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sur 2604 notes
C'est avec quelque appréhension que j'ai entamé ce texte, échaudée par mon expérience avec "Le livre que je ne voulais pas écrire", qui m'avait laissé dubitative. Mais alors qu'Erwan Larher associait le drame qu'il a vécu (il était parmi le public du Bataclan le funeste soir du 13 novembre 2015) à une quête littéraire formelle, tout en cherchant à témoigner en tant que représentant d'une collectivité assaillie -avec l'intérêt et les limites que cela suppose-, Philippe Lançon est dans une démarche inverse, consistant à traduire par l'écriture une épreuve profondément intime, à "chercher à circonscrire la nature de l'événement pour découvrir comment il a modifié la sienne".

Journaliste à Charlie Hebdo, il compte parmi les victimes de l'attentat du 7 janvier 2015. Il y survit, mais est grièvement blessé, notamment à la mâchoire, dont la partie inférieure a été dévastée par un tir de kalachnikov. C'est le début d'un long et douloureux parcours de reconstruction à la fois physique et psychologique. Il reste neuf mois à l'hôpital, et subit dix-sept opérations exigeant une discipline drastique qui rythme son quotidien.

Il nous livre a posteriori une description minutieuse de son état de patient, de la routine hospitalière, des attentes, de la souffrance "quasi-permanente, diffuse et surprenante". La manière dont les sondes, les tuyaux, les piqûres, deviennent comme des parties intégrantes, bien qu'intrusives, de lui-même. le sentiment de n'être plus réduit qu'à ses sensations, de n'être plus qu'un corps puisque c'est lui qui gouverne, échappant à toute volonté, imposant le jaillissement de ses flux, le pourrissement de ses humeurs… Il nous immerge dans une réalité dure et pragmatique, bien loin de celle que retranscrivent les journaux. Car malgré le caractère public de l'événement à l'origine de ce parcours (et que l'on perd de vue, pris dans l'immédiateté qu'impose la prédominance de l'état physique), ce que vit Philippe Lançon est aussi une expérience de retrait du monde.

D'une part, concentré sur sa lutte quotidienne pour se reconstruire mais aussi pour ne pas devenir fou, ne pas laisser gagner la cruelle absurdité et le pouvoir d'annihilation de l'attentat, il ne veut rien entendre, rien subir qui ne soit directement lié à sa propre expérience. Il se coupe des médias et de toute distraction issue d'un dehors devenu improbable, étranger. Il ne veut pas de rencontres inutiles, aspire au seul accompagnement de l'équipe soignante, de sa famille, de quelques amis, de quelques et de musique. Même les frères K., comme il les désigne, et les suites de l'attentat, sont relégués loin de son présent de patient. Éprouver de la haine ou quelque velléité de vengeance sont à des années-lumière de ses nouveaux impératifs.

D'autre part, l'attentat, en annihilant ses rêves, ses regrets, ses projets, en faisant de lui un autre, a comme détruit le pont entre lui et les autres, comme s'ils habitaient dorénavant deux mondes parallèles, d'où ils peuvent se voir mais pas se toucher, créant l'impossibilité de rejoindre l'autre dans une zone faite d'habitudes, d'improvisations, de continuité. Il a ainsi tissé un cocon où n'ont pénétré que ceux qui l'ont accompagné au cours de sa reconstruction, "tisserands qui l'ont aidé à refaire la tapisserie déchirée", à réduire la fracture que l'événement a créé entre l'hier et l'aujourd'hui en expédiant ailleurs, très loin, ce qu'il avait vécu jusqu'à la veille. C'est d'ailleurs aussi pour cela qu'il écrit : se souvenir d'un avant qu'il a failli oublier et qu'il a, pense-t-il, définitivement perdu.

