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sur 5911 notes
Classique de la littérature, j'ai lu ce roman durant mes années de lycée et j'en garde un très bon souvenir puisqu'il s'agit à la fois d'une intrigue amoureuse, d'un roman historique et d'une histoire sur le libertinage et la place de la femme au cours du XVI ème siècle.
Pourquoi ai-je qualifié ce roman de la sorte ? Touts simplement parce que le lecteur découvre les us et coutumes de la société durant le règne du roi Henri II, puis parce que Mlle de Chartres, une magnifique jeune fille de seize ans accepte d'épouser le prince de Clèves qui représente un mariage de raison et qui plus est, un bon parti mais n'hésite pas à écouter son coeur en succombant au charme de Monsieur de Némour. Une sorte de triangle amoureux naît donc entre ces trois personnages.
Histoire d'amour certes mais aussi roman psychologique puisque toute l'intrigue repose en réalité sur l'analyse des sentiments des personnages. Roman où l'action est inexistante mais cela ne veut pas dire que le lecteur s'ennuie pour autant puisqu'il enrichit à la fois ses connaissances historiques et ses connaissances sur la liberté de la femme à cette époque là. Un classique de la littérature française à découvrir !
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Version marseillaise : "Faisaient pas les marioles à c'tépoque. Pas touche à la pacholle de la nine!"

Lu et relu et toujours ce même plaisir à cette langue si belle et si fleurie où tout se comprend sans être évoqué. Que comprendre aujourd'hui de ces codes désuets de galanterie? Ces jeunes gens sont touchants sans être naïfs, meurent si jeunes parfois.
La vie à la cour, une vie de fête, de jeux, de chaises musicales amoureuses... et pendant ce temps le peuple... les domestiques... la misère...
Un livre indispensable malgré tout.
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Lorsque je cite ce livre comme l'un de mes 3 livres préférés, la plupart des gens sont assez surpris.
Oui, ce roman du 17ème est un peu vieillot, je n'ai rien à dire à ce sujet. Ecrit dans un français que nous n'avons plus l'habitude de lire, il est - pour l'avoir conseillé à des amis - difficile à appréhender pour des personnes qui n'ont pas vraiment l'habitude de lire.
Une fois la "barrière" de la langue passée, il y a l'histoire. Et quelle belle histoire, quelle morale magnifique. C'est certainement pour cette raison que j'aime tant ce livre.

C'est donc l'histoire d'une femme qui, comme toutes les femmes de son époque, doit épouser un homme du même rang qu'elle : un homme qui lui est plus ou moins imposé.
Le fait est que cet homme n'est pas détestable, bien au contraire ils ont beaucoup d'affection l'un pour l'autre, et elle n'est ni triste ni déçue d'être sa femme.
Mais elle est amoureuse d'un autre.
Malgré cet amour fort et unique qu'elle ressent, elle sera fidèle à son mari, même après la mort de celui-ci, et elle s'empêchera toute sa vie de vivre son grand amour, simplement parce qu'elle est fidèle au protocole et aux bonnes manières.

Nous avons souvent l'habitude, dans les romans de cette époque, de suivre des héros/héroïnes qui veulent justement s'émanciper des règles imposées par leur condition. La Princesse de Clèves est le parfait exemple de ce qui pouvait être imposé à une femme de bonne famille et on a tendance à être horrifié qu'elle ne se rebelle pas, qu'elle ne fasse pas ce qui lui plait, qu'elle se complaise dans toutes ces obligations.
Mais la réalité, c'est que c'est exactement comme cela qu'une femme devait agir à l'époque pour éviter un scandale.
C'est le sacrifice de sa vie et de son bonheur au dépens de son rang et de ses devoirs.
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Procédons par ordre, j'étais en flippe totale avant même de commencer ce livre, pour deux raisons :

1/ J'ai horreur de la romance. Compliqué pour cette lecture n'est-ce pas ?! Je me disais donc un roman d'amour écrit à cette époque doit être tellement romantique que je vais avoir envie de le refermer à toutes les pages !
