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4,07

sur 1201 notes
Lucas et Klaus, deux jumeaux. Ils écrivent d'une seule voix, avec le nous, dans un grand cahier, leur vécu dans la campagne hongroise ravagée par la seconde guerre mondiale.

Ce qui frappe, c'est le style ; cru, lapidaire, détaché. Les phases sont courtes. Les mots claquent. L'auteur a souhaité montré à son lecteur une enfance abandonnée à son triste sort. Klaus et Lucas sont à la fois abandonnés par leur mère à une grand-mère pour le moins particulière, qui à son tour laisse ces enfants livrés à eux même, et condamnés à « s'éduquer » mutuellement. C'est dur, cruel, même. La vie ne laisse aucun répit à ces deux gamins qui très vite comprendront que d'eux seuls dépendra leur survie.

Avec une telle force, et une telle charge émotionnelle que peut susciter ce livre, Agota Kristof a eu la sagesse de faire court, pour ne pas lasser son lecteur. Malgré l'immoralité de ces enfants, on ne peut s'empêcher de s'y attacher et de faire preuve d'un peu d'indulgence à leur égard. Ils n'ont aucun repère, n'ont reçu aucune ossature ; la guerre se chargera de les pervertir.

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Deux jumeaux indissociables, un Nous, à la fois victimes et bourreaux. La guerre qui saccage tout, la bêtise et le manque d'amour qui attisent la violence.
Le côté trash ne m'a pas vraiment dérangée, ce qui m'a le plus marquée et m'aura fait manquer ce rendez-vous, c'est cette écriture froide, factuelle, courte, sèche, sans aucune émotion. Je comprends l'intention mais cela n'a absolument pas fonctionné avec moi, avis très subjectif.
« Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues ; il vaut mieux éviter leur emploi et s'en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c'est-à-dire à la description fidèle des faits. »
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J'avais lu le premier il y a des années...lorsque j'ai pu reconstituer la trilogie,  j'ai relu le premier puis enquillé les suites, tellement ce récit est prenant et glaçant !
Si vous avez aimé "Débâcle" de Lise Spit, ces romans sont pour vous !

