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4,11

sur 588 notes
AUTEUR
Kris Kraus vient du milieu du cinéma. Né en 1963 en Allemagne. Son film « quatre minutes » a eu un grand succès en France. «la fabrique des salauds » est sont quatrième roman. le premier traduit en français.
RESUME
Nous suivons la famille germano-lettone Solm du début du XXe siècle jusque dans les années 70. Hub et Koja sont frères, Ev a été recueillie par leurs parents. Ils vont traverser les années du nazisme, plus ou moins impliqués puis vivre les années froides côté espionnage en naviguant entre l'ORG puis la BND (services secrets allemands), le KGB, la CIA ou encore le MOSSAD.
Les liens entre la fratrie sont teintés d'ambiguïté. Les deux frères développent une rivalité, d'abord professionnelle puis amoureuse autour de leur « soeur « Ev ».
Koja, le narrateur est un artiste. Il va commettre des actes parfois aussi atroces que son frère mais « parce qu'il n'avait pas le choix » !
A côté Ev, hypocondriaque, semble horrifiée par ce qu'elle traverse et les actes de « ses » frères. C'est la colère qui la fera agir.

AVIS CRITIQUE
Fresque foisonnante, ce livre est très bien écrit. La traduction est bien maitrisée et sait reproduire les nuances de l'histoire et le ton très particulier.
Le roman construit en 4 parties. Il est écrit à la 1ere personne, par un des protagonistes, Koja. Ce dernier, raconte sa vie, à son voisin de chambre dans un hôpital psychiatrique, un hippie pacifiste qui a de plus en plus de mal à l'écouter. En effet, malgré le ton léger, il ne tait pas les exactions commises par son frère ou lui. Minimisant cependant son implication personnelle.
On découvre les ficelles des opérations secrètes, les agents doubles et les liens secrets entre les différents services d'espionnage. On y apprend les places prépondérantes que des anciens nazis ont pu obtenir après la guerre, bénéficiant d'amnisties.
Le livre est très documenté et intéressant. L'auteur utilise un ton à la « John Irving » dont il précise dans les remerciements qu'il s'en est inspiré. Cela rend l'histoire très agréable malgré la noirceur des propos.
Initialement destiné à en faire un film, l'auteur a repris son manuscrit pour l'étoffer. Il ne pratique pas la langue de bois et permet de comprendre de nombreux enjeux liés à l'après-guerre, notamment avec la création d'Israël. Il s'interroge, aussi, à travers cette fresque sur les familles des jeunes générations allemandes dont les racines nazies ont abouti à la démocratie que l'on connait aujourd'hui.
Un livre passionnant à découvrir.
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Une oeuvre majeure qui, à travers le destin de deux frères et de leur soeur adoptive, retrace tout un pan de l'histoire du siècle dernier.
Nous sommes en plein régime nazi, puis au coeur de la guerre froide.

Une lecture qui m'a demandé un certain effort je dois dire. Notamment la partie consacrée aux intrigues politiques lors de la guerre froide. Il faut parfois s'accrocher pour suivre le rôle des services secrets (BND, CIA, Mossad, Stasi, KGB). Espionnage, contre espionnage, je m'y suis parfois perdue...pour ne pas dire souvent...Mais je me suis accrochée, je savais que je n'avais pas entrepris la lecture d'un roman simpliste...
Et je ne regrette pas. Ne serait ce que par respect pour l'énorme travail de documentation de l'auteur.

Koja, vieil homme hospitalisé raconte sa vie à son voisin de chambre. Personnage central du roman, il suscite bien des sentiments : dégoût, pitié, colère...espoir aussi. Alors que Hub est franchement détestable, difficile de trancher de façon radicale en ce qui concerne Koja...c'est surtout un lâche, entre victime et bourreau...
Un livre qui interroge et qui pose la question : les circonstances font elles que l'on prenne tel ou tel chemin ? Sommes nous toujours parfaitement Maitres de notre destin ?
Ce qui me fait penser aux paroles d'un titre de JJ Goldman "Aurais je été meilleur ou pire que ces gens si j'avais été Allemand ?"
Un grand livre.



