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4,06

sur 1194 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Et le prix de la couverture la plus trompeuse est attribué à...roulement d'accordéon...non , pas The Artist , faut en laisser un peu pour les autres... mais le Grand Cahier ! Oh , si c'est pas mignon ça , deux ch'tis garnements faisant mumuse avec un p'tit baton dans l'eau ! Ça fleurait bon l'attendrissant récit sur l'enfance dans une nature à la Giono ! Sauf qu'en refermant le bouquin , l'on se dit : ce livre est vraiment au programme de Troisieme ? Sans déconner ? Ils sont peut-etre un peu jeunes les gamins pour gouter aux doux plaisirs de l'ondinisme , du masochisme , de la pédophilie et de la zoophilie...Enfin je dis ça...Certains parents furent si choqués qu'ils firent appel au Procureur de la République ( cf affaire d'Abbeville en 2000 ) . Ami bourgeois réactionnaire , bonsoir ! Pour le gentil conte enfantin , on oublie . Pour l'enfance perdue , laminée par la guerre , pervertie par l'homme , c'est par ici...

Claus et Lucas , jumeaux fusionnels , fuient avec leur mere la Grande Ville ravagée par la guerre . Destination : la Petite Ville et leur grand-mere supposée maricide qu'ils n'ont jamais vu ! La mere partie , le courant passe immédiatement ( comme un p'tit air d'Heidiiiii) . Ils répondent désormais au doux sobriquet de Fils de Chienne , pudeur des sentiments oblige , courant alternatif de mise...La faim , le froid , les insultes deviennent alors le tres enviable quotidien de ces deux oisillons tombés du nid . C'est dans un tel contexte saturé d'amour qu'ils vont se construire à leur façon , développer un systeme de valeurs qui leur est propre et s'échiner à retranscrire scrupuleusement dans un grand cahier ( d'ou le titre , c'est bien foutu quand meme ; ) ce que sera désormais leur quotidien et leur procédé d'appréhension . Galerie de personnages surréaliste . Véritable catalogue de déviances sexuelles...L'on saute ( et le terme est plutot bien choisi je trouve...) allegrement du curé à tendance pédophile a l'officier masochiste en passant par la servante urophile et la gamine zoophile . Quelqu'un a vu mon fouet ?
La palme en revenant à leur si délicieuse voisine . Jouons un peu avec Juuuulieeeen Lepeeeers : j'ai un Bec-de-Lievre , je peux jouer au flipper tout en regardant la balle et le compteur , j'ai de la morve au nez , des pustules sur les bras et les jambes , je suis , je suis...Bec-de-Lievre ! Oui ! Oui ! Aaah que j'aaaaime ce jeuuuu ! Bec-de-Lievre n'est pas avare de sa jeune personne et ce n'est ni le curé , ni le quidam de passage , ni le chien du coin qui diront le contraire . Il se dégage chez cette gamine une aussi furieuse que malsaine envie d'etre aimée...

Les chapitres sont courts et excedent rarement les 3 - 4 pages . Ils égrenent crument , vertement et sans complaisance aucune la nouvelle vie de cette seule et unique entité ( nous systématique ) que représentent ces deux etres déshumanisés , témoins privilégiés d'une sale guerre au contact d'énergumenes qui ne le sont pas moins . Un tel environnement ne pouvant qu'engendrer un tel chaos personnel .
La lecture est pour le moins surprenante . Les protagonistes pas vraiment attachants mais bizarrement , l'on se surprend à vouloir en savoir toujours plus , avide de récits que n'auraient pas renier ce bon Marquis de Sade . le propos peut choquer , nos deux héros étant encore à un age empreint d'innocence et de naiveté . Et donc pas vraiment aguerris au chantage , à la délation , à la cruauté et la perversité...Deux gamins monstrueux , froids comme l'hiver que la guerre et les hommes amoraux façonneront à leur image . L'abject enfante l'abject . L'auteure sort l'artillerie lourde . Quoi de plus normal en période de conflit...
L'écriture est minimaliste et traite parfois humoristiquement ( tendance noire ) , souvent sechement et cyniquement de la désastreuse auto-éducation de marmots livrés à eux-memes dans un contexte aussi totalitaire qu'éradicateur...
Tu es le maillon faible ? Tu ne sors pas , tu creves...

