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4,12

sur 586 notes
Le titre est repoussant, l'histoire abominable, le personnage principal détestable et les personnages secondaires sont des salauds comme l'annonce le titre.
Pourtant ce roman est remarquable, le style est surprenant, les métaphores pétillantes d'inventivité.
Il a réussi à me tenir en haleine pendant plusieurs mois, tout au long des 888 pages. Je ne l'ai pas dévoré d'une traite, car j'ai eu besoin d'intercaler des lectures plus douces. J'ai eu souvent envie de le terminer au plus vite, pour quitter cette ambiance de nazis, d'espions, et des horreurs qu'ils provoquent. Mais me fallait aller au bout, ne perdre aucun rebondissement de la vie de Koja Solm, cet homme qui s'engage chez les nazis, à la suite D Hubert son terrible frère, moins par idéologie que par opportunisme. Malgré lui, il va devenir un expert dans l'espionnage, cabossé, meurtri et impitoyable ; il ne peut que commettre des erreurs, dont certaines par amour, et les payer par des comportements abjects et des blessures atroces.
En apnée pour ne pas sentir les odeurs pestilentielles et les images écoeurantes, j'ai voulu dévorer ce roman sans m'attarder, au risque de ne pas comprendre les ressorts de la vie compliquée d'un agent double ou triple. Parmi mes lectures, ce roman qui ne ressemble à rien de ce que j'ai lu, sera le plus marquant de l'année. Si vous avez le courage, je vous le conseille vivement.

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Dans un hôpital de Munich, un ancien nazi veut s'engager sur le chemin de la repentance en racontant, et en illustrant l'entièreté de son histoire personnelle à son voisin de chambre : un hippie mourant, accro au cannabis mais promptement optimiste.

Un tableau qui pourrait être plein d'espoir à première vue, mais qui va vite tourner au fiasco.

Disons le crument, Koja Solm est moralement ignoble. Pour moi, il est pire que ces anciens nazis fermement revendiqués antisémites et théoriciens de la race. Lui, au fond, ces idée ne lui font pas grand chose. La seule chose qu'il recherche sans arrêt c'est de sauver sa peau et (il faut l'admettre car c'est tout de même assez récurrent dans l'intrigue) sauver la peau des quelques personnes qu'il aime (ou croit aimer). Mais cela le jette dans des situations de trahison odieuse. Il y a 2 choses qui, dans ce roman, tendent à déshumaniser Koja : plusieurs dilemmes moraux auxquels il sera confronté et qui se solderont en infamie. Certaines bonnes décisions auraient presque pu racheter sa vie entière tellement les conséquences auraient été représentatives : je pense à une en particulier :
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La Fabrique des salauds est un roman fleuve, une saga familiale qui fait entrer l'histoire personnelle de Koja et Hubi dans la grande.

Koja et Hubert naissent tous les deux dans ce qui deviendra la future Lettonie. Issus d'une vieille famille aristocrate germanique, les frères vivent dans un milieu aisé. Leur père est un artiste reconnu. Alors que les persécutions des juifs débutent, la famille recueille Ev qui deviendra donc leur soeur. le trio va alors traverser l'Europe, le temps et toute l'Histoire de ce vingtième siècle…

Le roman est raconté par Koja, qui à prêt de 80 ans, est cloué dans sa chambre d'hôpital. Cette histoire familiale, il la raconte à son voisin de chambre, avatar du lecteur qui recueille la parole du conteur. Et sous nos yeux, Koja va se confier sur ce qu'il a été, ce qu'il a fait. Koja est un personnage qui va évoluer aux côtés de son frère Hubert. Il va s'enrôler dans les SS, devenir tour à tour espion à la solde des Russes puis du Mossad. La petite histoire entre dans la grande. On le voit peut à peu changer, lui qui est au départ un homme sensible, un artiste. Il se transforme en homme calculateur, insensible, un monstre à la solde des gouvernements successifs qu'il va servir.

Ce qui est sûr c'est que Koja fait partie des salauds de l'histoire. Il vit presque sa vie comme si elle ne lui appartenait pas et qu'il la subissait, allant d'événements en événements sans vraiment contrôler les choses. Ne cherchez pas à trouver une morale à ce roman. Il n'y en a pas. C'est tantôt cynique tantôt très noir mais d'une densité forte et intense. Koja n'est qu'un petit rouage dans une société qui change à toute vitesse, un nom parmi d'autres, un pion.

Il y a eu quand même des moments de mou où j'ai été perdue par les événements géopolitiques mais sur plus de mille pages, c'est tout à fait normal. Il faut quand même une bonne connaissance de cette période historique pour se lancer dans cette lecture. J'ai dû parfois faire des recherches pour y voir plus clair.

