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3,98

sur 2013 notes
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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai une petite tendresse pour Lola Laffon, son air de punkette mi-farouche, mi-bravache. J'aime ses luttes, ses colères, sa plume pointue et ses traits qui blessent comme un caillou.

J'avais aimé le très rimbaldien Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce- tout noir de poésie rebelle, et j'avais adoré La petite communiste qui ne souriait jamais, plus abouti, serré comme un poing vengeur,  précis comme un trait d'arbalète,  à l'os, pas un mot de trop, taillé à vif comme un silex.

 Puis j'ai lu Mercy, Mary, Patty, et j'ai trouvé qu'elle se perdait.

Dans des afféteries de construction, dans un jeu d'emboîtements de récits qu'elle maitrisait mal, l'essentiel était brouillé,  la fraîcheur fanée, le tranchant émoussé. Mauvaise pioche ou vraie fausse route?

Chavirer semble, hélas,  confirmer la deuxième hypothèse.

Chavirer, c'est l'histoire de Cléo,  petite danseuse de banlieue prise au piège d'un réseau pédophile,  (masqué derrière une fondation fantôme qui fait miroiter une bourse- à- réaliser -les- rêves à des petites nymphettes de treize ans),  Cléo qui , de victime, devient recruteuse pour cette fondation fantoche, plaisamment appelée Galatée...

Doublement victime et doublement honteuse.

Il y avait là un sujet non pas original -c'est vraiment dans l'air du temps, hélas!- mais où Lola Laffon, danseuse, féministe, rebelle, pouvait retrouver sa force frondeuse, son art de la frappe.

Eh bien non : le récit se noie dans de courts chapitres superficiels où on suit,   à travers les yeux de personnages secondaires,  tous très  proches du cliché ( le meilleur copain du collège, juif et intello,  la petite amie,  lesbienne et anar, la vieille habilleuse de revue,  maternelle et effacée, et j'en passe...), ce que l'héroïne, rongée par la culpabilité,  semble avoir éprouvé des décennies durant, après cette manipulation destructrice....

En réalité, on ne sonde rien, ni ces personnages terriblement convenus, ni cette héroïne murée dans le silence et une sorte de déni. Ça dure, ça dure,  l'émotion disparaît très vite et  même l' intérêt se lasse et se perd. Reste une belle langue, mais qui ne suffit pas à masquer le vide créé par cette structure,  aussi artificielle que creuse.

Reviens nous, Lola! Retrouve ta poésie noire, ta fronde de David, ton mordant. Et arrête de courir derrière les recettes des romans à la mode! A force de Chavirer, on se noie,  même avec ton talent!
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Un roman qui, malheureusement, ne m'a pas fait chavirer.
Cléo, 13 ans en 1984, rêve de devenir danseuse. Quelle chance !, elle est repérée par une chercheuse de talents qui veut lui faire bénéficier d'une bourse octroyée par une mystérieuse fondation, afin d'aller étudier à New York, dans l'école-même de "Fame" ! Evidemment, il faudra que Cléo démontre à un jury (d'hommes quinquagénaires) l'ampleur de sa détermination, et accepte que l'un des membres devienne son "ami-fiancé".

Un début glaçant, mais quel dommage !, l'histoire éclate et s'éparpille ensuite en une sorte de roman-choral qui ne m'a pas convaincue. de ce fait, les personnages m'ont semblé de moins en moins attachants au fur et à mesure que l'intrigue se développait en se dispersant au fil du temps, et j'ai eu du mal à combler les ellipses et à aimer ces protagonistes privés d'affect.
Evidemment, l'intention de Lola Lafon est extrêmement louable tant il est nécessaire, encore et toujours, de dénoncer ces hommes bien placés qui profitent de la naïveté d'adolescentes en manque de repères, de raconter les séquelles psychologiques des abus subis, de décrire le mécanisme de l'emprise, puis la honte et la culpabilité ressenties par les victimes. Mais je n'ai pas adhéré au cheminement tortueux emprunté par l'auteur.
Je le regrette d'autant plus que j'ai beaucoup aimé le style de Lola Lafon, sa délicatesse, sa sensibilité, sa capacité à dire beaucoup en peu de mots. J'ai également apprécié la façon dont elle évoque le rapport fascinant au corps (d'une manière qui m'a rappelé "La petite communiste qui ne souriait jamais" qui m'avait tant plu).

