Chavirer

Chavirer m'a laissée pantoise. le rythme d'abord qui emporte comme un ballet à travers les différentes étapes de la vie de Cleo et les rencontres qui ont compté pour elle: Cathy la rabatteuse qui recrute de très jeunes enfants pour un réseau pédophile sous couvert d'une Fondation artistique, Jonazs Son meilleur ami qui l'abandonnera, peut être non sans raison, Lara sa colocataire, Claude l'habilleuse, Betty l'une de ses victimes etc...ensuite, le fonds de l'histoire qui décrit l'ambiance libertaire des années 80-90, le monde du spectacle et de la nuit, le déclenchement du mouvement metoo. Dans ce contexte, Cleo est comme une coquille de noix sur la mer, prête à Chavirer à tout moment. A 13 ans, elle subit un outrage dont elle ne pourra parler à personne et surtout, rejetée par la « fondation », elle sert de rabatteuse dans son collège et dans son école de danse. Elle portera toute sa vie le poids de la culpabilité, l'impossibilité de se pardonner, de parler, et elle couvre cette douleur, ce dégoût de soi comme une danseuse de cabaret maquille son corps et ses douleurs: sous une épaisse couche de maquillage.
Ce que j'en pense: mon intérêt a été inégal en fonction des chapitres, certains moments ne sont pas faciles à suivre car les chapitres sautent d'une période à une autre, d'un personnage à un autre. Néanmoins, j'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur décrit cette période, cette technique qu'ont les prédateurs pour rabattre leurs proies sous le regard rassuré et fier des parents ainsi que la lutte et le courage des victimes qui tentent de se construire. Cette loi du silence aussi.

À 13 ans, parce qu'on hésite sans cesse entre deux territoires, celui de la tendre insouciance et celui des importantes décisions, parce que le corps lui-même est à peine dessiné, on est sans doute à l'âge le plus vulnérable. On a des rêves plus vastes que la terre, on a besoin de devenir exceptionnelle, sans savoir que chaque être humain l'est déjà.
Étourdie par les compliments d'une femme très chic à la sortie de son cours de modern jazz, Cléo se sent élue, choisie pour son talent. Elle croit ouvrir les portes d'un palais, quand c'est une main délicate qui l'étrangle.
Le jour où elle sent dans sa chair « le métal froid d'une bague », son corps ne lui appartient plus.
Décomposée, accablée par la honte, Cléo s'accroche, obéit sans véritablement consentir, hantée par la peur de décevoir et le besoin de reconnaissance, au point d'entraîner d'autres proies dans sa chute.

Ce roman est une grande réussite. J'ai une profonde admiration pour le travail de Lola Lafon dont l'écriture a la grâce et la délicatesse d'une vraie « plume », celle de l'encre et celle de l'oiseau : tout est beau et subtil. J'ai vu l'oiseau égaré en chaque danseuse, chaque effort déployé, chaque muscle tendu, chaque plumage de costume. J'ai surtout aimé ça, la souplesse et l'esthétique des mots, la pudeur et la suggestion.
J'ai trouvé à ce roman une multitude de facettes :
✨C'est un texte bigarré et sensoriel où se mêlent mille parfums et mille textures, qui fait honneur au travail des danseuses. J'ai adoré l'immersion dans un monde où lumières, paillettes, faux-cils, résilles et poudres retiennent la magie en cachant la sueur, les plaies, l'épuisement.
✨J'ai trouvé aussi en ce livre un très grand hommage aux femmes, à leur corps, à leur résistance et à leur dignité.
✨C'est enfin un roman parfaitement construit et documenté qui aborde de nombreuses questions politiques, religieuses et sociales, qui témoigne d'une époque et des abus sexuels sur mineurs, dans la droite ligne de MeToo.

♡ le coeur du livre, c'est le pardon et la réparation, mais si je continue je risque de trop raconter. Lisez-le absolument, moi j'ai pleuré.

