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4,21

sur 690 notes
Je n'en suis qu'au début mais je le lis en anglais et je peux dire qu'Arthur Kastler est un génie de la plume
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Un livre capital pour comprendre le XXe siècle et au delà.
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Un roman, dense et complexe, sur l'écrasement des individus et sur l'échec des processus révolutionnaires.
Derrière la critique du régime de l'est dénoncé par Koestler, on peut faire un parallèle avec tous les systèmes totalitaires; non seulement politiques ou religieux, mais également ceux issus d'une idéologie institutionnalisée en organismes défenseur d'une cause quelconque.
En soi toute cause, même bonne, se radicalise par effet de groupe et d'institutionnalisation. L'intégrisme n'est jamais loin, et tout contradicteur, même pragmatique, sera à bannir.
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« Procès de Moscou ( 1936- 1938 ) : Tous les membres du Politburo du temps de Lénine furent jugés. à l'exception de Mikhaïl Kalinine et Viatcheslav Molotov. Et évidement de ...Staline.
Staline a arrêté ou fait exécuter la plupart des bolcheviks de la révolution russe de 1917. Sur les 1966 délégués du Congrès de 1934, 1108 sont arrêtés. Sur les 139 membres du Comité central, 98 sont arrêtés. Trois cinquième des maréchaux soviétiques et un tiers des officiers de l'Armée rouge ont été arrêtés ou/et fusillés. En dehors des prisonniers politiques, plusieurs millions d'autres sont morts durant les purges. L'accusé principal, Léon Trotski, (expulsé d'URSS en janvier 1929) a réussi à échapper aux procès du fait de son exil. Mais il fut retrouvé au Mexique par Ramón Mercader, un agent du NKVD qui l'exécuta avec un piolet le 21 août 1940 sur ordre de Staline. »
Le zéro : l'homme , l'infini : l'ensemble, l'état, l'union, l'empire, l'appareil.
L'homme : rien , l'infini : la cause.
Voilà toute la folie algébrique de tout régime totalitaire, de toute dictature.
Et plus l'individualité se soustrait plus l'homme se soumet.
Ici Staline, là un autre. Peu importe le symbole, le drapeau, l'hymne , le bruit des godillots , quelque soit la langue du credo. Au nom de la cause, de la vérité pleine et entière, au nom de la grande et unique lumière, au nom de l'ensemble, de grande machine sociale, du nouvel ordre national, de la grande cause mondiale, l'homme n'est plus que constituant, donnée, élément, ...constituant, et n'ayant pas à se constituer :il ne constitue rien. Individuellement : zéro, le néant. Voici donc l'algorithmique du système.
Mentir souvent, cacher souvent, éliminer beaucoup, dénoncer énormément, accuser , suspecter, épier tout le temps. Rapporter, juger, déporter, assassiner.
Mener, diriger, contrôler au point de ne plus même éprouver la nécessité de gouverner. N'en éprouver que son besoin. Car le besoin lui persiste, le besoin invente ses moyens. Jusqu'à ce que le le but en devienne même un moyen.
Autonomie du système ? , intelligence du système qui s'auto-régule ? En se créant, en s'inventant continuellement ; le système se dévore et se contamine. Il ne voit même si c'est son cerveau ou ses mains qu'il dévore. le prion qui rend fou.
La fin devant éternellement justifier tous les moyens. « Sainte Raison » que celle de la machine, que celle de l'appareil, du système, qui invente le concept d'un peuple , peuple qui n'est que multitude et non une unité. Concept que le système invente, peuple qu'il méprise, et qu'il désigne du doigt du haut de la tribune, et cela au nom de tous, mais évidement pour aucun d'entre eux ceux là, au nom du saint progrès qui ne cesse justement jamais de progresser et de maintenir sans cesse le peuple en retrait, au nom du bien de tous, et du mal de chien pour chacun, le système crée maintient déforme réforme l'ordre social qu'il établit, qu'il crée, qu'il réalise Pour son propre bien. Et non pour le bien de chacun. Puis le système perd son but, perd son bien. Perd sa raison, perd ses moyens.
