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sur 989 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après les superbes chroniques d'Olivia de Lamberterie, j'avais hâte de lire son premier livre, écrit en hommage à son frère Alex, suicidé en octobre 2015. Je ressors de cette lecture complètement bouleversée. Bien sûr, on ressent intensément, la tristesse, le désarroi total de cette soeur face à la perte de son frère. Mais il n'est pas question que de tristesse dans ce récit ; elle raconte aussi tous les moments joyeux, la puissance de l'amour de cette famille réunie autour d'Alex et son cheminement pour continuer à vivre après sa mort. Et tenter d'accepter l'inacceptable.
J'ai relevé énormément de passages qui m'ont touchée, des mots justes qu'Olivia sait si bien poser sur les sentiments et les sensations vécues. "J'ai perdu ma tête, ton absence m'a enlevé le goût de lire. Ces échappées dans les mots des autres me détournent des miettes de ta réalité que je traque dans les recoins de mon quotidien, une lettre oubliée, une assiette adorée comme une relique de Sainte Véronique. Je voudrais vivre, ivre de vin pétillant, au son de tes cinquante chansons préférées, retrouvées dans ton ordinateur après ta mort. " Bravo pour ce roman très intimiste et ce magnifique cri d'amour partagé.
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14 octobre 2015. Une date qui restera gravée à jamais dans la tête de l'auteure. C'est celle de la disparition de son frère adoré Alex, mort par suicide. Au-delà de la sidération qui la saisit, Olivia de Lamberterie tente, par le biais de l'écriture, de comprendre ce qui a poussé le quadragénaire à commettre cet acte fatal alors qu'il avait tout pour être heureux. Il était beau, intelligent, avait une femme (quelle abnégation !) et des enfants qu'il aimait, un job qui lui plaisait mais comment lutter contre la mélancolie qui semble inscrite dans les gènes familiaux. Et de citer les nombreux cas de suicide qui ont frappé les générations précédentes. Et de tenter d'expliquer le geste de son cadet à la « sensibilité trop exacerbée », lucide sur le monde qui l'entourait et incapable de supporter le poids de la vie. Et de fustiger les psychiatres incapables de mettre un nom sur le mal dont souffre Alex depuis tant d'années.
Le touchant tombeau littéraire que nous livre la journaliste est l'occasion de digressions pour raconter l'histoire de sa famille pour laquelle la règle de vie « never complain, never explain » s'applique et de confier au lecteur ses sentiments et un moment de son existence : celui où elle perd pied, où elle panique, où elle ne peut plus travailler parce qu'elle ne peut plus lire, où elle culpabilise, où elle se force à faire bonne figure pour les siens, où elle est sur le point de renouer avec la dépression qui l'a envahie à 21 ans au moment de la naissance de son fils, où elle écrit « pour imprimer sur une page blanche son sourire lumineux et son dernier cri »
Et puis, il y a beaucoup de justesse et de l'humour, celui du désespoir, celui qui donne le change, celui qui aide à conjurer la mort.
Sur un sujet éminemment personnel, Olivia de Lamberterie sait nous émouvoir. La souffrance est universelle.

EXTRAITS
- Lire répare les vivants et réveille les morts.
- Mon frère était la seule personne à qui je me confiais. Nous étions deux muets qui l'un en face de l'autre retrouvaient l'usage de la parole.
- Dans la famille, on se suicide comme chez les Hemingway. C'est chic, c'est atroce.
- Un frère, c'est les parents sans les incompréhensions et les emmerdements, ce sont ses racines, ce terreau de l'enfance qui nous a fait pousser.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Olivia de Lamberterie fait revivre son frère, mort le 14 octobre 2015, après s'être jeté du pont Jacques Cartier à Montréal. Roman de l'absence, d'un absent qui manque cruellement à sa vie, ce frère, ce confident retrouve à travers l'écriture lumineuse et vivante de sa soeur toute sa flamboyance.

Le texte alterne entre l'été 2015 – l'avant – et l'automne 2015 – l'après – et est entrecoupé de flash-back nous donnant à voir la complexité d'Alexandre de Lamberterie, tourmenté par une profonde mélancolie qui frappe mystérieusement les hommes de la famille. Elle questionne également de manière pertinente la prise en charge du mal être dans notre société où l'obligation morale «d'aller bien» fait office de religion.

J'ai dû prendre mon temps pour le lire car c'est un sujet intime, qui remue, m'a touché profondément et a donc nécessité quelques respirations à la lecture. Les tourments d'Olivia qui se creuse les méninges pour savoir ce qu'elle a raté ou aurait pu faire pour empêcher son frère de sombrer sont éloquents : qu'est ce qui a pêché ? Quelle est la source de ce mal qui le ronge?

Cependant, on est très loin d'un livre morose ou plombant. Une certaine luminosité, presque de la gaieté émerge de certains passages, ravivant le souvenir des jours heureux, de l'insouciance. Elle l'écrit d'ailleurs elle-même dans ce passage où elle répond à son jeune fils, inquiet à l'idée qu'on ne fête pas noël cette année en raison du drame : « inventons une façon joyeuse d'être triste« .