2/ de plus, cette époque littéraire est marquée par une lenteur gargantuesque des actions… Donc les deux alliés… Lenteur et romantisme : je me voyais déjà (…en haut de l'affiche… Ah non pardon !) endormie les lunettes de travers et le livre mis de côté !!!

C'est donc avec ces horribles a priori que je me suis lancée dans les premières lignes, dubitative et peu coopérative comme vous avez pu le constater. Mais, je ne savais pas que c'était une magnifique rencontre littéraire qui m'attendait…
Bien que je rejoigne l'avis de Nath sur la description des personnages parfois un peu soporifique, j'ai en revanche été de suite happée par l'univers et la période qui m'ont replongée dans mon 1er semestre d'histoire. du coup, j'ai pu vite me repérer sur ces fameux personnages qui font la Cour sous Henri II et j'ai adoré les voir en scène sous la plume de Madame de Lafayette. Oui, la rencontre commence comme ça, par « les brèves de Cour » (comme on dirait les brèves de comptoirs de nos jours) incroyablement bien menées et mises en relief, puis, elle se poursuit par la beauté du langage.
Pour m'expliquer un peu plus, ce que j'ai particulièrement aimé est le début du canevas sur réalité historique et l'ajout fin de l'héroïne fictionnelle – comme la cerise sur le gâteau – et de son Duc qui donne à l'histoire d'amour une portée authentique malgré la fiction. Ainsi que la description des comportements sociaux de l'époque et bien sûr, l'analyse de la passion. C'est d'ailleurs dans cette analyse que je me suis envolée avec les mots de Madame de Lafayette… Les phrases sont simples, puissantes et bourrées d'élégance, une élégance malheureusement perdue dans nos romans contemporains. En bref, sa plume m'a bouleversé, au point, que je relisais parfois certaines phrases plusieurs fois tellement j'étais submergée par leur beauté et leur poésie. Ivre de mots, je me suis régalée avec cette oeuvre.
Enfin, on ne peut lire ce livre sans en souligner les notions de dignité, de vertu, de droiture et de sacrifice dont fait preuve Mme de Clèves en combat contre elle-même. Malgré son amour, ou « inclination » qu'elle ne peut contrôler, elle décide de s'éloigner de son prince pour ne pas salir la mémoire de sa mère et de son feu mari. Mais bien que ses intentions soient pures, on voit aussi apparaître la peur de l'abandon cachée sous ses excuses qu'elle met en avant. On assiste donc non seulement à l'analyse de l'amour mais aussi à celle – universelle – de la peur de la perte de l'autre, de l'attachement affectif et du pouvoir donné à un tiers par celui-ci. de la peur d'aimer et d'être aimé entrainant forcement par sa naissance celle d'être désaimer, de souffrir et d'être dupé. Quelle conclusion en tirer : pure altruisme que la décision de Mme de Clèves ou égoïsme dissimulé ?! Peut-être de l'altruisme égoïste ! Mais passons le débat philosophique 🙂
Pour conclure, je dirais que ce classique mérite d'être lu, relu et étudié. Que ce soit d'un point de vue littéraire, historique ou social, il répond à toutes les attentes. Et de mon côté, je pense que ma PAL va vite se retrouver peuplée d'écrits de Madame de Lafayette qui se verront dévorés en aussi peu de temps qu'il n'en faut pour dire « Sa Majesté » !
Lien : https://leslecturesdeninablo..
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Je risque de m'attirer les foudres de bien des admirateurs de ce roman, comme je m'étais attirée les foudres de certaines de mes amies qui n'étaient pas du tout d'accord avec mes raisons de ne pas aimer ce livre.
