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Citations sur La plaisanterie (142)

[…] et je songeai qu’en effet il se tirerait sans doute de cet infarctus, ainsi que le second violon l’avait prévu, mais que ce serait ensuite une vie changée du tout au tout, une vie sans dévouement passionné, sans jeu acharné dans l’orchestre, et l’idée m’envahit qu’un destin souvent s’achève bien avant la mort, que le moment de la fin ne coïncide pas avec celui de la mort et que le destin de Jaroslav était arrivé au bout.
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[…] je me suis dit: même s’il m’était possible de gommer de ma vie ces quelques journées inutiles, à quoi cela m'avancerait-il, puisque toute l’histoire de ma vie a été conçue dans l’erreur, avec la plaisanterie de la carte postale? Je sentis avec épouvante que les choses concues par erreur sont aussi réelles que les choses conçues par raison et nécessité.
Comme j’aimerais révoquer toue I histoire de ma vie ! Seulement, de quel droit pourrais je la révoquer, si les erreurs dont elle est née ne furent pas les miennes ? En fait, qui s’est trompé, quand la plaisanterie de ma carte avait été prise au sérieux ? Qui s’était trompé quand le père d’Alexej (aujourd’hui réhabilité mais pas moins mort pour autant) avait été emprisonné? De telles erreurs étaient si courantes et si communes qu’elles ne représentaient pas des exceptions ou des “fautes” dans l’ordre des choses, mais constituaient au contraire cet ordre. Alors qui est ce qui s’était trompé? L’Histoire elle même? La divine, la rationnelle? Mais pourquoi faudrait il lui imputer des erreurs? Cela n’apparaît ainsi qu’à ma raison d’homme, mais si l’Histoire possède vraiment sa propre raison, pourquoi la raison devrait elle se soucier de la compréhension des hommes et être sérieuses comme une institutrice? Et si l’Histoire plaisantait? À cet instant j’ai compris qu’il m’était impossible d’annuler ma propre plaisanterie, quand je suis moi même et toute ma vie inclus dans une plaisanterie beaucoup plus vaste (qui me dépasse) et totalement irrévocable. 7eme partie Chapitre 15
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Je voyais bien que nos situations à l’un et à l’autre désormais différaient du tout au tout. Il m’était donc impossible de parler à haute voix de notre tournée, de peur d’illuminer le précipice soudain creusé entre nos destinées. Soucieux d’enténébrer cet abîme, je craignais chaque mot risquant de l’éclairer. Mais je n’en trouvais aucun qui ne l’éclairât pas. La moindre phrase concernant tant soit peu notre vie montrait que nous étions loin l’un de l’autre. Que nos perspectives, notre avenir, bifurquaient. Que nous étions emportés dans des directions inverses. J’essayai donc de parler de banalités. Mais ce fut pire. L’insignifiance voulue de la conversation fut tout de suite transparente et l’entretien insupportable. […] chaque fois me restait la même insatisfaction qu’après notre dernière conversation. Je ne pouvais regarder en face la chute de Ludvik. J’avais honte de ma réussite. Il m’était intolérable d’adresser à mon ami, du haut de mes succès, des paroles d’encouragement ou de compassion.
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Je commençai à comprendre qu'il n’existait aucun moyen de rectifier l’image de ma personne, déposée dans une supreme chambre d’instance des destins humains: je compris que cette image (si peu ressemblante fut-elle) était infiniment plus réelle que moi même: qu'elle n'était en aucune façon mon ombre mais que 'j’étais, moi, l'ombre de mon image; qu’il n’était nullement possible de l'accuser de ne pas me ressembler, mais que c’était moi le coupable de cette dissemblance; et que cette dissemblance, enfin, était ma croix, dont je ne pouvais me décharger sur personne et que j'etais condamné à porter. Néanmoins, je ne voulus pas capituler. Je voulus véritablement porter ma dissemblance: continuer à être celui qu'on avait décidé que je n'étais pas.
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Évidemment que le mouvement communiste est sans Dieu. Toutefois, seuls les Chrétiens refusant de voir la poutre qu'ils ont dans l'oeil peuvent en faire grief au seul communisme. Je dis : les chrétiens. Mais où sont-ils au juste ? À la ronde, je ne vois que des pseudo-chrétiens, qui vivent exactement comme des incroyants. Or, être chrétien, cela signifie vivre autrement. Cela signifie suivre la route du Christ, imiter le Christ. Cela signifie se détacher des intérêts particuliers, du bien-être et du pouvoir personnels, se tourner vers les pauvres, les humiliés, vers ceux qui souffrent. Est-ce cela que les Églises faisaient ? Mon père était un ouvrier perpétuellement en chômage, humble dans sa foi. Il tournait vers Dieu son visage pieux, mais l'Église, elle, jamais ne tourna son visage vers lui. Il resta abandonné au milieu de ses semblables, abandonné dans le sein de l'Église, seul avec son Dieu, jusqu'à sa maladie et sa mort.
Les Églises n'ont pas compris que le mouvement ouvrier était le mouvement des humiliés et des soupirants affamés de justice. Elles ne se souciaient pas d'instaurer, avec eux et pour eux, le royaume de Dieu sur la terre. Elles se sont alliés aux oppresseurs, et ainsi ont enlevé Dieu au mouvement ouvrier. Et voici qu'elles prétendent lui reprocher d'être sans Dieu ? Quel pharisaïsme ! Certes, le mouvement socialiste est athée, seulement, moi, je vois là un blâme divin, qui s'adresse à nous, aux chrétiens ! Blâme pour notre carence du cœur à l'égard des miséreux et des éprouvés.
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Depuis toujours j'imagine maman au ciel. Non, je ne crois plus au bon Dieu, à la vie éternelle ou à de pareilles choses. Il ne s'agit pas de foi. Il s'agit d'imagerie. Je ne sais pas pourquoi je devrais l'abandonner. Sans elle, je me sentirais orphelin. Vlasta me reproche d'être un rêveur. Il paraît que je ne vois pas les choses telles qu'elles sont, mais, outre les visibles, j'en perçois d'autres. Ce n'est pas pour rien que l'imagerie existe. C'est elle qui fait de notre foyer un chez-soi.
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Je finis donc par comprendre que ma révolte était illusoire, que ma dissemblance n'était plus perceptible que pour moi seul, invisible qu'elle était pour les autres.
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L’optimisme est l’opium du genre humain ! L’esprit sain pue la connerie. Vive Trotski !
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Les hommes sont esclaves des normes. Quelqu'un leur a dit qu'il fallait être comme ceci ou comme cela, alors ils s'y efforcent et n'apprendront jamais quels ils furent ni qui ils sont. Du coup, ils ne sont personne. Plus que tout, il faut oser être soi-même.
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[...] je n'oublierai jamais cela, il m'a dit , "nous ne nous sommes pas mariés par amour, mais par discipline du parti"
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