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sur 512 notes
Un classique pour tous ceux qui aiment les aphorismes et les nouvelles
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On n'en finit jamais avec les grands livres.
Dans "Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle", La Bruyère élabore opiniâtrement sa Comédie Humaine en 1120 remarques, classées en 16 chapitres ("Des ouvrages de l'esprit", "Des Femmes", "De la Cour", "De l'homme", "De la Mode", etc.)
Ces remarques constituent une forme souple, intégrant maximes, réflexions, tableaux et portraits. de longueur variable, la remarque s'adapte à n'importe quel propos.

Ouvrons au bistouri "Les Caractères". Qu'y trouve-t-on ?
Une Trinité bien sûr ! le Père Moraliste, le Fils Intellectuel et l'Esprit Critique Social.
Amen.

Le moraliste est la personne essentielle de cette Trinité :
"Il n'y a pour l'homme que trois évènements : naître, vivre et mourir. Il ne se sent pas naître, il souffre à mourir et il oublie de vivre."

"C'est trop contre un mari d'être coquette et dévote ; une femme devrait opter."

"Le commencement et le déclin de l'amour se font sentir par l'embarras où l'on est de se trouver seuls."

"Tant que les hommes pourront mourir et qu'ils aimeront à vivre, le médecin sera raillé et bien payé."

"La cour est comme un édifice de marbre ; je veux dire qu'elle est composée d'hommes fort durs, mais fort polis."

"Le peuple n'a guère d'esprit et les grands n'ont point d'âme : celui-là a un bon fonds et n'a point de dehors ; ceux-ci n'ont que des dehors et qu'une simple superficie. Faut-il opter ? Je ne balance pas, je veux être peuple."

L'intellectuel se présente comme le continuateur du philosophe grec Théophraste.
Vivant à la cour de Louis XIV comme précepteur du fils du duc de Condé, La Bruyère est un grand styliste. Mais il ne peut tout dire, doit contrôler sa critique, comme il l'avoue avec franchise : "Un homme né chrétien et français se trouve contraint dans la satire ; les grands sujets lui sont défendus : il les entame quelquefois, et se détourne ensuite sur de petites choses, qu'il relève par la beauté de son génie et de son style."

"Quand une lecture vous élève l'esprit et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l'ouvrage ; il est bon et fait de main d'ouvrier."

Malgré la censure pesante, les sujets à hauts risques (religion, personne du roi, la politique, les grands et les puissants...) La Bruyère critique social pousse la satire, notamment dans des portraits à charge. C'est la revanche du talent et de l'intelligence sur la naissance et la fortune.
"De tout temps les hommes, pour quelque morceau de terre de plus ou de moins, sont convenus entre eux de se dépouiller, se brûler, se tuer, s'égorger les uns les autres ; et pour le faire plus ingénieusement et avec plus de sûreté, ils ont inventé de belles règles qu'on appelle l'art militaire."

"L'on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuent avec une opiniâtreté invincible : ils ont comme une voix articulée et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet, ils sont des hommes."

"Un dévot est celui qui sous un roi athée serait athée."

"Les grands de la nation s'assemblent tous les jours, à une certaine heure, dans un temple qu'ils nomment église ; il y a au fond de ce temple un autel consacré à leur Dieu, où un prêtre célèbre des mystères qu'ils appellent saints, sacrés et redoutables ; les grands forment un vaste cercle au pied de cet autel, et paraissent debout, le dos tourné directement au prêtre et aux saints mystères, et les faces élevées vers leur roi, que l'on voit à genoux sur une tribune, et à qui ils semblent avoir tout l'esprit et tout le coeur appliqués. On ne laisse pas de voir dans cet usage une espèce de subordination ; car ce peuple paraît adorer le prince, et le prince adorer Dieu."

"Il n'est pas absolument impossible qu'une personne qui se trouve dans une grande faveur perde un procès."

"Si le financier manque son coup, les courtisans disent de lui : "C'est un bourgeois, un homme de rien, un malotru" ; s'il réussit, ils lui demandent sa fille."
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L'on n'aime bien qu'une seule fois: c'est la première; les amours qui suivent sont moins involontaires.
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Voici un livre qui n'a pas pris une ride, on peut même dire que de la Bruyère était un fin visionnaire...
Lien : http://latrace.wordpress.com..
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