Le Grand Cahier , premier d'une trilogie , et son étonnant final font que j'y reviendrais ! Ouaip ! Petit calepin grands carreaux à spirale , j'arrive !!
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Tellement "éberluée" par ce texte, à nul autre comparable... et en constatant de plus, avec plaisir l'abondance déjà des" chroniques" sur ce roman, mes hésitations à rédiger "mon" ressenti sont des plus vives…
Après la "critique" de LydiaB, en laquelle je reconnais une très grande partie de mes propres appréciations , je vais tenter d'exprimer au plus près mes impressions. Et la tâche ne me paraît pas aisée !

j'imagine que la force et la violence des émotions que provoque ce roman, en dehors de la gravité du sujet : des « enfants dans la guerre »…tiennent énormément au style et à la découpe du texte. Une forme des plus lapidaires ou plus exactement « faussement » laconique. Des phrases brèves, cinglantes , des chapitres courts et bien distincts…

klaus et Lucas [En réalité, dans le roman, ils sont le plus souvent nommés comme « les jumeaux », comme une entité unique, inséparable, ce qu'ils sont d'ailleurs , dans la réalité de leur quotidien…]sont envoyés à la campagne par leur mère chez leur grand-mère, car c'est la guerre en ville, et il n'y a plus grand-chose à manger.

Pour les mettre à l'abri, les jumeaux se retrouvent pour la toute première fois, séparés de leur mère, et face à une grand-mère qui a plutôt tous les attributs de la « méchante sorcière » des contes : laideur physique et morale, saleté, agressivité, cupidité… celle-ci les mène à la dure, et c'est peu dire ; elle ne veut pas entendre parler de l'école, les fait « trimer » pour gagner une maigre pitance…les bat, les malmène verbalement…Toute la panoplie de " l'enfance malmenée" et plus ...

Heureusement, Les jumeaux, d'une intelligence supérieure à la moyenne, observateurs, vont faire front… dans cette guerre qu'ils ne comprennent pas, en faisant des « exercices » pour s'endurcir. Par exemple, ils se battent réciproquement pour supporter les coups de la grand-mère…idem pour les insultes, appelé « exercice d'endurcissement de l'esprit », etc.
Klaus et Lucas , en réalité, trouvent des astuces, des solutions ingénieuses pour supporter « l'insupportable », l' « Intolérable »…

Face à eux, peu d'adultes dignes ou courageux… Ils apprennent seuls , questionnent… sans succès. On leur renvoie leur jeune âge pour ne pas répondre aux questions embarrassantes, par contre, dans leur quotidien, ils doivent faire face aux pires exactions…et à des responsabilités d'adultes : « leur propre survie » psychologique dans un contexte des plus sombres.

« Nous disons :
-Nous n'avons plus faim
Nous allons dans la chambre. le curé se retourne :
-Voulez-vous prier avec moi, mes enfants ?
-Nous ne prions jamais, vous le savez bien. Nous voulons comprendre.
-vous ne pouvez pas comprendre. Vous êtes trop jeunes.
-Vous, vous n'êtes pas trop jeune. C'est pour cela que nous vous demandons » (p. 105)
…et ils se heurtent au silence, et à la médiocrité des adultes. Il y a des scènes difficilement soutenables, mais qui rentrent dans ce climat de "barbarie banalisée", généralisée.

Le premier volet de cette trilogie m'a suffisamment interpellée pour poursuivre les deux autres romans, afin d'affiner et de préciser mon appréciation globale, de cette oeuvre, des plus singulières.

