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Ce dixième roman de Marie Laberge est, à mes yeux, et de loin, le plus sombre mais le plus émouvant à la fois. Elle y explore, dans les moindres recoins de l'âme humaine, l'univers mystique du coma, dans lequel son personnage principal, Yolande (narratrice), a sombré durant 18 jours. Sa capacité à réfléchir est demeurée intacte et son esprit vif. Mais sa mémoire est atteinte et elle est dépourvue d'affect. Elle a sombré dans l'amnésie.
 
Beaucoup de personnages rayonneront autour d'elle. D'abord, son voisin de chambre, avec qui elle entretiendra une belle complicité, ensuite, une femme qui dit être sa fille, un homme (son mari), et bien d'autres encore. Mais par un jeu complexe et bien ficelé, l'auteure nous fera vivre les enjeux troublants et décisifs de la réminiscence. Revenir de loin, mais à quel prix? Yolande sera l'initiatrice de son destin que nous suivrons, comme tenus à un mince fil, durant ces 600 pages. Les sept chapitres résumeront bien, à eux seuls, son cheminement: «Ouvrir les yeux», «Se mouvoir», «S'émouvoir», «Savoir», «Voir», «Dire» et «Vivre».
 
La densité de ce roman contribuera à cette recherche d'approfondissement des mystères encore inconnus de la conscience et de l'âme, à laquelle seul peut répondre un remarquable talent d'écrivaine. Écrit avec une extrême sensibilité, «Revenir de loin» est troublant. Il est impossible d'en sortir totalement indemne. Les dialogues sont forts et les chapitres teintés des vers de Nelligan, Miron, Rimbaud et Baudelaire. Plusieurs thèmes sont abordés: le tourment amoureux, les relations mère/fille, la perte et le deuil, la recherche d'authenticité... Les personnages sont des représentations de personnalités diamétralement opposées, ce qui ajoute à la complexité et la beauté du roman. Toutefois..... attention! Il faut vraiment rayonner intérieurement pour lire ce livre! Parce que Marie Laberge, plus que jamais et plus que quiconque, arrive à «violemment» nous ébranler. C'est un vrai bijou, comme toujours...

J'aime cette auteure :-*
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Yolande Mailloux se réveille d'un profond coma de plusieurs jours, après un grave accident de voiture. Elle ne se souvient de rien : sa mémoire est une page blanche qu'elle n'a pas envie de noircir. « Est-ce qu'on peut profiter d'un coma pour vider un cerveau de sa substance, vider une vie de son essence et remplacer le tout part... par quoi ? Comment ça s'appelle, cette envie de rien ? » (p. 24) Mais autour de Yolande, on s'agite : médecins, famille, amis, tous veulent la voir revenir. Sur son lit, simulant le sommeil, Yolande sait qu'elle ne veut pas renouer avec Gaston et Annie, son mari et sa fille. le seul qui pourrait vraiment la ramener du côté des vivants, c'est Steve, jeune homme amputé dans une autre chambre de l'hôpital. À mesure qu'elle écoute ses proches et qu'elle reprend pied, elle réapprend son histoire et son identité dans les récits des autres, mais elle ne s'y reconnaît pas. « Que saurait-elle de plus, si la mémoire lui était rendue ? Probablement comment se perdre un peu mieux dans le dédale des insignifiances qui l'occuperaient et la préoccuperaient. » (p. 96) Libérée de son passé, Yolande se sent plus légère : elle ne veut pas se souvenir d'une vie plate et sacrifiée aux conventions. Mais la mémoire, entité capricieuse, lui fait sentir qu'il est plus douloureux d'avoir tout oublié que de se rappeler, parce que parmi les souvenirs, les plus douloureux ne sont pas forcément les moins précieux.

Encore un immense roman de Marie Laberge avec un personnage féminin puissant, attachant parce qu'imparfait et touchant parce que très humain. Yolande est une femme complexe et forte, mais longtemps alourdie par des obligations et des chagrins : elle trouve dans l'oubli la capacité de devenir celle qu'elle cherchait avant l'accident. « Quand je te regarde, Gaston, je vois l'incarnation de la médiocrité. Il y a une distance immédiate qui se crée entre toi et moi. Et plus tu t'approches, et plus la focale recule. » (p. 101) L'amnésie est ambivalente : à la fois liberté et pouvoir, elle est aussi un handicap intérieur qui empêche de progresser et d'achever des deuils qui durent depuis des années. « Il se demande combien de fois on doit dire adieu avant de quitter vraiment. Avant d'accepter de quitter ce qui nous a quittés. » (p. 148) Yolande cherche la femme qu'elle est derrière l'amnésie et se demande quelle histoire projeter sur la toile blanche de son passé. Il y a des tâches sur sa vie d'avant, des comportements qu'elle ne reconnaît pas. « Elle ira et tant pis si elle se découvre aussi horrible qu'elle se soupçonne. » (p. 223)

La relation amicale entre Yolande et Steve, jeune homme à fleur de peau, est fabuleuse et je l'ai de loin préféré à la relation amoureuse entre Yolande et Jean-Louis, assez ique dans sa forme. Magnifiques également les nombreux poèmes égrenés au fil des pages. Les maîtres sont présents : Nerval, Neruda, Aragon, Apollinaire et bien d'autres ! Leurs textes parlent de mémoire et d'amour. « Même les plus grands poètes ne savent pas le fond de son coeur, ne savent pas comme c'est horrible de ne pas savoir. » (p. 223) Marie Laberge écrit avec talent et sensibilité sur le deuil, le suicide, le rapport mère/enfant. Ce roman est beau, tout simplement. On assiste, page après page à un miracle : la construction d'un personnage, comme s'il naissant devant nous de la plume de l'écrivain.