Et en même temps, c'est sans doute aussi sa curiosité pour ce monde qui en partie le sauve et le soutient. Non pas le monde de l'actualité, dans sa frivole et ostentatoire instantanéité, mais celui d'une humanité intemporelle qu'il retrouve en lisant Proust ou Kafka, en écoutant Bach, en s'intéressant à l'histoire des bâtiments qui abritent l'hôpital des Invalides où il termine son séjour. Il observe et écoute ceux qui l'entourent, personnel soignant auquel il rend un très bel hommage, agents du service d'ordre chargés de sa protection, sans juger, sa conscience accueillant ce qui se passe ou ce qu'on lui raconte sans morale ni sans résistance.

Cela aurait pu être fastidieux, ce journal de bord "a posteriori" d'une routine médicale de douleurs et de protocoles, mais non. C'est passionnant, et intensément touchant. En nourrissant son récit de ses souvenirs et/ou de leur disparition, de réflexions sur la manière dont sa mutilation et son statut de patient l'ont changé, de ses incertitudes, c'est un peu comme s'il reconstituait sous nos yeux ce qu'il est, maintenant additionné de cette expérience qui a pourtant fait de lui une "soustraction" (en le privant non seulement d'une partie de son visage, mais aussi de ce qui le définissait), se composant dorénavant autant de ce qu'il a perdu que ce dont il a réussi à s'enrichir, ou de nouveaux poids à supporter : ceux de sa vulnérabilité et de la peur du monde, d'une intensité inédite, qu'a imprimée en lui l'attentat. Et puis il y a le ton, ces résurgences d'humour dans les moments les plus humiliants, cette auto-dérision vis-à-vis de lui-même, de certains de ses réflexes petits-bourgeois, de ses maladroits excès d'humilité ou a contrario de ses exigences vis-à-vis du personnel soignant, quand l'angoisse prend le dessus… tout cela donne à son témoignage une sincérité et une sensibilité qui lui confèrent une dimension universelle.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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N'étant pas une adepte des témoignages, je me suis pourtant intéressée à celui de Philippe Lançon lié aux attentats de Charlie hebdo.
Le début du livre m'a tout de suite accroché. L'écriture est agréable et extrêmement bien détaillée, ce qui nous fait revivre la journée du 7 janvier 2015 avec beaucoup d'émotions. Autant être sincère avec vous j'ai pleuré et je me suis arrêtée plusieurs fois au cours de la lecture pour être à même de discerner les mots.
Très vite, on se retrouve transporté au coeur de la Pitié Salpêtrière de Paris à ses côtés pour débuter sa reconstruction. On se demande naturellement comment il est possible de reprendre goût à la vie après avoir vécu une telle horreur. Philippe Lançon à partir de ce moment va nous dépeindre son quotidien, ses pensées, ses opérations jusqu'à son "rétablissement".
Cependant, la lecture fluide qui m'avait tant transporté et dont j'ai parlé précédemment a très vite basculé dans un flot continuel de références littéraires qui - certes on aidé l'auteur à surmonter les épreuves - ne nous permettent pas de vivre pleinement son quotidien, sa souffrance et les épreuves traversées.
D'autant plus, que même si je lis beaucoup, je n'ai malheureusement pas lu les livres de Proust dont il parle régulièrement.
Je me suis donc posé la question de savoir si ma lecture aurait gagné en intensité en ayant connaissance de toutes les références citées.
Vous l'aurez compris, la suite de la lecture m'est apparue beaucoup moins fluide et agréable...
Ce flux innombrable de références est complété par un vocabulaire scientifique des différents soins qui lui ont été prodigués. Là aussi, cela nécessite quelques recherches annexes afin de visualiser et de comprendre pleinement l'état dans lequel Philippe Lançon se trouve.