Klaus et Lucas font malgré eux, une étrange éducation, avec leurs propres moyens ; même si ils s'endurcissent pour « faire face »… ils éprouvent aussi des élans, de la compassion, parfois ; par exemple, pour leur petite voisine , « bec-de-lièvre », complètement démunie, qu'ils aident comme ils peuvent. Ce qui les rend forts, c'est leur « gémellité », « être deux » face aux horreurs de la guerre, et aux cruautés quotidiennes des adultes… Ensuite, ils font , dans un isolement affectif redoutable, leurs apprentissages de la Vie, et des Hommes…avec les « moyens du bord »…
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Un livre absolument déroutant, dérangeant, émaillé de descriptions extrêmement choquantes, malsaines, et pourtant... j'ai beaucoup aimé cette trilogie d'Agota Kristof : dure, crue, l'écriture évoque puissamment l'abandon total dans lequel sont laissés deux enfants et la force terrible qui les anime pour ne pas se laisser abattre et survivre au dénuement qui les entoure.
Un livre choc !
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Quelle lecture éprouvante. Un court roman, moins de 200 pages, d'une froideur et d'une noirceur.
Il n'y a pas de prénom, juste la grand-mère la mère le père l'officier, ni de nom de ville ou de pays, juste la grande ville le grand fleuve, il y a une guerre : laquelle ? Cela accentue la sensation de malaise à la lecture de ce roman.
Les jumeaux racontent leur quotidien chez leur grand-mère, après que leur mère les y aient déposés pour les protéger de la guerre dans la grande ville. Une grand mère qui les appelle fils de chienne et que les villageois appelle la sorcière. Ça donne une idée de l'ambiance générale.
Les chapitres sont courts, directs, bruts de décoffrage.
Et pourtant, je l'ai lu d'une traite et je viens d'emprunter à ma médiathèque les 2 tomes suivants. Allez comprendre.
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Dans un pays indéterminé ravagé par la guerre, des jumeaux sont abandonnés par leur mère à la campagne chez une grand-mère qui ne veut pas d'eux. Livrés à eux-mêmes dans un monde hostile, ils ne suivent aucune règle et sont dépourvus de morale. Un écrit simple et dur qui m'a donné envie de découvrir le prochain tome de cette trilogie.
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C'est la guerre. Une mère quitte la grande ville avec ses jumeaux direction la petite ville où vit sa mère . Elle y laisse les garçons. La grand-mère , surnommée la sorcière , ne les accueille pas avec le sourire, c'est le moins que l'on puisse dire ! Alors ces fils de chienne vont faire bloc, s'adapter, résister, apprendre comment survivre, prêts à tout et à encore plus .
Agota Kristof a émigré de Hongrie, trouvé asile en Suisse et nous offre ici son premier roman directement écrit en français. Roman d'un apprentissage dont le monde se serait bien passé. L'écriture est sèche, rapide, les mots claquent comme des gifles ou des balles. Une lecture dont je ne suis pas sortie indemne loin de là mais qui ne peut s'arrêter au premier volet de cette trilogie dite des jumeaux.
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Quelque part en Europe, dans un pays qui ressemble beaucoup à la Hongrie ou à la Pologne, à une époque où résonnait le bruit des bottes et où s'élevaient dans l'air des relents de fumées nauséabondes... Là grandissent 2 frères jumeaux, laissés aux bons soins d'une grand-mère sans foi ni loi.
Et pour eux, c'est comme grandir aux côtés d'une hyène : ils devront faire face ou mourir.
Alors ils vont s'endurcir en s'infligeant eux-mêmes des épreuves très dures : l'exercice du silence, l'exercice des coups, de l'immobilité, du jeûne, ect... allant crescendo dans la difficulté physique et morale.
Les 2 frères relateront dans leur grand cahier chaque fait d'importance, et uniquement les faits.
Ils agissent aussi comme un seul homme, et avec bon sens, faisant preuve parfois de cruauté, mais jamais gratuitement. Ce qui leur permettra de survivre à cette guerre puis à l'arrivée des "libérateurs", ceux qui arrivent avec leurs tanks et leur esprit de réquisition populaire... Car à n'en pas douter, on assiste là à l'arrivée des troupes communistes... Un tyran en remplace un autre.
Mais l'entité jumelle arrivera-t-elle à conserver son intégrité jusqu'au bout dans ce chaos ?
Un livre troublant, sauvage, brut, sans fioriture. Une auteure à suivre...
Livre adapté récemment au cinéma par Janos Szasz.
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Encore un roman sur l'enfance innocente écrasée par la guerre. Oh les pôôvres petits !!!! Vont-ils réussir à survivre dans ce monde si cruel qui leur vole la naïveté de leur jeunesse ? Oh que oui ils vont survivre. Justement parce qu'ils n'ont pas de coeur, enfin pas comme tout le monde. Accrochez-vous à vos pages, car vous allez rentrer dans l'esprit de 2 enfants pas du tout recommandables. Ils sont effrayants par la froideur de leur raisonnement, la détermination de leurs décisions. Ils ne sont ni machiavéliques, ni charmeurs, ni calculateurs. Ils sont calmes, déterminés. Ils s'auto-éduquent pour être à la hauteur de la cruauté du monde. Parce que là ils ne sont franchement pas très bien tombés. Leur mère qui les largue sous prétexte de guerre, chez une grand-mère qui a le profil parfait de la sorcière. le voisinage un peu (très dérangé) avec une voisine portée sur la chose, et pourquoi pas en mode zoophilie. C'est peu banal. En plus elle est moche et répugnante. Plus que la plus moche des filles que vous ayez jamais croisée. Il y a aussi le curé qui ne dit pas non à tripoter sous les jupes, le soldat et la servante à tripoter dans les pantalons des garçons. Bref, tout le monde est porté sur la chose, mais on est dans le côté le plus obscur du romantisme…
Et ils se débrouillent pourtant les deux salopards !! Sans même y laisser une plume, ni leur âme. Si tenté qu'ils en aient une. Plein de gens meurent autour d'eux. Plein de gens ont faim ou froid autour d'eux, mais eux s'en sortent.
C'est un roman vraiment comme un uppercut. Une arridité sentimentale presque dérangeante. L'entrée dans l'esprit des jumeaux qui fonctionne comme un seul être est aussi assez malaisant.
Mais c'est fait avec une grande précision, jusqu'au bout. Parfois les auteurs décrivent l'innommable en le suggérant. Là on a projecteur en plein dessus et on ne peut pas passer à côté…

