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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À la pointe de l'Arcouest on peut observer l'île de Bréhat, ce site, l'Arcouest sorte de presqu'île est d'une grande beauté, entre la rivière du Trieux et la baie de Paimpol. Les huîtres y sont particulièrement goûteuses et des académiciens y déclament parfois une louange mielleuse. C'est là que l'oncle de Boris Vian aurait pu travailler à sa bombe atomique.

Ce sont en réalité toutes les sommités de la physique quantique qui occupent garages et pavillons, demeures luxueuses donnant sur la mer et offrant l'accès aux plages.
Ces grands scientifiques nobellisés ou éminents normaliens tels que Pierre et Marie Curie, Jean Perrin, Irène et Frédéric Joliot-Curie, Henri Becquerel...se sont lancés à la conquête de la radioactivité. D'autres pays sont aussi sur les rangs, les allemands et les anglais .
La fuite des chercheurs d'Allemagne ou de Hongrie à partir de 1933 allait changer la donne.


Les États-Unis dotés ainsi des meilleurs physiciens du monde soufflaient la première place à la France, engluée par la présence Allemande, Frédéric
Joliot-Curie à la tête du CNRS, ne pouvait que tempérer ses intuitions.

Édouard Launay, avant d'introduire ce qui est sans doute l'essence du livre, l'émergence de la bombe atomique, donc un drame pour l'humanité,
restituée deux événements maritimes qui ont profondément troublés, la communauté intellectuelle de l'Arcouest, le premier étant le naufrage de la Brune et ses 74 disparus, laissant 127 orphelins.


Ce drame fut relayé largement par Anatole le Braz, page 60, "sur le dos mouvant des lames, à la Brune, ils étaient partis". Ce drame rejoint bien d'autres naufrages qui ont taché cette côte Nord de Paimpol. Ce sont ces pêcheurs d'Islande, qui ont laissé des témoignages glaçants, sur le mur des lamentations du village de Ploubazlanec, et combien de pêcheurs et combien de capitaines, ont laissé leurs noms, et le nom de leur bateau, sur le granit penché vers le nord.

Pierre loti et Anatole le Braz ont déployé des pages en l'honneur de ces hommes de Paimpol, ancrés avec leur famille sur les falaises de l'Arcouest.
Le deuxième drame a touché plus douloureusement la communauté scientifique puisque Léon Mariller et sept membres de la famille Le Braz ont fait naufrage, la Marie Thérèse a coulé à pic à marée montante.


C'est Pierre Curie recevant le prix Nobel, qui dira « Je suis de ceux qui pensent, avec Nobel, que l'Humanité tirera plus de bien que de mal des découvertes nouvelles ». et il est bien difficile en ces moments de ne pas avoir des pensées positives et idéalistes .


Tous les physiciens sont impliqués par les avancées scientifiques, ils sont même parfois enclins à déposer des brevets sur des hypothétiques bombes atomiques.

Mais cette douce utopie vire au cauchemar dans les années 40 avec l'entrée des allemands sur le sol français ;
alors que cette communauté à l'aube de la guerre avait dès 39 l'espoir
d'être la première à détenir la façon de déclencher la fission en chaîne des atomes.

Avec eux, nous aurions pu fredonner la chanson de Boris Vian :
"A mesur' que je deviens vieux
Je m'en aperçois mieux
J'ai le cerveau qui flanche".

La mise en oeuvre de la bombe atomique est ainsi la suite, de la vie paisible qui se déroulait dans ce coin de Bretagne. L'enthousiasme de cette communauté tranche avec les événements qui ont cadencé l'histoire de la bombe et de sa mise en oeuvre: de sa cruauté Albert Camus a été le premier à la dénoncer dès l'annonce de la fin de la ville d'Hiroshima.

Dans le livre de Nicolas Bouvier, l'auteur raconte que pour glaner 3 kg de sucre une mère de famille est partie en poussières calcinées à Hiroshima.


Le livre d'Édouard Launay, Sorbonne Plage nous berce d'une étrange musique, là où la famille Schueller Bettencourt a fait fortune, grâce à l'ombre solaire, là aussi la famille Curie fut emportée dans des douleurs intenses brûlées par la radioactivité.


Je regrette un peu que ce récit cède souvent à l'énoncé de toutes les personnes illustres qui se sont promenées ici ou là, ainsi sur trois pages, Édouard Launay parvient à citer 30 noms de familles illustres ! Une vraie liste de mariage.