Des jumeaux, envoyés à la campagne chez une grand-mère froide et dure, dans un pays ( inconnu) lors d'une guerre à une période également indéterminée. Deux gamins sans scrupules, observateurs et cyniques, qui vont user de leur intelligence pour se débrouiller dans un pays occupé, puis au fil du récit, libéré mais désormais sous un régime totalitaire...
Le parti pris de l'auteure de nous laisser dans le flou ne dénature aucunement l'impression de vivre des faits réels.  L'écriture est précise, concise, mais tout est dit en peu de mots. C'est cru, malsain parfois, les jumeaux ne sont pas mis en avant de manière à les rendre touchants ou sympathiques, mais on ne peut que se laisser embarquer dans ce récit où l'horreur est banale, les perversions multiples, et où l'usage du "Nous" transforme ces enfants en une entité au discours souvent perturbant...car assez juste, finalement.
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Les chapitres ne dépassent pas les 4 pages. Un récit court, direct, choquant. La destinée de deux enfants délaissés par leur mère, chez leur grand-mère surnommé La sorcière par les habitants du village. Devant se débrouiller par eux-même pour survivre, ils grandissent sans amour, sans aide, sans humanité.
167 pages dans un village inconnu, à la lisière de deux pays en pleine guerre. Entre les perdants, les libérés, les morts, la voisine nymphomane, la grand-mère effroyable, la mère absente, les deux garçons déploient des techniques d'apprentissages & d'éducation. Ils survivent à défaut de vivre vraiment. Ils sont livrés à eux-même. Lé récit prend des tournures dérangeantes plus d'une fois, mais gardent toujours son cap : démontrer la cruauté des Hommes. La générosité pointe le bout de son nez parfois, mais est vite mise à mal. le final, déroutant, laisse une ouverture pour une suite. En espérant que le récit suivant ne se répète pas. Cru, froid, perturbant, efficace.
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Je commencerai par parler de l'édition. En effet, ce que j'ai commandé était l'édition complète de la trilogie, sauf que la présentation ne le précisait pas. J'ai donc lu non seulement le grand cahier mais également à la suite La Preuve puis le Troisième Mensonge, donc la trilogie des jumeaux. Et je pense que l'éditeur triche un peu. Car sur mon édition, il n'est point mentionné qu'il s'agit de la trilogie complète, aussi avais-je commandé en outre les deux autres tomes inutilement donc. Revenons à nos moutons donc l'oeuvre littéraire d'Agota K. Heureusement pour moi je venais de lire L'Analphabète, ce qui facilite l'entrée dans le domaine de cette auteure.
Je parlerai donc de la trilogie comme d'UN ouvrage.
Une tuerie.
Une telle souffrance.
L'expression d'une douleur, d'une colère et d'une impuissance.
UN ouvrage mais en trois parties et qui se distinguent par leur style. Mais qui ne forme bien qu'un pour enfermer le lecteur dans un récit complexe construit par les mensonges, les vérités, et une littérature qui construit et déconstruit.
Je commencerai par la première partie, soit celle qu'on appelle le Grand Cahier. A lui tout seul, il déchire, les croyances, les certitudes, les faits établis, donc une certaine forme de vérité. La forme d'écriture choisie par l'auteur est la dépersonnalisation. Les lieux n'ont pas de noms, les différents personnages n'ont que des appellations ou des surnoms, le temps n'est jamais précisé, il y a les étrangers, les occupants, les libérateurs, les menteurs. Au lecteur de vouloir préciser ou pas. On y arrivera facilement, nous sommes en Hongrie, à la veille de la seconde guerre mondiale, elle est envahie et occupée par les Allemands, puis elle est libérée par les Soviétiques, l'Armée Rouge et croyant à une liberté, elle est satellisée, et viendra le temps des purges, puis la déstalinisation, puis l'insurrection hongroise et à nouveau une re-communisation jusqu'aux années fin 80 début 90.
Ce qui est formidable dans ce roman, c'est que jamais Agota ne parle de l'histoire ni de son pays, ni de ses tourments politiques précisément. Et pourtant, elle en parle, elle ne fait que cela. Et pour moi, là est son génie et son talent. Car ainsi, elle réussit à rendre atemporel et aspatial ces crimes, ces horreurs. Alors, Hongrie ? Syrie ? communisme ? islamisme ? elle universalise. Car elle a dépersonnalisé et déshumanisé. Et c'est son second coup de génie. Son écriture, si épurée, si froide, qui parfois ressemble à un compte rendu administratif ou policier à la suite d'un interrogatoire, glaçante, effrayante, indique formidablement que le monde est en train de se détruire car l'humain n'existe plus.
Et pourtant quelle émotion ! Une émotion terrible quand elle évoque l'écriture, sa nécessité, la mémoire, son besoin, les racines, indispensables.
Et quel désespoir car elle tue les seuls êtres capables d'amour, Mathias, le petit garçon, si plein d'amour, si intelligent mais inadapté dans une société conforme et normative.
Une oeuvre dont je parlerais encore et encore tant elle est subtile, sensible, tant elle évoque la douleur de vivre, la souffrance d'aimer, les traumatismes qui ne peuvent pas guérir. Et puis, l'écriture est toujours là. Il faut écrire nous dit Agota. Il faut laisser une trace, une empreinte. Elle nous le dit à travers une grande douleur, une infinie tristesse, mais elle le dit.
Cette lecture s'est finie pour moi dans les larmes. Des larmes d'impuissance, de quelque chose d'inachevé, de détruit et d'irréparable.




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Premier volume de la "Trilogie des jumeaux", ce grand cahier est un livre très atypique.
Si on le lit en aveugle sans l'aide du quatrième de couverture, on ne connait le nom d'aucun protagoniste, on sait qu'il est question d'une guerre mais on ne la nomme jamais (on en déduit fortement qu'il s'agit de la seconde guerre mondiale malgré tout), on ne sait quels pays s'affrontent ni dans lequel on se situe. Tout ce que l'on sait c'est que l'on suit des jumeaux partis de la Grande Ville pour la Petite ville pour les mettre à l'abris de la guerre, chez une grand-mère qu'on aurait du mal à imaginer moins chaleureuse.

Indomptables et débrouillards, ce duo atypique nous offre la lecture de leur grand cahier. Un recueil de dissertations thématiques mais néanmoins chronologiques qu'ils ne recopient au propre que lorsqu'elles correspondent parfaitement à leurs critères. Pour être recopiée une dissertation doit être exemplaire de véracité. C'est à dire dépourvue de tout jugement ou émotion ajoutée afin de coller au plus près des faits. le rendu est bref, taillé dans le réel et très cru.

Car dans cette campagne assiégée, peu de personnes sont bienveillantes et saines de coeur et d'esprit. Si l'on a plus souvent l'habitude de se plaindre de personnages trop manichéens en littérature, ici c'est tout l'inverse, on frise l'indigestion tant la cruauté et l'abjection sont omniprésentes et la commisération rarement gratuite. Pour faire face les jumeaux comprennent d'emblée qu'ils vont devoir s'endurcir, ils mettent alors au point de nombreux exercices visant à renforcer leur corps, leur mental et éradiquer leurs peurs.