Même si l'ensemble reste bancal à mes yeux, du fait de cette construction chorale, cela reste une lecture saisissante et à l'écriture raffinée, qui devrait trouver sa place dans tous les bons CDI.
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C'est un réseau de prostitution de mineures qui se met en place en marge du cours de danse de la MJC de Fontenay-sous-bois, dans la banlieue Est de Paris.
En 1984 Cléo, aujourd'hui danseuse sur les plateaux télé, a 13 ans quand elle est approchée par une mystérieuse et élégante Cathy qui lui fait croire à un recrutement par la Fondation Galatée, mécène pour jeunes talents.
Elle entre en fait dans un réseau de riches pédophiles qui se cachent derrière un jury de sélection.
Après avoir été elle-même abusée sexuellement, Cléo, subjuguée par la mystérieuse entremetteuse, est sollicitée pour recruter pour la Fondation, d'autres jeunes filles au sein de son collège.
Ce roman est une réflexion sur la culpabilité qui va poursuivre Cléo des années durant car elle se sait autant coupable que victime. La religion juive lui apportera cette pensée qui la portera tout au long de sa vie « A défaut de pardon, laisse venir l'oubli ».
Et si elle arrive finalement à se reconstruire, ça ne sera pas le cas de toutes les jeunes filles abusées.
L'histoire nous interpelle à la fois sur la volonté sans limites de briller de ces adolescentes avides de célébrité, mais également sur la responsabilité des adultes qui se sont trouvés proches de ce réseau sans intervenir, les parents d'abord, soit indifférents, soit inconsciemment complices, le professeur de danse ignorant ce recrutement dans son propre cours et toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin aux « repas » de sélection.
Le thème du traumatisme d'un «passé irréversible» est aujourd'hui soulevé avec le mouvement #metoo mais il est traité ici de façon trop détournée pour réaliser son incidence sur la vie d'adulte des victimes. A trop suggérer, on en perd le sens de la réalité.
J'ai eu du mal à entrer dans ce roman très décousu où l'on ne comprend le lien entre les chapitres que vers la fin de l'histoire mais son sujet d'actualité aide à dépasser cette chronologie bousculée.
Autant la vie de danseuse de Cléo est détaillée et intéressante, autant le pardon qu'elle attend n'est que survolé et je suis restée sur ma faim quant au devenir de la démarche de témoignages, engagée par des journalistes trente ans après.
Un fil conducteur confus et un avis mitigé sur ce roman de Lola LAFON.
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Cela fait plusieurs jours que j'ai terminé ma lecture et je reste très partagée sur mon ressenti. C'est un roman que je voulais lire suite au passage de son auteure à La Grande Librairie car j'avais trouvé l'idée de départ très intéressante et pertinente pour aborder le thème des fillettes (ou jeunes filles) à qui l'on fait miroiter une possibilité de carrière, une bourse et qui se retrouvent dans une filière de prospection de "jeunettes" pour "messieurs peu reluisants" sans qu'elles en aient eu conscience, sans avoir compris et accepter, cette fameuse zone grise.

"L'affaire Galatée nous tend le miroir de nos malaises : ce n'est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nus consentons qui nous ébrèche ; ces hontes minuscules, de consentir journellement à renforcer qu'on dénonce. (...) Nous sommes traversés de ces hontes, un tourbillon qui, peu à peu, nous creuse et nous vide. N'avoir rien dit. Rien fait. Avoir dit oui parce qu'on ne savait pas dire non. (p335)"

Le contexte est parfaitement relaté, mis en mots et décrit mais ce qui m'a gênée et qui m'a à plusieurs reprises questionnée c'est l'écriture faite de courtes phrases dont la succession et répétition m'ont "essoufflée" même s'il s'agissait de reproduire le ressenti de Cléo, de sa façon de penser. Pourtant certaines tournures pour exprimer les sentiments et situations collent au récit avec une écriture qui restitue parfaitement l'état d'esprit de Cléo mais qui, dans la forme narrative hache le discours.