Cet un ouvrage très bien documenté, et qui a l'immense mérite de condenser depuis les premières découvertes sur la radioactivité, la propagation à une vitesse incroyable les connaissances sur ce sujet permettant d'aboutir en 1945 à cette afreuse bombe atomique.
L'auteur a aussi eu la lucidité et l'honnêteté de rapporter cette phrase d'Albert Camus : " la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie".

Un ouvrage indispensable pour éviter de dire sur ce sujet si essentiel des idées ou des affirmations erronées.

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Avec Sorbonne Plage, Edouard Launet, journaliste scientifique, nous emmène en Bretagne et plus précisément sur l'Arcouest où chaque année se rejoignent artistes et grands scientifiques nobelisés tels que Pierre et Marie Curie, Charles Seignobos, Jean Perrin, Louis Lapicque, Anatole le Braz mais également leur descendance. Cette petite bourgade devient le théâtre, durant les quelques mois d'été, de têtes pensantes à l'apogée de leurs découvertes.

Tous ces grands noms de l'Histoire y font construire des résidences secondaires après être tombés en amour pour ce havre de paix. Ils s'y amusent en navigant, en créant des spectacles estivaux où chaque membre de cette grande famille a un rôle à jouer.
Le « groupe de l'Arcouest » ne se mêlent pas aux autres habitants à part le jeune Frédéric Joliot (gendre de Pierre et Marie Curie) qui venant d'un monde moins bourgeois se plaît à rencontrer les habitants et pêcheurs de l'île.

Humanistes socialistes, dreyfusards (voir même peu à peu communistes), tous sont convaincus que la science peut apporter à l'humanité une paix certaine, Pierre Curie dira « Je suis de ceux qui pensent, avec Nobel, que l'Humanité tirera plus de bien que de mal des découvertes nouvelles ». et il est bien dur de rentrer dans leur monde idéaliste.
Le reste de l'année, ils militent politiquement mais surtout ils travaillent avec acharnement sur les avancées scientifiques de l'uranium puis de l'atome.
Mais cette douce utopie virera au cauchemar dans les années d'après-guerre.

Ces scientifiques si brillants ne se doutaient-ils pas du danger encouru par de telles découvertes ? N'ont-ils pas été précurseurs dans le domaine de la fission atomique ? Certains d'entre eux n'avaient-ils pas auguré la catastrophe qui se profilait ?

C'est ce qu'Edouard Launet nous démontrera tout au long de ce récit très bien documenté par des témoignages ou l'étude de documents provenant parfois mêmes de ces Arcouestiens.
Comment ces physiciens ont-ils pu laisser la bombe atomique voir le jour ? La fierté d'une telle avancée sera-t-elle plus forte que le remord ?

Edouard Launet ne nous écrit pas des tartines de formules, ni de procédés physiques, juste le nécessaire pour que nous puissions comprendre cette fabuleuse et dramatique aventure à laquelle les plus grands scientifiques, physiciens et historiens ont été à l'origine.

Nous voyageons à travers des photos en noir et blanc, des souvenirs de vacances remplis d'insouciance sur cette presqu'île. L'auteur nous plante le décor de ces avancées et nous distille peu à peu les prémices de cet holocauste que la bombe atomique provoquera sur Hiroshima.

Le récit nous offre de belles lignes : la plume d'Edouard Launet se fait à la fois poétique et scientifique mais jamais le lecteur n'est noyé dans les explications. Et j'ai trouvé que c'était réellement un point fort pour cet ouvrage. On vogue entre deux époques celles des ancêtres (Pierre et Marie Curie) et celle de la relève, celle de la première guerre et celle de la seconde, entre la France et les Etats-Unis.

Quelle ironie d'apprendre que tous militaient pour la paix, tous étaient humanistes voir même anti-armes nucléaires. Tous étaient bercés d'idéalisme et pourtant leurs travaux ont servi à créer une arme de destruction massive alors qu'ils étaient conscients des dangers de telles découvertes.

Sans parler de la dernière partie où l'auteur aborde la culpabilité qui a rongé ces chercheurs et universitaires après l'explosion. Où il nous emmène au Japon pour nous retracer l'horreur vécue par les habitants d'Hiroshima. Rien n'est laissé au hasard et la douleur qui s'en dégage parvient à nous glacer le sang.