Cette couverture fait la une de nombreuses publications sur les réseaux sociaux, on la retrouve dans les magazines aussi, sur les plateaux TV, le visage devient familier et c'est apparemment l'évènement de cette rentrée littéraire, que d'éloges et de bonnes notes. Cela m'intrigue car je n'ai jamais lu un roman de cette auteure, et je le choisis pour le démarrage de ma sélection de cette rentrée.
Il traite d'un thème tellement d'actualité entre #balancetonporc, ton rappeur ou #metoo. En 1984, Cléo a 13 ans, 5 mois et 2 jours, prend des cours de danse et rêve d'en faire son métier. Elle rencontre Cathy, qui la repère, qui l'aborde pour lui proposer une prestigieuse bourse pour réaliser ses rêves, de la fondation Galathée. Cathy est à ses cotés pour remplir toutes les étapes avant de se présenter face au jury composé d'hommes. Mais voilà ce que Cléo ne sait pas encore, c'est qu'elle tombe dans un réseau de prostitution infantile et on la charge même de recruter de futurs talents de son âge. Mais par la suite, elle réalise et culpabilise pour les autres jeunes filles. En 2019, un appel à témoignage est lancé, faisant ressurgir les souvenirs. le livre est composé de plusieurs parties et on découvre d'autres personnages liées à Cléo et cette histoire.
Même si au début, pour ma part, j'ai eu un peu de mal avec l'écriture, j'ai été très vite transporté dans cette histoire. Et sans surprises, c'est un coup de coeur. Il se lit d'une traite .

Un récit troublant qui exprime merveilleusement bien la notion de double culpabilité, celle de la victime de ne pas avoir su dire non, celle de la coupable qui agit.
On est tour à tour en empathie avec Cleo, et les personnes qui l'entourent, parfois gênée ou déstabilisée de ses réactions. On chavire à notre tour au fur et à mesure que les âges passent pour Cleo et son entourage. Un très beau roman qui nous intrigue et nous questionne sur nos éventuels regrets. merci !

J'ai du attendre plusieurs mois pour pouvoir emprunter ce livre à la bibliothèque, l'attente valait le coup.

Ce livre m'a marqué ! Quelle histoire sordide … et quelle écriture !

Comment ne ps tout écrire mais faire comprendre tout de même, Lola Lafon réussit très bien. J'ai adoré la finesse, la justesse et la sensibilité de ce roman.

Une histoire d'emprise sur une adolescente comme on en entend de plus en plus parler depuis #metoo avec la complexité de se sentir à la fois victime et coupable du piège construit autour d'elle, et la construction d'une personne dans le monde de la danse

Très réussi 🙂

1984, Cléo 13 ans, issue d'une famille modeste, se voit proposer une bourse d'une mystérieuse fondation pour réaliser son rêve devenir danseuse de Modern jazz. Mais c'est un piège sexuel qui se referme sur elle.
2019 un fichier de photos est retrouvé sur le net ,un appel à témoins est lancé à ceux qui ont été victimes de la fondation. Cléo devenue danseuse sur les plateaux de TV entre autre comprends que le passé refait surface et qu'il va falloir affronter..
Mon avis :
C'est un roman sur un sujet difficile, l'abus des jeunes filles en leur promettant du du rêve. La difficulté est l'après : comment vivre avec ce que l'on a subi, comment grandir et se forger quand on a vécu l'horreur. Comment se pardonner, avancer et se reconstruire. C'est le sujet de ce livre délicat mais dérangeant. Quand 20 ans plus tard la parole se libère et que les événements sont partagés comment faire....
c'est un roman fort, puissant que j'ai beaucoup aimé.