"Mais elle n'avait que les contours de l'excellence. (p100)"

Autre souci, l'introduction un peu brutale des différents personnages,  perdant un peu la temporalité et le fil de l'histoire de Cléo (même si tous ont un sens quand on arrive à la fin du roman), j'ai eu parfois du mal à imbriquer les pièces du puzzle d'autant plus que l'action se déroule sur trente ans, même si le concept d'une histoire chorale ne me gêne pas en temps normal, ici je m'y suis un peu perdue.

"Elle sait seulement ceci : il faut raconter ce qui hante. Et les sujets des documentaires comme ceux es romans sont des paravents qui maquent nos questions irrésolues. le sujet ne se trouve ni ne se cherche, il faut s'autoriser à l'entendre, à lui laisser donner de la voix. Il est là depuis toujours, une banale écharde sous la peau qui se laisse oublier à la façon d'une dent ébréchée, jusqu'à ce qu'on passe sa langue dessus. (p320)"

Mais une fois refermé le roman, il reste très présent en moi et c'est en cela que j'avoue être partagée. Peut-être fallait-il cette forme, ne pas faire un roman à une voix mais montrer que le processus était à grande échelle, bien rôdé avec un tronc commun, jouant sur les "passions" des fillettes en utilisant leurs langages, leurs pensées et leurs propres incompréhensions. Les cicatrices indélébiles laissées par ces "rencontres" sur ces jeunes filles qui n'ont pas les mots, qui ne comprennent pas toujours ce qu'elles ont subi, qui n'avaient pas reçu l'éducation leur permettant d'identifier et de dénoncer les prédateurs, tout cela est abordé, effleuré et dénoncé. Lola Lafon montre une autre image du monde des "paillettes", de l'ambiance, de la rigueur voire de l'exploitation parfois qui se cachent derrière, cassant le mythe de la mise sous projecteurs, presque pédagogiquement.

Je me suis souvent interrogée pendant la première partie, comprenant le sens mais pas la forme qui me déroutait, mais faisant confiance à l'auteure que j'avais découverte avec La petite communiste qui ne souriait jamais et qui m'avait déjà surprise par ses allers-retours, sa façon d'écrire par suggestions, ses suspensions de réponses et son phrasé particulier.

Pas de chavirement, pas de chamboulement, pas de terrassement mais j'ai aimé mais peut-être pas autant que d'autres (d'après ce que j'ai lu), il m'a manqué un petit je ne sais quoi, j'espérais peut-être plus mais c'est finalement la forme du récit qui m'a empêchée d'être totalement accaparée et bouleversée par l'histoire. 
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Quand la victime devient bourreau...
Un roman des plus troublants qui mérite d'être lu. Mais j'avoue ne pas avoir compris l'intérêt de certains protagonistes pour cette histoire glauque.
Cléo, une adolescente avec des rêves de grâce et de grandeurs. Cléo qui s'est lancée à 13 ans dans la danse, un milieu où règne concurrence, jalousie et sacrifice. Cléo qui sera repérée par Cathy, une femme qui la fera miroiter une bourse… Mais à quel prix ? Cléo va découvrir le milieu de la pédophilie malgré elle et ne s'arrêtera pas au rôle de victime.
Lola Lafon nous propose un récit intimiste sur une descente aux enfers d'une adolescente dont ses actes vont la poursuivre toute sa vie. Cléo fera des rencontres et ces personnes vont devoir parler…
J'ai une magnifique plume qui permet de digérer le sujet sensible. Un récit très introspectif. Aucun dialogue. Une narration linéaire mais puissante.
Je voulais absolument lire ce roman suite à une belle interview à la radio. Je pensais réellement avoir le coup de coeur mais comme je le dis précédemment, je n'ai pas compris l'intervention de certains protagonistes.
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Prêté par une amie, le sujet ne m'attirait pas vraiment et j'avoue que le chapitre 1 m'a confortée : non, vraiment cette histoire de gamine tombée dans un trafic de très jeunes filles livrées à des messieurs-mécènes plus très jeunes me barbait un peu. Pourtant, c'était sans compter sur la grande humanité de l'auteure qui fait palpiter chaque page dés le chapitre 2 et ce jusqu'à la fin. Plus nous avançons, plus les chapitres sont courts mais tellement remplis de vie, de mansuétude. Même si Lola Lafont ne passe rien à ses personnages, je l'ai sentie pleine de bonté, de compréhension et de sentiments proches, très proches de l'amour.
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Le sujet est intéressant ; cependant, le traitement laisse, pour ma part du moins, à désirer ; Je me suis ennuyé à certains passages.
* le personnage de Cloé n'est pas arrivé à m'intéresser, ni aucun autre personnage d'ailleurs.
* L'histoire traîne en longueur; j'ai même eu le temps de lire un autre livre, en même temps ! Il a fallu que je m'accroche pour terminer !
* Je n'ai pas aimé le style : tantôt des rafales de phrases nominales, alors que ce n'est pas justifié : ce peut être bien dans des moments d'actions rapides, mais là ça tombait à plat. D'autres fois, emploi du style indirect libre, systématique et lassant.

