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4,04

sur 463 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Incroyable ! Je ne sais même pas par où commencer tellement j'ai adoré cette lecture. Rebecca Kuang et sa plume irrévérencieuse font encore une fois des ravages et n'épargnent personne. J'aime tellement sa façon de dénoncer toutes les choses qui ne vont pas dans ce monde sous couvert de fantaisie.
Le fonctionnement de la magie dans cet univers m'a beaucoup plu, c'est tellement original ! Transformer l'intraduisible en énergie - il fallait l'inventer. C'est par ailleurs une belle façon de mettre en lumière la cruauté de la révolution industrielle.
Robin est d'abord un peu naïf et émerveillé par toutes les connaissances qu'on lui sert sur un plateau d'argent, si bien qu'il est intéressant de le voir lentement prendre conscience de la barbarie qui se cache derrière. le colonialisme est ici la principale victime de la plume de R. F. Kuang, avec tous ces orphelins qu'on arrache à leur terre natale pour en exploiter la ressource la plus innée - leur langue maternelle. Et il est presque jouissif de regarder l'empire britannique, ici le grand méchant de l'histoire, courir à sa propre perte en en voulant toujours plus.
Et que dire de toutes les recherches qu'a dû effectuer l'autrice pour nous fournir une oeuvre d'une telle richesse, où des dizaines de langues se mêlent et s'entremêlent pour créer la magie.
J'ai adoré, et je ne peux que conseiller Babel à ceux qui ne l'ont pas encore lu !
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Oxford, 1828. Robin, jeune orphelin chinois, a été recueilli par le professeur Lovell pour devenir un spécialiste des langues et des traductions. Il est formé dans un manoir, dans la campagne anglaise, puis intègre Babel, la célèbre tour qui domine Oxford. On y fait des recherches afin de trouver les meilleures appariements en langue pour faire fonctionner des plaques en argent. Ces dernières servent dans la vie quotidienne et améliorent le confort des anglais. L'Empire britannique a ainsi étendu son pouvoir sur de nombreux pays et s'apprête à conquérir la Chine.

Babel est un sacré pavé de plus de 700 pages qui met en scène un quatuor de personnages qui vont s'allier afin de mener à bien leurs études dans cette mythique Babel. On suit plus précisément Robin, qui maîtrise parfaitement le Chinois, et qui va se perfectionner au sein de son université. Ce roman de fantasy repose sur un système de magie que j'ai déjà rencontré dans la trilogie des Maîtres enlumineurs de Robert Jackson Bennett. Mais ici, ce sont les mots et leur pouvoir d'évocation, leurs nuances qui permettent aux objets de fonctionner mieux et durablement.

Babel c'est avant tout, en effet, un roman qui parle des mots et de leurs pouvoirs. On sent que l'autrice est passionnée. On y parle d'étymologie, beaucoup, de ressemblance entre les langues ou de leurs dissonances. J'ai trouvé cela passionnant pour ma part. L'ambiance Dark academia y est aussi pour beaucoup, nos personnages évoluant dans un milieu ultra privilégié.
Babel c'est aussi le récit d'un Empire britannique et l'autrice montre la violence de son colonialisme à travers les guerres larvées qu'il mène en Chine mais aussi à travers les racisme qui touche notre cher Robin. Alors c'est vrai qu'on pourrait reprocher à l'autrice d'être parfois manichéenne ou d'enfoncer des portes ouvertes, mais j'ai vraiment aimé son partie pris. La violence est aussi au coeur de ses propos. Il y a des propos économiques ou politiques vraiment intéressants qui ne me permet pas de ranger ce roman dans la catégorie Young adult, n'en déplaise à certains.

Babel est une vraie réussite, une lecture prenante et intense qui mérite son succès.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Babel est une critique incisive et frontale du colonialisme, de sa voracité sans limites, du pillage de pays étrangers, de la soumission des peuples, de l'accaparement des ressources et des cultures aux seuls noms du profit et du confort. J'ai vibré avec les personnages. Je me suis révoltée à leurs côtés. J'ai ris, j'ai pleuré, je me suis mise en colère, j'ai retenu mon souffle.

Résumé :
1828, le choléra asiatique frappe la région de Canton, en Chine. Un jeune orphelin est sauvé in extremis de la maladie, par un riche anglais au pouvoir mystérieux, le professeur Lovell. Celui-ci décide d'emmener le garçon en Angleterre et d'en faire son pupille. Devenu Robin Swift, l'enfant sera logé, nourrit et bénéficiera de tout le confort imaginable. En retour, il devra étudier assidument le latin et le grec dans l'optique d'intégrer Babel, la prestigieuse école de traduction d'Oxford. Là, il apprendra que le langage est un outil de pouvoir. Alors que l'empire britannique étend inexorablement ses tentacules et que la première guerre de l'opium menace, Robin devra faire un choix, entre son pays natal et son pays d'adoption.

