LE vieux proverbe : « Nul n'est prophète dans son pays » n'a jamais été mieux démontré que par le cas d'Alphonse Legros. Alors qu'il est, en Angleterre, considéré comme l'une des illustrations artistiques de la Grande-Bretagne, Legros n'est guère connu en France que par une élite d'artistes et d'amateurs. C'est à peine si à Dijon, sa ville natale où l'on devrait pourtant être fier de lui, les gens éclairés reconnaissent sa réelle valeur.
RODENBACH, le doux poète du Règne du Silence, a révélé il y a quinze ou vingt ans à la littérature les Béguinages. Tout au moins les a-t-il mis à la mode, tellement à la mode que, pendant un certain temps, on a confondu avec ces retraites où la vie lentement prend l'immobilité de la mort, toute la Flandre, toute cette contrée frénétiquement vivante et féconde.
Cette identification était tout à fait fausse. Mais on comprend aisément qu'elle fut commise, tant le caractère particulier de ces béguinages et des petits asiles appelés Godshuizen est frappant et doit laisser à l'artiste qui l'a pénétré une impression profonde, durable, effaçant toutes les impressions qu'il a pu ressentir au cours d'un voyage aux provinces flamandes. S'il y a encore des vestiges de béguinages en Hollande,