Que fait-elle au juste , l'âme, pendant que le corps s'unit (de ce mouvement si immémorial, universel et invariable) à l'autre corps? Tout ce qu'elle s'ingénie à inventer pendant ce temps-là, réaffirmant ainsi sa supériorité sur la monotonie de la vie corporelle! De quel mépris est-elle capable à l'égard de son corps qui ne lui sert (comme le corps de l'autre) que de prétexte à l'imagination mille fois plus charnelle que les deux chairs réunies!
Qui vit dans l'éternité ne connait pas le chagrin.
Ainsi m'étais-je petit à petit habitué au fait que ma vie avait perdu sa continuité, qu'elle m'était tombé des mains et qu'il ne me resterait plus qu'à commencer enfin à être, même dans mon for intérieur, là où je me trouvais réellement et sans appel.
La soumission à une mentalité de génération (cet orgueil du troupeau) me répugnait toujours.
L'oubli appartient sûrement à l'histoire collective et pas à l'histoire individuelle.
Une valeur galvaudée et une illusion démasquée ont le même pitoyable corps, elles se ressemblent et rien n'est plus aisé que de les confondre.
On désire toujours, par-dessus tout, l'inaccessible, avec avidité.
On parle volontiers de coups de foudre ; je ne suis que trop conscient de ce que l'amour tend à créer une légende de soi-même, à mythifier après coup ses commencements.
Rien ne rapproche les gens aussi vite (même si c'est souvent un rapprochement trompeur) qu'une entente triste, mélancolique.
Rien ne me répugne comme lorsque les gens fraternisent parce que chacun voit dans l'autre sa propre bassesse.