Babel est une fantasy historique. Elle prend place dans l'Angleterre des années 1830, en pleine révolution industrielle. L'empire colonial britannique est en plein développement, Londres est la ville la plus influente du monde. le contexte historique et politique, n'est pas qu'un décor ou un arrière plan, pour une histoire de dark academia. Il est au contraire prédominant et extrêmement bien documenté, sans pour autant être indigeste. Il n'est pas nécessaire d'être très calé sur le sujet avant la lecture, puisque l'autrice donne toutes les informations importantes. Mais faire des recherches a posteriori est assez intéressant, pour mieux comprendre les évènements historiques évoqués par R.F. Kuang.

Les cours magistraux, les examens, la solidarité entre membres d'une même “cohorte”, tout cela m'a remplie de nostalgie puisque ça m'a beaucoup rappelé mes années en licence de lettres. J'ai trouvé cet aspect passionnant, et j'avoue que voir les personnages débiter toute l'étymologie d'un mot, chaque fois qu'ils “jettent un sort” est assez drôle. le système de magie est très original et assez subtil. Il se base sur la traduction, sur les incompréhensions qui existent entre les langues et sur le pouvoir évocateur des mots. Il est une métaphore à la fois du langage comme outil de pouvoir, mais aussi de l'argent, du profit, de ce que nous sommes prêts à faire pour en avoir toujours plus. Babel est une critique incisive et frontale du colonialisme, de sa voracité sans limites, du pillage de pays étrangers, de la soumission des peuples, de l'accaparement des ressources et des cultures aux seuls noms du profit et du confort.

J'ai vibré avec les personnages. Je me suis révoltée à leurs côtés. J'ai ris, j'ai pleuré, je me suis mise en colère, j'ai retenu mon souffle. L'intrigue en elle-même est assez basique et reprend certains codes que j'associe au Young Adult. Une simplicité et une familiarité qui, je pense, permettent d'aborder des sujets ô combien complexes, sans que ce soit indigeste, en étant pédagogique, sans pour autant atténuer la gravité des enjeux, et surtout, en impliquant le lecteur. Évidemment, j'ai pensé à Harry Potter, j'ai pensé à Hunger Games, à Divergente, et à toutes mes lectures d'adolescente, dans lesquelles les héro.ïnes sont en luttes, contre des régimes totalitaires imaginaires. Sauf qu'ici, c'est réel, et il serait trop facile de se dire que c'est du passé. Notre système économique et géopolitique actuel est le direct héritier du colonialisme.
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Je ne sais pas si c'est la beauté de l'édition, le titre du roman ou le synopsis qui m'ont fait attendre de grandes choses de ce livre, mais j'ai entamé la lecture de Babel, avec de très grandes attentes !

Au final, l'histoire ne ressemblait en rien à ce que je m'étais imaginée. Là où j'attendais un récit fantastique classique, je me suis retrouvée happée par une merveille de réflexion sur la linguistique, le colonialisme et les liens qui se tissent entre langue, identité et autorité.

Je me suis laissée emportée par l'écriture géniale et la traduction parfaitement maîtrisée.

Il est rare qu'un livre arrive à me transporter à se point, tout en allant à l'encontre de toutes mes attentes.

Babel restera cependant, une de mes plus belles lectures 2023.
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Un beau pavé de plus de 750 pages lu en à peine deux jours.

Ce livre me faisait de l'oeil depuis un moment quand, le mois dernier, je découvre qu'il est enfin traduit en français. Je ne pouvais donc pas raté ça !

Une intrigue très originale se déroulant dans l'Angleterre victorienne avec une petite touche de magie en plus. Des personnages bien écrits et une amitié très bien construite. J'ai apprécié découvrir l'évolution du personnage de Letty et les réflexions et les choix faits par Robin et Victoire dans le cinquième livre.

J'ai également trouvé les passages sur l'étymologie des mots très intéressants et je suis d'ailleurs surprise de voir que certains lecteurs les ont trouvé ennuyeux et/ou peu nécessaires, sachant que la magie de l'argentogravure provient du «sens perdu des mots » et qu'il fallait donc, à un moment ou un autre, en parler (mais bon, chacun ses goûts, je ne suis d'ailleurs pas sûre que ces passages soient assez présents pour dégoûter totalement quelqu'un de ce livre). Ça m'a personnellement donné envie de recommencer à apprendre des langues (Le maître des illusions de Donna Tartt m'avait fait le même effet avec le grec et le latin, il faut croire que je suis vachement influençable).

