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4,11

sur 588 notes
Quel coup au coeur ce livre ! je n'ai pas été bouleversée depuis longtemps par une lecture, pas depuis « my absolute darling » et là ! Je n'étais pas très enthousiaste au vu du sujet mais une amie me l'ayant conseillé, j'ai plongé. Et que c'était bon ! Ne vous effrayez pas du nombre de pages, car j'en aurais voulu encore plus, je ne voulais plus quitter Koja et Ev. Car ce livre retrace la vie de Koja et Hub, fratrie, et d'Ev, venue se greffer à leur famille et devenant, l'axe autour duquel vont tourner Koja et Hub. de 1910 à 1974, l'on va suivre leur vie et apprendre comment on fabrique des salauds. Car on ne nait pas « salaud », on le devient par des concours de circonstances dans lesquels on s'enfonce pour ne plus pouvoir remonter. Alors, il y a la petite histoire et la grande Histoire, le tout raconté avec un style magnifique et surtout, un humour noir formidable. Car malgré toute la noirceur retracée pendant ces années perturbées, il n'y a pas de parti pris descriptif d'horreur, juste les pointes nécessaires ( et très peu au vu du contexte) pour retracer les actes commis. Mais pourtant, impossible de sortir indemne ce livre, tellement ce qu'il retrace fait frissonner : c'est-à-dire la duplicité des Hommes. On sort à peine des camps de concentration que les renseignements généraux de l'Allemagne et d'Israël vont s'entendre contre la Russie, la loi d'amnistie contre des criminels de guerre passée en douce, tout le monde trompe tout le monde, et tous avec des prétextes qu'ils pensent justifiables alors que rien ne l'est. C'est incroyablement documenté et pourtant ce roman se lit si bien ! Les personnages sont si forts, comme Maja par exemple. Donc, vraiment, foncez, lisez le et parlez en ! bravo aussi à la traduction, un travail de titan.
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Hubert et Koja KOLM qui vivent en Lettonie et un beau jour leur parents adopte Ev - C'est une véritable fresque historique qui commence en 1922 pour finir dans les années 1970 - On as à faire à un ménage à trois, ou les deux frères vont tomber fou amoureux de la belle Ev. Koja qui est le narrateur et qui se raconte à son voisin de chambre à l'hopital va raconter sa vie d'espion de tous les bords.

J'ai adoré ce livre ou l'auteur as mêler des faits historiques réelles comme le nazisme, la naissance de l'Israël et comment les allemands ont vécu après la guerre et une fiction de ménage à trois entre deux frères et leur soeur adoptives juive.
C'est un livre parfois très dur, réaliste, et parfois touchant par celle belle histoire d'amour qui lie ces trois personnages.
J'ai appris beaucoup de choses et bien sûr comme cela parle du monde des espions, comment parfois ils s'en sortent, ils changent de camp, juste pour ne pas mourir, c'est édifiant.
J'ai eu beaucoup d'empathie pour Koja qui explique avec tellement d'émotion, ses failles, ses difficultés. Et parfois les pires décisions qu'il as prises, c'est justement parce qu'il a avez aucun d'autres choix. Contrairement à son frère, Hub qui était un homme avide de pouvoir et de cruauté.
J'ai été la première à dire que des livres sur la seconde guerre mondiale, sur le nazisme, on en a fait assez, tout a était dit, écrit. Et que ce sont des livres que j'ai pu désirer de lire.
Mais cet opus est différent car ils mettent en lumière l'histoire tout en installant l'accent le parcours d'une famille.
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Pour un grand roman noir il faut des méchants de haut vol, dans le cas présent nous sommes servis : les rejetons de la famille Solm sont de première qualité. Ensuite il faut un terrain digne de leur talent, ce sera le XXéme siècle qui leur permettra de fréquenter de près la SS, le KGB, la CIA, le BND, le Mossad et toujours pour de mauvaises raisons. Trois enfants issus d'une famille létonne d'origine germanique, Hub qui sera nazi par atavisme familial, Koja nazi par facilité et Ev la fille adoptive qui involontairement leur mettra le pied à l'étrier. Ces trois là vont s'aimer, se haïr et se perdre dans un tourbillon d'aventures dont la crédibilité est douteuse mais qui transporte le lecteur de bonheur.

