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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après quarante ans d'exil en Suisse, la Hongroise Agota Kristof éprouve encore la souffrance d'être pour toujours étrangère dans son pays mais surtout, analphabète. Jamais elle ne parlera sans fautes, jamais elle ne pourra écrire sans consulter sans cesse dictionnaires et manuels de conjugaison.
Dans ce récit autobiographique dont le sujet principal est l'écriture, l'auteure parle avec pudeur des souffrances qu'elle a traversée, la misère et la solitude tout d'abord alors que le communisme russe s'empare de la Hongrie, la pauvreté d'un enseignement réduit à ce qui n'est pas censuré et l'obligation d'apprendre contre sa propre volonté une langue de dominant, puis l'exil, la pauvreté encore et encore la solitude dans un pays inconnu dans lequel elle ne peut même plus se réfugier dans les romans.
Le livre est court, il se lit très vite, mais il n'en est pas moins fort et très émouvant, comme tout ce qu'elle écrit dans une langue qui n'est pourtant pas la sienne. "Ce dont je suis sûre, c'est que j'aurais écrit, n'importe où, dans n'importe quelle langue".
Agota Kristof continue à considérer le français comme une langue ennemie, une langue qu'elle doit continuellement affronter, apprendre à dompter mais qu'elle a pourtant choisie pour écrire.
le roman ne dit pas si elle est retournée voir sa famille une fois le Mur tombé, le communisme fini, si elle a été tentée de "rentrer", récupérer sa langue, lire et écrire en hongrois. Peut-être le chemin a t'il été trop douloureux pour maintenant faire machine arrière?
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Agato Kristof est une écrivaine d'origine hongroise qui écrit en français.
Dans ce petit roman autobiographique, elle nous trace les grandes lignes de sa vie.
Petite fille, elle adore lire et écrire dans sa langue maternelle le Hongrois.
Née dans une famille pauvre, elle est placée dans un pensionnat à l'âge de quatorze ans où elle sera bien nourrie et logée décemment.
A vingt-deux ans, jeune maman, elle fuit la Hongrie avec son enfant et le père de cette dernière. le rêve d'une vie meilleure à l'Ouest va la mener d'une épreuve à l'autre.
Accueillie d'abord en Autriche puis en Suisse, elle doit tout apprendre, une nouvelle culture et surtout une nouvelle langue. Elle se sent redevenue « analphabète » en quelque sorte.
A force de courage et de persévérance, elle devient écrivain et est publiée par une grande maison d'édition.
Un petit roman par sa taille, très fort par le message qu'il véhicule, celui de l'exil, ses désillusions mais aussi ses possibles en termes d'épanouissement. Roman simple et touchant.
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Récit autobiographique poignant, fort en émotions, criant de vérité. Cette auteure hongroise vivant en suisse écrit en français par défi.

Chaque mot est juste, dosé, approprié, pas de fioritures, ni trop ni trop peu, juste ce qu'il faut pour nous narrer quelques épisodes de sa vie passée dans cette époque troublée qu'a été le XXème siècle en Europe.

Un vrai coup de coeur pour ce petit livre aux éditions Zoé, petite maison d'édition. J'ai aimé le petit format, le papier au grain extraordinairement agréable, le découpage en petits chapitres de quelques pages qui ne se dévorent pas mais se savourent au contraire car l'écriture est dense et recherchée, incroyablement visuelle et émotionnellement riche de tous ces souvenirs.
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Onze chapitres courts, denses, d'autant plus émouvants qu'ils sont pudiques, onze chapitres qui permettent d'appréhender la trace inoubliable de l'enfance, l'exil à la fois hors d'un pas et d'une langue, l'ennui, la force de l'écriture. Agota Kristof se souvient de sa découverte précoce de la lecture et de l'écriture en Hongrie, l'écriture qui sera la seule barrière au chagrin lorsqu'elle sera placée dans un internat public o elle est séparée de sa famille et où elle éprouve le froid et la faim. Elle raconte le passage hors de Hongrie en 1956 avec son mari et une petite fille de quelques mois, les seuls bagages que le couple emporte sont les affaires du bébé et un sac de dictionnaires. Arrivés en Suisse, ils sont répartis dans le pays, on leur offre un logement, un travail (où là aussi la monotonie des jours est « compensée » par l'écriture de poèmes), mais rien ne peut combler le vide de l'exil, la « perte » de la langue maternelle et le choix d'écrire en français, la langue apprise.