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Ouf!!ouf!!! je viens de finir ce livre de 886 pages et en suis sortie sans émotion aucune comme le personnage principal du roman que rien ne touche qui tue,ment, change de nom ,porte différentes casquettes d'espion trahissant les uns et les autres en même et même celle qu'il dit aimer
Aucun affecte . Je suis allée au bout car j'espérais bêtement un retournement mais rien,un livre désespérant et pourtant célébré par de nombreuses critiques .
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1974 dans un hôpital où deux hommes, la tête trouée, partagent la même chambre. le premier, un certain Koja Solm, se confie au second, un hippie bouddhiste pétri de bons sentiment. L'histoire qui va lui raconter fait froid dans le dos. Elle couvre une bonne partie du 20ème siècle, l'un des plus meurtriers, avec, comme point d'orgue, la Seconde Guerre mondiale.
Hormis Koja, la famille Solm, aux racines allemandes, vit à Riga en Lettonie. Elle est composée de la mère, une femme fière de sa filiation aristocratique, du père, un peintre de génie à la raison défaillante, de Hubert, l'aîné, et d'Ev, une petite orpheline adoptée dont les origines juives sont ignorées des parents et des frères.
Malgré lui (même si on a toujours le choix) et pour subvenir aux besoins de sa famille ruinée, Koja est recruté par les SD. C'est le premier « rôle » que ce caméléon oisif, amoureux des arts et peintre plutôt doué, va endosser. Ce sera le début de la fin pour celui qui n'adhère pas à l'idéologie nazie, contrairement à son frère, et qui se dérobe parfois aux ordres qui le dérangent. Koja semble toujours sur un fil, à distance de ce qui se déroule sous ses yeux, incapable de s'engager totalement. Il incarne aussi en quelque sorte ce que Hannah Arendt appelait la banalité du mal. Il est un être plutôt ordinaire, capable d'empathie mais qui participe néanmoins au système totalitaire parce qu'il ne veut pas mourir. Et, pour survivre, dans cette période chaotique, il est préférable d'être du côté du plus fort. Un précepte qu'il s'appliquera toute sa vie. Y compris pour lui mais aussi pour sauver ceux qu'il aime. Mais le funambulisme a ses limites et l'équilibre peut s'avérer instable.
D'autant plus que l'Armistice et la défaite de l'Allemagne ne signent par l'arrêt de mort de tous les Nazis. En toute impunité, la RFA en a recyclé une bonne partie, notamment dans les services secrets. Après la guerre, Koja va louvoyer en travaillant à la fois pour l'Allemagne, où il va retrouver d'anciens « camarades », l'URSS et Israël. le parfait agent triple !
Chris Kraus a réussi à la fois une fresque historique invoquant une période, celle de l'après-guerre, peu abordée par la littérature, et le récit intime d'un homme qui a fait les mauvais choix et qui est piégé par ses multiples trahisons, en particulier de son frère, Nazi par conviction, et de sa soeur qui veut venger les Juifs.
Mais, si son « héros » est bien un salaud, on ne parvient pas à le détester totalement. Est-ce son humour, son regard ironique, son état amoureux permanent qui le rendent parfois touchant ? Ou alors sa lâcheté ? Humain, trop humain...
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Je souscris à la plupart des critiques que j'ai lues sur ce livre… pour les 400 premières pages.

En effet, Kris Kraus mène tambour battant l'histoire de ce trio infernal entre la fin du premier conflit mondial et 1945. Je ne reviendrai pas sur cette première partie, qui est assez magistrale même si elle est un peu trop rocambolesque à mon goût.
Malheureusement, Kraus ne pouvait pas s'en tenir à cette première période chronologique, car son livre aurait subi de plein fouet la comparaison avec "les Bienveillantes" qui me semble très au-dessus de ce livre.
Il a élargi la focale en abordant cette période passionnante et troublante, et moins mise en lumière dans la littérature, où les anciens nazis des services secrets se reconvertissent dans la CIA, les services secrets de RFA…
Malheureusement, Kraus multiplie les personnages secondaires et les intrigues secondaires en nous perdant totalement. La relation entre le narrateur et le hippie tombe complètement à plat.
Est-ce une volonté de l'auteur ? Je me suis identifié à ce hippie, qui se désintéresse progressivement du récit de Konstantin Solm, non pas à cause d'un rejet moral du personnage, mais lassé par un scénario devenu confus à force d'être profus.
Dommage...
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Logiquement comparé aux Bienveillantes qui avait lui-même été comparé à La mort est mon métier, La fabrique des salauds a autant de ressemblances et de dissemblances avec les précédents qu'il y en avait déjà entre les deux premiers. Je ne compte pas me lancer dans la liste qui a certainement déjà déjà été établie et j'invite ceux que ce sujet intéresse à aller voir par eux-même. Bref, s'il ne renouvelle pas réellement le genre, le livre de Chris Kraus est une oeuvre ample, ambitieuse et très romanesque qui n'a pas à rougir de marcher dans les traces de Littell et de Merle.
L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Livre lu pendant le confinement, le premier. Il faisait beau et après la période de travail, je n'avais qu'une hâte, c'est de reprendre ce livre. Rien de réjouissant pourtant, mais il dit tout de la nature humaine et on se prend même d'affection pour les personnages, pourtant plus abjects les uns que les autres dans leur majorité. Cela dit tout de la puissance de livre, extraordinaire et implacable






