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3,68

sur 432 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le petit Mehdi atterrit à la conciergerie du célèbre lycée français Lyautey de Casablanca, un peu comme un poil sur la soupe. C'est qu'il vient de loin, tout droit de son beld perdu de Béni-Mellal qui, en cette année 1969, ne connaît pas encore la télévision et à peine quelques téléphones disséminés à droite et à gauche. Ce sera donc un choc culturel à double sens. Malgré les nombreuses incongrutés, Mehdi réussira à impressionner ses professeurs élitistes et ses camarades de classe hautains. C'est qu'il est intelligent, bien sûr (n'obtient pas une bourse qui veut), avare de lecture, il connaît ses classiques sur le bout des doigts : LaFontaine, comtesse de Ségur, Jules Verne, etc. de quoi faire rougir de honte les petits Français… N'empêche, il se fait bien accepter par les autres, même inviter chez eux. C'est tout un monde qu'il découvre. Un roman d'apprentissage, autrement dit.

Toutefois, au-delà des thèmes abordés dans le roman Une année chez les Français, c'est le style de son auteur qui marque. Une pointe d'ironie, de grandes doses d'humour intelligent. Au-delà de cette galerie de personnages comiques, un brin caricaturaux (le concierge obtu, la mère dépassée, le cousin Mokhtar, etc.) il y a les situations cocasses. C'est que le petit Mehdi a le don de se mettre les pieds dans les plats. Par exemple, quand il se méprend sur le sens d'une expression qu'utilise un enseignant ou quand il s'invente une nouvelle vie pour le bénéfice de ses camarades. Ainsi, quand ces derniers le pressent de questions sur ses parents, le jeune boursier tergiverse longuement pour ne pas dévoiler leur origine pauvre :
« Mehdi sentit qu'il lui fallait dire la vérité. Toute la vérité, rien que la vérité. Il y a des moments dans la vie où l'on ne peut se dérober. Assez finassé, assez rêvé, assez menti ! Il se lança résolument.
- Mes parents, ils sont très riches, ils vont passer la semaine à New York, en Amérique […]. » (p. 68)

On pouvait s'attendre à tout sauf cela. Et que dire des nombreux jeux de mots ? Ils sont rigolos, réjouissant. Très souvent pendant ma lecture, je me suis surpris en train de rire et sourire. Mais tout n'est pas que drôleries, le roman contient aussi plusieurs moments de tendresse. C'est que le protagoniste est particulièrement attachant. Quelle spontanéité, quelle fraicheur ! Il faut dire que Fouad Laroui puise dans ses souvenirs, dans son expérience personnelle, ayant été lui-même élève au fameux lycée dans sa jeunesse. Décidément, Une année chez les Français est une lecture accessible et intéressante, je la recommande vivement.
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1969, Mehdi a dix ans. Il adore lire, comprend tout juste quelques mots d'arabe et a obtenu une bourse pour le lycée français Lyautey de Casablanca. Quittant ses montagnes du moyen Atlas à bord de l'antique 2 CV d'un présumé oncle, le brave Mokhar, le voici débarqué dans ce monde étrange dont il n'a pas tous les codes. Déposé devant la porte du lycée avec une valise incomplète, sans pyjama mais deux dindons que Mokhtar a cru bon d'acheter en offrande car ça porte bonheur.

Medhi a bien conscience de son incongruité et se réfugie dans ses souvenirs littéraires pour assumer sa présence un peu décalée parmi les Français...et autres. Il y a aussi quelques Espagnols, un Allemand...dont il ignorait tout jusque là.
Abandonné loin de sa famille, il monopolise le week-end quelque pion marxiste, ou désireux de retrouver sa petite amie. La solution est vite trouvée, il sera accueilli dans la belle demeure de son camarade Denis…

Fouad Laroui nous raconte avec humour l'histoire de ce gamin brillant, confronté au décalage entre sa culture et son milieu d'origine et celle qu'il découvre dans le lycée français avec beaucoup de tolérance d'un coté comme de l'autre malgré quelques inévitables incompréhensions.
Un peu lunaire, conscient de sa valeur et vexé par l'injustice, il termine brillamment son année, récompensé par la fierté de sa mère. Une année plutôt positive où il découvre que la littérature peut sauver de bien des embarras…
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1970. Maroc. La vie du petit Mehdi bascule lorsque son instituteur se bat pour lui obtenir une bourse d'études, convaincu de ses aptitudes. C'est ainsi que le garçon de dix ans entre au prestigieux lycée français de Casablanca, réservé aux enfants de hauts fonctionnaires ou aux familles marocaines influentes.

Largué par un lointain cousin devant le lycée, avec deux pintades pour remercier le directeur, Mehdi ne sait pas encore qu'il va vivre, pendant un an, un choc culturel constant.