Une parole libératrice : Grâce à une écriture très « orale », sur le mode des confidences, j'avais l'impression d'entendre Olivia de Lamberterie me raconter son histoire, avec cette voix particulière que j'ai entendu maintes fois à la radio et à la télévision. J'ai également senti un vrai lâcher prise de la part d'Olivia, une écriture fluide et entière qui ne dissimule rien, que ce soit lorsqu'elle ausculte l'intimité familiale, son chagrin incommensurable ou la perte de son appétit pour la lecture. Les choses sont dites, telles qu'elles sont, même si ça ne l'empêche pas de se demander pourquoi. Ici pas de désir d'embellir la réalité ou de l'atténuer, de (se) chercher des excuses : elle fait tomber les barrières et se met à nu pour livrer sa perception de la tragédie, sa manière d'y faire face, son refus de faire le deuil d'Alex. J'ai vraiment ressenti tout au long de ma lecture cette liberté de parole, celle d'une femme qui s'autorise à écrire tout ce qu'elle a sur le coeur, sans calculs ni faux semblants.

La perte du goût de lire : La journaliste est aussi impactée d'une manière particulière, qui touche à ce qui est de plus naturel et instinctif : elle ne parvient plus à lire, les mots ne font plus sens, elle, la critique littéraire qui a fait des mots des autres son quotidien, se retrouve en panne, non pas d'inspiration, mais d'attention.

Ce texte m'a ainsi souvent évoqué ces paroles de Benjamin Biolay dans « ton héritage » : « Ça n'est pas ta faute, C'est ton héritage, Et ce sera pire encore, Quand tu auras mon âge, Ça n'est pas ta faute, C'est ta chair, ton sang, Il va falloir faire avec, Ou… plutôt sans« .
Lien : https://unlivredanslapoche.w..
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Qu'est-ce qui n'a pas déjà été dit sur le livre d'Olivia de Lamberterie ? J'arrive un peu après la bataille avec la lecture de ce livre tout en émotion et en retenue (caractéristique de la famille de Lamberterie apparemment).

Ce récit est un hommage touchant au frère de l'auteur, qui a choisi de se suicider. Mais a-t-il choisi ou n'avait-il pas d'autre solution, homme ultra-sensible et profondément mélancolique.

Mais Olivia de Lamberterie veut aussi parler du frère, du fils, du père, du mari, intelligent, bienveillant, aimant. Ce sont ces souvenirs mélangés aux mots choisis avec soin pour dire l'absence, le manque, le « plus jamais » qu'elle nous livre avec pudeur mais sans rien dissimuler de toutes les questions et des sentiments de culpabilité que fait naître ce geste fatal.

Ce livre touche terriblement parce qu'il exprime ce que chacun de nous peut ressentir à la disparition d'un proche, quelle qu'en soit la raison. Ces sentiments qui alternent entre tristesse, culpabilité, révolte, et parfois moments de joie à l'évocation de certains souvenirs.

Olivia de Lamberterie nous livre tout cela avec élégance et sans apitoiement. Quelle magnifique façon de faire vivre Alex dans le coeur et l'esprit de tous ses lecteurs.
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Merci aux Éditions Stock ainsi qu'au site Netgalley.

Olivia de Lamberterie est rédactrice adjointe pour le magazine Elle mais également chroniqueuse dans diverses émissions de télévision et de radios. Des livres, elle en a lu des milliers mais n'en avait encore jamais écrit. Tout simplement parce qu'elle n'en ressentait pas le besoin, jusqu'à ce funeste 14 octobre 2015. le jour où son frère a décidé d'en finir avec sa propre vie.

J'ai dévoré ce livre dans l'urgence, de la même manière qu'il a été écrit. On a l'impression qu'il a été rédigé en quelques heures. Ici, pas d'exercice de style, juste des mots qui résonnent les uns contre les autres. C'est brutal et à la fois très doux. L'auteure nous fait part de ses sentiments, sans pathos ni fioritures. Il y a de la colère, de l'incompréhension mais un amour incontestablement débordant pour son frère.

Nés dans une famille aristocratique dans laquelle on passe sous silence ses états d'âme et ses émotions, les enfants de Lamberterie ont malgré tout une enfance très heureuse. Mais a-t-on le droit de se plaindre lorsque l'on a tout ? Dès le début du roman, le lecteur connaît l'issue fatale. Pendant près de 200 pages, Olivia nous dresse un portrait de son frère élogieux, avec ses qualités et ses faiblesses. Alex était un homme profondément gentil, drôle et généreux. Seulement parfois, sa mélancolie transparaît plus que de raison et le pousse dans l'obscurité. Ce mal-être à un nom, c'est la dysthymie.