En conclusion, je ne peux pas dire que je n'ai pas apprécié ce livre parce qu'il nous permet d'entrevoir la reconstruction d'un homme qui a connu l'impensable. Cependant, l'abondance de références et de termes vient selon moi altérer la compréhension de l'auteur et de ce qu'il vit.
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C'est douloureux, pas autant que ce que Philippe Lançon a traversé, certainement, et pourtant que de larmes versées, Je salue le courage et ses mots pour écrire sur l'innommable.
Ce récit, dont j'avais entendu Guillaume Gallienne lire un extrait, m'avait déjà émue à souhait, reste et restera dans nos mémoires collectives ...
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Paru en 2018 et couronné la même année des prix Fémina et Renaudot, ce livre est le récit d’une lente et patiente reconstruction physique mais aussi d’une lente et patiente quête d’une identité nouvelle qui puisse enfin être habitée.
L’attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 est l’élément déclencheur ; l’auteur en sort plus mort que vif, L’acharnement des chirurgiens de La Pitié-Salpêtrière parvient au prix de dix-sept opérations au moins à remettre l‘auteur dans le monde des vivants, presque de force ! Il faudra encore plusieurs mois aux Invalides et l’entêtement des kinésithérapeutes et psychiatres puis la remise à neuf de son appartement pour enfin tirer l’auteur vers la vie. Il est tout juste tiré d’affaire quand lui parvient lors de son séjour à New-York la nouvelle de l’attentat du Bataclan le 13 novembre 2015. Et le récit s’achève là.
Ces onze mois racontés en 512 pages sont donc la traversée du désert dans ce qu’il a de plus concret et de plus aride, Pas de place pour autre chose que la réalité: «Si écrire consiste à imaginer tout ce qui manque, à substituer au vide un certain ordre, je n’écris pas : comment pourrais-je créer la moindre fiction alors que j’ai moi-même été avalé par une fiction ? Comment bâtir un ordre quelconque sur de telles ruines ? Autant demander à Jonas d’imaginer qu’il vit dans le ventre d’une baleine au moment où il vit dans le ventre d’une baleine. » (p 93).
Pourtant outre l’indéfectible présence de son frère, de ses parents, de ses proches, de l’équipe médicale, le monde de la fiction ou au moins celui de la création littéraire et artistique constitue pour l’auteur une sorte de viatique : La mort de la grand-mère dans Le Côté de Guermantes relue avant chaque descente au bloc opératoire puis La Montagne magique de Thomas Mann, les pages où « où les morts sont descendus dans la neige sur des bobsleighs », les lettres de Kafka à Milena Jesenská, l’art de la fugue de Bach, les tableaux de Vélazquez… « Ma seule prière passait pour l’instant par Bach et Kafka : l’un m’apportait la paix, et l’autre, une forme de modestie et de soumission ironique à l’angoisse. » dit-il p 274. Tout cela accompagne l’auteur dans son parcours de douleur et le lecteur dans sa lecture.
Lien : http://www.lirelire.net/2019..
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"Machiavélique et puritain, les deux font la paire : qui veut punir les hommes de leurs plaisirs et de leurs sentiments au nom du bien qu'il croit porter, au nom d'un dieu, se croit autorisé à faire tout le mal possible pour y parvenir. "

Comment parler du lambeau? Par où commencer? J'ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas rendre justice à cette oeuvre si juste, si forte. J'ai été tentée d'emprunter les mots d'un autre. Philippe Lançon a vécu une expérience que personne ne peut vraiment imaginer. Sa vie s'est arrêtée ce jour du 7 janvier 2015. La France , le monde entier, a été ébranlé. On est tous devenu Charlie. Un attentat ça laisse des traces, ça marque les esprits. Lui, l'a vécu de l'intérieur. Il était à Charlie Hebdo avec ses collègues et amis ce jour-là. Il nous raconte l'horreur mais son récit ne se limite pas à ça, au contraire. Il commence avant, dans le quotidien, l'insouciance, une soirée entre amis. Il remonte le temps. Un compte à rebours terrible, fractionné, haletant qui nous conduit inexorablement vers son issue fatale et connue de tous. On est suspendu à ses lèvres. le moment attendu et tant redouté arrive. Celui du drame et de l'incompréhension. Un massacre sans nom. Philippe ne nomme jamais les agresseurs. Les corps, "les jambes noires" des terroristes et lui, blessé, qui voit ses amis morts autour de lui. Son visage explosé a fait croire aux terroristes qu'il était mort aussi. Puis Philippe Lançon nous raconte les longs mois à l'hôpital de reconstruction dans un service de stomatologie. Les 17 opérations. Son calvaire. Il est défiguré. Les soignants, les chirurgiens, les brancardiers, les visites, les douleurs, les infections, les rencontres, la protection policière...