« Il était maintenant chez les Français, entouré de leurs immeubles, de leurs bacs à sable, de leurs arbres. »

Entre les expressions françaises qu'il ne comprend pas, les situations que personne ne lui explique, la honte de ne pas avoir assez d'habits et autres petites tracasseries de tous les jours, il va avoir fort à faire pour intégrer cette nouvelle culture sans oublier la sienne propre. …

« Ça voulait dire quoi, « ça tient bien au corps » comment faisait-elle, la purée, pour « tenir » quoi que ce soit ? Elle s'agrippait aux parois dans l'estomac ? »

Le tout donne un mélange détonant entre culture française remplie de préjugés, un enseignement standardisé; face à une culture marocaine, folklorique et un brin caricaturale. Avec au centre, un enfant qui parait bien petit pour supporter ça …

« Il pointa un index accusateur sur l'enfant, qui se faisait tout petit
– Tu es l'avenir de l'humanité !
L'avenir de l'humanité, d'émotion, fit pipi dans ses braies. »

Largement inspiré par l'expérience de l'auteur qui a lui-même fréquenté ce lycée, dans les mêmes années, c'est un roman hilarant à lire et à relire, qui nous fait réfléchir sur ce qui constitue notre identité, notre culture, ainsi que des notions comme l'ascension sociale. Tout comme dans Méfiez-vous des parachutistes, tout aussi délirant, il montre que tous ces enfants, élevés dans les deux cultures opposées, se retrouvent amputés d'une partie de leur identité. En effet, dans sa famille Mehdi ne peut parler que le français puisqu'il n'a fréquenté que les écoles françaises, langue que les autres membres ne parlent ni ne comprennent; à l'école, la subtilité de la langue française – et ses étrangetés échappant souvent à toute logique grammaticale – lui échappe. Pourtant, et fort heureusement il y a les livres, que Mehdi dévore et qui le sauve de la morosité et du flou qui constitue sa vie.

« C'était peut-être cela le pire, dans la mort : ne plus pouvoir lire. »

Je suis bien d'accord !

Entre le Petit Chose et le Petit Nicolas, « Une année chez les Français » est à découvrir sans tarder …
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Je lis et je ne peux m'empêcher de revenir à la couverture que je trouve si belle. L'illustration de Pasquale Carlotti reflète si bien le petit Mehdi aux yeux exorbites face à un monde qui n'est pas le sien. Je lis et je découvre un enfant épouvanté par sa vie au Lycée français. Au fil des pages, je ne peux qu'aimer ce petit arabe, perdu dans le monde des français. Je lis, je sourie et je m'attendrie sur des moments, des gestes et même des mots qui semblent incongrus à certains mais qui restent naturels pour moi.
Un petit livre attendrissant et émouvant comme ce petit Mehdi qui se fraye son petit chemin.
Je vous conseille vivement de le lire mais surtout le faire lire à vos enfants et élèves.
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Medhi Katib est un petit marocain d'un village reculé, au début des années 1960. Son instituteur a fait des pieds et des mains pour lui obtenir une bourse qui lui permette d'étudier au lycée français de Casablanca.
Une folle équipée pour y parvenir et une fois sur place, une franche incompréhension entre tous ces personnages. Medhi, dépaysé ne trouvera pas le courage de s'opposer à tous ces adultes qui vocifèrent et lui disent ce qu'il doit faire. Et ce n'est même pas la rentrée...
Re-belote quand il rentre dans sa famille : choc dans l'autre sens...
Une histoire drôle, du moins pour nous, sur le décalage entre les cultures, entre le colonisateur (enfin protecteur) et le colonisé (protégé), dans un pays qui se cherche.
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Emprunté un peu au hasard à la bibliothèque – je cherchais un auteur dont le nom commençait en L, pour le challenge ABC – et intriguée par la 4ème de couverture, assez bien illustrée par le dessin d'un enfant, la valise à la main, l'air désemparé. J'ai plongé avec bonheur dans ce roman plein d'humour et de tendresse.
Medhi, jeune marocain de 11 ans, très bon élève, a obtenu une bourse pour intégrer un lycée à Casablanca. Il n'a jamais quitté son petit village, apparemment assez isolé, son milieu familial et sa routine rassurante. Arrivé la veille de la rentrée, affublé de son oncle – dont il ne comprend pas le dialecte – et de deux dindons pour amadouer le proviseur, son trousseau incomplet et sa méconnaissance totale des us de la ville, le petit Medhi est d'emblée interloqué par ce qu'il découvre. Il va lui falloir quelque semaines pour s'adapter.
Les adultes, s'ils sont plutôt bienveillants, le surprennent par leur comportement ou leurs propos. L'enfant est un grand lecteur et il maîtrise bien le français, néanmoins l'univers bigarré du lycée Lyautey lui paraît impénétrable, tout est teinté d'étrangeté et seule l'étude lui apporte réconfort et plénitude. Son goût pour la lecture – et notamment pour la Comtesse de Ségur – me le rend particulièrement sympathique et touchant, de même que la pensée magique qui l'accompagne et qui rappelle à tous l'enfant que l'on a été.
Seul interne à ne pas rentrer chez lui les weekends et jours fériés, il est hébergé par les parents d'un de ses camarades français dans laquelle il va également découvrir d'autres façons de faire famille. Medhi ne compare jamais, il vit, fait ses expériences, apprend d'elles mais toujours sans tension, dans une douce acculturation. de toute façon, les adultes de sa propre famille sont également une énigme pour lui…
C'est drôle, tendre, l'altérité ici présentée est source de richesse. Enfants et adultes sont issus de cultures et de milieux différents, pour autant de la petite communauté se dégage une forme d'harmonie (il y a bien le pion communiste, cependant). On suit avec plaisir l'année de 6ème de Medhi dans un environnement qu'il va apprivoiser doucement et l'on referme le livre, alors que les vacances arrivent, touché par ces aventures enfantines.