Ce premier roman d'Olivia de Lamberterie nous prend aux tripes et nous renverse. Ses mots sont justes, son écriture intense et poignante. Ses phrases nous transpercent, on lit le souffle coupé jusqu'à la fin. Rares sont ces livres. Avec toutes mes sympathies est une ode à la vie, un exutoire puissant pour crier au monde entier son amour pour son frère. Lire répare les vivants et réveille les morts.
Lien : https://bibliosphere2.wordpr..
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Olivia de Lamberterie, journaliste littéraire à Télé Matin apprend une matinée de vacances, tout ce qu'il y a de plus banal, que son frère s'est suicidé en se jetant d'un pont à Montréal. Quelques semaines plus tard, elle découvre un message de lui qu'elle n'avait jamais lu sur son compte facebook, l'intimant d'enfin écrire, elle qui lit plus que de raison. Est-ce un signe de ne lire cet ordre que maintenant qu'il n'est plus ? L'inspiration naît alors, elle qui pensait ne rien avoir à dire. Elle écrira sur ce frère mort mais pourtant si vivant, elle décrira sa famille et le mal être qui ronge les hommes de cette famille. Sur les hôpitaux, les traitements et les médecins. Sur l'amour des siens et sur comment vivre avec l'absence.

Nous parcourons avec l'auteur ses souvenirs et sensations, ses joies et ses peines aux côtés d'un frère tantôt trop enjoué, tantôt angoissé sans raison. Enfoncé dans une maladie qu'aucun médecin n'arrive à diagnostiquer, envoyé dans différents services sans jamais de traitement adapté. Elle raconte sa belle-soeur et sa nièce, ses enfants et ses parents, son monde qui s'écroule par la perte de cet être tant aimé.

Un texte simple et émouvant, des mots sur une maladie peu prise en compte.

Un livre sur une famille qui va devoir apprendre à vivre avec une place vacante…
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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« le désespoir peut me tomber dessus, mais la félicité aussi, même si la mélancolie continue de défigurer la réalité. le verre à moitié plein ? Souvent, je ne vois même pas le verre. »
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Dysthimie. Dans la famille d'Olivia de Lamberterie, ce « trouble de l'humeur » (littéralement) a sévi; plusieurs personnes se sont données la mort. Lorsque son petit frère, Alexandre, un homme brillant et très charismatique se suicide en 2015 à Montréal, elle est anéantie. « Je veux que sa mort me donne de la hauteur, pour qu'il n'ait pas souffert pour rien. » Ce livre est le récit de ces jours terribles, avant-pendant-après, et maintenant. Cri d'amour d'une grande soeur issue de la même éducation, à particule, seizième arrondissement, mais qui s'est toujours considérée comme la naine boulotte de la famille (une famille dans laquelle on demande, à propos des nouvelles personnes qu'on rencontre, combien ils pèsent (?!), et qui a brisé plusieurs fois la route toute tracée (premier enfant à vingt ans, pas mariée, avec un homme beaucoup plus âgé qu'elle). Un petit peu à la manière d'Alix de Saint-André (que j'aime tant) qu'elle évoque d'ailleurs joliment, elle mêle à sa douleur quelques considérations plus élargies sans oublier une distance mâtinée d'humour, une sorte de politesse – y compris quand elle s'énerve. Car elle a parfois des emportements un peu sortis de nulle part, des « je vomis les gens qui », une colère qui prend le dessus. Il n'empêche que sa détresse est perceptible et communicative, et on referme ces pages avec émotion.
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Émotion très forte pendant toute la lecture. Ce livre parle du suicide mais aussi de la maladie. Essayer de comprendre cette maladie qui le fait tellement souffrir alors que ce frère a tout pour lui : intelligent, une famille, l'amour, les enfants. Cette maladie qui le ronge et qu'on ne peut comprendre et qui mène à cette fin inéluctable. le récit tente de traduire cette impuissance, de trouver une consolation dans la reconstruction de sa vie à travers les yeux d'une soeur. C'est beau, c'est juste. On lâche les faux-semblants, l'ego, le souci des apparences pour une parenthèse autour de l'amour.
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Il est 23h30 ,un plaid et un livre .L'envie de lire quelques lignes du livre de Olivia de Lamberterie ( alors moi je commence par le deuxième chapitre ...)et me voila 254 pages plus tard ,au milieu du salon,avec mon plaid et un trop plein d'émotion .L'écriture chante ,danse ,sublime et remplit le vide laissé par la disparition de son frère Alex .Et de se reconnaître page 161 : «j'ai décidé que je marcherai du côté ensoleillé du trottoir ».J'ai remis le petit papier rajouté sur le livre en place ,la photo ,elle a sa place .Et oui ,l'absence prend de plus en plus de place ,il faut l'exprimer ,la crier. ,la pleurer ,la guetter .Courage a vous madame de Lamberterie et merci à vous pour ce témoignage bouleversant ....Avec toutes mes sympathies ...
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Passion déclamée, pour un frère qui parvient après plusieurs tentatives à réussir son suicide.Très belle histoire de fraternité exacerbée et récit mettant bien en évidence, l'inéluctabilité du passage à l'acte pour quelqu'un qui est manifestement contraint de mettre fin à ses jours, tellement il souffre des boyaux de la tête.Un bémol, dans l'histoire, celle d'un milieu très bourgeois ou les déplacements, les vacances, les préoccupations sont celles de riches. Néanmoins, même les riches ne parviennent pas à se faire suffisamment bien soigner pour éviter cette hérédité suicidaire !
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