Alors, c'est sûr que ce livre peut faire peur, au vu du nombre de pages, mais il est très facile à lire et l'écriture de l'auteure est si fluide qu'on ne voit pas le temps passer.

Les deux seuls petits bémols selon moi sont quelques unes des décisions de Robin que j'ai trouvé idiotes et/ou étranges (et j'avoue avoir du mal à imaginer qui que ce soit faire ce genre de choix), je pense notamment au passages dans le bureau du télégraphe lorsque Robin découvre que Ainsi que 2/3 phrases que j'ai dû relire plusieurs fois car elles me paraissaient incompréhensible au premier coup d'oeil, comme si il manquait des virgules mais je ne sais pas si c'est du fait de la traduction ou de l'autrice.

En bref, une très belle lecture que je ne suis pas prête d'oublier !
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C'était vraiment important pour moi de lire ce livre en anglais, de pouvoir découvrir cette histoire dans sa version originale, ressentir la justesse des mots que l'autrice à voulu transmettre. Et bon sang quelle histoire… Rares sont les livres qui me transpercent autant, qui résonnent autant en moi, le récit si dur et si tragique de Robin ne m'a vraiment pas laissée indifférente.

RF Kuang a vraiment apporté de la consistance à son développement, on sent tout le travail, toutes les recherches qui ont été faites pour aboutir à ce résultat. Elle prend son temps pour nous parler des ravages qu'ont causés les empires coloniaux (à la fois économiques, matériels, et moraux) dénoncer la pensée qui en découle, la haine, le dédain et l'indifférence qui émane à la fois des civils et des hauts placés.

L'aspect fantastique ne prend pas beaucoup de place, mais le système de magie qui évolue à travers la traduction des mots est vraiment bien pensé et est super intéressant. Toutes les machinations qui sont créées pour préserver ce trésor national et avoir à disposition des étrangers capables d'utiliser l'Argent pour que l'Angleterre puisse s'enrichir… C'est à la fois machiavélique et terriblement bien construit.

J'ai particulièrement aimé la relation qu'entretient Robin avec ses trois autres camarades, ensemble ils forment un groupe de marginalisés qui essayent de vivre une vie à peu près normale dans une société qui leur répète sans cesse qu'ils n'ont pas leur place à l'Institut de Babel.

Ce livre est par moment très dur, parfois injuste mais pourtant si authentique et nécessaire, je pense qu'absolument tout le monde devrait le lire.
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J'ai adoré ce roman. C'est un énorme coup de coeur.

Pour moi, ça a été une lecture fantastique, qui m'a rappelé à quel point la fantasy peut être politique – et en l'occurrence, le roman est éminemment politique, abordant avant tout des thématiques autour du colonialisme et du racisme, mais touchant du doigt une dénonciation du capitalisme, des réflexions autour du féminisme, de la légitimité de la violence dans la lutte… – et à quel point quand la fantasy le fait bien, elle devient l'outil d'une expérience de pensée formidable : en vous mettant dans la peau d'un autre, vous ressentez leur parcours au plus profond de votre chair, ouvrant les yeux sur leur parcours émotionnelle autant qu'intellectuellement.

Les personnages m'ont embarquée, je les ai trouvé d'une grande finesse, et j'ai souffert avec Robin, dans son parcours qui le brise et l'amène à la destruction, compris à ma propre honte Letty, adoré Victoire et Ramy… Leurs relations les uns aux autres, leurs prises de conscience, leur évolution, leurs différences et leurs émotions… tout m'a embarquée !

Et j'ai également adoré toutes les réflexions autour de la traduction qui sont présentées dans le livre, absolument passionnantes. le pouvoir des mots, la contextualisation d'une langue à l'autre et bien des problématiques soulevées que l'autrice nous montre de façon didactique sans pour autant trancher, laissant son lecteur juge.

L'univers « magique » qui sert de toile de fond, assez discrètement au final, m'a également énormément plu, le jeu de magie avec la traduction était hyper astucieux et servait très bien le propos.

Franchement je recommande chaudement ! Guettez la sortie VF (ou, si vous vous sentez, lisez le en VO, car c'est un livre qui risque de perdre à la traduction, de part sa thématique justement sur la traduction qui rend le boulot du traducteur ultra casse-geule et un poil ironique).
Lien : https://youtu.be/ZdKbCjgY2Ps
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Tombée dessus à bien des reprises, et ne participant jamais à la hype, je ne m'y étais pas intéressée. Une fois le résumé lu, direct la wishlist, acheté dans le weekend et commencé quelques jours plus tard. Je m'attendais à du grandiose et c'est le cas !!

