Les sédentaires ont toujours rêvé d’une île vierge où ils pourront emporter des bouquins, des disques ou des films […] L’exil, c’est le contraire. C’est quitter l’île. L’ex-île. Partir sans rien apporter avec soi…
(Mémoire d’encrier, p.132-3)
« La plupart des gens prennent l’Afrique pour un pays où l’on ne fait qu’attendre la mort. Je suis étonné par un tel manque de curiosité. »
« Tout nouveau-né est un immigré qui doit apprendre pour survivre les codes sociaux. Une société ne livre ses mystères qu’à ceux qui cherchent à la comprendre, et personne n’échappe à cette règle implacable, qu’on soit du pays ou non. »
« Quand on quitte son pays, on ignore qu’on ne reviendra plus. Il n’y a pas de retour possible, car tout change tout le temps. Les lieux, les gens, les usages. Même notre façon d’appréhender la vie. Si on ne change pas, les autres, eux, changent, et de cette manière nous changent. Perpétuel mouvement. Mais on ne sait pas ce que le temps fera de nous. On peut visualiser l’espace plus facilement. Le temps, c’est le monstre invisible qui dévore tout sur son passage. Ce genre de choses arrive à notre insu. On débarque dans un pays. On y passe des années. On oublie tout ce qu’on a fait pour survivre. Des codes appris à la dure. Chaque mauvais moment annulé par la tendresse d’un inconnu. Un matin, on est du pays. On se retrouve dans la foule. Et là, brusquement, on croise un nouveau venu et tout remonte à la surface. »
Tout nouveau-né est un immigré qui doit apprendre pour survivre les codes sociaux. Une société ne livre ses mystères qu'à ceux qui cherchent à la comprendre, et personne n'échappe à cette règle implacable, qu'on soit du pays ou non.
Les peuples se ressemblent dans cet enthousiasme pour le sport. Rien ne pousse plus à boire qu’un match décisif. On boit pour fêter ou pour pleurer. On se saoule quand on a perdu. D’où la place importante de la bière dans cette triade émotionnelle (la parole étant exclue) qui comprend la joie, la tristesse et la révolte.
J'aime cette ambiance feutrée où les siècles se croisent sans se heurter. Une odeur de café et de papiers jaunis. Des sourires à peine esquissés. Je n'ai pas besoin de plus pour me sentir chez moi. C'est le vieux fond culturel humain. Le reste n'est que spectacle.
Un homme affamé tuera pour un morceau de pain. Duvalier en a fait son homme de main.
« En débarquant à Montréal, j’avais vingt dollars en poche, ce qui ne faisait pas de moi un touriste. »
Il m'arrive d'écrire sans penser à ce que j'écris. Je suis une caméra. Je balaie l'espace. Cela m'a pris beaucoup de temps avant d'arriver à cette simplicité. Avant, je croyais que les choses, comme les êtres, ne se révélaient que dans leur profondeur. En fait, tout se passe à la surface.