Revenons un ou deux ans en arrière. Déjà grande amatrice de grands classiques, on nous demande de lire en littérature La Princesse de Clèves. J'en ai déjà entendu parler comme le premier roman psychologique écrit, et surtout écrit par une femme. Notre professeur nous prévient : le début est compliqué, et le style d'écriture ne nous plaira peut-être pas. En le feuilletant, je ne me fais pas de souci : j'apprécie ce genre de style d'écriture en général et j'ai hâte de découvrir le roman. Je lis ensuite que Madame de la Fayette parle des moeurs de l'époque, mais pas en les critiquant. Je passe outre, me disant qu'il ne faut pas s'arrêter à la moral de l'histoire mais essayer d'apprécier l'écriture. Pourtant, je finis par comprendre, au cours de ma lecture, que c'est impossible. Je n'y arrive pas. Après avoir passé les dix premières pages d'explications les plus redoutées, je n'arrive quand même pas à entrer dans l'histoire et la morale janséniste de Madame de la Fayette empeste le roman de bout en bout. « L'héroïne » (si on peut l'appeler ainsi), impossible de s'y identifier ou même de l'apprécier un minimum. Éduquée depuis sa naissance à avoir un jour un mari et à lui rester fidèle

Roman psychologique et d'amour, pourtant la personne la plus humaine finalement, c'est Nemours. La relation entre la Princesse de Clèves et de Nemours aurait pu être une magnifique histoire d'amour, mais la Princesse de Clèves est tellement froide, tellement enfermée dans ses principes. Finalement, Madame de la Fayette nous présente la Princesse de Clèves comme une femme vertueuse, un exemple pour toutes les jeunes femmes de son époque. Avancée littéraire, mais pas avancée sociale. « Mesdemoiselles, trouvez un mari, soyez vertueuse, méfiez-vous des hommes (tous immoraux, sauf votre mari bien sûr, à qui il faut absolument obéir!) et allez vous enfermer dans une maison religieuse le reste de votre courte vie si vous tombez amoureuse, ça voudra mieux ! » Heureusement que certaines écrivaines, inspirées par la langue mais pas par la morale de Madame de la Fayette, ont eu l'idée d'aller chercher le bonheur un peu plus loin que dans la maison religieuse et un mari bien placé, et qui se sont rendues compte que ce qui rendait la vie belle, c'était peut-être d'être avec les gens qu'on aime.
Peut-être relirai-je le roman dans 20 ou 30 ans, quand je serais assagie et moins révoltée, pour le plaisir de lire un classique qui en a inspiré tant d'autres au niveau de la langue. La Princesse de Clèves a au moins ce mérite.
Et donc pour conclure, oui, je fais partie de ces lycéens idiots incapables d'apprécier ce classique et qui le haïssent de tout leur coeur. Ne pas frapper !
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L'amour est le principal sujet de ce roman. La psychologie des personnages est au centre de l'intrigue. Tout en présentant tous les aspects de la vie de cour sous Henri II, magnificence, galanterie, partie de chasse et de paume, ballets, courses de bagues, goût pour les vers, la comédie, la musique, la poésie et les lettres, intrigues sentimentales mêlées à toutes les affaires, cabales, vengeances et haines personnelles, l'auteure trace des portraits des personnages illustres de son roman et dépeint leurs qualités en commençant par Henri II, prince sportif, soucieux de plaire aux femmes et amoureux de Diane de Poitiers, de vingt ans son ainée. La cour réunit de grands seigneurs admirables, d'un mérite extraordinaire. Les princes qu'elle présente excellent dans la guerre, leur esprit est vaste et profond, leur âme est noble et élevée, ils ont une ambition démesurée, un esprit vif, une éloquence admirable, une science profonde, sont plein d'esprit et d'adresse, braves et magnifiques.