Une grosse briquasse de quasi 800 pages, une édition magnifique, une histoire très intellectuelle, complexe mais plus qu'intéressante. le Livre 1 (ou 1e partie) suit l'arrivée de Robin à Oxford, on pose le décor, université ni bonne ni mauvaise dans ses intentions, une simple question controversée de choix. Tu choisis ton camp et advienne que pourra.

Le Livre 2 se focus sur la cohorte des 4 étudiants et leur vie quotidienne. Les réflexions sont profondes, philosophiques, de la philologie pure, ça me rappelle mes études et j'adore ça. Parfois j'ai quand même besoin de relire pour comprendre pleinement, concentration ! On sent que cette stabilité se craquèle mais je commence à m'ennuyer.

Dans le 3e, les mystères s'épaississent et s'accumulent, la contradiction règne. Certains événements sont trop soudains, même si tout est important pour comprendre la portée de la manipulation mentale.

C'est dans la 4e partie qu'il y a vraiment de l'action, tout explose. Mais il y a tant de sous-entendus, de noms évoqués et noyés dans le flot du roman, que parfois j'ai du mal à saisir.

Lorsque cette épopée de fou furieux se termine au Livre 5, je suis ébranlée, partagée. La fin ne me satisfait pas complètement parce que trop réaliste. Ce que je peux vous dire c'est que tout le roman fait trembler, un véritable ascenseur émotionnel. Lisez-le ! C'est monumental. Entre révolution industrielle et colonialisme, vous n'avez jamais vu la société à travers ces regards-là. Je m'en rappellerai encore longtemps !!!
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Cette lecture a un goût d'indescriptible, je crois que je suis passée par toutes les émotions avec.
J'ai vraiment aimé. Il m'a fallut un peu de temps pour rentrer dans l'histoire et bien m'y situer. Mais "waouh" au delà du visuel de la version relié qui est extraordinaire, le contenu l'est tout autant. le travail fait sur les passages de traduction semble énorme, j'aime beaucoup les annotations en bas de pages.
Les personnages sont intéressants même si parfois leurs dialogues semblent prévisible, ça ne m'a en rien enlever le plaisir de découvrir le scénario, où toutes les thématiques qui sont abordés sont intéressantes.

Bref un plaisir à lire, si les pavés ne vous font pas peur : foncez !
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Ce roman est un régal. La description de l'éveil à une conscience révolutionnaire d'un jeune homme dont toute la famille a été décimée par une épidémie de choléra, arraché à sa Chine natale et ramené à l'université d'Oxford pour y étudier la traduction par un tuteur aux visées très intéressées m'a tenue en haleine du début à la fin.
L'histoire se déroule au XIXe siècle. L'autrice imagine un empire britannique dont la révolution industrielle serait basée sur l'argentogravure, c'est à dire sur l'énergie produite de façon magique par des barres d'argent gravées de mots et de leur traduction dans une langue étrangère et sur le pillage de l'argent, matière première indispensable, dans ses colonies telles que la Chine et l'Inde. L'argentogravure est le principal élément imaginaire de ce roman qui regorge par ailleurs de références linguistiques et historiques bien réelles. Je suis fortement impressionnée par l'érudition de cette jeune autrice, que ce soit dans le domaine des langues, des guerres coloniales telle que les guerres de l'opium ou de la condition de la classe ouvrière et de ses révoltes. Face à toute cette violence de l'exploitation de la main d'oeuvre ouvrière et du pillage colonial se pose la question de la violence révolutionnaire pour y mettre fin. Je lis plusieurs commentaires de lectorices qui ont mis une mauvaise note et dénoncent le choix de la violence par les opprimé.e.s. Ce positionnement de condamnation morale de la violence révolutionnaire est incarné par un des personnages de ce roman, appartenant aux classes privilégiées de l'empire britannique qui n'a pas pris la mesure de la violence et des injustices subie par les laissé.e.s pour compte du système parce qu'elle ne les a pas vécues dans sa chair.
J'ai dévoré ce livre passionnant émaillé de citations puisées dans la littérature mondiale de tous les temps, dont celle-ci de Franz Fanon dans "Les damnés de la terre" : "Le colonialisme n'est pas une machine à penser, n'est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l'état de nature et ne peut s'incliner que devant une plus grande violence".
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