Roman "régionaliste". J'apprécie ces romans qui sous couvert de polar permettent de raconter qui un pays, une région avec ses moeurs et habitudes de vie, en l'occurrence la vallée de la Loue perdue en Franche-Comté ici.
L'intrigue est plutôt intéressante, y mêlant judicieusement les atouts et les caractères, bien trempés, d'une vallée montagnarde viscéralement renfermée et isolée.
Le point faible réside plutôt dans un manichéisme un peu lourd, d'un côté les bons ouvriers et syndicalistes début du 20ème siècle, écologistes actuels aux nobles desseins et pensées éloignées de tout matérialisme, de l'autre évidemment les cupides notables uniquement guidés par l'appât du gain au détriment de la morale et de la mère nature. Prégnant au long du roman l'auteur en rajoute une couche au cas où le lecteur n'aurait pas compris lors d'une diatribe finale d'un des coupable d'une lourdeur remarquable et s'intégrant mal dans la scène décrite.
Un autre point faible est cette ode amoureuse à la pêche à la mouche décrite tant physiquement que philosophiquement qui rythme le roman, semblant n'être que le seul point digne d'intérêt de plusieurs des protagonistes principaux ,qui peut finir par lasser le lecteur non initié, et paradoxalement être contre-productif en réduisant la vallée à cette seule activité possible. Heureusement il reste Courbet (Gustave, le peintre) comme l'un des atout régionaux habilement mêlé à l'histoire. Ceci dit un non pêcheur s'en accommodera car c'est aussi cela l'intérêt et l'originalité des romans "régionalistes".
Un point réjouissant, le policier en charge de l'enquête n'est pas un alcoolique génial mais un flic truculent et passablement méchant sans être bête.
Le roman se lit facilement, l'auteur est un passionné de la région, et je lirai volontiers plus tard, le premier tome des aventuriers de la pêche à la mouche dans "
Autopsie d'une truite".