Alors faut-il le lire ? Oui !!! Je lirai les suivants, car c'est une trilogie, mais je vais faire une pause entre deux, parce que c'est vraiment choc. Parfois les auteurs décrivent l'innommable en le suggérant. Là on a projecteur en plein dessus et on ne peut pas passer à côté…
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Le grand cahier, premier tome de la trilogie " des jumeaux" écrit par une auteur hongroise (1935-2011) qui a reçu le prix du Livre européen en 1987.

Deux enfants sont confiés par leur mère à leur grand-mère, surnommée la sorcière, dans une petite ville (d'un pays jamais nommé), car dans la grande ville, la guerre fait rage.
Séjour initiatique auprès de cette parente acariâtre mais surtout de par leurs propres expériences qui ne sont pas toujours de leur âge.

Ils vont se révéler fort intelligents, filous, meurtriers mais que ne faut-il pas faire en temps de guerre pour survivre.

Un récit à hauteur d'enfants, souvent cruels, des dialogues parfois orduriers pour des enfants qu'on laisse à la fin de ce tome des deux côtés d'une frontière et pour la première fois de leur vie, séparés.
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Un roman étrange et cruel ; et violent, pervers, obscène, cynique, immoral... mais d'une manière si extrême et avec une plume si précise, si tranchante, si sèche et tellement maîtrisée, que cela en devient presque surréaliste et, je dois l'avouer, assez amusant.
Le décor est une ville sans nom, dans un pays sans nom, pendant une guerre sans nom, avec des occupants et des occupés qui parlent diverses langues qui ne sont pas désignées clairement non plus, et qui n'ont eux aussi que des appellations utilitaires ou descriptives (le libraire, le cordonnier, la servante, la grand-mère, la cousine...) ou moqueuse ("Bec-de-Lièvre", notamment). Bien sûr, on devine, entre les descriptions de convois de déportés qui traversent la ville et en se basant sur l'origine hongroise de l'auteur et sa naissance dans les années 1930, qu'il doit s'agir de la seconde guerre mondiale. Mais rien ne vient jamais le confirmer.
Pour autant l'étrangeté ne vient pas seulement de cet univers privé de repères et la violence n'est pas uniquement provoqué par ce conflit armé, avec ses occupants, ses bombardements, ses convois militaires. La source principale d'étrangeté est constituée par les deux personnages centraux : deux garçons, deux enfants (mais sans âge précis), deux jumeaux indissociables. Et tellement indissociables que la narration est faite à la première personne du pluriel. Étonnant et pourtant bien réel. Mais comment un narrateur peut-il dire "nous pensons que..." ? Est-il possible que deux être distincts aient-une pensée commune ? Sont-ils alors vraiment distincts ? Apparemment oui, puisque les autres personnages les considèrent toujours comme étant deux... Grand mystère (et pas des moindres) de ce roman.
Autres caractéristiques remarquables de ces garçons, ce sont leur intelligence et leur froideur, que l'on retrouve toutes deux dans leur manière de s'instruire : instruction de l'esprit, dans les domaines les plus variés et notamment l'apprentissage accéléré des langues des différentes armées qui passent par là, pour occuper ou libérer le pays, mais aussi dressage du corps, pour se former à endurer douleurs, mépris, faim...
Si froids et intelligents, les jumeaux apparaissent alors non seulement étranges, mais aussi totalement hors normes et presque terrifiants. A tel point qu'ils parviennent peu à peu à dominer et diriger qui ils veulent, sans que rien ne les fassent plier. Et il mènent ainsi leur barque, au milieu d'autres personnages qui ne sont pas en reste question brutalité, perversité ou égoïsme. Une barque qui avance allègrement, nous emportant avec elle jusqu'au point final... en nous donnant l'envie de continuer à la suivre dans les deux romans qui forment la suite de celui-ci.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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