Mlle de Chartes est l'héroïne de ce roman. A quinze ans, elle fait ses débuts à la cour. Elle est remarquable par sa vertu et par sa beauté. Sa mère l'a mise en garde contre les dangers de la passion, le peu de sincérité, la tromperie et l'infidélité des hommes mais elle rencontre par hasard le prince de Clèves qui, séduit par sa beauté, conçoit pour elle une passion et une estime extraordinaire et la demande en mariage. Il se heurte à l'opposition de son père mais celui-ci meurt peu après. Les projets d'union de Mlle de Chartres échouent à la suite d'intrigue de cour et, reconnaissante à l'égard du Prince de Clèves d'avoir bravé la cabale, elle l'épouse. Mais elle ne ressent pas de réels sentiments pour lui, ce dont il souffre profondément. Quelques temps après son mariage, elle rencontre au bal le duc de Nemours, seigneur extrêmement brillant sur le point d'épouser la reine Elisabeth d'Angleterre. C'est un véritable coup de foudre. Une passion grandissante s'empare de Mme de Clèves. Elle se range secrètement à l'avis de M. de Nemours, exprimé publiquement, sur le sujet non anodin de la place des amants dans les bals et se prétend malade pour échapper à celui qu'organise le Maréchal de Saint André. Mais le trouble que cette dissimulation provoque n'échappe pas à son entourage, en particulier à sa mère. Elle prend conscience un peu trop tard de ses sentiments amoureux et ressent à la fois de la honte et de la jalousie à l'égard de Mme la Dauphine dont elle pense M. Nemours épris. La maladie passagère de Mme de Chartes à qui elle voulait se confier lui donne l'occasion de se rapprocher de Mme la Dauphine qui lui fait part de ses observations sur le changement de comportement amoureux de M. de Nemours. Elle entre alors dans le jeu des intrigues galantes qui calme sa jalousie. M. de Némours cherche tous les prétextes pour la rencontrer. Sur son lit de mort, Mme de Chartes lui donne une dernière leçon de conduite et la rappelle sèchement à ses devoirs d'épouse. Mme de Clèves cherche à fuir le monde et M. Nemours en particulier mais son mari n'en comprend pas les raisons. M. de Clèves apprend alors à sa femme la mort de Mme de Tournon dont son ami M. de Sancerre avait été follement amoureux. Ce passage est l'occasion pour M. de Clèves d'édifier son épouse et pour l'auteur de décrire les effets dévastateurs de la dissimulation et de la trahison. M. de Sancerre est profondément attristé par la promesse de mariage de Mme de Tournon avec M. d'Estouville qu'il apprend sur son lit de mort. Larmes, rage, colère et affliction accompagnent cette découverte.
Les sentiments lorsqu'ils ne sont pas réciproques, le style de la vie de cour, ce mélange permanent des intérêts et des affections, l'exposition constante de soi, les cabales et la difficulté de protéger sa vie privée et son intimité sont au coeur de ce roman. le style de vie a une grande influence sur la finesse des sentiments à peine dissimulés et sur les intuitions des personnages qui perçoivent la vérité sans qu'elle leur soit toujours révélée. La place des attitudes est essentielle dans ce livre. Les signes physiques de la honte, de la tristesse, de la joie ou de l'embarras sont largement décrits et interprétés et participent à nourrir les intrigues. le défi est bien de rester maître de ses paroles et de son visage.
M. de Némours subtilise sous ses yeux le portrait de Mme de Clèves que Mme la Dauphine avait fait réaliser. Cette disparition n'échappe pas à la cour, à son mari en particulier qui, sous le ton de la plaisanterie, pressent la vérité. Cet évènement plonge Mme de Clèves dans l'embarras et lui donne des remords. Assurée des sentiments de M. de Némours à son égard et soucieuse de rester sincère avec son mari, elle envisage de lui révéler ses sentiments. Au cours d'un exercice, M. de Némours perd une lettre qui lui aurait été adressée par une maîtresse. Mme la Dauphine se fourvoie sur la qualité de l'auteur qu'elle prend pour l'aimée de M. de Némours. Mme de Clèves ressent une jalousie profonde et douloureuse à la lecture de ce billet. Elle perd confiance en elle et, plongée dans l'aigreur, elle ne sait plus interpréter les signes que lui a donnés M. de Nemours. C'est alors qu'il se rend chez elle lui apprenant que cette lettre est en fait destinée à son oncle le Vidame de Chartres. le passage sur la lettre du vidame est tout à fait représentatif de ce mélange des genres affectif et affairiste. Mme de Clèves retrouve calme et douceur. Passant d'un extrême à l'autre, elle se sent coupable et médite un aveu aussi cruel soit-il. A la campagne, M. et Mme de Clèves s'éloignent du tumulte de la cour. Là, avec la sincérité à laquelle son mari attache tant de prix, elle avoue courageusement son inclination en présence de Némours qui assiste, dissimulé, à cet entretien confidentiel et le rapporte au vidame de Chartres. Jaloux, M. de Clèves fait suivre M. de Némours qui observe Mme de Clèves tout en étant dissimulé et trouve les preuves de son amour pour lui. Il est littéralement transporté par cette expérience. Mais M. de Clèves en est informé. Il tombe gravement malade et meurt. La mort de son mari plonge Mme de Clèves dans une grande douleur mais avec le temps, elle avoue son amour à Nemours qui de son côté s'était entretenu avec le Vidame de Chartres sur son amour pour sa nièce. La déclaration de M. de Nemours est à la fois discrète et réservée. Mme de Clèves démontre une parfaite maîtrise d'elle-même.