"C'est alors, ouvrant les yeux, j'ai vu la grande salle de réveil et sa lumière blafarde, entre jaune et vert, et, les baissant vers le pied de mon lit, au lieu de la rambarde en fer forgé et de la housse de couette, ce drap jaune inconnu sur lequel reposaient deux bras et deux mains bandés, il me fallu quelques secondes pour comprendre qu'il s'agissait des miens, dans ces secondes qui allaient au-delà du lit, tout le reste s'est engouffré, l'attentat et les minutes suivantes, et avec lui les cinquante et un ans d'une existence qui prenait fin ici, dans cette prise de conscience, à cet instant. "

« J'étais devenu ce que Pascal aurait appelé un demi-habile: assez informé pour être un patient impatient et méfiant, pas assez informé pour percevoir la nature des obstacles et la lenteur des résolutions. le peu que je savais accentuait ma solitude. Il arrive toujours un moment où le patient devient son meilleur ennemi. «

Paris, 2015, après l'attentat. Dès le 7 janvier, première opération où interviennent stomatologues et orthopédistes. le bas du visage était « décomposé », la mâchoire « trouée » . Autre constat plus tard : la parole impossible « du fait de la canule non fenêtrée plantée dans le cou ». La greffe de son péroné sur le reste de mâchoire a lieu le 18 février, c'est une greffe pour laquelle ce service de la Salpêtrière est réputé . L'un des deux chirurgiens qui a effectué l'intervention passe le lendemain, il dit : « C'est une belle plaie » alors que, lui, Lançon prend un miroir et découvre « une escalope sanguinolente » à la place du menton. Belle plaie ? « les chirurgiens voient ce que la plaie deviendra pas ce qu'elle est ». Janvier 2017 : Lançon en est à la dix-septième opération. 1

Deux hôpitaux parisiens. Deux havres hors du monde. Deux repaires pour se refaire.

« Les soignants avaient ce privilège : ils répondaient à la destruction par des gestes précis, destinés à réparer… Ces gestes remplaçaient les larmes, le bavardage, la compassion inutile, la pitié dangereuse. «

Il nous parle aussi de poésie, d'art, de littérature et de musées. La montagne magique de Thomas Mann, lettres À Milena de Kafka, A la recherche du temps perdu de Proust, le jazz de Herbie Hancock, les peintures de Velasquez, la musique de Bach, la poésie de Rimbaud et de Baudelaire (extrait in le Lambeau ci-dessous)…

« Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins »

» J'ai substitué à l'ineffaçable de la cicatrice l'effaçable , le raturable de l'écriture « disait Michel Foucault- que Philippe Lançon cite dans le Lambeau.
Mais ce faisant, rajoute Philippe Lançon : « comment faire pour ne pas devenir « vendeur » de cette expérience? Comment ne pas l'utiliser comme un hochet, une marque, un produit d'appel ou un signe de reconnaissance, mais au contraire pour la détacher de moi-même ? La seule solution était non pas de rabâcher cette expérience, mais d'isoler ce qui, en elle, prenait forme, jusqu'à en déposséder celui qui l'avait vécue- ou subie » .

Il s'est mis à nu avec ce témoignage et il ne cherche ni à être vendeur, ni racoleur ni sensationnel. Philippe lançon est journaliste de profession et critique littéraire. Il a éprouvé dans sa chair l'expérience du traumatisme de l'attentat que nous ne connaissons qu'au travers des écrans de télévisions pour la majeure partie d'entre nous. Il aurait pu mettre en scène son expérience mais il n'en est rien. Son texte est authentique, vrai et toujours remarquablement écrit et pensé. Il va à l'essentiel, patiemment, finement. Il nous délivre son vécu à lui par rapport à cette expérience sans jamais feindre, sans jamais cacher ses faiblesses ni ses souffrances. Il se met à nu et se livre complètement. Certains détails vraiment intimes sur sa chirurgie notamment nous sont livrés souvent avec humour vis-à-vis du monde médical et des chirurgiens en particulier (cf. la greffe et ses conséquences).