Avec « La fabrique des Salauds », Chris Kraus happe le lecteur par une histoire forte et puissante, chronique d'une vie pas ordinaire.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Depuis sa sortie je voulais absolument lire La fabrique des salauds, titre qui promettait la déclinaison romanesque du concept de "la banalité du mal" théorisée par Hannah Arendt. Bien que cette lecture ait été souvent difficile, elle a répondu à mon attente. L'épaisseur du livre - 1100 pages! - et la complexité du contexte géopolitique - de 1920 à 1960 à Riga, Berlin, Auschwitz, Tel-Aviv et Paris - exigent une certaine endurance. Heureusement, et c'est la force du roman, les choix narratifs permettent cette plongée au coeur de l'histoire. Excellent choix que de directement se trouver dans une chambre d'hôpital avec deux blessés de la boîte crânienne ! le premier est ce "salaud" du titre, qui, par un long flash-back, entreprend de raconter sa vie au second, un pacifiste hippie. Koja Solm narre son incroyable parcours qui l'amène à changer d'identité et de cause au gré des opportunités politiques. Au début du livre, le ton détaché crée une ironie très plaisante, mais peu à peu le récit devient inquiétant, puis vraiment glaçant. le voisin de chambrée, pacifiste, supporte de moins en moins cette écoute : ce personnage, c'est un peu le double du lecteur, fasciné et horrifié. Excellent choix également que d'inclure un relation passionnelle et destructrice dans la fratrie, entre Koja, son frère Hubert et leur soeur adoptive- que les deux hommes vont aimer. Un livre qui montre à quel point le roman nous est essentiel pour mieux comprendre L Histoire.
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Les tribulations d'un germano-letton devenu SS (malgré lui?).
Ce roman d'espionnage de 850 pages traite le sujet rarement évoqué de la position des allemands vis à vis de l'anti sémitisme et du pangermanisme hitlérien. L'histoire commence en Lettonie en 1905 au moment de la première révolution russe (la Lettonie a fait partie de l'empire russe jusqu'en 1920) et se termine en 1972 au moment des attentats de Munich. Deux frères faisant partie de la minorité germanique lettonne sont enrôlés dans la SS, puis vont monter en grade et en responsabilités. Devenir bourreau pour ne pas être victime. le personnage principal va devenir espion, agent double voire triple pour l'Allemagne la Russie et Israël. Il va contribuer à faire arrêter Adolphe Eichmann, mais aussi protéger les dossiers de criminels de guerre secondairement intégrés à la vie politique de la RFA ; (comme les anciens khmers rouges au Cambodge). Ses aventures, dramatiques mais aussi picaresques, sont pimentées par le fait que les 2 frères vont épouser l'un après l'autre leur soeur adoptive orpheline, juive sans le savoir.
Excellente fable sociopolitique, bien documentée que l'on dévore malgré sa longueur.
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L'Histoire comme trahison, son récit comme duplicité. Avec une grande maîtrise, Chris Kraus happe le lecteur dans ce monologue d'une ordure ordinaire. Au centre des pires atrocités, Koja Solm se disculpe et le lecteur partage ses souffrances, amours contrariées et haine fraternelle, tout au long de ce récit, de Riga à Tel-Aviv, d'une impunité nazie. La fabrique des salauds captive en dépit de ses excès.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Bouquin exceptionnel et hors norme... certains parleraient de chef d'oeuvre.
La petite histoire vs la grande histoire avec un regard sur l'humanité d'une pertinence/impertinence incroyable... et cette facilité de lecture... et cet humour hallucinant alors que ce qui est raconté ne l'est pas du tout.
A lire et probablement relire.
PS: lisez également les pages de remerciements exprimant un travail de dingue pour ce résultat.
Captivant et passionnant
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La fabrique des salauds est l'histoire de Koja Solm : on commence alors qu'il est un vieil homme, hospitalité des suites d'une blessure par balle. Il partage sa chambre d'hôpital avec un hippie trépané, à qui il va raconter sa vie...
Né au début des années 1900, Koja grandit avec son frère Hub et leur soeur adoptive, Ev. de fil en aiguille, Koja va décrire sa relation tumultueuse avec son frère, l'amour peu fraternel qu'ils éprouvent tout les deux pour leur soeur adoptive... Mais surtout le bouleversement total de la vie du jeune homme lorsqu'il a été forcé d'abandonner sa carrière d'artiste et de rejoindre le parti des Nazis.
La fabrique des salauds nous entraîne donc dans L Histoire : à la fois l'histoire de l'humanité, mais aussi dans l'histoire d'un individu, un rouage de cette société. C'est donc un bon gros pavé (plus de 800 pages à transporter dans le sac, LE PLAISIR), mais surtout un récit très dense. Chris Kraus nous entraîne dans l'évolution de l'Allemagne, bien sûr, mais également dans l'histoire de la Lettonie ainsi que la création de l'état d'Israël. Donc, beaucoup d'éléments à assimiler, Koja va être pris dans une toile d'araignée d'intrigues et de différentes conspirations, ce qui va le pousser à rencontrer de nombreux Service de Renseignement, que ce soit ceux des Allemands, des États-Unis, des Russes ou des Israéliens.
Outre cet aspect historique, La fabrique des salauds va donc nous parler également des relations. Celle de Koja avec ses parents, Hub et Ev, celle qu'il entretient avec les Nazis, avec ses relations amoureuses... Mais les relations les plus fortes et les plus compliquées, ce sont bien évidemment celles avec son frère et sa soeur adoptive. Il aime et déteste son frère, il devient amoureux d'Ev, tout comme Hub. Un triangle amoureux à la fois touchant, malsain et intéressant. La relation entre ces trois-là est très intense, et je me suis demandé tout au long de l'histoire jusqu'où ça allait pouvoir aller !
La personnalité de Koja est un des éléments-clef de la fabrique des salauds, car Chris Kraus nous dépeint un homme qui était sensible, bon, un artiste, et dont la vie a pris un tournant radical. Koja se transforme peu à peu, devient un homme différent, et – une fois pris dans l'engrenage – devient un monstre. Malgré lui, sans pouvoir reprendre prise, il fait souffrir, il n'est plus honnête, et La fabrique des salauds illustre parfaitement comment Hitler et son mode de pensée a perverti les hommes qui le suivait, certains parce qu'ils n'avaient pas le choix... Koja n'a jamais été un Nazi dans l'âme, contrairement à certains qu'il a pu croiser. Mais une fois qu'il a endossé l'uniforme, l'homme qu'il était précédemment a disparu petit à petit, broyé par la machine.
La fabrique des salauds est un très bon livre, qui n'a pas vocation à expliquer ou à excuser, mais de nous montrer une tranche de vie de cette époque. Un livre dont je recommande la lecture !

