Retour à mes premières amours de lecture, puisque j'ai fait mon entrée dans ce "monde" par le biais de la poésie.
Ce recueil est magnifiquement illustré avec d'une part les créations de
Rachid Koraïchi et la disposition des poèmes en langue arabe sur la droite et leur traduction française à gauche.
En ce qui concerne le contenu cette fois, j'ai été surprise de voir comme ces poèmes sont sensoriels : presque tous les sens sont mobilisés - à l'exception de l'ouïe, sans doute parce que c'est la voix du poète qui se substitut au silence.
Les poèmes choisis pour cette anthologie parlent d'amour contrariées, belles et douloureuses à la fois, mais aussi de la Nature qui est souvent personnifié. Cette idée fait écho à la philosophie arabo-musulmane selon laquelle l'être humain et les éléments qui composent la nature sont différentes partie d'un même tout puisqu'ils viennent du même Créateur. Ainsi corps humains et corps "de la nature" sont interchangeables.
On devine aussi l'opulence et les paysage luxuriants qu'ont connu cet âge d'or de l'Espagne où les trois communautés religieuses vivaient ensemble.
Farouk Mardam-Bey a d'ailleurs ajouté quelques pages de rappels historiques pour resituer ces oeuvres.
Plusieurs motifs reviennent : le vin, la musique et le regard amoureux ; trois sources qui mènent à l'ivresse. Mais ça c'était les Almohades qui ont amenés avec eux la lecture de dogmes ulta-rigoristes sur la religion.... L'hsitoire est-elle donc toujours amenée à se répéter ? Heureusement, la littérature se fait encore gardienne des périodes où la pensée humaine s'épanouit.