« La réalité difficile des autres était l'une de ces planètes invivables qu'on aime voir en images, entendre à la radio, lire peut-être, mais où l'on ne pourrait pas respirer une minute. «

Les épreuves qu'il a dû traverser dans sa reconstruction sont inimaginables avant de lire ou d'écouter ce roman (la voix de Podalydès résonne encore en moi comme un double de Philippe Lançon qui m'a accompagnée pour me livrer le plus intime de l'auteur). Même après, on ne peut que les appréhender. On ne les ressent pas. Ses cauchemars, ses ressentis, ses douleurs quotidiennes, ses hallucinations (le bourdon imaginaire), ses terreurs (à l'extérieur), la sensation que sa bouche n'est plus la sienne… Physiquement et émotionnellement il ne sera jamais plus le même. Sa vie a changé à jamais et ce livre nous a éveillés sur cette expérience hors norme qui transforme un individu. Je salue son courage de ne pas avoir prétendu être quelqu'un d'autre, qui aurait traversé ça autrement. J'ai aimé son authenticité, sa force à survivre à autant d'épreuves et à partager tout cela avec nous, ses lecteurs. Merci François Lançon pour ce partage! Et pour ce magnifique témoignage!

" Je l'ai écouté avec soulagement, fier d'être muet. Quand on se tait, on sonne juste. "


Prix femina 2018
Prix spécial du jury Renaudot 2018
Prix du roman-news 2018
Lien : https://blogapostrophe.wordp..
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Il y a peu de mots pour décrire l'émotion qui se lit / se vit / s'écrit dans ce livre et l'auteur les utilise tellement bien ces mots qu'il est difficile de les nommer soi-même sans être d'une fadeur accablante ! Là où on s'interroge d'abord sur la taille d un tel livre pour le récit d un huit clos hospitalier on s'émerveille ensuite de la prouesse d'une telle oeuvre littéraire. Tout y est vrai, sensible, beau. Les mots sont des armes, les siens sont d'une beauté incomparable. La narration est éblouissante, les images toujours justes et souvent poétiques, la vision toujours personnelle et pourtant tellement porteuse de sens. C'est l'exceptionnel de la vie au sens positif du terme dans l'exceptionnel de la vie au sens négatif du coup ... mais aucun parti pris de vengeance, de rancoeur, de colère et c'est ce qui fait encore plus sa force. Juste le récit, exceptionnel lui aussi, d'un homme cultivé et humaniste qui nous permet de traverser avec lui une reconstruction aussi physique que morale, avec une finesse et un style qui nous laisse pantois. Une belle lecture !
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Difficile de porter un jugement sur un livre pareil, raison pour laquelle je n'ai pas mis de note.
Philippe Lançon relate avec sobriété l'attentat de Charly Hebdo et le parcours de combattant qui s'en est suivi. Un parcours pour sa reconstruction, physique mais également psychologique. Il nous invite dans son intimité et nous fait part de ses difficultés dans cette longue reconstruction, ses doutes, ses angoisses, sa douleur, physique et morale.
Un récit rythmé par des interventions chirurgicales, et ponctué de nombreuses références littéraires et artistiques qui l'ont accompagné au cours de sa vie passée mais aussi au cours de ces longs mois de bataille chirurgicale.
Un témoignage bouleversant avec lequel Philippe Lançon partage avec le lecteur sur l'avant et l'après Charly.



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Désolé, mais ça ne l'a pas fait pour moi.
Long, répétitif, le recit est parcouru des retours en arrière intempestifs qui alourdissent le récit. Bien sûr, certaines introspections sont intéressantes, mais une fois passées, l'ensemble perd de son intérêt.
J'ai abandonné a la page 300.
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Livre très poignant... très bien écrit...
Cependant comme beaucoup de personnes... j'ai été choquée par cette journée du 7 janvier 2015...
Alors je le lis par petites doses... comme si j'attendais d'être recueillie... par respect de l'auteur et des disparus... difficile de ne pas être dans l'emotion...