J'ai vraiment été très touchée par cette histoire écrite avec pudeur mais sans détours, dans un style direct que l'on retrouve dans les fictions de l'autrice. J'avais envie de noter beaucoup de choses au fil des pages ! J'ai souri au tout début : je me suis tellement reconnue dans le fait de lire au lieu de faire des choses jugées plus utiles. (Je précise que cela ne m'a jamais été reproché par ma mère, merci à elle !)
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Un court texte d'une grande dame de la littérature!
Auteure hongroise devenue auteure romande d'adoption après son arrivée à Neuchâtel.

Un récit autobiographique qui contraste avec "Le grand cahier".
J'ai aimé découvrir quelques bribes de sa vie, de sa passion pour la lecture et l'écriture, ainsi que ses soucis liés à son voyage, son déracinement.
Un beau moment de lecture.
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Un tout petit livre, seulement 55 pages, mais d'une très grande intensité.

Il s'agit du 1er récit autobiographique d'Agota KRISTOF, romancière. Vous la connaissez ?

Elle est née en Hongrie en 1935, d'un père instituteur, et d'une mère au foyer. Elle mène sa vie d'enfant aux côtés de ses 2 frères, baignée dans un monde d'instruction.

Elle est passionnée de lecture :

"Je lis. C'est comme une maladie. Je lis tout ce qui me tombe sous la main, sous les yeux : journaux, livres d'école, affiches, bouts de papier trouvés dans la rue, recettes de cuisine, livres d'enfants. Tout ce qui est imprimé." P. 5

Son grand-père offre une animation aux habitants du village le dimanche, il demande à sa petite-fille de lire le journal. Il est fier d'elle.

Ses lectures développent son imagination, elle imagine des histoires, écrit des poèmes... jusqu'à l'âge de ses 14 ans. Là, elle entre en internat où seules les filles sont admises. Les règles de vie sont strictes. Elle est loin de ses frères et de sa famille. Elle souffre terriblement du manque de liberté. Alors, pour oublier ses moments de solitude, elle anime les soirées avec des amies en mettant en scène des histoires.

A l'extérieur, et depuis plusieurs années déjà, son pays est en guerre. L'année 1953 est marquée par la mort de Staline, les suivantes le seront par celle de milliers de personnes, 30 000 en Hongrie en 1956.

Mariée avec une petite fille de 4 mois à charge, Agota KRISTOF décide de quitter la Hongrie. Ils franchissent la frontière par le biais d'un passeur. Ils arrivent en Suisse. Elle y trouve un emploi à l'usine. Elle commence à écrire des pièces de théâtre et puis vient le moment de la publication de son 1er roman.

Ce tout petit récit autobiographique est une véritable perle.

Il nous fait toucher du doigt les richesses de la lecture et cette capacité à s'émanciper de son environnement, y compris quand le contexte est grave.

Le titre pourtant nous interpelle : "L'analphabète". En fait, elle aborde avec beaucoup de justesse l'exil, l'apprentissage des langues et cette déchirure lorsqu'elle s'est rendue compte qu'en terre étrangère elle ne pouvait lire, elle qui croyait qu'il n'existait qu'une seule langue dans le monde entier :

"Je ne pouvais pas imaginer qu'une autre langue puisse exister, qu'un être humain puisse prononcer un mot que je ne comprendrais pas." P. 21

Elle met aussi des mots sur ce mal du pays, cette force irrépressible des origines. Alors même que leurs conditions de vie se sont améliorées, elle ne vit plus dans un pays en guerre, elle travaille et peut nourrir sa famille, elle a un toit pour dormir. Et pourtant, impossible d'être heureuse.

"Comment lui expliquer, sans le vexer, et avec le peu de mots que je connais en français, que son beau pays n'est qu'un désert pour nous, les réfugiés, un désert qu'il nous faut traverser pour arriver à ce qu'on appelle "l'intégration", "l'assimilation". A ce moment-là, je sais que certains n'y arriveront jamais." P. 44

C'est un magnifique témoignage qui nous éclaire une nouvelle fois sur la condition de réfugiés. Malgré la bienveillance, la solidarité des accueillants, jamais rien n'est gagné !