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Je suis étonné par certaines critiques voulant faire de ce livre un pendant aux Bienveillantes. Non, ce livre n'est pas la version allemande des Bienveillantes, et tant mieux ! Ou alors, c'est "les Bienveillantes" débarrassé du délire psycho-eroto-onirique, et agrémenté d'une bonne dose de cynisme et d'humour qui faisait totalement défaut au livre de J. Littell.

Personnellement, j'ai dévoré les aventures de Koja Solm, avant, pendant et après la guerre. Et je me suis attaché à ce personnage faible, manipulateur, mais toujours profondément humain.

C'est corrosif, cruel, souvent drôle, extrêmement bien écrit (chapeau à la traduction) et très instructif - surtout pour ceux, de ce coté du Rhin, qui connaissent mal l'histoire de l'espionnage allemand et la complexité de la dénazification après guerre.
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Chris Kraus est un excellent raconteur d'histoires et de l'Histoire. Aucun temps mort dans ce roman et une multitude d'informations sur les nazis et sur leurs rôles après la guerre. Les personnages complexes des deux frères incarnent parfaitement le titre et la cruauté de ceux qui tuent sans état d'âme. le cas de l'aîné des frères qui devient nazi par opportunisme, ambition mais aussi idéologie est tout à fait convaincant. Mais un sentiment de malaise persiste face à la personnalité du second frère. Certes, il est ignoble, lâche, menteur et manipulateur mais il me semble que le lecteur est obligé de ressentir de l'empathie pour cet homme éperdument amoureux de sa soeur adoptive, au point de cacher sa judéité et d'accepter que sa fille soit déclarée comme la fille de son frère. de même, la constance de son amour pour Maja, sa compagne espionne défigurée, peut lui assurer des circonstances atténuantes du côté du lecteur. Certes j'imagine que l'auteur a voulu donner une autre version du salaud et il l'est à bien des égards ! Certes il se comporte comme un monstre narcissique dans le récit qu'il fait de sa vie au hippie ! Mais comme il est difficile d'admettre qu'un personnage aussi monstrueux puisse éprouver des sentiments sincères !
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Appaté par une couverture du Monde des Livres mettant en avant un roman allemand - et étant fort amateur de littérature allemande, j'ai donc chargé sur ma tablette "La fabrique des salauds" (dont le titre original allemand est "Le sang froid" un peu plus élégant).
Vaste et ambitieux récit d'un allemand né en Lettonie en 1911 qui est successivement -et toujours par accident- membre de la SS et de la SD, puis du KGB, des services secrets allemand de la RFA (le BND), du Mossad, et peut-être de la CIA mais j'ai un doute. le thème global on l'aura compris est, exprimé en langage rousseauiste "la fin justifie les moyens", exprimé plus trivialement, les salopards sans conscience trouveront a s'employer partout. Ca se veut probablement une sorte de "Les Bienveillantes" allemand, même si ca n'atteint pas son modèle.
On le comprendra à mes propos, je pense que c'est un peu lourd et eut gagné à être allégé, tant dans le récit que meme dans les procédés d'écriture, on voit mal ce que ce qu'apporte ce soit disant hippie qui écoute le narrateur à l'hôpital.
Je vais également dire qu'on retrouve une scène que personnellement je lis pour la 3e fois, et que, je pense, que les auteurs a venir doivent définitivement s'interdire: celle du SS en état de semi conscience qui se retrouve dans un charnier de juifs au fin fond de l'Ukraine ou de la Lettonie et finit par décharger son Luger. Quand cette scène est apparu pour la première fois (à ma connaissance) dans "Les bienveillantes" (j'y reviens), précisément à Kiev, ce fut un choc.
Depuis je l'ai retrouvé recemment dans le 3e tome de Sadorski de Romain Slocombe (en version sobre admettons le) puis à nouveau ici, dans une version sanguinolente et disons le, ridicule, à souhait. Donc pitié, stop.
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