Challenge ABC - 2018/2019
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C'est mon deuxième (et avant dernier) coup de coeur dans la dizaine de livres de poche que j'ai pu lire pendant cet été.

Il s'agit d'un petit livre sorti en grand format il y a 2 ans et qui avait connu un très bel accueil, auréolé notamment du Prix Goncourt des lycéens. En poche il a édité par Pocket Jeunesse, et pourtant ils s'adressent autant, si ce n'est plus aux adultes qu'aux jeunes.

J'ai certes pensé aux Petit Nicolas de Sempé, que je lisais dans mon enfance, mais avec un regard plus mature, plus corrosif encore.

On est en 1969, l'année où les Américains débarquent sur la Lune et celle aussi où le petit Mehdi, 10ans, atterrit au lycée Lyautey de Casablanca. L'instituteur, impressionné par l'intelligence et la boulimie de lecture de son jeune élève, lui a obtenu une bourse dans le prestigieux établissement français.

Avec un humour percutant et tendre à la fois, Fouad Laroui raconte le choc culturel que représente pour le petit Marocain de la campagne la découverte du mode de vie des Français

Une année chez les français est l'histoire aussi savoureuse qu'émouvante d'un enfant propulsé dans un univers aux antipodes de celui de sa famille et dont il ne cessera d'appréhender les codes . du réfectoire et son curieux hachis Parmentier au dortoir avec ses lits superposés, Mehdi est sans cesse en observation, un peu comme un ethnologue en culotte courtes, il doit peu à peu décrypter le mode d'emploi de sa nouvelle vie. Les pions, les profs, les autres pensionnaires sont autant de personnages mystérieux, comédiens d'un théâtre démesuré.

Une année chez les Français conjugue ironie et humanisme pour replonger dans les souvenirs d'enfance largement autobiographiques de l'auteur, lorsqu'il est arrivé à Casablanca. L'auteur prend comme point de départ ce qui relève de l'anecdote, du superflu pour parler de thèmes très sérieux, comme le choc des civilisations, l'intégration ou bien encore les effets du colonialisme sur les pays qui ont acquis récemment leurs indépendances.

Formidable raconteur d'histoires, doté d'un sens aigu de l'observation, Fouad Laroui, que je ne connaissais pas, m'a vraiment tapé dans l'oeil, car cette année chez les français est un petit régal de lecture qu'il vous faut absolument découvrir, si vous ne le connaissez pas encore.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ah que ça fait du bien d'écouter une histoire toute simple, pleine d'humour et dans le fond sociologique et grave. le choc culturel de l'enfant m'a rappelé le mien à mon entrée en 6ème, issue d'un milieu dit défavorisé. Moi aussi la lecture m'a construite. Les pions, les profs, l'encadrement, tout est drôle et tellement vrai même si ça se passe ailleurs avec une toute autre actualité. Ce point de vue de l'enfant est vivant avec ses questionnements, ses jalousies et ses hontes. Un vrai moment de détente rafraîchissant.
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Mehdi jeune marocain de 12 ans a obtenu une bourse pour étudier au Lycée Franco-Marocain de Casablanca.
Il va donc faire son apprentissage dans un univers complètement inconnu et très différent de ce qu'il connaît habituellement.
Il a une imagination débordante et un amour immodéré des mots, des phrases bref des livres qu'il dévore et dont il s'imprègne.
De ce fait toutes les expressions et les situations qui lui semblent incompréhensibles vont devenir pour lui source d'inspiration.
Son imaginaire fera son oeuvre tout au long de cette année pas comme les autres .


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Un petit bijou!
L'histoire du petit Mehdi qui quitte son village de l'Atlas pour se retrouver dans un prestigieux lycée français est à la fois drôlissime et émouvante. Son étonnement, ses petits arrangements avec la vérité, son rapport à Dieu, son imagination débordante sont autant de moments de fous rires. Et ce qui ne gâche rien, l'écriture est magnifique. On sent que chaque mot a été choisi avec soin, l'auteur est visiblement un amoureux de la langue française avec laquelle il sait jouer.
Un pur moment de bonheur, une lecture que je conseille vivement et qui est un coup de coeur pour moi.
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