La comparaison avec les Bienveillantes s'impose mais elle n'est pas vraiment justifiée même si Koja Solm rappelle Maximilien Aue à bien des égards, Là où Littell explorait avec sérieux les racines du mal, Kraus s'en amuse en Alexandre Dumas des services spéciaux avec un humour noir délectable et en en rajoutant dans l'abject.

Mais l'arrière plan plan ne manque pas de profondeur, la réalpolitik de l'après guerre est parfaitement décrite avec toutes les compromissions qu'elle a entraîné : nazis utilisés par la CIA contre le KGB, accords secrets entre Israel et la RFA, manoeuvres pour amnistier les criminels de guerre ..etc.

Le miracle de la littérature fait que l'on s'attache à des personnages que l'on aimerait voir pendus et qu'on les accompagne jusqu'à la fin de leur trio pervers, car aucun ne peut sauver les autres pas même Ev l'idéaliste à la sincérité débridée qui en faisant l'ange fera la bête.
Grand livre dont la jouissance laisse dans un bonheur un peu honteux
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Pendant un long moment je me suis demandée ce que je pensais de ce personnage de Koja dont La Fabrique des salauds nous raconte l'histoire. Je suis passé de l'amusement, au questionnement pour finir par le mépris et la révolte, et là j'ai bien failli refermer le livre.
Allemand originaire de la ville de Riga en Lettonie, Koja Solm, amateur de peinture et architecte raté, né d'une famille aristocratique de pasteurs, a connu tous les grands mouvements du XXème siècle, depuis la révolution communiste russe jusqu'aux attentats terroristes de Septembre noir, en passant par l'occupation russe de la Lettonie, la montée du fascisme en Allemagne, la deuxième guerre mondiale et la guerre froide.
Préservé par son frère Hub, un nazi de la première heure et amoureux de sa soeur adoptive Ev, une juive cachée dans sa famille, Koja va traverser toutes ces périodes mouvementées comme agent de liaison, un crayon à la main, avec un détachement et une inconscience qui le rendent presque attachant. Il sera en fait un agent double durant toutes ses années, des Nazis, du KGB, de la CIA puis du Mossad, changeant de cause mais trahissant toujours avec la même désinvolture, sa Nation, ses amis, sa famille.
Cette fresque historique nous fait découvrir les rouages du parti nazi, puis les dessous de l'après-guerre avec la reconstruction de l'Allemagne et l'espionnage institutionnalisé par l'ensemble des services secrets mondiaux.
Avec ce roman fleuve de 900 pages que j'ai trouvé déroutant par sa vision décalée de l'histoire du siècle dernier, Chris KRAUS nous livre une saga étonnante faite d'un mélange d'insouciance et de gravité qui ne laisse pas indifférent.
Au final, je l'ai trouvé intéressant du point de vue historique mais moralement dérangeant. C'était sans doute le but.
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Koja, Hub et Ev. Deux frères qui accueillent sans le savoir une petite orpheline juive dans leur fratrie. Plus tard, bien plus tard, ils l'épouseront chacune à leur tour, leur amour pour elle, nourrissant les ressorts dramatiques de l'immense roman qu'est La fabrique des salauds de Chris Kraus. Immense par la taille – 900 pages – mais surtout par le propos, 50 d'histoire – de 1920 à 1970 – d'une famille allemande de Lettonie et de l'Allemagne.

Comment devient-on un nazi, puis le plus sombre des salauds, quand on est comme Koja peintre, amateur d'art et très paresseux? Par opportunisme d'abord, puisque la SS paie bien et que la famille n'a plus aucun revenu. Les deux frères s'engagent, Hub plus convaincu que Koja et s'efforçant tout au long de la guerre de protéger son jeune frère. Koja devient espion au service des SS, et dans un tour de passe-passe continue de l'être pour l'Allemagne fédérale, la Russie et même le Mossad. le tendre jeune homme devenant un monstre froid qui ne recule devant aucune traîtrise même quand elles touchent les êtres qui lui sont le plus proches.