J'ai aimé l'écriture fluide, les paysages, et j'ai adoré rentrer dans l'intimité de ces physiciens, en apprendre davantage sur ses illustres personnages et sur leur vision du monde.

Merci à Babelio et aux éditions Stock qui m'ont offert une belle découverte dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Lien : http://livresselitteraire.bl..
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Au début du XXème siècle, de nombreux scientifiques venaient en vacances dans les Côtes d'Armor dans un lieu appelé L'Arcouest pas très loin de Paimpol. C'est le poète Anatole le Braz qui sans le vouloir fit de cet endroit un lieu de villégiature pour ces scientifiques parisiens. Ils y achetèrent ou construisirent des maisons secondaires avec vue sur la baie de Paimpol. Ils faisaient du bateau, s'amusaient. Marie Curie et ses filles puis avec son gendre Frédéric Joliot-Curie (physicien et mari d'Hélène), Jean Perrin le physicien, Pierre Auger mais aussi des mathématiciens, des chimistes "Ce groupe de l'Arcouest, comme on le désigne communément, comptait aussi dans ses rangs estivaux des historiens, mathématiciens, artistes, hommes politiques. Ces personnes éminentes et leurs familles formaient en Bretagne une compagnie d'humanistes : tous se battaient pour la paix, la justice sociale, le progrès humain, la liberté."
Un phalanstère fermé idéaliste qui ne se mêle pas aux habitants et où il faut montrer patte blanche pour y entrer. Les enfants des uns se marient avec ceux des autres : une véritable tribu.
Le reste de l'année, ils sont à leurs travaux et sont politiquement de gauche.

Après les découvertes des époux Curie concernant l'uranium , nous en sommes sommes à la fission de l'atome.
Et certains s'en inquiètent comme le physicien hongro-américain Leo Szilard. Mais la bombe atomique voit le jour puis on assiste à Hiroshima et Nagasaki en 1945.
En France, l'opinion publique se félicite (le journal "Le Monde" parle "d'une révolution scientifique") mais des voix s'élèvent « Nous vous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie » écrit Albert Camus dans le quotidien "le Combat" le 8 aout 1945.
"En Bretagne, le phalanstère accueille la nouvelle dans un mélange de consternation et d'excitation". Car on est un peu jaloux que les Américains aient continué les recherches entreprises initiées en France.
D'ailleurs, Frédéric Joliot écrit : "S'il faut admirer l'effort gigantesque de recherche et de de fabrication réalisé par les Américains, il n'en reste pas moins vrai que les premiers principes de réalisation ont été trouvés en France. Il constitue un appoint de première importance à cette nouvelle conquête de l'homme sur la nature".
Est-ce que la culpabilité surgit chez ces humanistes? On en doute.

A partir de photos, de témoignages, de journaux, Edouard Launet nous raconte cette histoire humaine, scientifique, intellectuelle et politique. Il s'invite dans le récit, pose des questions. Il n'a pas peur d'utiliser l'ironie et quand il parle de travaux sur les atomes, le lecteur n'est jamais noyé ou perdu. Il n'oublie pas les décès des pêcheurs et sait nous rendre toute la beauté de ce lieu des côtes d'Armor et de ces étés insouciants.
Un essai très bien mené et très intéressant ( on apprend plein d'éléments dont certains font froid dans le dos) !


Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Etonnant récit qui mène l'enquête dans le microcosme scientifique de la" bande de l'Arcouest" réunissant physiciens nobelisés et artistes !
L'auteur, ancien ingénieur, mêle habilement images sépia d'un monde perdu, évoque les vacances sur cette presqu'île au nord de la Bretagne, et instille très finement une réflexion sur les limites du progrès. Quel regard, autre que celui de la fierté des découvertes scientifiques, a pu avoir cette élite intellectuelle quand a explosé la bombe à Hiroshima ?
On croise Albert Einstein et les Curie, Albert Camus et des marins naufragés comme dans un album-photos qui étireraient ses pages sur tout le XXème siècle et ses bouleversements.
La plume de l'auteur sert ce document qui évite les écueils d'un ouvrage trop scientifique : les références aux découvertes nucléaires, les quelques notions de physique et de chimie n'étouffent pas cet ouvrage qui offre de belles lignes, poétiques, sur la parenthèse enchantée à "Sorbonne-Plage".
Une belle découverte !
Merci à Babelio et aux éditions Stock qui m'ont offert de lire ce récit dans le cadre de l'opération "Masse critique" !
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Edouard Launet reconstitue la course à l'arme nucléaire à travers un bout de plage bretonne où se réunissent tous les étés de célèbres scientifiques dont plusieurs prix Nobel. Cette histoire vraie méconnue est à la fois édifiante et passionnante.
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Edouard Launet raconte les retrouvailles tous les étés d'éminents scientifiques comme Pierre et Marie Curie, Jean Perrin ou les Joliot-Curie dans un petit coin de Bretagne sur la côté, à l'Arcouest. Il raconte leur insouciance autant que leurs découvertes et projets scientifiques jusqu'à la catastrophe, à savoir la découverte de la bombe atomique qui anéantira Hiroshima et Nagasaki à la fin de la seconde Guerre Mondiale. C'était un récit prenant et très instructif, plein d'anecdotes en tout genre dont je retiendrai pas mal de choses. Je suis toujours très intéressée par l'époque de la Troisième République, et autant dire qu'on est en plein dedans dans ce livre ! de déconvenues, en espoirs et illusions, Edouard Launet brosse un portrait sans complexe d'une génération de scientifiques brillants, qui ne pensaient pourtant pas amener l'humanité jusqu'à certaines limites. J'ai adoré !
Lien : http://laroussebouquine.fr/i..
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Sorbonne plage est un petit livre sérieux (mais pas trop) qui nous raconte l'histoire d'une colonie bretonne très particulière où des physiciens et autres universitaires parisiens passaient leur été.
Le récit nous fait découvrir la vie et les engagements politiques de personnages, dont plusieurs ont donné leur nom à des rues du quartier latin.

En toile de fond de ce tableau qui aurait pu n'être que plaisant, l'auteur a choisi de placer les bombardements de Hiroshima et Nagasaki à travers un héros américain de 14/18, qui a ensuite piloté un des bombardiers fatidiques. L'histoire, comme les engagements politiques, sont décrits à travers leurs multiples nuances et ambiguïtés ce qui est l'une des grandes qualités de ce récit.
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Les croisements entre les petites histoires de vacances de ces célèbres scientifiques, qui ont finalement une vie de famille comme tout le monde malgré leur destin exceptionnel, et la Grande Histoire, où ils ont bien malgré eux contribué à la création d'engins de mort quand ils voulaient juste faire progresser la science et la médecine est passionnant. Ils n'ont hélas pas été entendus.
Au-delà du fait que l'histoire se situe dans ma région de coeur et d'origine, la Bretagne, dont je retrouve les paysages au fil des pages, j'ai énormément appris sur ces scientifiques célèbres, prix Nobel, mais engagés aux quotidien pour les valeurs auxquelles ils croient. On a trop je crois l'image des scientifiques qui ne quittent jamais leurs labos, et on se trouve ici face à des gens qui ont une famille, des enfants et surtout une conscience sociale très développée.
Une jolie découverte, très instructive.
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Cet ouvrage se lit d'une traite. Pas besoin cependant d'être un scientifique de haut vol, l'auteur y est très attentif. Les portraits de scientifiques ou universitaires brillants se succèdent, mêlant habilement renseignement sur leur vie intime et leur recherches, notamment au niveau de la physique nucléaire. C'est un livre très frais, intelligent et intéressant qui nous montre la science sous une autre facette et quelque part, comment la France a un peu perdu sa place dans "l'équipe de tête" des physiciens, mais finalement pas son âme!
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Ce livre n'est pas un roman. C'est le récit d'une utopie française qui a abouti à l'invention des armes nucléaires, soit la plus terrible abomination créée par la science.
E. Launet nous décrit la vie heureuse en vacances d'une communauté de grands esprits, des scientifiques dont famille Curie, des penseurs, etc qui se retrouvent chaque été en Bretagne dans un havre de paix. Là, les vacanciers partagent leur foi envers la science comme moteur du progrès social, même si ces grands physiciens, Pierre et Marie Curie, Jean Perrin et son fils, le couple Joliot Curie, doutent parfois, ils n'abandonnent pas leurs recherches pour autant.
E. Launet construit un parallèle habile entre cette communauté scientifique hors-pair et Paul Warfield Tibbets qui sera le commandant du bombardier qui largua la première bombe atomique sur Hiroschima, le 6 août 1945. Parfois le livre s'égare dans des descriptions mondaines écoeurantes , mais il est bien documenté et dessine une analyse féconde et acérée de la dérive idéologique scientiste du début du XXème siècle.
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