Un ensemble d'individus ne crée pas un ensemble.
Un pays, une communauté, une classe, une famille, une entreprise, un couple, un système tout cela est une fiction. Fiction nécessaire au fonctionnement du groupe social auquel il est rattaché. Mais fiction. Tout ordre social est une fiction.
Tout va à peu près pour le mieux, tant que les individus jouent leur rôles dans la fiction. Réalité et fiction s'équilibre. Sphère public, sphère privée, Dans un certain ordre chacun vit ou survit comme il le peut ou au mieux comme il le veut. Tout va tant que chacun est en droit de penser, tant que chacun conserve son devoir de parole. Tant qu'il existe d'autres fictions, tant qu'on peut choisir sa fiction. Tant que la fiction sociale ne touche pas la réalité de l'homme, à son individualité. Tant que chacun peut lui même se réaliser. Ainsi l'équilibre peut il se maintenir. Ce n'est pas parfait, mais ça peut perdurer. Mais si un cap est franchi suite au relâchement de l'intelligence individuelle face à différents facteurs le plus souvent économiques  : la fiction sociale prend le pas. Et comme la fiction n'a pas d'intelligence, mais seulement une fonction, et donc pas de raison, le système s'emballe, peut devenir fou, devenir incontrôlable, rien ne peut plus arrêter le système, parce que le système est à présent en tout , est devenu tous, il a englobé la multitude des individualités. Il est un. Et un seul peut devenir tous. Et ce qu'il va dire, faire décider , entreprendre devra être considéré comme l'expression de la volonté de l'ensemble. Car seul « cet ensemble » sait ce qui est bon pour tous, pour chacun. Tous devront le reconnaître. L'Un n'est t il pas tous ? Tous ne se retrouvent ils par en l'Un ?
Voilà comment peut se créer un dictateur. Voilà comment peut s'implanter une dictature.
Abrutissement par la peur, abrutissement par le mensonge, abrutissement de la masse. Désertion de la volonté de toute intelligence individuelle. Tous marchent au même rythme, dans le même sens.
A ce compte le système a tôt fait de repérer l'opposant. Celui qui ne marche pas. Ou alors pas du même pas.
Et puis si besoin, on en désigne, on en invente pour l'exemple, pour bien instruire le peuple, ou pour lui donner une explication qu'il peut comprendre afin que le système justifie certaines de ses imperfections pour mieux les dissimuler.. Pour le bien de tous.
Le quota aluminium n'est pas atteint ? sabotage. le rendement des terres est insuffisant ? Sabotage. de l'intérieur, de l'extérieur. La paranoïa est injectée. L'ennemi est partout. Il est dans tout. Il peut être chacun. Il peut même être à la tête du système. le système le sait mieux que tous. Alors le système s'ampute la tête. Pour l'exemple. Et on en arrive à convaincre les morceaux amputés qu'ils doivent l'être pour le bien de tous, même s'ils sont sains, voilà comment certains martyres ne deviennent pas des saints. du moins pas tout de suite. Si le système en a besoin… on verra...le traitre d'aujourd'hui sera peut être le martyre de demain, dans un sens ou dans l'autre, selon le besoin.
On se dit c'est impossible. Ce n'est qu'une fiction ! Un cauchemar ?
Non une réalité pour chacun.
Tels furent les procès de Moscou. Une mascarade. Une terrible, épouvantable mascarade.
Ce qui est assez étonnant c'est que ce livre a paru en France dès 1945.
En novembre 1956, les tanks soviétiques attaquèrent Budapest. Certains commencèrent alors seulement à réaliser ce que Staline signifiait.
Certains décidèrent de changer de fiction. Autre système.. Qu'en est il resté de leur réalité ?
Il y a peut être différentes raisons de penser comme il doit exister peut être différentes façons de marcher. ..Mais il ne doit y avoir qu'une réalité pour chacun , celle de chaque homme et de sa liberté.