(Voir mon avis sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Voilà un roman lourd à bien des égards. Lourd parce que comportant près de 900 pages, tout de même, ce livre ne se promène pas partout.

Lourd, parce que foncièrement dérangeant ; On pensait que l'Allemagne de l'après-guerre avait nettoyé ses écuries ‘Augias ! Que nenni, comme d'autres, elle a recyclé ses salopards. La chose n'était pas totalement inconnue. Il suffit de se rappeler les mémoires des époux Klarsfeld …

Nous sommes à la fin des années 70, dans une chambre hôpital, un homme dont la tête est habitée par une balle se confie à son voisin de chambrée, pas en meilleure posture d'ailleurs, sur son passé d'ancien nazi, de frère de nazi. le lecteur sera bien aise de retrouver les protagonistes hors du propos principal, pour souffler, digérer le terrifiant destin des frères Solm auxquels il faut rajouter une soeur adoptive, formant ainsi, en plus du reste, un triangle amoureux pour le moins sordide…

Tout démarre dans les provinces baltes, où vivent au début du siècle une minorité allemande. Les frères Solm, Koja et Hub s'engagent du côté des nazis, Koja vraisemblablement plus victime de son frère que franchement volontaire pour la cause ; encore que tout ça reste à nuancer.

La guerre perdue, chacun tente de sauver ce qui peut être sauvé ; et c'est ainsi que de bourreaux des juifs, on devient agent secret, allant même jusqu'à travailler pour le Mossad….

Comme quoi, tout se recycle, même les nazis !

Cette confession nous amène donc jusqu'à la fin des années 70. Chacun comprendra aisément que le lecteur puisse parfois manquer d'air tant le propos est lourd. D'autant qu'il y a certaines longueurs, pas insurmontables, mais longueurs malgré tout.

Je ne suis pas certaine que l'on puisse ″aimer″ un tel livre. On s'y engouffre, on s'y investi pour ses innombrables qualités, et pour sa portée. L'ouvrage est incontestablement bien documenté, très bien construit, et remarquablement écrit.

Cette fresque monumentale laisse le lecteur avec un tas de sentiments contradictoires par rapport à l'ensemble des personnages. Ils sont tous tellement complexes et ambiguës qu'ils nous inspirent à la fois le dégoût, la crédulité, une certaine forme d'empathie, la pitié parfois ….

Il est à mon sens un ouvrage essentiel, car audacieux, courageux dans ce qu'il montre de cynisme, il apporte un regard différent et sans fard sur l'histoire récente.







Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Une claque que ce pavé vertigineux à tous points de vue ! L'histoire de Koja, alias Dürer alias Himmelreich, apprenti peintre balte, devenu criminel de guerre nazi, puis espion à la solde de l'Allemagne fédérale, puis agent double (soviétique) et triple (pour le compte du Mossad) tout en protégeant les intérêts des « impunis » - a de quoi surprendre / tenir en haleine / interroger.

Tourmente personnelle, morale, amoureuse (l'inoubliable trio formé autour de l'éblouissante Ev), richesse des sentiments, intelligence et finesse de la construction, tout interpelle dans ce roman-monde (qui n'oublie même pas d'être drôle !) littéralement incroyable, dévoré malgré quelques longueurs (j'ai moins aimé le début de la guerre froide)
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