Plus que la partie de la guerre elle-même qui a déjà été maintes fois racontée, c'est la reconstruction de l'Allemagne après la guerre que j'ai trouvée la plus intéressante, les anciens nazis se retrouvant dans tous les rouages du pouvoir.
Le roman est passionnant et addictif. Une fois commencée la lecture du long monologue que Koja vieux et blessé, adresse à son voisin de chambre d'hôpital, un hippie très vite horrifié, impossible d'arrêter sa lecture.

Verdict: c'est magistral, tout simplement. Un tout grand roman qui marquera la rentrée littéraire 2019 de son empreinte, comme il m'a profondément marquée, moi.










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Éprouvante lecture!
J'ai été tour à tour en colère, exaspérée, pleine de compassion, captivée, lasse, agacée, ahurie, mais jamais indifférente. L'étonnante vie de Koja Solm, de son frère et de sa soeur/ amante/ femme, vient remettre en question votre perception du bien et du mal confronté à leur dure épreuve de leur réalité. Vous voici pris d'affection pour un nazis un peu lâche, un peu mou, un peu retors, qui finit par vous dire que finalement son seul problème réside dans le fait qu'il n'a pas assez de colère en lui pour vraiment s'opposer aux intempéries de son siècle. Je ne sais pas si j'ai aimé, mais j'y repenserai, souvent.
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Ce n'est pas un livre que j'ai dévoré... J'ai pris mon temps, rien d'urgent à lire ce roman. J'avais parfois la sensation d'être Swami : j'attendais quelque chose, une action, un geste humain qui me rende le narrateur plus attachant. Il joue continuellement avec un côté victime qui a du mal à lui coller à la peau quand même. Une belle fabrique de salauds ! Il n'est pas difficile d'imaginer que le passage entre le réel et la fiction est tout à fait possible. Heureusement qu'il y a un peu d'amour à travers tout ça, mais même ça reste glauque.
En tous cas, je n'ai pas envie de lire un autre bouquin de cet auteur, du moins pas pour le moment.
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Un pavé qui nous transport dans un trio familiale fort et puissant.

Un pavé qui nous rappel les heures les plus sombres de notre histoire contemporaine. Guerre, viol, torture, nazisme, mensonge, trahison.

Un récit hors norme avec un personnage central que l'on apprend à aimer, à détester. Un personnage qui nous émeu et nous débecte le chapitre suivant.

Un héros plein d'excuses et d'explications. L'amour, toujours l'amour. Pour lui il est presque acceptable des pires atrocités pour garder l'amour de sa vie.

Le mensonge est perpétuellement ancré dans le récit, comment savoir si Koja, ne ment pas comme il respire? Qui croire, à qui peut on pardonner de telles atrocités?

Le temps est-il rédempteur de toutes les fautes commises?

PEACE…
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On est immergé dans un monde insolite, hors de l'espace et du temps, et, dès l'abord, tout y est cassé, en mauvais état, enfin, les gens surtout.
Tout commence dans un hôpital, à Munich, en 1974. En fait, tout commence et finit là. le temps est immobile. C'est le récit qui suspend le temps. Dans une des chambres de cet hôpital végète un couple improbable : le Hippie et le SS – ce duo sonne comme la parodie d'une fable de La Fontaine – le marginal « peace and love » et l'ancien nazi, artiste peintre et faussaire, amoureux d'une juive, soeur, belle-soeur, maîtresse, épouse, agent double de la Stasi, du KGB, du BND, de la CIA et du Mossad, Swami Deva Basti et Konstantin Solms, Swami et Koya pour les intimes.
Koja, une Shéhérazade occidentale au masculin, déverse, comme son modèle, une parole fleuve qui charrie, chahute et chavire toutes les tempêtes du XXème siècle, une parole fleuve qui traverse le temps à grande vitesse comme une tornade de mots et qui submerge son auditeur au point de l'engloutir. En effet, au terme du récit, ce n'est pas le conteur qui disparaît ou qui est gracié, c'est celui à qui il était destiné qui est anéanti. Et le mouvement est donné au récit cadre par ce progressif engloutissement.
La logique du conteur – ce « je » envahissant et intrusif – nous est donnée au début du chapitre 3 (p.63) :
« J'ai toujours eu conscience de ce que j'étais devenu. Mais justement : c'est arrivé malgré moi. Par hasard. Par accident. A mon propre insu. J'ai réagi au déclin du monde et non l'inverse. J'étais profondément sincère. Et aussi profondément hypocrite. »
Et cette logique nous fait grincer des dents parce que c'est la logique de la plupart des hommes, lecteurs compris. Koja pourrait parler au présent : son récit est profondément sincère ; et aussi profondément hypocrite. Et il n'est jamais autant sincère que lorsqu'il ment, comme la plupart d'entre nous. Cette logique du conteur rejoint celle du récit lui-même, innocemment formulée par Swami (chap. 3 p.67)
« (…) il n'y a pas de coïncidence, tout obéit à des règles déterminées. Et tout est lié à tout (…) Et une fois que le lien est fait, le contre-nature devient naturel. Pour se trouver, il faut trouver une histoire. Raconte-moi le début, puis le milieu, puis la fin de ton histoire - et tu auras le lien. »
Si la narration permet au conteur de se trouver, elle perd son auditeur : le pauvre Swami ne s'en relèvera pas, et le lecteur, son double, s'arrache les cheveux d'avoir eu envie de rire aux pires horreurs de l'Histoire, de s'être impatienté d'avoir dû tourner les pages dans l'attente brûlante des meurtres projetés, ou pire, d'avoir été déçu des attentats ratés…