De cette auteure, je vous conseille aussi Ceux qui restent, Quelques adieux et la fabuleuse trilogie le goût du bonheur.
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Yolande, la cinquantaine, émerge lentement du coma dans lequel elle était plongée à la suite d'un grave accident de voiture. Amnésique, elle ne reconnaît aucun de ceux qui se présentent comme ses "proches" et refuse de revenir dans cette vie qui lui parait complètement étrangère: son mari la répugne, celle qui se dit sa fille la laisse de marbre...Seul l'émeut le monologue murmuré par son voisin de chambre, jeune homme blessé dans son corps et son âme. Elle tente alors de reprendre le cours de sa vie, vierge de tout passé. Malgré elle, celui-ci s'imposera et refera surface inexorablement.

J'ai toujours bien aimé lire Marie Laberge.
Mais j'ai été surprise de trouver ça assez mal écrit: j'ai trouvé le style vraiment lourd.
Trop de longueurs, de redites, comme si elle n'était pas sûre qu'on ait compris...
Cependant, l'histoire est originale et la construction intéressante. Les personnages sont attachants, et les liens émouvants qu'ils tissent peuvent faire penser à "Ensemble c'est tout" d'Anna Gavalda.
J'avais tout de même très envie, comme elle, de faire la lumière sur sa vie et les drames l'ayant construite. Bon moment de lecture, sans plus.
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Grand sujet pour ce livre. Un coma, vouloir en sortir et d'un autre côté vouloir y rester, le confort de ne pas avoir à penser...Un grand cheminement. Tous les souvenirs à revoir, revivre des portions de vie....J'aime bien Marie Laberge ,mais j'ai trouvé son roman un peu trop long, même si l'histoire retient l'attention.Malgré la nécessité des retours en arrière pour Yolande, cela devenait par moment lassant. Dans la première partie, Steve est bien présent et on comprend l'importance de son personnage que par la suite. Je regrette pour lui l'emploi d'un langage, même s'il est compris, trop vulgaire et ordinaire. Il devient tout de même incontournable dans le récit. Beaucoup d'émotions et de retour sur soi-même, une histoire compacte et lourde, mais avec des retombées positives.On en reste pensif. J'ai apprécié, mais pour moi pas le meilleur de cette auteure.
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Et si nous avions la chance de se recréer une nouvelle vie, de nouveaux souvenirs, de faire le ménage et de balayer tout ce qui ne nous plait plus... C'est ce que le personnage principal de ce roman a le pouvoir de faire... puisqu'elle se réveille d'un coma la tête vide de tous souvenirs. Ce sera pour elle l'apprentissage d'une nouvelle vie, l'occasion à saisir de CHOISIR ce qu'elle veut et ne veut pas. Une lecture passionnante dont on sort en se demandant de quoi l'on a envie de se souvenir vraiment. Ne vous laisser pas intimider par le nombre de pages, le bouquin se lit vraiment facilement.
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j'ai apprécié ce livre de bout en bout. D'abord parce que durant toute la lecture je me suis demandé: Qui serait encore autour de moi si tel drame m'arrivait?
Quelle vie choisirais-je si je pouvais tout recommencer du début? Serais-je différente?
Le livre est prenant le changement de narrateur intéressant.
Le parlé de Steve est réservé aux Québécois ou initiés, c'est un pue dommage mais c'est très drôle et savoureux à la fois.
J'ai été dérangé par son attitude vis à vis de sa fille, cela me faisait rire mais je me disais Whow quelle claque pour elle!

A lire avec ou sans recul...

très touchant, très émouvant...
Encore un bel ouvrage de Marie Laberge.
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Un livre rare, un livre qui nous prend, ne nous lâche plus, qui parle de notre rapport à la vie et aux autres et le sens que nous leur donnons. Décontenancée au début par le langage "québécois des rues", je me suis très vite attachée aux 2 personnages principaux qui avancent cahin caha dans la vie et redéfinissent leurs priorités ! C'est un beau roman, une belle histoire .... à découvrir sans tarder !
Co
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J'ai trouvé le thème intéressant, les personnages attachants, bonne également l'idée d'alterner les"narrateurs".
Par contre, l'écriture est pauvre, illisible pour moi quand Steve parle à Yo (trop québecois, trop de mots qu'une Européenne ne comprend pas). Il faut s'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre ce que Steve veut dire...
Dommage, j'aurais bien aimé le terminer, mais je crois que je vais le remettre dans les rayons de ma bibliothèque.
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