Je dois dire que j'ai été très déstabilisée par cet étalage de bestialité humaine forgée dans la douleur dans un monde où l'innocence n'existe plus. Mais on trouve aussi dans ce roman les lambeaux d'humanité accrochés à ceux que l'on voit en premier comme des monstres. L'idée des enfants de construire eux-même leur déshumanisation pour survivre, tout en conservant un sens de la justice et de la compassion à certains endroits, ainsi que l'aboutissement du cahier dans un magistral twist final donne envie de voir où cette histoire les mènera.
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Si vous cherchez une lecture qui procure du challenge, qui vous secoue et vous met le doute jusqu'au bout et bien après, cette trilogie est faite pour vous.
Pour ma part, cette oeuvre de fiction m'a poussée au plus profond de mon expérience de lecteur: quelle est la part du mensonge, du fantasme et du « réel » dans ce récit (tout en gardant en tête que l'ensemble est une fiction) ? L'auteur joue sur ce tableau pour distiller le doute, change de point de vue à chaque tome pour mieux nous déstabiliser.
Lucas et Klaus ne sont-ils au fond qu'un seul et même personnage, l'un pile, l'autre face ?
J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire notamment le premier tome, écrit à la première personne du pluriel. C'est le plus poignant, avec certains passages qui font trembler tellement ils sont empreints de violence.
J'ai creusé un long moment avant de vous présenter mon interprétation du récit : le troisième tome est la clé de voûte de cette trilogie. Face à la solitude, l'écriture est l'échappatoire, qu'importe si c'est vrai ou faux. C'est le baume qui soulage, c'est le frère parfait qu'on a et qui partage nos soucis, c'est le rêve qui éloigne la triste réalité ou bien l'inverse!
Mes propos semblent nébuleux mais cette trilogie ne laisse personne indifférente.
Le style d'écriture est concis, précis, froid et incisif. Moi qui d'habitude aime les tons lyriques et plein de sentiments, j'ai beaucoup apprécié ce ton minimaliste et pudique, qui en dit pourtant long. J'étais littéralement accrochée à ces trois romans, même si le second tome m'a paru un peu plus long et moins intéressant.
Que dire de plus à part que je vous recommande ce chef-d'oeuvre !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Si pour vous l'enfance est synonyme d'innocence et de douceur et que vous souhaitez conserver vos rêves : n'ouvres jamais ce livre.
Si vous penser qu'il indispensable d'être nommé par un nom, un prénom, si l'anonymat vous répugne ; n'ouvrez jamais ce livre.
Si l'humour noir vous dérange ; n'ouvrez jamais ce livre.

Mais si vous avez le désir de découvrir un récit où les enfants sont parfois cruels, ou personne n'a de nom et où l'humour noir se niche un peu partout : alors Foncez !!!

Même si j'ai été un déconcerté par les événements, j'ai apprécié l'écriture simple de ce roman et j'attends la suite.
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J'avais lu ce litre il y a plus de 20 ans déjà mais en avais gardé un souvenir dérangeant et un certain malaise en y repensant.
Ayant été amenée à parler de l'auteur, je viens de le relire en une heure de temps.
Et pourtant ce livre est tout ce que l'humain est capable d'être, le meilleur comme le pire.
Mais surtout le pire .
Tous les sentiments se mêlent et se croisent, mais l'horreur et la cruauté dominent.
Survivre à tous prix.
Cependant quelle écriture !
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Ils sont deux corps mais une seule âme. Les jumeaux sont déposés par leur mère chez « La vieille » à l'aube de la guerre, on n'en sait guère plus. La vieille a le sale caractère de ses colères rentrées, de sa vie d'accusée, de sa campagne isolée : c'est une bête hargneuse, et elle les déteste instantanément. Sauf que les jumeaux ont le cuir dur. Chaque jour, et à chaque nouvelle expérience, ils s'entraînent à résister aux coups. Les coups du sort, les abandons, les trahisons, les injustices, les larmes, la violence, la faim, le froid. Ils font toutes sortes d'exercice pour s'y accoutumer. On les croit fous, on les sent dangereux. le sont-ils ? Quel est leur projet ?
Cette lecture est une drôle de claque, un peu malsaine, qui se finirait en caresse. C'est le Petit Prince s'en-va-t-en-guerre, c'est Matilda construit une bombe. C'est la brutalité des villes arrières pendant la guerre, vécue par des petits gars au coeur tendre qui préfèrent donner les coups plutôt que les prendre.

Une lecture un rien perturbante, qui connaît une suite. A mon goût, on peut s'arrêter au premier tome de la trilogie, mais c'est une option possible pour ceux qui apprécient les fins ouvertes. La suite répond aux questions (nombreuses) qui demeurent en suspend.
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