Dans son post-scriptum, au cours duquel il cite abondamment ses sources, l'auteur s'excuse d'avoir, en la mettant en fiction, sans doute un peu déformé l'Histoire. Mais, et le récit en fait la démonstration, on n'est jamais si proche de la vérité que lorsque la fiction, soigneusement construite et habilement mêlée à l'Histoire, accède au coeur des faits et pénètre cette zone mystérieuse d'inhumanité dans l'humain que même le meilleur des historiens ne peut atteindre. Koja n'a pas tort : pour mieux dire vrai, il faut mentir.
Au bout du compte, ce n'est pas tant l'Histoire du XXème siècle qui est mise en fiction que l'histoire de l'âme humaine confrontée à ces événements. Certains grands philosophes ont usé leur esprit et celui de leurs disciples à démontrer la banalité du mal. La Fabrique des salauds en fait un tableau diablement efficace, en montre toutes les ramifications et les conséquences labyrinthiques, du bas de l'échelle sociale aux sommets des Etats.
Une lecture éprouvante d'un récit difficile qui aborde le XXème siècle de façon décapante, avec suffisamment de pertinence pour servir à interroger également, en filigrane, notre triste actualité.


Apolline 27
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La fabrique des salauds de Chris Kraus

Mon avis:
Comment parler d'un livre qui fait près de 900 pages en quelques lignes??
Avant tout, je choisis de vous parler de la qualité de la plume qui est vraiment très belle. Un vocabulaire riche qui nous transporte dans de nombreuses péripéties et je salue le travail de recherches titanesque.
En bref, ce livre, c'est une saga familiale où Koja nous raconte toute sa vie ( enfin, il la raconte à un hippie, mais je vous laisse le privilège de le découvrir car j'ai beaucoup aimé ces passages)avec son frère Hubert et sa soeur Ev.
Il raconte sa vie au cours du XX même siècle, sa vie de famille, ses amours, son statut de SS, d'espion... le moins que l'on puisse dire, c'est que ce Koja n'a sûrement pas eu le temps de s'ennuyer au cours de son existence !
Des décennies nous sont ainsi racontées avec, en arrière-plan, l'histoire politique de l'Allemagne et de l'Europe.
C'est une belle épopée familiale, j'ai appris beaucoup de choses dans cette histoire et c'est ce qui m'a plu. Les personnages aussi m'ont plu, l'auteur a "fait son job" car je les ai trouvés parfaits. Combien de fois j'ai pensé " mais putain, quelle bande de salauds".
En revanche, et c'était un peu prévisible vu l'épaisseur du livre, j'ai été gênée par quelques longueurs et j'ai décroché par moments.

Résumé :
À travers l'histoire de Koja, Hubert et Ev Solm, deux frères et leur soeur, sorte de ménage à trois électrique, Chris Kraus nous entraîne dans des zones d'ombres où morale et droiture sont violemment bafouées, et dresse en creux le portrait d'une Europe à l'agonie, soumises à de nouvelles règles du jeu.
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