Mais elle le rend responsable de la mort de M. de Clèves et la raison l'emporte sur sa passion. Elle renonce à celui qu'elle aime, car elle ne peut supporter l'idée qu'un jour peut-être, il cessera de l'aimer. Elle choisit aussi de se retirer du monde, surmontant les restes de cette passion.
J'ai été très touchée par les personnages de ce roman, en particulier par celui de M. de Clèves bien malheureux en amour mais je ne peux m'empêcher d'en regretter le dénouement, si austère.
Lien : http://pragmatisme.over-blog..
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La passion amoureuse de deux êtres, la princesse de Clèves et le prince de Nemours. Il est l'un des hommes les plus en vue à la cour royale, elle est très jeune et très belle, mais aussi mariée. Un sujet intemporel !
Un cour récit dans lequel l'auteure décrit les tourments que vit cette femme car pour elle, l'infidélité est inimaginable.
La plume de Madame de Lafayette est très belle, la langue est soutenue, la description de l'état psychologique des personnages est précise.
Un très beau moment de lecture !
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Un petit chef-d'oeuvre qui montre combien les rapports humains sont tributaires d'un tyran : le langage. Dans une société où chacun cherche à s'élever, plaire ou nuire - la cour du roi Henri II -, le moindre mot, la moindre intonation, le moindre regard, un visage qui pâlit ou s'empourpre, tout, absolument tout est susceptible d'être interprété à charge ou à décharge (plutôt). Tout est langage et dit quelque chose… jusqu'au silence, lui-même traqué. Dans un tel monde avide d'intrigues et à l'affût du plus petit faux pas, prêt à en imaginer là même où il n'y en a pas, comment, quand on est une femme, ne pas être compromise et voir sa réputation aussitôt ruinée si on développe une passion amoureuse, alors qu'on est mariée à un homme qu'on respecte et estime, mais qu'on n'aime pas ? le simple fait d'aimer illégitimement, même en secret et sans satisfaire sa passion, met déjà en danger, car le sentiment peut à tout moment trahir celle qui aime et si elle parvient à dominer ce sentiment, menace encore le danger que la passion réciproque de l'autre ne la précipite, par une éventuelle impatience, maladresse ou imprudence de sa part à lui, dans la catastrophe. C'est la situation périlleuse dans laquelle vont se retrouver la toute jeune princesse de Clèves et le duc de Nemours, deux êtres d'exception qui conjuguent beauté physique sans pareille et beauté morale sans égale.

Dans ce roman, c'est incontestablement le langage qui tient le premier rôle: non seulement en raison de la prose si savoureusement précieuse de l'autrice, son art de la langue, mais aussi parce que le langage est le ressort de l'action et l'action même, les événements qui décident du destin des protagonistes étant essentiellement des événements de langage: le doute, l'étonnement, l'allusion, l'insinuation, l'affirmation, la contestation, la protestation, la question, le mensonge, etc. et bien sûr les figures de style. La passion amoureuse entre la princesse de Clèves et Nemours enclenche ce qui va ainsi constituer le contenu du livre: les discours de chacun des deux avec lui-même et avec les autres pour contrôler, autant que possible, le discours des autres entre eux et avec eux-mêmes. Il fallait tout le génie et le talent de Madame de Lafayette pour livrer une analyse de cette complexe mécanique intime et sociale qui, du début à la fin du livre, tient en haleine malgré le caractère élémentaire de l'histoire.

