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Citations sur La petite communiste qui ne souriait jamais (210)

On attend. Blêmes, les gymnastes soviétiques vont et viennent dans les travées réservées aux entraîneurs et aux compétitrices qui ont terminé. Elles savent. Les coéquipières de la Roumaine, elles, semblent au désespoir, Dorina tient ses mains jointes, Mariana murmure une phrase en boucle, une autre est affalée, les yeux fermés ; Nadia, elle, un peu à l’écart, sa queue de cheval de travers, ne jette pas un regard au tableau d’affichage. Et c’est lui qu’elle voit en premier, Béla, son entraîneur, debout, les bras au ciel, la tête renversée en arrière ; elle se tourne enfin et découvre sa sanction, ce terrible 1 sur 10 qui s’inscrit en nombres lumineux face aux caméras du monde entier. Un virgule zéro zéro. Elle repasse de possibles fautes dans sa tête, l’arrivée du périlleux arrière éventuellement, pas assez stable, qu’est-ce qu’elle a pu faire pour mériter ça ? Béla la serre dans ses bras, t’en fais pas chérie, on va déposer une réclamation.
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Quel âge a-t-elle, demande la juge principale, incrédule, à l’entraîneur. Ce chiffre, quatorze, lui donne un frisson. Ce que la petite a effectué à l’instant dézingue le déroulement des chiffres, des mots et des images. Il ne s’agit plus de ce que l’on comprend. On ne saurait noter ce qui vient d’advenir. Elle jette la pesanteur par-dessus son épaule, son corps frêle se fait de la place dans l’atmosphère pour s’y lover.
Mais pourquoi personne ne les a prévenus qu’il fallait regarder par là, ragent ceux qui ratent le moment où, sur les dix centimètres de largeur de la poutre, Nadia C. se lance en arrière et, les bras en croix, donne un coup de pied à la lune, saut à l’aveugle, et ils se tournent les uns vers les autres, est-ce que quelqu’un a compris, est-ce que vous avez compris ?
Le panneau électronique affiche COMANECI NADIA, ROMANIA suivi de 73, son dossard, et là où il devrait y avoir sa note : rien.
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"Comment était Nadia Comaneci quand elle était bébé ?" Demande ce journaliste la semaine passée. Il prononce Co-ma-ne-ci comme si elle ne connaissait pas le nom de sa fille. (...)

Parfois on jouait dans le jardin, je la retenais contre moi, toute moelleuse et essoufflée d'avoir couru, elle voulait toujours courir et tout faire toute seule -singurica singura- , se coiffer seule, s'habiller seule, sa main repoussait ma cuillère remplie de riz. Et Gheorghe répétait ça aux voisins, ah ça, elle sait ce qu'elle veut, bien sûr pour lui, c'était facile d'admirer ça, moi aussi, j'essayais de l'admirer, mais cette volonté d'un bébé de trois ans de s'éloigner sans cesse de moi, comme pour me prouver mon inutilité, me donnait parfois envie de dire, je ne la connais pas, ce n'est pas la mienne.

Elle n'était pas avec nous autres, voudrait-elle répondre aux journaliste. Elle était seule.
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Sa vie, dure comme un vaillant train télécommandé, s’enraye. L’obéissance n’est plus qu’un pièce détraquée et manquante du puzzle parfait de sa vie précédente : cette faim permanente qui rend le sommeil difficile (rêver qu’on mange et s’éveiller à l’aube terrorisée d’avoir failli manger) les mains entamées d’ampoules et de minuscules coupures jamais refermées, les cuisses tatouées de bleus ancrés dans les veines et ces muscles dont les fibres lâchent, tendons claqués toujours rattrapés de justesse par les indispensables codéine et cortisone. P 141
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"Le dernier qui quitte le pays éteint la lumière en sortant, dit-on à l'époque".
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"Je ne vais pas tourner le dos à ce qui me fait peur. Je fais face, parce que la seule façon d'échapper à ma peur est de la piétiner.
Je ne vais pas tourner le dos à ce qui me fait peur. Je fais face, parce que la seule façon d'échapper à ma peur est de la piétiner.
Je ne vais pas tourner le dos à ce qui me fait peur. Je fais face, parce que la seule façon d'échapper à ma peur est de la piétiner."
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La grâce, la précision, l'amplitude des gestes, le risque et la puissance sans qu'on en voie rien !
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En préambule au Décret :
Les méthodes de contraception chimiques provoquent des maladies graves entraînant la mort. Elles sont interdites. Pratiquer le coitus interruptus rend impuissant. Etre célibataire est suspect. Avoir des rapports sexuels trois ou quatre fois par semaine est la preuve d'une vie normale. Taux obligatoire d'enfants par femme : cinq.
Toutes les femmes de 18 à 40 ans devront se soumettre à des examens gynécologiques mensuels sur leur lieux de travail pour détecter une éventuelle grossesse. Celles qui porteront les stigmates d'une tentative d'avortement seront punies d'une peine de prison. Les femmes refusant d'enfanter seront passibles de peines de prison. Les femmes ayant contracté des maladies suite à des avortements n'auront pas l'autorisation d'être soignées à l'hôpital. Si vous soupçonnez votre voisine d'avoir avorté ou aidé à pratiquer un avortement, votre devoir est de nous le rapporter. Avoir et élever des enfants, voilà le plus noble devoir patriotique !
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C'est un robot mécanique de quarante kilos. Elle a une certaine grâce, il faut en convenir, mais c'est une grâce métallique, efficace, on est bien loin du lyrisme des Soviétiques, ah ça, ni cygnes, ni Tchaïkovski, les Roumaines sont des chiots à qui on lance des épreuves, elles rapportent et servent l'Etat. On est dans la géométrie, le calcul.
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“C'était impressionnant cette abondance, pour vous ?
- Bien sûr : Vous savez, la première fois que ma mère est venue à l'Ouest, c'était dans une banlieue du New Jersey, eh bien, elle a pleuré dans les allées du petit supermarché.”
Je cherche à comprendre. Pleurait-elle de joie, Stefania, devant l'émotion de ces nouveaux choix, le fait même d'avoir le choix, et Nadia me coupe la parole, presque brutale. Le dégoût de cet amoncellement absurde, me corrige-t-elle. La tristesse de se sentir envahie de désir devant tant de riens. “Chez nous, on n'avait rien à désirer. Et chez vous, on est constamment sommés de désirer.”
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