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Ce livre de Philippe Lançon a connu un très grand succès et j'ai lu de nombreuses critiques, toutes très élogieuses. Il a reçu le prix special du Femina et je ne l'ai pourtant pas acheté jusqu'à ce qu'une amie me le conseille fortement (elle m'avait écrit c'est un livre indispensable) et je n'ai pas été déçu et ce livre est, en effet, indispensable pour connaître l'horreur des attentats. D'habitude je lis mes livres sans m'arrêter,là je me suis souvent arrêté pour digérer et pour me réserver le plaisir de la suite.
C'est d'abord un livre remarquablement écrit. Chaque phrase est à la fois belle et profonde. C'est un livre de la mémoire et du temps puisque l'auteur,victime du terrible drame de Charly Hebdo, cherche a se remémorer tous les instants qui ont précédés le drame, cherchant a tout situer avec une précision d'orfèvre même si cela lui est quelques fois très difficile et il note avec précision toutes les pensées, les impressions souvent fugaces qui lui sont venues au cours de ces différentes étapes du drame.Ce n'est donc pas un livre que l'on peut lire en diagonale. Il faut apprécier chacune des phrases, chacune des parties car elles appellent à la méditation et les pages sur la dernière conférence de rédaction de Charly Hebdo et sur le moment de l'attentat sont d'une cruauté magnifique.
Il y a , aussi, des pages très émouvantes (mais ne le sont-elles pas toutes?) comme cet échange de mail entre un journaliste et l'auteur dans lesquels le journaliste confesse qu'il s'est détourné de Philippe Lançon blessé, le jour même de l'attentat, par peur, par lâcheté ,croit-il, et la réponse de Philippe qui lui dit qu'il ne s'est rendu compte de rien, qu'il se garde de juger et qui, finalement console celui qui a cru fauter.
De belles pages aussi sur la souffrance et sur l'hospitalisation de longue durée, sur les multiples opérations, sur cette mise à l'écart du monde des vivants, sur ces chambres d'hôpitaux qui deviennent des mondes et sur le temps qui n'a plus la même valeur que dans la vie, sur certains qui souffrent encore plus que soi comme "le pauvre Ludo" et sur ce monde des soignants si nécessaire et si remarquable et, au passage un superbe portrait de Chloé "sa chirurgienne" comme il l'appelle., cette femme apparemment admirable. (on lira en souriant ce passage relatif à la visite de François Hollande). L'auteur noue des relations avec ses soignants et eux-même sont envahis quelques fois au point de ressentir "la maladie des patients" que je ne connaissais pas et qui est une forme d'attachement contre lequel ils doivent lutter. Et, aussi, ces policiers chargés de le protéger, la discrétion même, et l'un d'eux qui entre dans la chambre et qui lui dit " Ma femme prie chaque soir pour vous". C'est tout mais c'est tellement, un peu comme le geste de cet ami qui lève son chapeau devant Oscar Wilde ,humilié et conduit a sa prison, geste qui bouleverse Oscar Wilde.
La blessure subie est une blessure de guerre et dans toute la reconstruction du visage qui est entrepris ce livre ne pouvait pas ne pas me rappeler le beau recit de Marc Dugain dans "La chambre des officiers" avec cette évocation des progrès fait dans ce domaine lors d la guerre de 14 puis dans toutes les guerres suivantes.
L'auteur nous dit aussi comment la musique et la littérature l'ont aidé dans les moments difficiles et il revient sur cette lecture ,répétée lors de chaque opération, de la mort de la grand mère dans le roman de Proust.
Et on le suit jusqu'à sa première grande sortie à la campagne dans la maison de des grands parents et l'on sent alors que la vie va repartir, qui ne sera cependant jamais tout a fait l'ancienne vie.
Au total un grand livre par le style et la densité du propos et qui fait que le mot attentat n'aura plus pour moi un sens un peu abstrait mais évoquera toujours le parcours de Philippe Lançon.





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