Astrid Shriqui Garain

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Nicolas Roubachoff, ancien cadre du Parti Communiste, est accusé de menées contre-révolutionnaires : il est alors emprisonné et confronté à un appareil judiciaire répressif auquel il a lui-même collaboré durant sa carrière politique. Au moyen d'analepses, Koestler retrace l'itinéraire de cet ancien de 1917 jusqu'à cet emprisonnement où Roubachoff découvre un système littéralement inhumain : impossibilité de communiquer et interrogatoires musclés et interminables amènent à l'épuisement mental des prisonniers. Au-delà, il y a encore l'attente de la mort, puisque celle-ci est inévitable mais qu'elle est imprévisible.
L'homme, le zéro, face à et dans la société, l'infini. le livre est un réquisitoire accablant contre le totalitarisme qui utilise toutes les armes - et pas nécessairement physiques, mais aussi psychologiques et linguistiques - pour modeler l'homme à son envie.
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Juif hongrois, Arthur Koestler fût communiste ... jusqu'à son voyage en URSS où il découvre l'envers du décor. Il rompra ses liens dès 1938 et passera de nombreuses années à dénoncer la dictature soviétique, dans l'indifférence générale des années de la guerre.

Ce roman, écrit en 1940 paraîtra en France en 1945 et aura rapidement un grand succès. Il raconte la trajectoire de Roubachof, un responsable communiste injustement accusé, comme nombre de responsables lors des fameux procès de Moscou. On découvre à quel point l'homme, censé être la valeur majeure, n'est que Zéro face au Parti qui est L Infini. Comment ceux même qui envoyaient au peloton d'exécution les déviants furent broyés à leur tour, par un système entretenant sa propre paranoïa.

Dans ce roman vif, Arthur Koestler nous aide à nous poser les questions essentielles des rapports entre l'individu et la société, qui semblent sans intérêt tant que la société cohérente et si cruciaux quand les événements dérapent. D'ailleurs l'analogie peut aussi rappeler les époques de la Terreur post 1789 où l'on se retrouvait sous la lame de la guillotine pour une simple parole ...

Un chef-d'oeuvre politique, historique et littéraire.
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J'ai lu ce livre en étant bien trop jeune et de ce fait je ne pense pas en avoir compris les subtilités ni la portée. J'ai à l'époque apprécié ma lecture mais je crois qu'il fait partie de ces livres dont une relecture serait bénéfique.
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Le thème est intéressant, et le livre illustre bien la faiblesse de l'Homme face au système. Cependant, dans le même genre, d'autres ouvrages (1984, Vol au-dessus d'un nid de coucou, le meilleur des mondes) sont peut-être plus parlants. Koestler tire beaucoup de passages en longueur.
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Même pour un sexagénaire, relire ce livre au XXIème siècle c'est plonger dans un univers presque oublié, celui de l'URSS du "petit père des peuples". le roman évoque les incroyables procès intentés aux opposants (réels ou supposés) à Staline, au cours des années '30. Certes, encore à notre époque, de nombreux dictateurs sévissent contre leurs peuples respectifs qu'ils oppriment sans vergogne, mais ce sont pour ainsi dire des amateurs qui "roulent" pour eux-mêmes. La répression en Russie, c'était autre chose: elle était considérée comme dérivant naturellement du déterminisme marxiste-léniniste et indispensable pour assurer le triomphe final de la Révolution. Il n'y avait aucun moralisme là-dedans, car les impératifs de la lutte des classes (définis par Staline lui-même) primaient sur toute autre considération.

