grec pour les convertir au message religieux chrétien. La confrontation d'une confession austère à la débandade dionysiaque constitue le leitmotiv comique de cet
Antitype. Loin de les amener à reconsidérer leurs croyances sous un nouvel angle, Saint-Paul et les Athéniens se cramponneront encore plus fermement à leur foi. Qu'elle soit chrétienne et démesurément farouche ou qu'elle soit grecque et entièrement dévolue au priapisme,
Ralf König ne leur épargne pas le ridicule. le sommet est atteint lorsque Saint-Paul expose les grandes lignes du message chrétien au cours d'un concours de philosophie qui aurait pu passer sur TF1 si les Athéniens avaient eu le goût et la technologie du petit écran.
Moins rythmé et inspiré qu'
Archétype,
Antitype sera tout de même l'occasion de sourire quelquefois devant les fresques d'illuminés, qu'ils se nomment Saint-Paul, Dionysos, qu'ils soient épicuriens ou stoïciens. Petit aperçu d'une grande période d'ébullition spirituelle,
Ralf König conclut sa trilogie comme un
Jean-Charles Pichon mettant le point final à son
Histoire des Mythes. Cycles infinis, quelles seront les prochaines formes que vous emprunterez ?