A voir, mais je ne vous promets pas d'être emballé (e).
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Lola Lafon brosse le portrait d'une adolescence fracassée par des adultes prédateurs se jouant de la candeur et des aspirations de jeunes filles pour abuser d'elles. Des étoiles plein les yeux, des rêves plein la tête, ces collégiennes qui ambitionnent une carrière de danseuse, de chanteuse, se retrouvent piégées par un réseau de pédocriminels, La fondation Galatée, véritable miroir aux alouettes, qui sous couvert de motivations altruistes initie ces jeunes proies à une vie plus aisée, les couvre de cadeaux, leur promet monts et merveilles afin de les mettre en confiance avant de les broyer. La romancière aborde ici la douloureuse question des violences sexuelles et suit avec beaucoup de pudeur ces jeunes filles privées d'une jeunesse heureuse, traumatisées, brisées et qui se sentent coupables alors qu'elles sont victimes. A travers le personnage de Cléo, Lola Lafon porte la voix des jeunes femmes qui se murent dans le silence, rongées par la honte et dénonce les acteurs de ces maltraitances tout comme les témoins passifs de ces agressions qui ont préféré fermer les yeux et laisser faire. Mettre au premier plan les violences faites aux femmes est une nécessité, j'avoue cependant ressortir mitigée de cette lecture qui s'épuise dans cette fragmentation du récit et la multiplicité des personnages qui nous éloignent peu à peu de la protagoniste.
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Dans ce roman, « Chavirer », Lola Lafon dénonce les mécanismes de la pédophilie. le destin de Cléo nous bouleverse. En 1984, Cléo a 13 ans et vit avec ses parents, à Fontenay- sous- Bois . Elle se passionne pour la danse, elle prend des cours de modern jazz. C'est un quotidien militaire qui lui plaît. Elle se prend même rêver, lorsqu'elle rencontre Cathy qui va lui proposer d'obtenir une bourse délivrée par une mystérieuse fondation. Cléo va vite déchanter, ce qu'elle perçoit comme un conte de fées, va se transformer en véritable cauchemar. La dite fondation s'avère être, en réalité, un piège sexuel.
Devenue danseuse, dans les années 90, Cléo va devoir affronter son double fardeau de victime et de coupable, car il est difficile de sortir à la fois du silence et de la honte.
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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"Chavirer", ou le destin de Cléo une petite fille de famille modeste de banlieue. Passionnée de danse, refusée par le corps « d'élite » de la danse classique, elle se tourne vers le style de danse adaptée au modern jazz. Volontaire, acharnée, plutôt jolie, elle se fait repérer par l'ambiguë et chic Cathy qui, après lui avoir promis un avenir brillant grâce à une bourse, la laisse en proie à un réseau pédophile, dont Cléo deviendra elle-même plus tard une rabatteuse. Elle poursuivra sa carrière de danseuse dans les milieux du show-biz et des variétés télévisées. Son parcours nous sera éclairé à travers le prisme divers de ceux qu'elle croisera, sa famille, un ami juif, un kiné passionné par l'univers de la danse, une serveuse des beaux quartiers, une habilleuse de revues. Dans les dernières années survient le mouvement Me Too, auquel Cléo est confrontée.
Lola Lafon excelle à nous décrire cet univers de la danse, avec empathie et beaucoup de justesse. Je suis moins emballé par son regard sur le mouvement Me Too et la pédophilie.
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