"Le zéro et l'infini" est difficile à lire en 2014, car tous les protagonistes - y compris l'accusé lui-même, dénommé Roubachoff - sont prisonniers du système de pensée communiste et donc développent inlassablement une phraséologie "révolutionnaire", qui nous parait maintenant désuète et presque vide de sens. Sur le fond, Roubachoff se retrouve coincé entre ses récentes velléités d'opposition à Staline et sa philosophie habituelle selon laquelle la fin justifie les moyens. Lui-même s'est montré autrefois sans pitié à l'égard des individus suspectés d'entraver la marche en avant de la Révolution. Et maintenant, c'est son tour d'être du mauvais côté de la barrière.

L'intrigue du roman est simple: Roubachoff, autrefois important responsable communiste, est arrêté, incarcéré, puis confronté à un premier juge d'instruction qu'il connait personnellement et qui essaie de le faire "craquer" par la simple force des syllogismes révolutionnaires, que l'accusé n'a toujours pas reniés. Mais cela ne suffit pas et un second juge d'instruction emploie la manière forte: il n'utilise pas la torture, certes, mais il exerce des pressions extrêmes qui obligent Roubachoff à "coopérer" et signer des aveux (mensongers). Par la suite, son procès public servira d'avertissement aux opposants potentiels et édifiera le peuple soviétique (qui gobe tout ou qui fait semblant). Une balle dans la nuque sera le destin de Roubachoff et on n'en parlera plus... jusqu'à une future réhabilitation ??

Pendant son incarcération, l'accusé se dépouille partiellement de ses habits de dur-à-cuire. Pendant les temps morts où il se retrouve seul dans sa cellule, il échange avec un de ses voisins en "tapotant" ses messages sur la tuyauterie, selon un certain code. Il s'interroge sur l'individu qu'il est - insignifiant devant le Parti tout-puissant, comme un zéro devant l'infini. Peu avant son exécution, il éprouve le besoin de "tapoter" sur le tuyau le simple mot JE, ce "moi" qu'il considère tardivement à sa juste valeur et qui va disparaitre incessamment.

A présent on connait très bien les moyens qu'utilisait la police politique dans les pays communistes pour briser toute résistance chez les personnes arrêtées. En revanche, quand "Le zéro et l'infini" a été publié (1941), de l'audace était nécessaire pour dire la vérité. Il a même fallu beaucoup de courage à l'auteur, A. Koestler, car il fut avant la seconde guerre mondiale membre d'un parti communiste. Donc, même si ce roman peut sembler maintenant "daté", il ne faudrait pas oublier dans quelle situation tragique il a été écrit.
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Malgré le fait que les protagonistes et les situations de ce roman soient imaginaires, comme le dit en exergue l'auteur, « les circonstances historiques ayant déterminé leurs actes sont authentiques ».

L'histoire met en scène un ancien héros de la Révolution russe de 1917 dénommé Roubachof, mis en examen pour pensées, intentions et actes contre-révolutionnaires. Des débuts de sa détention lorsqu'il croupit dans sa geôle, des discussions avec son voisin de cellule, en passant par l'interminable interrogatoire jusqu'à la grande mascarade du procès.

Ce livre est d'une justesse remarquable en ce qui concerne la description de l'idéologie marxiste-léniniste qui primait dans ces années 30. Tout y est décrit minutieusement, l'individu n'est rien, le « je », la première personne du singulier, est d'ailleurs proscrit, seul compte l'avis du parti, l'infini. On se rend compte à quel point la croyance en Dieu a été remplacé par un pouvoir politique à la logique inhumaine et implacable, qui décide de tout, de sacrifier des vies pour son idéal s'il le faut parce que seul compte, au sens de Machiavel, l'aboutissement, « la fin justifie les moyens ».

Un livre à ranger précieusement entre « La ferme des animaux » et « 1984 » de Georges Orwell, il s'agit presque d'un cours d'histoire sous la forme romanesque, à compléter tout de même avec de la documentation sur cet événement historique.
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