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Citations sur La plaisanterie (142)

[...] lire des vers, pour moi ce n'est pas seulement comme si je parlais de mes sentiments, mais comme si, ce faisant, je me tenais en équilibre sur un pied ; quelque chose de compassé, dans le principe même du rythme et de la rime, m'embarrasserait si je devais m'y abandonner autrement qu'étant seul.
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Je commençai à comprendre qu'il n'existait aucun moyen de rectifier l'image de ma personne, déposée dans une suprême chambre d'instance des destins humains ; je compris que cette image (si peu ressemblante fut-elle) était infiniment plus réelle que moi-même ; qu'elle n'était en aucune façon mon ombre, mais que j'étais, moi, l'ombre de mon image [...]
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Nous vivions Lucie et moi dans un monde dévasté ; et faute d'avoir sur le prendre en pitié, nous nous en étions détournés, aggravant ainsi et son malheur et le nôtre.
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Combien de fois, ces dernières années, des femmes de toutes sortes m'ont reproché (seulement parce que je ne savais pas payer leurs sentiments de retour) ma suffisance. C'est un non-sens, je ne suis pas suffisant, mais, à vrai dire, je suis moi-même navré d'être incapable, dans mon âge adulte, de trouver le rapport véritable à l'égard d'une femme, de n'en avoir, comme on dit, aimé aucune. Je ne suis pas sûr de connaître les causes de cet échec, je ne sais pas si ces défauts du cœur sont innés ou plutôt s'ils plongent leurs racines dans ma biographie ; je ne veux pas tomber dans le pathétique, mais c'est comme ça : dans mes souvenirs très souvent s'éclaire une salle où cent personnes, en levant le bras, décrètent la cassure de ma vie ; cette centaine de gens ne savaient pas qu'un jour les choses commenceraient lentement à changer ; ils supputèrent que ma proscription serait à perpétuité. Non pour le plaisir de remâcher l'herbe amère, mais, par un entêtement qui est le propre de la réflexion, j'ai à maintes reprises inventé des variantes de mon histoire, imaginant ainsi ce qui eût pu se passer si l'on avait proposé, au lieu de mon exclusion, ma pendaison. Je ne suis jamais arrivé à conclure autrement que, même dans cette éventualité, tout le monde aurait levé la main, surtout si le rapport préliminaire avait, en termes lyriques, motivé la bénéfique opportunité de la peine. Depuis, faisant de nouvelles connaissances, hommes et femmes, nouveaux amis ou maîtresses possibles, je les transforme en pensée dans cette époque et dans cette salle et je me demande s'ils lèveraient la main ; personne ne résiste à cet examen : tous lèvent la main comme naguère le firent (qui avec empressement, qui à son corps défendant, par conviction ou par crainte) mes amis et connaissances. Admettez alors : il est difficile de vivre avec des gens prêts à vous envoyer en exil ou à la mort, il est difficile d'en faire ses intimes, il est difficile de les aimer.
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En fait, j'aime chez la femme non pas ce qu'elle est pour elle-même, mais ce par quoi elle s'adresse à moi, ce qu'elle représente pour moi. Je l'aime comme un personnage de notre histoire à nous deux. À quoi rimerait un Hamlet privé du château d'Elseneur, d'Ophélie, de toutes les situations concrètes qu'il traverse, du texte de son rôle ? Qu'en resterait-il hormis je ne sais quelle essence muette et illusoire ? Pareillement, Lucie, sans les faubourgs ostraviens, sans les roses glissées dans le grillage, sans ses robes râpées, sans mes longues semaines d'attente sans espoir, ne serait sans doute plus la Lucie que j'aimais.
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Les poivrots sont les plus fidèles défenseurs des programmes folkloriques. Leurs ultimes défenseurs. Une fois de temps en temps, ça leur fait une raison distinguée de boire un coup.
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Toutes les situations capitales de la vie sont pour une fois, sont sans retour. Pour qu'un homme soit un homme, il faut qu'il soit pleinement conscient de ce non-retour. Qu'il ne triche pas. Qu'il n'aille pas faire semblant de n'en rien savoir. L'homme moderne triche. Il s'efforce à contourner tous les grands moments qui sont sans retour et à passer ainsi sans payer de la naissance à la mort. L'homme du peuple est plus probe. Il descend en chantant au fond de chaque situation capitale.
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Je commençai à comprendre qu'il n'existait aucun moyen de rectifier l'image de ma personne, déposée dans une suprême chambre d'instance des destins humains ; je compris que cette image (si peu ressemblante fût-elle) était infiniment plus réelle que moi-même ; qu'elle n'était en aucune façon mon ombre, mais que j'étais, moi, l'ombre de mon image ; qu'il n'était nullement possible de l'accuser de ne pas me ressembler, mais que c'était moi le coupable de cette dissemblance ; et que cette dissemblance, enfin, était ma croix, dont je ne pouvais me décharger sur personne et que j'étais condamné à porter.
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Le maniement de la pensée féminine a ses règles inflexibles ; celui qui se met en tête de persuader une femme, de réfuter son point de vue à coups de bonnes raisons, a peu de chances d'aboutir. Il est bien plus judicieux de repérer l'image qu'elle veut donner d'elle-même (ses principes, idéaux, convictions), puis d'essayer d'établir (par sophismes) un rapport harmonieux entre ladite image et la conduite que nous souhaitons lui voir tenir.
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Oui, j'y voyais clair soudain : la plupart des gens s'adonnent au mirage d'une double croyance : ils croient à la pérennité de la mémoire (des hommes, des choses, des actes, des nations) et à la possibilité de réparer (des actes, des erreurs, des pêchés, des torts). L'une est aussi fausse que l'autre. La vérité se situe juste à l'opposé : tout sera oublié et rien ne sera réparé. Le rôle de la réparation ( par la vengeance et par le pardon) sera tenu par l'oubli. Personne ne reparera les torts commis, mais tous les torts seront oubliés.
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