J'ai maintenant bien envie de lire Agota KRISTOF. Vous avez des références à me conseiller ?
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Je viens de passer un bref moment (quelques heures à peine) avec une si belle personne, si émouvante, si bouleversante, si triste. le court (trop ?) récit autobiographique d'Agota Kristof est d'une beauté, d'une sensibilité, d'une fragilité, mais aussi d'une tragédie, d'une dureté et d'une force, qui rendent cette lecture apaisante. Apaisante non pas au sens paisible, mais en reprenant la racine, paix, se faire la paix et l'offrir.
Agota K. en quelques pages, nous emmène de ses quatre ans, un père instituteur aimant, une mère froide apparemment, elle sait lire (sans apprendre), elle est l'admiration de certains mais l'étonnement négatif des autres. Et puis, la guerre, la soviétisation de la Hongrie, l'insurrection sauvagement réprimée de 1956, l'espoir d'une liberté qui s'effondre, et la fuite, l'exil. Mais surtout la perte de la langue, l'acculturation, le réapprentissage de la lecture et de l'écriture, qui pour un écrivain sont autant de douleurs, de souffrances, d'impuissances, de pertes d'identité, de destruction mentale et intellectuelle.
J'ai été frappée, par les chapitres sur l'exil, et l'accueil des Autrichiens puis des Suisses, qui en 1956, se montraient d'une bienveillance, d'une hospitalité, d'une générosité, d'une bonté... imaginez, les gens glissaient des billets de banque dans les mains des réfugiés hongrois... Et puis j'ai été profondément touchée par ce qu'Agota appelle "le désert", car malgré tout ce déploiement d'aides, la réfugiée qu'elle est, traverse le désert. Et d'abord le désert de la langue. Un récit bouleversant et magnifique, qui prend tellement de force, de puissance mais aussi de cruauté et de dureté aujourd'hui quand on sait le sort réservé à tous les réfugiés .
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Il y a dix ans disparaissait Agota Kristof, et les Editions Zoé publient une nouvelle édition de son court récit autobiographique, L'Analphabète (2004), ornant, pour l'occasion, la couverture du livre d'une photo de l'auteure à cinq ans dans la cour de la maison familiale en Hongrie. Comment imaginer plus belle façon de célébrer ce sombre anniversaire, quel meilleur hommage rendre à cette géante des lettres francophone et hongroise, une femme libre, une « femme-livre », tant son destin s'est construit à l'aide de la lecture et de l'écriture, quelle meilleure manière de ressusciter l'accès à son oeuvre et le désir de la découvrir pour tous ceux qui l'ignoraient ? En quelques soixante pages, d'une écriture très épurée – toute en phrases courtes, avec un vrai sens de la précision dans le choix des mots –, émaillant le récit sensible et émouvant de son enfance et de son exil de scènes graves ou cocasses, le regard d'Agota Kristof sur sa vie, tendre ou drôle, nous enchante ! Ici, elle évoque son goût, dès sa plus tendre enfance, pour l'invention des histoires, en racontant la cruauté avec laquelle elle suggère à son petit frère qu'il n'est qu'un enfant trouvé. Là, elle se souvient de la célébration de la mort de Staline dans sa classe d'adolescente, le retard du déclenchement de la sirène censée marquer le début de la minute de silence, le coup de cloche intempestif qu'une camarade signale comme « la cloche des poubelles », et l'énorme fou rire qui secoue la classe… et son professeur !, jusqu'à se poursuivre silencieusement quand commence, finalement la fameuse minute. Mais les pages les plus marquantes sont sans doute celles où elle évoque son exil en Suisse après 1956, sa découverte, quand elle travaille comme ouvrière horlogère vers Neuchâtel, du « désert », de la solitude de l'étranger, son apprentissage acharné, enfin, du français, cette langue étrangère, cette « langue ennemie » qui deviendra pourtant sa langue d'écriture. Analphabète à trente ans, se réinventant dans ce nouvel idiome, passant le reste de son existence à s'en vouloir de ne jamais assez bien parler le français, mais malaxer ses mots, travailler sa pâte, comme dans cet opuscule autobiographique, pour nous offrir ses textes somptueux ! Alors, oui, ouvrir, rouvrir ce petit livre, pour retrouver la grande Agota, avant de reprendre La Trilogie des Jumeaux ou ses pièces de théâtre ?
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Ma librairie indépendante aime me faire de jolies découvertes, des livres aiguisant mes sens pour les ensorceler comme ce petit recueil de onze nouvelles autobiographique de cet écrivain d'origine Hongroise et de langue Française Agota Kristof. Je découvre cette femme expatriée en Suisse fuyant un pays étranglé par une emprise communiste soviétique.
Agota Kristof, hongroise, quitte son pays au moment de la révolution des Conseils ouvriers en 1956, écrasée par l'armée soviétique, âgée de 21 ans avec son mari et sa fille de quatre mois vers la Suisse proche de Neuchâtel. Mais ces onze tableaux de vie, retracent fidèlement le parcours de cette femme avec une écriture fluide, simple, de phrases courtes, rien de plus, rien de moins, l'essentiel sous un regard lucide et subtilement coquasse.