N. B.: Selon Geneviève Mouligneau, docteur en philologie romane de l'Université Libre de Bruxelles, la plupart des ouvrages de Madame de la Fayette publiés au XVIIe siècle seraient dus à Jean Regnault de Segrais (1624-1701), un littérateur de profession, qui fut secrétaire de la Grande Mademoiselle, et auquel on attribue désormais couramment les Nouvelles françaises ou Divertissemens de la princesse Aurélie, parmi d'autres ouvrages. Geneviève Mouligneau ajoutait même que des lettres de la correspondance de Lafayette, que l'on tenait pour authentiques, n'étaient que des faux du XIXe siècle.
Voir: https://contagions.hypotheses.org/881
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Qu'est-ce à dire, Nicolas, qu'il ne faudrait pas qu'on impose aux élèves de France et de Navarre la lecture douloureuse et pénible de la Princesse de Clèves ? Pourquoi tant de mépris pour une oeuvre, certes précieuse (mais peut-être est-ce là le bât qui vous blessa cher Nicolas), mais en réalité si admirablement écrite, rythmée, aux motifs esthétiques variés, au style carrément envoûtant pour qui aime un peu lire, au-delà même de ce qui est raconté, et toujours allant au gré de rebondissements et des intrigues de cour (celle "des dernières années du règne d'Henri second") et de coeur, à chaque fois plus singulières ?
Comment as-tu pu croire, Nicolas, qu'on pouvait briller comme un astre et être original auprès du public, dont tu étais pourtant l'employé !, en faisant état d'une manière si hautement démagogique, de ton ignorance et de ton inculture vis-à-vis d'une oeuvre aussi capitale et inoffensive que l'est celle de madame De La Fayette? Je conchie ceux qui, parmi les politiciens comme toi Nicolas, utilisent à des fins idéologiques et par goût d'un sensationnel vendeur de polémiques, le crédit qu'ont certaines oeuvres auprès de quelques lecteurs pas plus méprisables que d'autres pourtant, pour affirmer haut et fort, et confirmer, au-delà même de ton inculture crasse Nicolas, la bêtise hélas trop répandue d'une époque absurde et illettrée qui fait que, de jours en jours, d'années en années, la fréquentation du domaine médiatique par des ânes tels que toi relève de plus en plus du parasitage culturel et démocratique pur et simple !
Je préférerais toujours infiniment quelqu'un qui n'aime pas La Princesse de Clèves parce qu'on l'aura lue et moyennement goûtée, plutôt qu'un qui a décrété que cette oeuvre était indigne d'être lue par quiconque à cause d'un vague et lointain traumatisme qu'elle aurait produit sur un esprit encore jeune et mal dégrossi comme le tien Nicolas, oeuvre d'ailleurs à laquelle on n'aurait rien compris, quand bien même cet esprit serait-il voué un jour, et l'histoire nous l'aura en effet hélas fait sentir depuis, à gouverner la France !
Un pur plaisir esthétique, celui du lire pour lire, fût-ce incompréhensible.
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Que dire de la Princesse de Clèves ? Un classique maudit par des générations de lycéens, et redécouvert par bien des adultes prêts à réviser leurs jugements des années plus tard. Je me rappelle que ma professeure français nous avait proposé de regarder La belle personne, adaptation modernisée de 2008 avec Léa Seydoux et Louis Garrel dans les rôles principaux. J'avais trouvé ce film épouvantable de lenteur et le livre a peine plus engageant. Si je n'ai jamais osé revoir l'adaptation, j'ai eu l'occasion de relire le livre en tombant cette fois sous le charme de cette histoire d'amour intemporelle et du style précieux qui la caractérise. le contexte historique qui m'avait complètement échappé à l'époque m'a beaucoup intéressée, je pense donc que cette lecture est d'autant plus appréciable avec quelques compléments d'informations.
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La Princesse de Clèves (IV Partie)

Quand elle commença d'avoir la force de l'envisager, et qu'elle vit quel mari elle avait perdu, (...)______ qu'elle eut pour elle−même et pour monsieur de Nemours ne se peut représenter.

l´haine
l'amour
l'horreur
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