Le roman ne détail pas forcément le système de cette « association »,ce piège qui va entraîner beaucoup de jeunes filles.J'aurai aimé avoir un tracé et une ligne de conduite plus clair,le roman m'a un peu perdue mais le fils conducteur amène le lecteur à lié tous les éléments du livre et comprendre le rôle de chaque personnage.Les dernières pages sont bien choisi et nous font réfléchir sur notre prétendu conscience( l'art de bien choisir) quelque peu influencé par l'image que nous avions de l'amour.Consentons nous par amour?pour vivre une vie exceptionnelle?pour ne pas être faible?
Et après,Qu'arrive t il quand nous agissons contre nos valeurs? Serions nous capable d'affronter le fait de n'avoir pas su dire non ,d'être faible?
Je remercie l'auteure d'avoir pu entrouvrir une certaine réconciliation entre les épreuves passée et notre soi à la fin du livre,Les dernières lignes m'ont ému.Il faut nous pardonner pour acquérir notre soi (paix) intérieur.

Je me suis plongée dans ce livre très vite. Sa construction est très intéressante avec l'entrée de nouveaux personnages au fur et à mesure, construisant petit à petit la complexité de la situation. J'ai également aimé le regard à travers différentes décennies. Les sujets traités sont multiples : sexualité, adolescence, pardon, abus, ...les personnages sont attachants et profondément tiraillés. Très belle lecture.

▶️ 1984 : Cléo, 13 ans, mène avec ses parents une existence modeste et rangée en banlieue parisienne, entre la vie au collège, les variétés du samedi soir à la télé et les rêves de célébrité et de paillettes...
▶️ le rêve de Cléo justement, c'est de devenir danseuse de « modern jazz » et pour y parvenir, elle prend des cours de danse à la MJC d'à côté...
▶️ C'est là qu'elle est repérée par Cathy, une femme élégante et mystérieuse qui lui dit représenter la Fondation Galatée et qui propose à Cléo de concourir à l'obtention d'une bourse délivrée par la fondation afin de pouvoir intégrer les meilleures écoles de danse, les meilleures compagnies, partir à l'étranger...
▶️ Derrière la fondation, un réseau de prédateurs, pervers pédophiles...
▶️ A défaut d'obtenir la bourse, il est proposé à Cléo de recruter à son tour et de présenter à Cathy ses collègues du collège, d'autres adolescentes candidates à la bourse...et Cléo, déjà victime, devient alors complice...
▶️ Lola Lafon, dans la lignée de METOO, offre un roman complexe et profond sur la banalité du mal, sur la honte de ne pas avoir su dire « non », sur le poids du remord qu'il faut traîner toute sa vie, et sur le silence et les secrets des familles, qui «ne savent pas qu'elles savent » - un roman sur l'impossible pardon et l'impossible oubli....
▶️ Un roman dérangeant, non pas par le livre lui-même, qui est très beau, mais par le sujet dérangeant - on est mal à l'aise à la lecture du piège que l'on voit se refermer sur Cléo - une écriture profonde pour dire l'abject et l'insoutenable, la résilience aussi... Un très beau roman...

Blanc ou noir. Victime ou bourreau. La binarité semble si simple mais la vérité est ailleurs. C'est après un cours de danse que Cathy, une femme élégante, repère Cléo, jeune adolescente. Elle lui propose d'obtenir une bourse de la fondation Galatée pour devenir danseuse de modern jazz. Cathy la gâte, la chouchoute, l'emmène dans les meilleurs restaurants, la couve de cadeaux jusqu'au jour où Cléo doit réussir un ultime examen. C'est au cours d'un déjeuner très mondain que les membres du jury montrent leurs réelles intentions et que l'un d'eux abuse de Cléo. Cléo, victime, va rapidement devenir coupable. Elle convainc d'autres adolescentes de concourir à leur tour pour la fondation tout en sachant ce qu'il va s'y passer. Trente ans passent, et une enquête est ouverte au sujet de cette mystérieuse fondation et de toutes ses victimes oubliées.

Roman intéressant sur les affres de l'adolescence et qui repose une nouvelle fois la question du consentement.
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