Ces courts textes, onze, narre la vie de cette hongroise déracinée de sa terre natale, de ses racines et surtout de sa langue maternelle, elle aura cette phrase
« J'appelle la langue française une langue ennemie …cette langue est en train de tuer ma langue maternelle. »
Très jeune, petite fille de quatre ans, Agora dévore la lecture comme une drogue, c'est de la boulimie, aucune place à faire autres choses.
« C'est ainsi que, très jeune, sans m'en apercevoir et tout à fait par hasard, j'attrape la maladie de la lecture »
Elle est comme possédée par la lecture, sans pensant à l'écriture, ce passage se fera malgré elle, l'évidence de la vie, l'entrée à l'internat, séparée de sa famille et découvrir la pauvreté de ce pays dans cet internat insalubre, miséreux, d'un père instituteur en prison, d'un mère seule, travaillant dans une cave à faire de la mort aux rats, habillée en souillon, le misère est ce lot quotidien, orpheline par une vie Hongroise asservit des soviétiques, gangrénant sa culture, Agota parle « d'étouffement culturel et d'identités nationales », une perte de ses repères, la langue russe, allemande aussi deviennent des langues ennemies.
« On assiste là à un sabotage intellectuel national, à une résistance passive naturelle, non concertée, allant de soi. »
Agota Kristof vit cette vie avec fatalisme, laissant autour de ces récits des moments de joies, de poésies, de douceurs, l'amour de son frère ainé, la petite troupe créé à l'internat pour devenir actrices et faire le bonheur des autres. Il y a dans ses onze tableaux de vie, une force d'Agora Kristof à suivre sa destinée, apatride en Suisse, le mal du pays devient son « désert », celui culturel, social, difficile à traverser pour arriver à une intégration, une assimilation, ces mots sont justes, la solitude tue pour certain, vers un suicide comme quatre personnes connues par notre auteure, et cite la plus jeune 18 ans au prénom Gisèle, pour lui rendre un hommage et la graver à jamais dans ces mots et son histoire.
Les deux dernières nouvelles sont le coeur de l'écriture d'Agota Kristof, avec ce parcours sinueux de l'écriture, laissant derrière elle son journal à l'écriture secrète, ses premiers poèmes, et pire son appartenance à son peuple Hongrois, surtout ce pouvoir de l'écriture encrée en elle au plus profond de son être, ce pouvoir de l'écriture.
« Ce dont je suis sûre, c'est que j'aurais écrit, n'importe où, dans n'importe quelle langue. »
Ces onze récits coulent lentement vers ce dernier L'Analphabète, étant aussi le tire de ce roman autobiographique. Cet ultime chapitre de la vie d 'Agota Kristof trône encore plus la persévérance de cette femme à vouloir écrire, avec une langue ennemie comme elle le dit, cette langue qui n'est pas la sienne, cette langue qui n'est pas naturelle, celle langue qui n'est pas son mode de pensée, mais cette langue lui offrira la liberté d'écrire, d'être publié, d'être reconnu comme une auteure apparente, recevant des prix, comme celui du « Livre Européen », pour finir ce roman avec cette jolie phrase .
« Écrire en français, j'y suis obligée. C'est un défi – le défi d'une analphabète. »
Voici après avoir refermé ce livre, mes premiers mots éclatent en moi et se couche sur le livre, je prends un crayon et j'écris mes émotions brutes :
Jolie, magnifique, la beauté pure, une justesse de prose, des phrases courtes, des mots précis, un style direct, les émotions sont abruptes, une analphabète de sa culture, de son Hongrie, une plaie ouverte jamais refermée….
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Récit autobiographique qui m'a parlé et qui est si bien retranscrit avec tout le talent de l'auteur que j'apprécie particulièrement.
Pouvoir écrire ou même parler en Hongrois , comme l'auteur écrit en Français.
Je veux bien être cette sorte "d'analphabète".
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