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3,61

sur 559 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le roman de la déconvenue, du jeu de l'amour et du hasard et de la métamorphose.
« Un hôtel dans une petite ville au bord de la mer normande qu'ils avaient trouvé par hasard dans un guide. Chantal arriva le vendredi soir pour y passer une nuit solitaire, sans Jean-Marc qui devait la rejoindre le lendemain vers midi. » Elle passe son temps libre à se promener et s'aperçoit qu'elle laisse indifférents les hommes qu'elle croise. le lendemain elle en parle à Jean-Marc : « Les hommes ne se retournent plus sur moi. » il y a dans leur relation un rapport de force : elle est plus âgée que lui, gagne cinq fois plus que lui et lui, vit dans son appartement à elle. Jean-Marc va inventer un stratagème pour la rassurer sur son pouvoir de séduction…
A travers ce roman, Kundera raconte les différentes personnalités de ses héros. Chantal est tour à tour la femme amoureuse qui attend son amant, la mère que la mort de son fils n'émeut pas, la libertine honteuse… Autant d'identités révélées par les circonstances, l'environnement, le temps et l'espace. Il nous montre le caractère mutant de l'identité. Il parle de la même femme tout en en faisant plusieurs portraits s'inscrivant dans une suite logique d'actions. Cette identité est démultipliée par la perception qu'en ont la principale intéressée et les différentes personnes qu'elle croise aussi bien dans son passé, dans son présent, dans la réalité que dans ses rêves.
On retrouve dans ce roman, de même que dans le précédent, « La lenteur », le thème du souvenir et de la mémoire. Il écrit : « Voilà la vraie et seule raison d'être de l'amitié : procurer un miroir dans lequel l'autre peut contempler son image d'autrefois qui, sans l'éternel bla-bla de souvenirs entre copains, se serait effacée depuis longtemps. » Mais aussi : « L'amitié est indispensable à l'homme pour le bon fonctionnement de sa mémoire. Se souvenir de son passé, le porter toujours avec soi, c'est peut-être la condition nécessaire pour conserver, comme on dit, l'intégrité de son moi. » Où l'amitié serait prise au sens large, en tant que relation de confiance. Ces personnes seraient les gardiens de certaines de nos identités, qu'elles nous conviennent ou pas, qu'elles soient authentiques ou pas. C'est la raison qui pousse Jean-Marc à renier son ami du Lycée, F. ou Chantal qui part à Londres sur les traces de cet homme qui avait cherché à la séduire et dont elle avait repoussé les avances. Tous sont des miroirs qui renvoient une image, une identité, dévalorisante ou flatteuse.
C'est un roman sur l'aspect mutant de l'identité, son impermanence, sa relativité et notre propension à composer avec, à nous arranger avec, à en jouer.
« l'identité » a la même structure que son précédent roman « La lenteur », 51 chapitres, un texte court dans un style clair au vocabulaire simple, un roman éclair. C'est un petit chef d'oeuvre !
Postface de François Ricard.
Editions Gallimard, Folio, 207 pages.
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Je relis l'ensemble de l'oeuvre de Kundera, un des mes auteurs vivants préférés.

l'identité est un court roman écrit par Kundera en Français en 1997, dans une langue simple et claire, mais qui explore, selon moi, au travers d'un bouleversant dialogue amoureux, et de façon subtile et dérangeante, plusieurs questions:

- est-ce que celle ou celui que j'aime est tel que je le perçois, le ressens, l'imagine? Est-ce que je le connais vraiment? Est-il pour d'autres, différent de ce que je le perçois, leur montre-t-il un autre visage?

- et quand je vieillis, est-ce que les autres, l'être aimé avec qui je vis, mes amis, tous les autres, me voient comme je pense que je suis, que j'étais?

- et que viennent faire nos rêves dans tout cela? Quels sens ont-ils?
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves et notre petite vie est entourée de sommeil" écrit Shakespeare dans La Tempête. Ce roman en est une belle et surprenante illustration. L'auteur, tel Prospero, nous mène, nous manipule ainsi à la frontière entre rêve et réalité. La belle-soeur honnie et avec laquelle Chantal a rompu, fera d'abord intrusion dans un rêve, puis apparaîtra un jour dans son appartement; le dépit de Chantal de n'être plus désirable, et la volonté de Jean-Marc de lui montrer qu'elle l'est, prendront les chemins surprenants des songes....ou pas?

Kundera décline ici, avec beaucoup d'humanité, et sur fond d'un bouleversant questionnement amoureux, un thème qui lui est cher, l'incommunicabilité entre les êtres, liée à la difficulté, pour chacun, de percevoir la réalité dans sa totalité
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Superbe et déroutant mais difficile à résumer et à critiquer sans le rendre d'une banalité étouffante. Il faudra probablement que je le relise. Il y a des livres comme celui ci que j'ai peur d'abimer et que je préfère savourer égoïstement. A lire!
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Quand le réel et l'irréel s'amalgament, se fondent, se noient l'un dans l'autre.
Quand les fantasmes, les rêves et surtout les cauchemars s'immiscent dans la réalité, qui du coup chancelle car elle perd ses repères et ses certitudes.
Quand on ne sait plus qui est l'autre, la personne dont on partage la vie, dont on croit tout connaître.
Quand on ne sait plus qui l'on est soi-même et que tout est à redécouvrir…
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Curieusement, ce texte qui semble ne décrire que des évènements peu extraordinaires et avec peu de sens, me touche par sa vérité. Je crois que c'est l'écriture de Milan Kundera qui résonne en moi de façon spéciale. Comme une nostalgie faite de matériaux simples et connus. Il y a malgré tout une histoire, des personnages, même une intrigue, mais plutôt comme un décor sur un chemin déjà visité. Et à travers ces trois fois rien, effectivement, on peut dire que Milan Kundera parle de l'identité.
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Un grand Kundera
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l'identité, court roman de Milan Kundera, nous met face à nos propres contradictions. le lecteur est plongé au sein d'une histoire de couple aux rebondissements et différends bien banals. Au fil du temps, la passion et le désir se sont étiolés dans le mariage de Chantal et Jean-Marc ; Chantal est alors stimulée par un besoin considérable de reconnaissance et en fait part à son mari, un peu désemparé. Tout commence lorsque Chantal reçoit une lettre signée C.D.B : « Je vous suis comme un espion, vous êtes belle, très belle ». D'abord désagréablement surprise, elle voit peu à peu l'expression d'un désir évident à son égard dans ces mots, s'en réjouit, et laisse son âme de séductrice refaire surface dans le plus grand des secrets.
l'identité questionne notre position au sein des relations que nous entretenons avec les autres et avec nous-mêmes. Entre quête d'identité et quête de sens dans nos rapports sociaux, nous manquons parfois de discernement. Notre perception du monde est biaisée par nos attentes et notre besoin perpétuel de reconnaissance. L'être humain décide-t-il seul pour lui-même ou est-il guidé par les impératifs sociaux ? Sommes-nous seulement sûrs de pouvoir décider de l'objet de nos désirs ?
Milan Kundera peint le tableau d'une société faite de bienséance et de bonnes moeurs que l'imaginaire et les rêves corrompent afin de donner une version autre de nous-mêmes, plus honnête, une version que nous occultons. Ce roman nous hurle une vérité que nous refusons d'entendre.
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